Le prix de l'appel céleste
Pour savoir ce qui est impliqué par le fait de gagner Christ, nous devons lire Romains 8 v. 29, où nous voyons que l'intention de Dieu est que nous devenions conformes à l'image de son Fils.
Le fait d'être rendu conforme, c'est de gagner Christ, c'est là le prix, cela implique de parvenir à la plénitude de Christ quant à la perfection morale, celle-ci même qui doit être la gloire dans laquelle les fils de Dieu seront manifestés. C'est simplement ceci ; parvenir à être moralement et spirituellement un avec Christ, dans sa place d'exaltation, est le but et le prix de la vie chrétienne. Nous ferons bien de garder en vue cette fin glorieuse : « la révélation des fils de Dieu ! »
Lorsque Paul parlait de gagner Christ et de rechercher à atteindre le prix, il exprimait ses plus intenses attentes d'être rendu conforme à l'image du Fils de Dieu. Cette quelque chose qui est l'issue du salut, c'est le but de Dieu dans le salut, mais c'est clairement quelque chose que nous avons besoin de poursuivre. Il est clair que nous n'avons pas besoin de gagner le salut, et nous n'avons nul besoin de perdre toute chose pour l'obtention du salut.
Nous sommes sauvés par la foi, non pas par les œuvres, le salut n'est pas un prix qui doit être gagné, ce n'est pas une chose pour laquelle nous devons faire des efforts afin de l'atteindre, mais c'est un don, un don entièrement gratuit. Mais au- delà de ceci, Paul aspirait à des hauteurs qui n'étaient pas encore atteintes, et il écrivit qu'il considérait toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus son Seigneur. Si la puissance du même Esprit œuvre en nous, ceci produira sans aucun doute le même effet de nous faire réaliser combien toutes choses ont peu de valeur, comparées au grand prix de Christ.
L'issue suprême.
Il est instructif de comparer Marc chapitre 10 avec Philippiens 3, car chaque passage nous parle d'un homme faisant face à une énorme décision. Ces deux hommes sont très similaires en beaucoup d'aspects, ils étaient tous deux riches, des hommes de renommée socialement, intellectuellement, moralement et religieusement parmi leur propre peuple. Ils étaient tous deux probablement pharisiens, et étaient tous deux aimés du Seigneur. On a dû dire à l'un : « Une chose te manque », alors que l'autre pouvait affirmer « Je fais une chose ». Le jeune homme riche se détourna du Seigneur, il le fit dans la tristesse, mais il le fit néanmoins, et la raison, c'est qu'il n'était pas prêt à se séparer de ses grandes possessions. Paul aussi avait de grandes possessions, mais elles perdirent toutes leurs attraits à la lumière de la vision qu'il avait de Christ. Pour lui, cela représentait l'alternative à tout gain terrestre, c'était le seul grand prix céleste, et il fit son choix avec joie pour ce dernier.
Il est possible de dire qu'il avait un grand avantage et une vision différente de Christ, car il voyait le Seigneur dans la pleine puissance de la résurrection. Non seulement il avait vu Jésus de Nazareth, comme le jeune homme riche, mais il était capable d'apprécier quelque chose de la grandeur incommensurable de la puissance de Dieu dans la résurrection d'entre les morts de celui qui, méprisé et rejeté des hommes, avait été sur la croix diminué jusqu'à l'impuissance et le désespoir apparents, mais fut alors ressuscité d'entre les morts et du tombeau, pour être exalté à la droite de la majesté céleste. C'est la puissance de la résurrection qui décida Paul à poursuivre le prix de l'appel céleste.
La puissance de sa résurrection.
Ce qui rend tout possible dans la vie spirituelle est le fait que la même puissance de résurrection, qui ressuscita Christ à Sa place d'honneur, est la même puissance qui œuvre en nous : « Or, à celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons » (Éphésiens 3 v.20).
Alors qu'il est vrai que notre justification repose sur la résurrection du Seigneur Jésus, l'étendue de cette résurrection va bien plus loin que les limites du salut, car sa puissance est le moyen par lequel la réalisation de toute la pensée de Dieu peut être accomplie. Certainement l'un des plus grands besoins de notre temps – que je pense être le dernier – c'est d'obtenir une plus grande connaissance vécue de la vie de résurrection.
Car le triomphe final de l'Église et de son ultime percée envers le trône, ayant pour conséquence la dépossession du royaume du mal, ne peut être accompli que par ce moyen. Cette vie est quelque chose qui a rencontré toutes les puissances maléfiques de l'univers, et qui a prouvé qu'elle était intouchable et incorruptible, ainsi c'est une vie qui a été moralement et physiquement victorieuse de la mort.
La résurrection n'est point une idée abstraite, ni même une sensation mystique, mais elle est une expression pratique de victoire sur le péché et sur Satan. Si cette vie pouvait être entachée ou corrompue, alors Satan aurait gagné l'ultime victoire, mais nous n'avons aucune crainte quant à une telle tragédie, car la vie de Christ est ce qui a pleinement et finalement conquis la mort.
Et alors que cette vie de résurrection a placé Christ dans une position imprenable, « au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination », elle est destinée à amener son Église à partager sa victoire et son trône. Ainsi, dans sa recherche d'atteindre le prix, Paul mentionne premièrement son besoin de connaître « la puissance de sa résurrection ».
Je crois que cette attitude de Paul met à l'épreuve notre propre connaissance de Christ. Je ne peux comprendre qu'un chrétien, qui a une vraie connaissance de cette vie de résurrection de Christ qui nous habite, peut préserver certaines choses, ayant par la même occasion une controverse avec le Seigneur quant à l'abandon de ceci ou de cela ; alors que l'alternative est un abandon total au Seigneur. Ce qui devrait résoudre toute dispute et toute controverse, c'est la réalisation de la nature royale de notre appel céleste en Christ, et la détermination de ne rien laisser s'interposer entre nous et la manifestation de sa vie de résurrection.
La communion de ses souffrances.
La poursuite de Paul pour le prix ne le faisait pas uniquement désirer connaître Christ dans la puissance de sa résurrection, mais le rendait prêt aussi aux souffrances de et avec Christ. Et cela place les souffrances à leur place, et les met en relation avec le fait d'atteindre le but de la gloire. Bien souvent, nous n'accordons pas leur place aux souffrances, et ainsi, cela nous crée des troubles en ce qu'elles nous préoccupent et écartent toutes les autres choses.
Le Seigneur désire que nous donnions aux souffrances leur propre place, ce qui leur donnerait une place bien moindre que ce que nous leur accordons : « J'estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous » (Romains 8 v. 18). Cette gloire étant la gloire des enfants de Dieu. Et c'est cette gloire que Paul décrivait comme étant le grand prix de gagner Christ.
Si nous nous demandons ce qu'est la signification de gagner Christ, nous devons considérer Romains 8, où nous voyons que l'intention de Dieu est que nous soyons rendus conformes à l'image de son Fils. Et cette conformité à Christ est la signification de gagner Christ : C'est le prix de l'appel céleste. Cela comprend atteindre la plénitude de Christ dans la perfection morale ; car cette perfection morale et spirituelle est sa gloire. Ainsi, pour nous le simple résultat est que nous en arrivions moralement et spirituellement là où Christ est dans sa place d'exaltation, c'est cela le but, le prix.
Nous ferions bien de garder dans nos pensée cette issue glorieuse : « la manifestation des fils de Dieu », lorsque nous serons révélés avec Christ et rendus comme lui. Pour le moment, nous soupirons, et si nous pouvions analyser nos soupirs, peut-être découvrions-nous qu'ils représentent notre attente de la délivrance de la vie de l'ancienne création, avec son esclavage quant à la corruption, le péché et la mort, afin que nous connaissions la perfection morale en Christ. Un jour, ces soupirs cesseront, et ceci marquera notre arrivée à la conformité parfaite à l'image de Christ.
C'est ce que Dieu a pré-ordonné, car nous voyons que l'œuvre de Dieu, au sein de la création en soupir, est en relation avec sa pré-connaissance, et ainsi à sa pré-ordination. Une telle prédestination ne se limite pas au salut, mais plutôt atteint l'issue du salut ; et ceci fait toute la différence. L'issue du salut est d'être rendu conforme à l'image de Christ : « Car ceux qu'il a préconçus, il les a aussi prédestinés », non pour être sauvés ou perdus, mais « à être conformes à l'image de son Fils ».
L'œuvre de l'Esprit du Fils en nous, nous constituant comme fils et nous permettant de crier « Abba, Père », est le commencement de l'œuvre de Dieu dans la création en soupir, c'est l'œuvre de préparer en secret ces fils qui sont la clef de la délivrance de tout cet état de vanité et de désappointement qui prédomine aujourd'hui. Toute la création doit être délivrée et amenée dans le plaisir de la liberté de la gloire des fils de Dieu, car ceci doit être l'issue de la puissance de la résurrection œuvrant en nous.
Nous sommes liés, de par notre adoption comme fils, avec l'émancipation de toute la création de la vanité qui lui est imposée. Mais remarquons que la création ne doit pas être délivrée au moment de cette manifestation, mais elle doit aussi prendre le caractère qui marque Christ et qui sera révélé dans les fils de Dieu. Ce dénouement ne peut trouver toute sa gloire que lorsque la puissance de la résurrection de Christ aura sa pleine expression dans la glorification des fils de Dieu, alors qu'ils recevront leurs corps glorifiés, conformes au sien.
Peut-être pensez-vous que ces choses ne vous aident pas beaucoup, alors que vous devez faire face à des difficultés personnelles ; c'est pour cela que Romains 8 v. 28 relie ces expériences pratiques avec tout le propos de Dieu en Christ. Cet appel céleste et ce dessein divin gouvernent chaque détail de notre vie spirituelle. Bien sûr, si nous prenons ces choses qui nous arrivent comme étant des incidents indépendants de toute chose, alors nous ne pouvons rien trouver de bon en elles ; par contre, si nous apprécions le fait qu'elles sont en relation directe avec le but de Dieu de nous rendre conformes à Christ, alors nous avons la clef quant à leur signification.
Et ceci est plus que personnel, en ce que l'épreuve, la difficulté, la perplexité détiennent le secret de développer en nous la vie du Seigneur Jésus, la vie de résurrection qui porte en elle l'ultime issue de Dieu : La glorification de tout l'univers. Le Nouveau Testament est très pratique, les choses profondes de l'éternité sont amenées dans chaque détail de notre vie spirituelle, faisant ainsi travailler toutes choses ensemble. Toutes ces choses seront amenées à contribuer au bien ultime, si elles sont considérées à la lumière du propos de Dieu. Le but de Dieu ne doit être ni ignoré ni manqué. Parfois, il semble que nous souffrons des contradictions; nous demandons une chose et nous en recevons l'opposé, mais ces choses sont ainsi car le Seigneur ne désire pas nous déresponsabiliser ; en utilisant l'expérience opposée, il tire de nous et développe cette force morale que seul l'Esprit Saint peut donner.
Conformité à sa mort.
C'est le Saint-Esprit qui poussa Paul à écrire ces choses dans cet ordre, premièrement la puissance de la résurrection, ensuite la communion de ses souffrances, et pour finir être rendu conforme à sa mort. Mais en fait, on ne peut que connaître la puissance de sa résurrection, en partageant avec lui cette expérience de la mort, qui implique la mise à l'écart de tout ce qui est personnel, et cela afin que les choses de Christ soient notre seul objet.
N'est-il pas vrai que le péché primaire est l'orgueil ? Et qu'est-ce que l'orgueil, ce péché à la base de tous les autres ? Il consiste en fait à l'intérêt personnel, à la volonté du moi, à la recherche de sa propre satisfaction avant tout. C'est ainsi que le péché entra dans ce monde au début, car Satan tomba lorsqu'il déclara : « J'élèverai mon trône... je serai semblable au Très-haut », et c'est ensuite qu'il persuada Adam d'atteindre l'opportunité de devenir comme Dieu (Genèse 3 v. 5) ; et ainsi, il fit en sorte que l'intérêt personnel entre dans la race humaine. Un tel orgueil est au-dedans de nous tous, et seule l'expérience pratique de la conformité à Christ dans sa mort peut nous en délivrer.
Les tentatives continuelles de Satan, de faire ressortir de nous ces intérêts personnels, sont si subtiles, qu'il essaierait, s'il le pouvait, d'imiter Christ de façon à faire tomber les serviteurs de Dieu. C'est à Philippe, la ville à laquelle était destinée cette épître, que l'un de ces démons proclamait publiquement que Paul était un serviteur du Dieu Très-haut qui montrait aux hommes la voie du salut. Paul pouvait-il en espérer davantage ? Voici qu'il avait une publicité gratuite ! Le fait est que nous pouvons être sûrs qu'il y a un plan subtil du diable, lorsque celui-ci se met à promouvoir l'évangile, et à rendre une certaine popularité à ses proclamateurs.
L'apôtre réalisa cela, et s'étant attendu au Seigneur, il reprit le démon, ce qui eut pour résultat une certaine calamité pour lui et Silas, car ils furent jetés en prison ayant une multitude d'ennemis dehors. Néanmoins, Paul était délivré du piège du diable bien qu'il fût en prison, et alors qu'il était momentanément rendu conforme à Christ dans une nouvelle expérience de sa mort, cela l'amena sans aucun doute possible à une plus grande expérience de la puissance de résurrection de Dieu.
Il vécut pour écrire à ces Philippiens d'une autre prison, dans une autre ville, et il était alors capable de les assurer encore une fois que les choses qui lui arrivèrent servirent à l'avancement de l'évangile. Lorsque les idées, les préférences et les désirs humains sont mis de côté, cela peut être coûteux sur le moment et impliquer des privations, mais alors que l'intérêt personnel est livré à la mort, Christ obtient une nouvelle place dans nos vies, et nous nous rapprochons de plus en plus du prix de l'appel céleste.
Christ magnifié.
Il semble clair, qu'alors que l'apôtre approchait de la fin de sa vie, il tendait avec encore davantage d'ardeur vers le prix de la conformité à Christ. Je pense qu'il s'agit d'une réelle avancée, lorsque nous en arrivons à vivre sans avoir besoin de tous ces signes extérieurs du succès, ni d'aucun miracle, tout en étant parfaitement contents du Seigneur Jésus lui-même.
Ce qui est dans mon cœur, c'est que vous et moi parvenions à cette position où le Seigneur Jésus est tout pour nous. Nous ne recherchons même pas la conformité au Fils de Dieu pour elle-même, ni pour notre propre satisfaction, mais pour trouver la joie en nous rapprochant de lui.
C'est là la marque de l'accroissement spirituel et de la maturité, de désirer uniquement que Christ soit magnifié en nous, et de tendre résolument vers ce but : Christ est la voie, et Christ est le prix !