Comment rendre un culte agréable à Dieu.2

Comment rendre un culte agréable à Dieu.2

Nous avons terminé la première partie de cette réflexion en indiquant que nous devons une grande reconnaissance à Dieu pour son salut.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette reconnaissance s’exprime en Église par un culte qui soit premièrement agréable à Dieu et non un culte basé sur les préférences des hommes. Ou qui soit déterminé par ce qu’ils peuvent accepter d’entendre ou de chanter. Dans cette deuxième partie, nous répondrons à la question : quel culte est agréable à Dieu ? « C’est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, montrons notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte, car notre Dieu est aussi un feu dévorant (Hébreux 12 v. 28 et 29) ».

 

Le culte agréable à Dieu est celui qui est rendu selon Sa Parole seulement

Lors de la Réforme de l’Église au 16esiècle, les réformateurs considéraient que le culte d’adoration était l’un des éléments les plus fondamentaux à réformer. Le ménage du temple devait être fait à nouveau, mais sur quelle base allait-on conserver ou rejeter les pratiques de l’Église ? Luther et Calvin réformèrent le culte d’adoration sur la base de deux principes différents.

Luther suivit le principe normatif d’adoration : Tout ce que Dieu n’a pas interdit peut-être conservé dans le culte. De nos jours, nous parlons plutôt du principe innovateur ; l’Église aurait la liberté d’innover certaines pratiques dans la façon d’adorer Dieu pourvu qu’elle s’abstienne de ce que Dieu a interdit. Sur la base de ce principe, on retrouve à une extrémité des liturgies très pompeuses jusqu’aux services complètement désinvoltes à l’autre extrémité et entre les deux une panoplie de cultes différents avec ses propres innovations.

Les réformés appliquèrent une autre méthode pour réformer le culte : Le principe régulateur d’adoration. Selon ce principe, tout ce qui n’est pas exigé par Dieu est de facto exclu de l’adoration. Par exemple, d’après le principe de Luther il n’y aurait pas de mal à faire brûler des lampions dans un culte puisque cela n’est pas interdit. Mais d’après le principe réformé, cela est interdit puisque la Parole de Dieu ne l’exige pas. Selon vous, quel principe semble le plus biblique ?

 

Voici un extrait de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 sur l’adoration :

Quant à la manière de lui rendre un culte, c’est Dieu lui‑même qui l’a ordonnée et précisée, par sa volonté révélée, de sorte qu’aucun culte ne peut lui être rendu selon l’imagination et les méthodes des hommes ni selon les suggestions de Satan, sous quelque représentation que ce soit, ou de quelque autre manière non prescrite dans les Saintes Écritures. (22.1).

Nous ne devons pas croire à ce principe simplement parce que les meilleures confessions de foi réformées l’affirment. Nous devons y croire parce que Dieu le déclare par sa Parole et que celle-ci a autorité sur notre foi et nos pratiques. Le texte de l’Épître aux Hébreux que nous étudions dans ce chapitre affirme clairement le principe régulateur d’adoration. Examinons de plus près les trois mots qui sont employés pour décrire le culte que l’Église doit rendre à Dieu.

 

Un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte

Le mot agréable en grec euarestos est un adverbe et non adjectif. C’est donc la façon de rendre un culte qui le rend agréable à Dieu. Nous pourrions paraphraser le texte de la manière suivante : « Adorons Dieu d’une manière acceptable, d’une façon qu’il accepte ».

Implicitement, nous devons affirmer que Dieu n’accepte pas tous les cultes qui lui sont rendus (Amos 5.21-23). Le Seigneur ne se préoccupe pas de notre hypersensibilité moderne qui ne peut accepter qu’une chose faite sincèrement soit déclarée inacceptable. Dieu ne regarde pas uniquement la sincérité du cœur en faisant fi du reste. Il n’accepte que les cultes qui lui sont rendus de la bonne manière, autrement l’adverbe euarestos ne veut rien dire.

Deuxièmement, le culte doit être offert avec piété. Il s’agit du mot eulabeias ; ce terme grec signifie précaution, action de se prémunir contre quelque chose et il peut aussi avoir le sens de timidité ou de crainte. Pourquoi est-il traduit en français par piété ? Le lexique BDAG, un ouvrage de référence incontournable pour comprendre le sens des mots grecs puisqu’il recense leur usage dans la littérature ancienne, nous permet de comprendre comment ce mot se rapporte au culte agréable à Dieu :

Le sens premier se rapporte à l’exercice de prudence ; dans le domaine du transcendent, il faut être particulièrement prudent pour ne pas offenser les déités, d’où « la révérence, la piété », et dans notre littérature il est probablement question uniquement de la crainte respectueuse en présence de Dieu, la révérence, la crainte de Dieu.

Ainsi, adorer Dieu avec piété signifie prendre des précautions et faire preuve de prudence. Nous ne pouvons pas nous approcher du Dieu vivant et saint de n’importe quelle manière. Si nous ne prenons pas garde, nous risquons un danger réel, car notre Dieu est aussi un feu dévorant. Le mot employé rappelle la prudence avec laquelle on devait s’approcher de Dieu sous l’Ancienne Alliance (Lévitique 16.2). Comment agir avec précaution en lui rendant un culte ? Ici c’est l’étymologie du mot eulabeias qui nous aide à comprendre : Eu+ lambano. Le préfixe eusignifie bien, bon, en accord et le verbe lambano signifie prendre, recevoir. Ainsi, nous montrons la prudence voulue par Dieu lorsque nous lui rendons un culte en accord avec ses instructions reçues.

Troisièmement, le culte que Dieu aime est rendu avec crainte. Il s’agit du mot deous qui décrit une crainte respectueuse et révérencielle, un effroi mêlé de respect. Quelle est la différence avec le mot précédent ? S’agit-il simplement d’un synonyme ? Le mot eulabeias se rapporte aux actions, tandis que le mot deousse rapporte à la disposition intérieure : Les émotions et les pensées.

 

 

Un culte qui évacue complètement l’effet de la sainteté de Dieu est fondé sur une distorsion de la grâce. Autrement pourquoi nous est-il dit dans la même lettre de nous « approcher avec assurance » et d’adorer « avec révérence et crainte » ? La grâce n’est pas une licence pour faire ce que nous voulons, mais une puissance pour faire ce que Dieu veut.

 

L’auteur juxtapose ensuite à ces trois mots une image tirée de l’Ancien Testament. L’image du verset 29 éclaire le sens des mots que nous venons d’examiner puisque les deux versets sont liés par la conjonction « car ». Rendons continuellement à Dieu un culte agréable avec prudence et crainte, CAR notre Dieu est aussi un feu dévorant. Cette dernière partie vient prouver la pertinence de tout ce qui a été dit au sujet de la manière d’adorer Dieu.

 

Car notre Dieu est aussi un feu dévorant

L’auteur cite un passage de l’Ancien Testament où il est question du deuxième commandement (Deutéronome 4.23-24) : « Veillez sur vous, afin de ne point mettre en oubli l’alliance que l’Éternel, votre Dieu, a traitée avec vous, et de ne point vous faire d’image taillée, de représentation quelconque, que l’Éternel, ton Dieu, t’ait défendue. Car l’Éternel, ton Dieu, est un feu dévorant, un Dieu jaloux. »

Le deuxièmement commandement concerne le principe régulateur d’adoration. Non seulement Dieu seul doit être adoré (premier commandement), mais il doit être adoré de la bonne manière (deuxième commandement). Puis il y a une raison qui est donnée aux adorateurs : « Car l’Éternel, ton Dieu, est un feu dévorant ». En cherchant toutes les occurrences du mot feu (aysh) et du verbe dévorer (âchal) employés ensemble, nous constatons qu’il ne s’agissait pas d’une simple figure de style : Dieu est littéralement un feu dévorant lorsqu’il n’est pas adoré selon ses instructions (Lévitique 10. 1 :2) : « Les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus ; ils apportèrent devant l’Éternel du feu étranger, ce qu’il ne leur avait point ordonné. 2 Alors le feu (aysh)sortit de devant l’Éternel, et les consuma (âchal) : Ils moururent devant l’Éternel. »

Quelques remarques importantes concernant cette démonstration visible de Dieu comme un feu dévorant. Premièrement, l’assemblée d’Israël, en Nadab et Abihu, a subi un jugement d’ordre temporel et non éternel. Dieu châtie ses enfants afin qu’ils ne soient pas condamnés avec le monde (1 Corinthiens 11 : 32). Deuxièmement, ce jugement démontre concrètement la pertinence de l’avertissement donné avec le deuxième commandement : Il faut adorer Dieu tel qu’il nous le commande par sa Parole, car il est un feu dévorant. Troisièmement, l’Épître aux Hébreux utilise ce texte pour que nous comprenions ce qu’est l’adoration agréable à Dieu, avec précaution et crainte : Un culte qui s’en tient à ce que le Seigneur exige et qui n’ajoute rien, car ce qu’il n’a pas commandé est un feu étranger qui ne lui est pas agréable.

La question se pose cependant : Cet aspect de l’adoration n’est-il pas justement un élément qui a changé avec l’établissement de la Nouvelle Alliance ? L’on peut comprendre que sous l’Ancienne Alliance dans le tabernacle terrestre il était nécessaire de prendre d’immenses précautions pour s’approcher de l’Éternel, mais grâce à Jésus ne pouvons-nous pas relaxer un peu les exigences et s’approcher sans crainte ? Il est manifeste que les Églises qui n’appliquent pas le principe régulateur d’adoration ne sont pas consumées par le feu de Dieu d’un dimanche à l’autre, alors pourquoi vouloir inquiéter les gens par cette rhétorique réformée ? Terminons avec l’application de ce principe sous la Nouvelle Alliance.

 

L’adoration sous la Nouvelle Alliance

Soulignons premièrement que tout le matériel utilisé dans cet exposé pour défendre le principe régulateur d’adoration provenait de l’exégèse d’Hébreux 12.28-29. L’Épître aux Hébreux est la lettre par excellence pour définir le rapport de continuité et de discontinuité entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. Bien que le culte ait changé d’une alliance à l’autre, l’essence divine n’a pas changé et elle détermine la façon d’adorer Dieu dans les deux alliances.

Il existe bien des milliers de chrétiens dans le monde qui ont l’Évangile véritable et qui pourtant n’adorent pas Dieu en pratiquant uniquement ce qu’il révèle dans sa Parole. Devant ce constat, nous pourrions réagir de deux manières erronées. La première : En condamnant comme hérétiques tous ceux qui n’appliquent pas le principe régulateur. Reconnaissons qu’il est possible d’être dans l’erreur sur des points importants de l’Écriture tout en étant enfant de Dieu et prenons garde à nous-mêmes (1 Corinthiens 10.12). La deuxième erreur consiste à banaliser l’importance du principe régulateur. Devant le nombre imposant de chrétiens qui n’observent pas ce principe tout en étant bénis par Dieu et sans que leur culte ne soit consumé devant l’Éternel, certains finissent par se dire : « Ce n’est peut-être pas si important après tout… »

Voici comment nous devons comprendre le fait que Dieu ne consume pas les milliers de cultes qui ne sont pas conforment à sa Parole. Premièrement, Dieu est infiniment patient envers les imperfections de son Église. Deuxièmement, Dieu est un feu qui dévorera tout ce qui n’est pas conforme à sa Parole dans son Église. Nadab et Abihu ne seront pas les seuls à être éprouvés par le feu dans l’assemblée du Seigneur. Leur exemple est un type du jugement eschatologique de l’Église (1 Corinthiens 3.13-15) : « L’œuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révèlera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun. Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense ; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu. »

Être sauvé au travers du feu n’est pas une référence au purgatoire, c’est l’œuvre de chacun qui sera éprouvée par le feu et non la personne elle-même. Le Nouveau Testament n’enseigne pas que maintenant que Jésus a été jugé à notre place nous n’avons plus à nous inquiéter de la sainteté de Dieu puisque nous pouvons le servir comme bon nous semble. Nous éprouvons parfois cette tranquillité naïve en pensant que puisque tout sera rétabli à la fin ce que nous faisons maintenant est sans conséquence. L’Écriture déclare que nous devons prendre garde à la manière dont nous servons Dieu, car il est un feu dévorant. Cet avertissement n’est pas hypothétique et il n’est pas valide uniquement pour les cas majeurs de dérapage. Certains ont dérapé plus que je n’oserais le décrire et pourtant le feu ne s’est pas allumé pour punir leur folie. Mais le reste des Écritures nous apprend que c’est au jugement final que le feu de Dieu éprouvera son Église.

 

Car c’est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu. Or, si c’est par nous qu’il commence, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de Dieu ? (1 Pierre 4.17) Le feu du Seigneur éprouvera toutes les Églises ; celles qui sont attachées au principe régulateur d’adoration, comme celles qui ne le sont pas. Savoir que toute notre œuvre, notre culte et notre service à Dieu seront éprouvés par le feu est un grand incitatif à bâtir pour l’éternité et non simplement pour avoir un gros impact ici et maintenant parmi les hommes. Des hommes ont bâti des ministères immenses sur la terre, il existe des Églises qui sont de gigantesques institutions ; mais qu’en restera-t-il lorsque le Seigneur les éprouvera dans le feu (Psaumes 127 : 1) ? Travaillons pour qu’il ne reste pas que des cendres lorsque notre œuvre sera éprouvée.

L’apôtre Paul conclut en déclarant (1 Corinthiens 4.2) : « Du reste, ce qu’on demande des dispensateurs, c’est que chacun soit trouvé fidèle ». Le Seigneur ne demande pas à ses serviteurs de plaire aux hommes ou d’avoir du succès parmi leur génération ; il leur demande simplement d’être fidèles, de bâtir l’Église avec les bons matériaux et de servir Dieu en gardant sa Parole. Les résultats lui appartiennent, ne cherchons donc pas à produire artificiellement la croissance de l’Église par d’autres moyens.

 

 

 

 

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