Comment être rempli de l'Esprit !
Les chrétiens veulent être « pleins de l'Esprit ». Mais peu veulent se soumettre à l'action du remplissage.
Personne ne peut espérer recevoir une chose de Dieu s'il n'est convaincu que c'est là ce que Dieu veut pour lui, et ceci dans le cadre des promesses bibliques. Pour que la question ; « comment puis-je être rempli » ait quelque validité, celui qui soupire après Dieu doit être sûr que l'expérience de remplissage est réellement possible. L'homme qui n'en est pas sûr ne peut pas avoir de raison de s'attendre à cette bénédiction.
Là où il n'y a pas d'attente, il ne peut y avoir de foi et là où il n'y a pas de foi, la recherche est dénuée de sens.
La doctrine de l'Esprit dans sa relation avec le croyant a été, au cours des cinquante dernières années, enveloppée dans un brouillard comme une montagne dans la tempête. Un monde de confusion a voilé cette vérité.
On a enseigné aux enfants de Dieu des doctrines contradictoires à partir des mêmes textes ; on les a tellement avertis, menacés, intimidés qu'ils reculent instinctivement devant toute mention de l'enseignement biblique sur le Saint-Esprit. Cette confusion n'est pas survenue par hasard. Un ennemi a fait cela.
Satan sait que la doctrine évangélique sans l'Esprit est aussi mortelle que le « modernisme » ou l'hérésie, et il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour nous empêcher de jouir de notre véritable héritage chrétien.
Une église sans l'Esprit est aussi impuissante qu'Israël l'aurait été dans le désert si la colonne de nuée l'avait abandonné. Le Saint-Esprit est notre colonne de nuée le jour et notre colonne de feu la nuit. Sans lui, nous ne faisons qu'errer sans but dans le désert.
C'est exactement ce que nous faisons aujourd'hui. Nous nous sommes divisés en petits groupes disparates, chacun courant après un feu-follet ou un ver luisant, avec l'idée fallacieuse que nous suivons la manifestation glorieuse de la présence divine. Il n’est pas seulement désirable que la colonne de feu recommence à briller. C'est une nécessité.
L’Église ne peut avoir la lumière que dans la mesure où elle est pleine de l'Esprit et elle ne peut être pleine de l'Esprit que si les membres qui la composent, le sont individuellement. De plus, personne ne peut être rempli s'il n'est convaincu que cela fait partie du plan total de la Rédemption ; que ce n'est rien d'ajouté, de supplémentaire, rien d'étranger ou de bizarre, mais une action normale et spirituelle de Dieu dont la base et la source sont l'œuvre expiatoire du Christ.
Le chercheur doit en être sûr au point d’être convaincu. Il doit croire que tout cela est normal et bon. Il doit croire que Dieu veut qu'il soit oint de la corne d'huile fraîche au-delà et en plus des dix mille bénédictions qu'il a pu déjà recevoir de la bonne main de Dieu.
Jusqu'à ce qu'il en soit convaincu, je lui recommande de prendre le temps de jeûner, de prier, et de méditer les Écritures. La foi vient de la Parole de Dieu. La suggestion, ou l'exhortation ou l'effet psychologique produit par le témoignage d'autres chrétiens ayant été remplis ne suffira pas.
Tant que les Écritures ne l'ont pas persuadé, il ne doit ni insister, ni se laisser séduire par des manipulateurs d’émotions, décidés à forcer le résultat. Dieu est merveilleusement patient et compréhensif et il attendra que le cœur lent rejoigne la vérité. En attendant, le chercheur doit être calme et confiant. Au moment voulu, Dieu le guidera au travers du Jourdain. Qu'il ne s'échappe pas pour devancer le temps. Trop de chrétiens l'ont fait au détriment de leur vie chrétienne.
Dès qu'un homme est convaincu, qu'il peut être rempli de l'Esprit, il doit ensuite désirer l’être : Alors, je pose ces questions au chercheur intéressé : « Êtes-vous sûr que vous voulez être possédé d'un Esprit qui, tout en étant pur, doux, sage et aimant, revendiquera cependant sa seigneurie sur votre vie ? Êtes-vous bien sûr de désirer que votre personnalité soit prise en charge par celui qui vous demandera l'obéissance à sa Parole écrite ?
Qui ne tolèrera dans votre vie aucun péché tel que l'amour de soi, l'indulgence envers soi-même ? Qui ne vous permettra ni de vous pavaner ni de vous vanter ? Qui vous ravira la direction de votre vie et se réservera le droit souverain de vous éprouver et de vous discipliner ? Qui vous dépouillera de beaucoup d'objets aimés qui nuisent secrètement à votre âme ?
Si vous ne pouvez répondre un « oui » empressé à ces questions, vous ne voulez pas être rempli. Vous désirez peut-être l'agréable sensation que procure cette expérience, ou la victoire ou la puissance, mais vous ne voulez pas vraiment être rempli de l'Esprit. Votre désir n’est guère plus qu'un faible souhait et il n’est pas assez pur pour plaire à Dieu qui exige tout ou rien.
Ensuite, je vous demande : Êtes-vous sûr que vous avez besoin d'être rempli de l’Esprit ? Des dizaines de milliers de chrétiens, laïcs, prédicateurs, missionnaires parviennent à avancer tant bien que mal sans avoir expérimenté d'une manière précise le remplissage de l'Esprit. Que ce travail sans l'Esprit ne puisse conduire qu'à une tragédie au jour du Christ, voilà ce que le chrétien moyen semble avoir oublié. Mais qu’en est-il de vous ?
Il se peut que vos tendances doctrinales vous empêchent de croire à cette crise relative à la plénitude de l’Esprit. Très bien ! Regardez au fruit d’une telle doctrine. Que produit votre vie ? Vous accomplissez un travail religieux, vous prêchez, chantez, écrivez, faites de la propagande pour votre organisation, mais quelle est la qualité de votre travail ? C'est vrai, vous avez reçu l’Esprit au moment de votre conversion, mais est-il aussi vrai que vous êtes prêt, sans une nouvelle onction, à résister aux tentations, obéir aux Écritures, comprendre la vérité, vivre victorieusement, mourir en paix et rencontrer le Christ sans honte à sa venue ?
Si, par contre, votre âme crie à Dieu, au Dieu vivant, et si votre cœur vide et desséché désespère de vivre une vie chrétienne normale sans une nouvelle onction, alors je vous demande : « Est-ce que votre désir vous absorbe entièrement ? Est-ce la plus grande affaire de votre vie ? Est-ce qu'il évacue toutes les activités religieuses ordinaires et vous remplit d'une soif intense qui n'est rien moins qu'une souffrance ? Si votre cœur s'écrie « oui » à ces questions, vous pourriez alors vous acheminer vers une victoire spirituelle qui transformera toute votre vie ».
Recevoir l'onction de l'Esprit demande une préparation. C'est là que la plupart des chrétiens échouent. Personne n’a probablement jamais été rempli de l’Esprit sans avoir auparavant connu une période de profonde confusion dans son âme. Quand nous discernons que nous entrons dans cet état, nous sommes tentés de nous affoler et de reculer. Satan nous exhorte à ne pas prendre notre recherche trop au sérieux de peur que nous ne fassions naufrage par rapport à la foi et que nous ne déshonorions le Seigneur qui nous a rachetés.
Naturellement, il ne se soucie aucunement de nous, ni de notre Seigneur. Son but est de nous garder faibles et désarmés quand un conflit surgit. Et des milliers de croyants acceptent ses mensonges hypocrites comme paroles d’Évangile et retournent dans leurs cavernes, comme les prophètes d’Abdias, pour se nourrir de pain et d’eau. (1Rois 18 v. 3)
Pour que la plénitude soit possible, le croyant doit connaître le vide de l’âme. Pour que Dieu puisse nous remplir de Lui-même, nous devons d’abord être vidés de nous-mêmes. C’est cette évacuation qui provoque la déception douloureuse et le désespoir de soi dont tant de personnes se sont plaintes juste avant leur nouvelle expérience si merveilleuse.
Il doit se produire tout à la fois une dépréciation de soi, une mort à toutes choses hors de nous et en nous, ou bien il ne peut jamais y avoir un vrai remplissage du Saint-Esprit.
« Brise l'idole »
« Et de ce cœur sois maître ». Nous chantons ce cantique trop facilement et notre prière demeure sans effet car nous ne voulons pas abandonner l'idole que nous demandons si légèrement à Dieu d'ôter de notre cœur. Abandonner notre dernière idole, c'est nous plonger dans un état de solitude intérieure à laquelle aucune réunion d'évangélisation, ni aucune communion fraternelle avec d'autres chrétiens ne peuvent jamais remédier.
Pour cette raison, beaucoup de chrétiens ne prennent pas de risque et se contentent d’une vie de compromis. Ils ont un peu de Dieu, bien sûr, mais pas tout et Dieu a un peu d’eux, mais pas tout. Et ils vivent ainsi des vies tièdes en essayant de camoufler par des sourires radieux et des refrains entrainants leur profonde indigence spirituelle.
Une chose devrait être claire comme du cristal : Le voyage de l’âme dans la nuit profonde n’est pas un voyage méritoire. La souffrance et la solitude ne rendent pas un homme cher au cœur de Dieu ni ne lui méritent la corne d'huile après laquelle il soupire. Nous ne pouvons rien acheter de Dieu. Nous recevons tout de sa bonté, sur la base du sang expiatoire du Christ, et c'est un don gratuit, sans condition préalable.
Ce qui fait l'angoisse de l'âme, c'est de défoncer la terre en friche, vider le vase, détacher le cœur des intérêts terrestres et concentrer son attention sur Dieu.
Tout ce qui s'est passé jusque là ne fait que préparer l'âme pour l'acte divin de remplissage. Le remplissage lui-même n’est pas une chose compliquée. Bien que dans les choses spirituelles j'aie horreur des formules « comment faire », je crois qu'on peut répondre à la question « Comment puis-je être rempli ? » par quatre mots, quatre verbes actifs. Ce sont : (1) capituler; (2) demander; (3) obéir; (4) croire.
Capituler : « Je vous exhorte, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait ». (Romains 12 v. 1 et 2)
Demander : « Si, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ». (Luc 11 v. 13)
Obéir : « Nous sommes témoins de ces choses, de même que le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent ». (Actes 5 v. 32)
Obéir complètement et sans murmurer à la volonté de Dieu est absolument indispensable à la réception de l'onction du Saint-Esprit.
Tandis que nous sommes dans l'attente devant Dieu, nous devons sonder respectueusement les Écritures et être prêts à entendre la voix douce et subtile de notre Père Céleste qui nous apprendra ce qu'il attend de nous.
Alors, nous confiant en sa puissance, nous devons obéir au mieux de notre capacité et de notre compréhension.
Croire : « Voici seulement ce que je veux apprendre de vous : Est-ce par les œuvres de la Loi que vous avez reçu l'Esprit ou par ta prédication de la foi ? (Galates 3 v. 2) ».
Alors que le remplissage de l'Esprit est reçu par la foi et seulement par la foi, prenons garde à cette contrefaçon de la foi qui n'est qu'une adhésion intellectuelle à la vérité. Elle a été une source de grande déception pour des multiples d'âmes en quête de l’Esprit. La foi véritable conduit immanquablement à un témoignage.
Mais quel est ce témoignage ? Ce n'est rien de physique ni d'audible ni de psychique. L’Esprit ne se confie jamais à la chair. Le seul témoignage qu’il donne est un témoignage subjectif, connu seulement du sujet. Le Saint-Esprit se manifeste dans le for intérieur de l'homme. La chair ne sert de rien, mais le cœur croyant le reconnaît et s’exclame : Saint, Saint, Saint.
Une dernière chose
Ni dans l'Ancien Testament ni dans le Nouveau ni dans le témoignage chrétien consigné dans les écrits des Saints, à ma connaissance, aucun croyant n’a jamais été rempli du Saint-Esprit sans avoir qu’il l’avait été. Et personne n’a jamais été rempli du Saint-Esprit sans savoir quand il l'a été. Et personne ne l'a jamais été graduellement.
Derrière ces trois arbres, beaucoup de cœurs partagés ont essayé de se cacher, comme Adam, de la présence du Seigneur, mais ce ne sont pas d'assez bonnes cachettes. Le croyant qui ne sait pas quand il a été rempli l'a-t-il jamais été (bien que, naturellement, il soit possible d'en oublier la date) et l'homme qui espère l'être graduellement le sera-t-il jamais ?
J'ai la ferme conviction que la relation du Saint-Esprit au croyant est la question la plus vitale que l’Eglise affronte aujourd’hui. Les problèmes suscités par l'Existentialisme chrétien ou la Néo Orthodoxie ne sont rien en comparaison de ce problème crucial. L’œcuménisme, les théories eschatologiques, aucune de ces choses ne mérite d'être prise en considération par le croyant tant qu'il ne s'est pas soumis à cet impératif de la Parole de Dieu : « Soyez remplis de l'Esprit ». (Ephésiens 5 v. 18)
Alors, il se pourrait bien qu'après avoir été remplis de l'Esprit, nous trouvions, à notre grande joie, que cette plénitude même a résolu pour nous les autres problèmes.
Source : « La vie plus profonde » - Auteur : Aiden Wilson Tozer
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