Pourquoi Dieu tarde à nous répondre ?
« Pourquoi Dieu tarde à nous répondre ? » Message audio de Pierre Truschel
L’Église selon le cœur de Dieu est un ensemble parfait, et nous avons besoin, sans cesse, de viser (ou de revenir) au dessein originel.
Il est important pour nous de plonger nos regards dans l’intention divine au sujet de l’Église et de lui comparer courageusement notre réalité, afin de pouvoir chercher avec persévérance à nous y conformer. C’est de cette manière que nous pourrons naviguer vers le but ultime de Dieu en évitant les écueils des philosophies, des présomptions humaines, ou des tentations de l’esprit du monde.
La véritable Église de Jésus-Christ est la colonne et le soutien de la vérité (1 Timothée 3 v. 15), et cette image nous montre à elle seule que Dieu a choisi de faire reposer sa gloire sur elle. Le monde dépend d’une certaine manière de l’Église quant à l’accès à la vérité : c’est une très grande responsabilité. L’autorité de Dieu dans son sein est si manifeste que les portes de l’enfer ne peuvent prévaloir contre elle … son influence est immense, car ce qu’elle lie est lié, et ce qu’elle délie est délié (Matthieu 16 v. 18).
La véritable Église de Jésus-Christ est appelée à contenir une lumière si grande que les principautés et les autorités dans les lieux célestes seront enseignées, en la contemplant, sur les profondeurs de la sagesse de Dieu (Ephésiens 3 v. 10). Car la véritable Église reflètera quelque chose de la gloire de Christ, parce qu’Il a placé Son nom en elle (2 Corinthiens 8 v. 23).
Regardons à l’origine des choses, puisque nous avons la chance de pouvoir porter nos regards sur la naissance de la véritable Église. C’est dans le livre des Actes que nous en avons la meilleure définition :
« Et la multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme; et nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait, qu’elle fût à lui; mais toutes choses étaient communes entre eux… et une grande grâce était sur eux tous. Car il n’y avait parmi eux aucune personne nécessiteuse; car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, et apportaient le prix des choses vendues, et le mettaient aux pieds des apôtres; et il était distribué à chacun, selon que l’un ou l’autre pouvait en avoir besoin (Actes 4 v. 32 à 35) ».
Cela a-t-il quelque chose à voir avec l’église que nous connaissons ? Si oui, alors tout est bien; si non, il nous faut réfléchir et ne pas faire l’économie de certaines interrogations. D’aucuns prétendront peut-être que ces temps anciens sont révolus, mais cela reviendrait à envisager que le dessein de Dieu pour l’Eglise a changé : Il aurait décidé de donner la force, la vie et l’autorité seulement à l’Eglise originelle, en prévoyant pour l’Eglise ultérieure une sorte de sous-condition … Qu’en pensez-vous ? Y aurait-il eu érosion de l’intention divine ?
Nous assistons dans le livre des Actes à un regroupement de personnes dont les cœurs paraissent entièrement dédiés à la cause de l’amour et de la vérité. Ils semblent vivre hors du temps et hors du monde et de ses contingences : la possession, la sécurité de la vie, la construction et l’assurance de leur avenir, toutes choses pourtant légitimes auxquelles ils semblent avoir renoncé.
Ils ne sont pas devenus différents POUR recevoir la baptême de l’Esprit mais PARCE QU’ILS L’ONT REÇU. Certains mouvements religieux ont institué en règles le partage des biens, sans jamais entrer dans la gloire de l’église originelle.
Nous appelons aujourd’hui « Église » tous ceux qui se rassemblent pour chanter, louer, prier, entendre la Parole de Dieu. Et c’est déjà beaucoup. Cela fait de nous de bons candidats pour constituer l’Église biblique, celle de l’intention divine, la fiancée, la parfaite (Cant. des cant. 5 v. 2). Mais « revêtir Christ » va plus loin que les pratiques religieuses. Ceux qui regardaient l’église de Jérusalem n’osaient pas s’y mêler (Actes 5/13), car quand on en faisait partie, notre vie devenait « folle », et ces hommes et ces femmes hissaient leur existence à un niveau céleste, sous la poussée du Saint Esprit en eux, hors du temps et de la logique de l’esprit du monde.
Il est intéressant de noter que, de la même manière que le mot servant à définir « l’église » (ekklesia) a perdu son sens originel, ainsi également la signification profonde de la présence et de la mission de l’Église dans le monde a changé. En effet, le mot «église» vient du grec « ekklésia » qui signifie « sortir de, appelé hors de ». Et forcément, ceux qui entendaient cet appel se rapprochaient et se retrouvaient pour prier ensemble, devenant « l’assemblée ». Mais la signification de cette réalité spirituelle puissante est devenue graduellement celle d’un lieu et d’un bâtiment. Même dans la sphère évangélique, nous allons « à l’église », c’est entré dans le langage courant. De quelle église faisons-nous partie ? Avons-nous été unis à « l’assemblée des premiers-nés, l’assemblée universelle » (Hébreux 12 v. 22), ou évoluons-nous dans les étroites limites de « notre » église ?
Nous ne devons pas opposer l’une à l’autre, comme on l’entend trop souvent dans les couloirs des déçus de l’Église, mais nous devons connaître l’une et l’autre. C’est cela, le christianisme, un corps sans frontière, dont les proches sont les moins faciles à aimer. Sous prétexte que l’Église n’est plus parfaite, et que la gouvernance est faillible, alors on la quitte et pire : on appelle les autres à la quitter. Folie ! Si chacun et chacune était la lumière qu’il doit être, il y aurait beaucoup moins de ténèbres. Comme dit le proverbe : plutôt que de maudire l’obscurité, allume ta lumière. Ne maudis pas, ne maudis jamais, mais bénis (même tes ennemis, et à plus forte raison : tes frères).
L’Eglise, l’Assemblée, est donc un ensemble de personnes appelées « hors de » : tel est le socle de la pensée de Jésus, lorsqu’il dit : « je bâtirai mon église (Mat. 16 v. 18) » ; j’appellerai «hors de» (la religion, le judaïsme, le monde) mes adorateurs pour construire mon assemblée, mes adorateurs, mes disciples, mes frères, mon église.
Nous sommes appelés hors du monde, hors de la mort de l’incrédulité, hors de l’empire de la chair, des lois de la pensée naturelle, qui est charnelle, diabolique (Jacques 3 v. 15), HORS DU PÉCHÉ ! « Hors du camp », en acceptant de porter sur nous la honte que le monde inflige à ceux qui prennent le nom de Christ (Hébreux 13 v. 13).
C’est une confession pleine de force que de dire « je fais partie de l’Eglise ». C’est là que le Seigneur veut amener ses appelés : « et vous, comme des pierres vivantes, vous êtes édifiés pour former une maison spirituelle, un sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ (1 Pierre 2 v. 5) ».
« Et nous sommes sa maison, si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance (Hébreux 3 v. 6) ». Et cette maison sera appelée « une maison de prière (Matthieu 21 v. 13 ; Ezéchiel 56 v. 7) ».
On ne fait pas partie de cette Église par une acceptation de règles, d’un code de conduite communautaire, d’une philosophie, d’un livre saint, ou même par le baptême d’eau. C’est le baptême du Saint-Esprit qui nous fait entrer dans l’Église, parce que cette union à Christ nous attire hors du reste « Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps (1 Corinthiens 12 v. 13) ».
Sans cette union à Lui, rien n’est possible : « séparés de moi, vous ne pouvez rien faire (Jean 15 v. 5) ». Nous pouvons tenter des assemblages, porter nos efforts vers des amalgames, construire des réseaux, parfois pertinents, dresser des échafaudages, parfois savants, mais qui ne résisteront ni aux tensions, ni aux orgueils, ni à l’épreuve du temps. Car seule la vie enfante la vie. Le seul ciment de l’Église, c’est l’amour de Dieu répandu dans notre cœur, et qui nous unit les uns aux autres, le reste relève d’une forme d’imitation : « C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans l’amour (Éphésiens 4 v. 16) ».
Abusés par les formes extérieures, certains croyants sont entretenus dans l’illusion qu’ils sont entrés dans la glorieuse Eglise de Jésus-Christ. Mais devant la description de l’église originale, nous comprenons mieux le niveau de gravité de cette illusion ; car on peut faire partie d’une église physique sans pour autant connaître la réalité spirituelle de la véritable Église de Jésus-Christ, c’est-à-dire la Vie.
Le pire danger qui guette l’église en effet (et ceux qui y évoluent), c’est celui de passer pour être vivante, alors qu’elle est morte (Sarde, Apocalypse 3 v. 1). Ce cas démontre à lui seul que ce schéma peut exister. Personne ne voit que cette congrégation est morte, sauf Dieu. On continue à la faire bouger, à l’activer, à lui fait suivre des programmes, mais elle n’enfante pas la vie. Elle n’est certes pas stérile de messages, ni d’activités, ni même de certains fruits, mais elle ne contient plus LA vie. La vie qui secoue, qui convainc de péché, qui fait tomber les écailles des yeux, qui remet tout en question, qui provoque des révolutions intérieures.
C’est cette vie qui seule peut convaincre de péché, de justice et de jugement, les personnes qui s’approchent, par curiosité ou par intérêt. C’est cette vie qui seule peut consoler les cœurs meurtris par la vie, et faire connaître le repos aux âmes fatiguées et chargées. Cette vie que nous appelons, après laquelle nous soupirons, ne peut pas se manifester, mettre fin à notre stérilité, si nous ne sortons pas du monde pour passer la porte étroite de l’ekklesia de Jésus. De l’autre côté, c’est Jésus qui est essentiel, ce n’est ni l’église, ni nous-même.
Si notre vie, notre philosophie de vie n’est pas séparée de l’esprit du monde, si notre force, notre foi, notre morale, nos principes spirituels demeurent encore solubles dans les pensées du monde, dans la sagesse de l’homme, de l’orgueil de la chair, et si la folie de la croix ne fait aucunement partie de notre vie, alors nous devons nous poser la question : De quoi sommes-nous donc sortis ? Et « en quoi » sommes-nous donc entrés ?
Le Seigneur Jésus-Christ a donné Sa vie pour l’ensemble d’un grand dessein céleste, plein de puissance et de force, dans lequel Son Eglise, l’Épouse qu’Il s’est choisie, est appelée à jouer un rôle central. Si nous voulons marcher dans de glorieuses traces, imiter les saints qui ont recouvré leurs morts, guéri de leurs maladies, parlé avec Dieu sur les montagnes, pillé les prisons de l’ennemi, abattu les géants, alors entrons dans cette Église-là, ou prenons conscience d’un cœur droit que nous avons encore à y pénétrer. Et à faire ce qu’il faut parce que c’est à nous que cela incombe.
Un message de Jérôme Prékel
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