Études sur la Parole.8

Études sur la Parole.8

Exode chapitre 1 à 14  - Le sujet général et caractéristique de l’Exode est la délivrance du peuple de Dieu ou son rachat effectué par l’Éternel, et son établissement comme un peuple qui lui appartient en propre.

Nous voyons Israël sous la loi, ou sous le gouvernement de Dieu agissant en patience, d’un Dieu qui, les ayant amenés à lui-même, ménageait à son peuple un recours auprès de lui, pour les cas où ce peuple serait infidèle ; mais non pas une vraie entrée dans sa présence. Le voile n’était pas déchiré : Dieu ne sortait pas vers eux et ils ne pouvaient pas entrer auprès de lui. Les relations de Dieu avec son peuple avaient été tout premièrement en grâce ; mais ces relations n’avaient été que passagères. Les Israélites n’y étaient jamais entrés avec intelligence ; ils n’avaient pas compris cette grâce, comme des pécheurs qui en eussent besoin.

Nous allons examiner la suite de ces divers enseignements.

Exode chapitre 1.

En premier lieu, nous sont présentées les circonstances qui se rattachent à la captivité d’Israël et aux persécutions que ce peuple eut à subir ; ainsi que les soins providentiels de Dieu, répondant à la foi des parents de Moïse et accomplissant les conseils de sa grâce, qui ont pour résultat non seulement de conserver la vie de cet enfant, mais encore de le placer dans une position élevée à la cour du Pharaon. Les choses qui arrivent sur la terre, c’est Dieu lui-même qui les opère. Il prépare tout d’avance, lorsque rien n’existe encore aux yeux de l’homme.

Mais, bien que la Providence réponde à la foi et agisse pour accomplir les desseins de Dieu et contrôler la marche de ses enfants, elle n’est pas le guide de la foi, quoi qu’elle le soit parfois des croyants qui sont privés d’une vue claire de la volonté de Dieu.

Chapitre 2.

La foi de Moïse se montre en ce qu’il renonce à tous les avantages de la position où Dieu l’avait placé par sa Providence. La Providence peut donner, et de fait donne souvent, ce qui rend, sous divers rapports, les serviteurs de Dieu propres pour leur œuvre comme vases d’élection ; mais cela ne saurait être leur force pour l’œuvre. Il ne faut pas confondre ces deux choses. Elle donne aussi des avantages secondaires, afin que, en y renonçant, le témoignage soit rendu à la réalité de la foi, et à la puissance de Dieu qui opère dans l’âme. L’avantage est alors accordé afin qu’on y renonce. Cela fait partie de la préparation de l’ouvrier.

La foi de Moïse agissant par des affections qui l’attachaient à Dieu et par conséquent au peuple de Dieu, qui était dans la détresse, ne se manifeste pas par des secours et des soulagements que sa position l’aurait mis à même de procurer à ce peuple ; elle fait mieux, elle l’engage à s’identifier avec lui, par le motif que c’est le peuple de Dieu. La foi s’attache à Dieu et au lien établi entre Lui et son peuple et elle veut y avoir sa part. Elle ne songe donc pas à patronner d’en haut, comme si le monde avait quelque autorité sur le peuple de Dieu, ou comme s’il était capable de lui être en bénédiction ; mais elle reconnaît toute la force du lien qui l’unit à Dieu. Elle sent, et c’est là ce qui lui appartient en propre, que Dieu aime son peuple ; par affection elle veut partager la position de ce peuple qui est précieux à Dieu sur la terre, et se place dans la même position dans laquelle lui se trouve. C’est ce que Christ a fait. La loi des fidèles consiste à le suivre dans sa carrière de charité, quelle que soit d’ailleurs la distance entre eux et lui.

Que de raisons Moïse aurait eues pour rester où la Providence l’avait placé, et même que de prétextes pour servir plus utilement les enfants d’Israël ; mais c’eût été s’appuyer sur la puissance du Pharaon, au lieu de reconnaître, le lien qui unissait Dieu à son peuple. Il en serait résulté pour celui-ci un soulagement accordé par le monde, mais non une délivrance accomplie par l’amour et la puissance de Dieu. Moïse eût été épargné, mais eût perdu sa vraie gloire ; le Pharaon eût été flatté et son autorité sur le peuple de Dieu eût été reconnue ; Israël serait demeuré en captivité, s’appuyant sur le Pharaon, au lieu de reconnaître Dieu dans les relations glorieuses attachées à son adoption comme peuple. En outre, Dieu lui-même n’aurait pas été glorifié. C’est là ce qui aurait en lieu, si Moïse fût resté dans sa position providentielle. Le raisonnement humain et les considérations puisées dans les voies de la Providence, s’unissaient pour lui donner ce conseil. La foi lui fit quitter cette position. Tout aurait été réellement gâté s’il y fût demeuré.

Moïse s’identifie donc avec le peuple de Dieu. Les premiers actes par lesquels il se rapproche de son peuple, sont empreints peut-être d’une certaine activité naturelle, et de la conscience d’une force qui n’était pas purement d’en haut ; toutefois, c’est ce premier dévouement qui est considéré par le Saint Esprit, comme un beau et acceptable fruit de la foi (Hébreux 11 v. 24 à 26). Mais il fallait que l’activité de Moïse fût plus entièrement soumise à Dieu, et qu’elle n’eût d’autre point de départ que Dieu lui-même et l’obéissance à sa volonté expresse. Nous avons là, dans le cas de Moïse, un exemple de la manière dont le Seigneur procède souvent. Le zèle et l’énergie de la fidélité se manifestent, mais Dieu met l’instrument momentanément de côté, pour nous enseigner à faire dépendre notre service directement et entièrement de Lui.

L’histoire de Jésus lui-même nous présente quelque chose d’analogue, par rapport au temps d’inaction qui s’est écoulé depuis sa première apparition dans le temple, jusqu’à son ministère public, sauf qu’il n’y a eu pour lui ni mécompte, ni méprise, et par conséquent nulle direction providentielle extérieure qui eût pour but de l’en ramener. Chez Lui, la perfection du mouvement intérieur dont il était animé, lui donnait constamment conscience de qui il était le Fils, et en même temps le soumettait à la volonté de son Père dans les circonstances où il était moralement placé.

Mais le Seigneur se montra comme Fils, lorsqu’il se trouva avec les docteurs dans le temple ; et cependant, il était alors soumis à Joseph et à Marie jusqu’au temps et à la saison fixés par Dieu, également parfait dans ces deux positions. Moïse, craintif encore dans sa fidélité, redoutant, d’un côté, la puissance qui, à son insu peut-être, lui prêtait une certaine habitude d’énergie (car on craint ce dont on tire sa force), et, de l’autre, repoussé par l’incrédulité de ceux vers lesquels le portaient son amour et sa fidélité (car « ils ne le comprirent point »), s’enfuit dans le désert, type (quant au fait lui-même) du Seigneur Jésus rejeté du peuple qu’il aimait.

Ce type diffère de celui de Joseph. Joseph, en sortant de la prison où il a été comme mis à mort, prend la position de Jésus élevé à la droite du trône suprême parmi les Gentils, et à la fin il reçoit ses frères, dont il avait été séparé. Ses enfants lui sont un témoignage de la bénédiction qui lui a été accordée pendant cette séparation. Il les appelle Manassé, parce que, dit-il, « Dieu m’a fait oublier toute ma peine, et toute la maison de mon père » ; et Éphraïm, « car Dieu m’a fait fructifier dans le pays de mon affliction ». Mais Moïse représente Christ séparé de ses frères ; et quoique Séphora puisse être considérée comme un type de l’Église (aussi bien que la femme de Joseph), en tant qu’épouse du Libérateur rejeté, pendant la séparation de celui-ci d’avec Israël, toujours est-il que le cœur et les sentiments de Moïse, s’exprimant dans les noms qu’il donne à ses enfants, sont entièrement dominés par la pensée qu’il est éloigné d’Israël.

Ses affections fraternelles, ses pensées, son repos, sa patrie, sont avec ce peuple ; il est étranger partout ailleurs. Moïse est le type de Jésus, considéré comme libérateur d’Israël. Il appelle son fils Guershom, c’est-à-dire « étranger là », « car », dit-il, « j’ai séjourné dans un pays étranger ». Jéthro nous représente les Gentils, parmi lesquels Christ s’est réfugié avec sa gloire lorsque les Juifs l’ont rejeté.

Mais, enfin, Dieu porte ses regards sur Israël, et il veut qu’il y ait en Moïse non seulement la foi qui s’identifie avec son peuple, mais encore la puissance qui le délivre. Ce Moïse, qui avait été rejeté comme prince et juge, doit paraître au milieu d’Israël et du monde, comme prince et libérateur.

Étienne cite ces deux exemples au Sanhédrin qui a rejeté le Christ, pour convaincre la conscience de ses juges d’un péché semblable, mais plus grand encore que celui commis au sujet de Joseph et de Moïse.

Chapitre 3.

Dieu qui, en apparence, avait abandonné Moïse à la puissance de ses ennemis, sans reconnaître sa foi, se manifeste maintenant à lui en particulier, pour l’envoyer délivrer Israël et juger le monde.

Considérée au point de vue pratique, l’histoire de Moïse nous montre Dieu qui détruit l’espérance de la chair et mate sa force, en faisant du fils adoptif de la maison du roi un berger placé sous la dépendance étrangère, et cela pendant une durée de quarante ans, afin que l’œuvre qui devait lui être confiée fût une œuvre d’obéissance et que sa force fût la force de Dieu. L’espérance de Moïse et l’affection de son cœur furent laissées dans l’attente durant tout ce temps. Aucune issue humaine n’apparaissait.

Mais Dieu se manifeste maintenant à Moïse sous le nom de l’Éternel. Il s’était mis en relation avec les pères sous celui de Tout-Puissant. Ce nom était celui qu’il leur fallait : Dieu trouvait sa gloire à ce qu’ils se plaçassent sous sa protection dans leurs pèlerinages. Le nom qu’il prend maintenant implique que son peuple est appelé à soutenir des relations constantes avec Celui qui est le même hier, aujourd’hui et pour toujours, qui accomplit en fidélité ce qu’il a commencé en grâce, tout en montrant par son gouvernement au milieu de son peuple, la perfection de sa justice et de sa patience. Pour nous, il s’appelle Père, et il agit à notre égard selon le caractère de ce nom béni pour nos âmes (comparez à Matthieu 5 et Jean 17).

Mais ce nom d’Éternel n’est pas le premier nom qu’il se donne dans ses communications avec son peuple, par l’intermédiaire de Moïse ; il se présente d’abord comme s’intéressant à eux pour l’amour de leurs pères dont il était le Dieu ; il dit qu’il a vu leur affliction et qu’il est descendu pour les délivrer, touchante expression de la grâce de Dieu. Là-dessus, il renvoie Moïse vers le Pharaon, afin de les faire monter hors d’Égypte.

Mais, hélas ! l’homme est devenu tel par le péché, que le principe d’obéissance est pour lui un faible mobile, quand il n’est point associé à l’énergie de la chair : Moïse, qui avait été plein d’ardeur quarante ans auparavant pour tuer l’Égyptien, a perdu cette énergie et fait maintenant des difficultés. Dieu lui donne un signe pour lui prouver qu’Il ira avec lui ; mais ce signe, dont l’accomplissement devait être postérieur à la sortie d’Égypte, n’était destiné à affermir et à réjouir Moïse, qu’autant qu’il aurait déjà obéi.

Moïse toutefois fait encore des difficultés, auxquelles, dans sa bonté, Dieu répond jusqu’à ce qu’elles cessent d’être faiblesse pour devenir incrédulité ; car l’indulgence pour soi-même aboutit à l’incrédulité. Dans la mission que Dieu confie à Moïse, il déclare son nom : « Je suis ! » mais tout en disant être Celui qui est, il prend à toujours pour nom sur la terre, celui du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, principe important pour ce qui regarde les voies de Dieu. « Je suis », est son nom essentiel lorsqu’il se révèle ; mais quant à son gouvernement de la terre et ses relations avec elle, son mémorial dans tous les âges est : le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Cela a donné à Israël, visité maintenant par Dieu et reçu sous l’abri de ce nom, une place toute particulière.

Abraham est le premier que Dieu ait appelé à sortir du monde, le premier auquel, il ait donné des promesses. Dieu l’a mis à part en dehors du monde, de sorte qu’Il s’est appelé son Dieu. Dieu ne s’appelle jamais le Dieu d’Abel ni de Noé, quoi qu’il soit le Dieu de tous les saints d’une manière générale. C’est dans le cas d’Abraham qu’il est déclaré que la foi est imputée à justice. En Éden, Dieu, en jugeant le serpent, avait annoncé la victoire finale de la semence de la femme ; en Abel, il avait montré quel est le sacrifice qui lui est agréable de la part du pécheur : non pas les fruits de ses travaux, placé qu’il est, sous le jugement, mais le sang que la grâce de Dieu lui a fourni et qui répond à ses besoins ; et ceci établissait pour l’homme une justice qui était mesurée d’après son offrande.

En Énoch, Dieu avait proclamé la victoire pleine et absolue sur la mort et l’enlèvement du juste, Dieu le prenant à lui ; en Noé, la délivrance au travers des jugements lorsque le monde est jugé. Ensuite un nouveau monde commence, avec la cessation de la malédiction de la terre en vertu de la bonne odeur du sacrifice et de l’alliance qui garantit à l’avenir le monde de toute destruction par l’eau. Voilà ce que Dieu avait déjà mis en évidence devant les hommes. Mais en Abraham (après le jugement de Babel) nous trouvons un homme appelé à sortir du monde qui adorait maintenant d’autres dieux, un homme introduit, comme mis à part dans une relation immédiate avec Dieu, un personnage à qui des promesses sont faites, appelé à être l’objet et le dépositaire des promesses de Dieu.

Abraham avait ainsi une position toute spéciale. Dieu était son Dieu. Il avait une place avec Dieu en dehors du monde, comme héritier de la promesse. Il est la souche et la racine de tous les héritiers de la promesse. Le Christ lui-même vint dans le monde comme semence d’Abraham, qui est aussi le père de tous les fidèles pour ce qui regarde la terre. Israël est la nation promise selon ce titre ; eu égard à l’élection, bien-aimée à cause des pères. Dans ce nom donc, comme son mémorial à toujours, Dieu délivrerait maintenant Israël.

En même temps, Dieu prédit que le Pharaon ne laissera pas aller le peuple, mais il se place, sur le terrain de son autorité et de son droit sur ce dernier, et demande avec autorité que le Pharaon reconnaisse ses droits. S’il refuse de le faire, il sera jugé par la puissance de Dieu.

Chapitre 4.

Moïse fait toujours des difficultés ; Dieu lui donne encore des signes. Ces signes me semblent remarquables dans leur caractère : ce sont des types du péché et de sa guérison, de la puissance devenue satanique, mais qui, revendiquée de la part de Dieu, devient sa verge. Le troisième, enfin, nous montre ce que Dieu avait donné pour être rafraîchissement et vie, devenu jugement et mort. Moïse cependant objecte encore, et la colère de Dieu s’enflamme contre lui. Toutefois, Dieu agit en miséricorde, mais d’une manière humiliante pour Moïse ; il lui adjoint son frère Aaron, que déjà il avait préparé pour cela, et qui était sorti d’Égypte pour venir à sa rencontre ; car la folie des enfants de Dieu, bien qu’elle tourne à leur honte et à leur préjudice, sert néanmoins à accomplir les desseins de Dieu.

Quelle que soit la puissance du Dieu qui délivre, il faut la circoncision chez celui qui est employé de Lui comme instrument, car le Dieu libérateur est un Dieu de sainteté ; c’est en jugeant le péché qu’il délivre ; il ne le supporte pas chez ceux avec lesquels il est en contact et qui sont ses ouvriers, car il sort de son lieu en jugement (voyez Ésaïe 26 v. 21). Or il s’agit de la mort au péché, de la vraie circoncision, et Moïse est un époux de sang pour celle qui a affaire avec lui. Dieu ne peut pas se servir de la chair en combattant contre Satan. Il ne le peut, ni par rapport à Lui, ni par rapport à Satan qui aurait de droit prise sur elle. Dieu la met donc à mort virtuellement, et il veut que cette mort de la chair s’accomplisse moralement en chacun de ses enfants. Ceci est vrai pour l’Église qui, toutefois, peut faire son compte qu’elle est morte.

Cette vérité, que Dieu ne peut pas supporter la chair, paraîtra dans toute son évidence aux derniers jours, lorsqu’il plaidera contre toute chair, et que s’identifiant avec les intérêts du résidu de son peuple, il fera passer par le feu ce résidu qui n’a pas pris part spirituellement aux souffrances du Christ (Zacharie 13 v. 8).

Chapitres 5 à 11.

À la nouvelle de la bonté de Dieu, le peuple croit et se prosterne. Mais la lutte contre la puissance du mal est autre chose que la joie produite par la nouvelle de la délivrance qui doit succéder à la lutte. La lutte est une affaire sérieuse et difficile. Satan ne veut pas laisser aller le peuple, et Dieu permet sa résistance, soit pour exercer la foi de son peuple et le former à sa discipline, soit pour donner une manifestation éclatante de sa puissance, dans les lieux mêmes où Satan a établi son règne.

Avant la délivrance, lorsque l’espérance du peuple est réveillée, l’oppression sous laquelle il gémit devient plus forte que jamais ; il eût préféré qu’on l’eût laissé tranquille dans l’esclavage. Mais il s’agit des droits et des conseils de Dieu. Il convient que le peuple soit entièrement détaché de ces Gentils devenus son tourment.

Moïse fait les signes ; les magiciens les imitent par la puissance de Satan, pour endurcir le cœur du Pharaon ; mais, lorsqu’il s’agit de créer seulement des moustiques, ils sont forcés de reconnaître la main de Dieu.

Enfin, Dieu exécute ses jugements, et il prend les premiers-nés, comme représentants de tout le peuple.

Chapitres 12 à 14.

Dans les délivrances dont Israël est l’objet, il y a deux phases, dans l’une desquelles Dieu paraît comme juge, tandis que dans l’autre il se manifeste comme libérateur.

Durant la première, Israël, qui n’est point sorti d’Égypte, est protégé par le sang expiatoire du rachat, qui barre à Dieu le chemin de la vengeance comme juge, et met le peuple infailliblement à l’abri, Dieu n’entrant pas dans les demeures de son peuple : la valeur de ce sang met à l’abri du jugement (1).

1. Remarquez l’expression : « Car je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous ». Il n’est pas dit : « vous verrez », mais « je verrai ». Il arrive souvent que l’âme d’une personne réveillée ne se repose pas sur sa propre justice, mais sur la manière dont elle voit le sang. Mais ce n’est pas le fondement de la paix, quelque précieux qu’il puisse être pour le cœur d’en être profondément impressionné. La paix véritable est fondée sur le fait que Dieu voit le sang. Lui ne peut manquer de l’estimer à sa pleine et parfaite valeur, comme ôtant le péché. C’est Lui qui abhorre le péché et qui a été offensé par lui ; c’est Lui qui voit la valeur du sang pour ôter le péché. Mais quelqu’un dira peut-être : Ne faut-il pas au moins que j’aie foi en sa valeur ? C’est avoir foi en sa valeur, de voir que Dieu le regarde comme ôtant le péché ; votre estimation de cette valeur n’est que la mesure de vos sentiments, tandis que la foi regarde aux pensées de Dieu.

Le peuple, les reins ceints, ayant mangé à la hâte l’agneau avec les herbes amères de la repentance, commence son voyage. Il est encore en Égypte, mais actuellement Dieu peut être et est effectivement avec lui.

Il est bon de distinguer ici le jugement des premiers-nés et celui du passage de la mer Rouge. En fait de châtiment, l’un est les prémices de l’autre. Le premier aurait dû détourner le Pharaon de sa poursuite téméraire. Mais, envisagé au point de vue du sang qui garde le peuple du juste jugement de Dieu, il signifie quelque chose de plus profond et de plus sérieux que le passage de la mer Rouge, quoique là aussi le jugement soit exécuté. Ce qui est arrivé lors de celui-ci est, il est vrai, la manifestation éclatante de la puissance de Dieu, qui du souffle de sa bouche détruisait l’ennemi s’élevant en rébellion contre lui. C’était un jugement final qui avait pour caractère d’anéantir les ennemis de Dieu, en délivrant son peuple.

Mais le sang de la Pâque signifiait le jugement moral de Dieu, et la satisfaction pleine et entière de tout ce qu’il est dans son Être. Dieu, tel qu’il est dans sa justice, dans sa sainteté, dans sa vérité, ne pouvait pas moralement toucher à ceux qui étaient abrités par ce sang. Son amour envers son peuple avait trouvé ce moyen de satisfaction aux exigences de sa justice contre le péché ; et à la vue de ce sang qui répondait à toutes les perfections de son Être, il avait passé par-dessus les enfants d’Israël, selon sa justice et sa vérité même. Toutefois, même en passant par-dessus. Dieu y apparaît comme juge. C’est ce qui fait qu’aussi longtemps que l’âme s’arrête à contempler exclusivement Jésus comme la victime expiatoire offerte à la justice de Dieu, elle ne jouit que d’une paix incertaine. On chemine en Égypte, tout en étant vraiment converti ; car Dieu est toujours juge et la puissance de l’ennemi toujours présente.

À la mer Rouge, Dieu agit en puissance, selon les desseins de son amour. Christ dans sa mort s’étant placé au plus profond de notre misère, la puissance de Satan et la colère de Dieu y ont toutes deux déployé leur force ; Dieu lui-même est intervenu dans la résurrection pour placer Christ, et nous en Christ, irrépréhensibles devant sa face en amour. Par conséquent l’ennemi, qui pressait son peuple de près, est détruit sans ressource. C’est ce qui arrivera au dernier jour à Israël, déjà abrité de fait par le sang, aux yeux de Dieu.

Quant au sens moral du type de la mer Rouge, il a évidemment pour objet la mort et la résurrection de Jésus (au point de vue de l’accomplissement réel de l’œuvre dans sa propre efficace comme délivrance par rédemption) et de son peuple en Lui. Dieu y agit pour faire sortir ce dernier, par la mort, du péché et de ce présent siècle, le délivrant absolument de l’un et de l’autre par la mort dans laquelle il avait amené Christ, à l’abri, par conséquent, de toute atteinte de l’ennemi (1).

1. Le Jourdain ajoute à cela notre résurrection avec Christ et notre entrée dans les lieux célestes. Romains 3 v. 21, jusqu’à 5 v. 11, nous présente la mort de Christ pour les péchés et notre justification dans sa résurrection ; depuis le verset 12 de ce même chapitre 5 jusqu’à la fin du chapitre 8, la mort au péché. Le péché dans la chair n’est point pardonné, mais condamné (Romains 8 v. 3) ; mais nous, comme étant morts, nous ne sommes plus du tout dans la chair ; nous sommes vivants à Dieu par Jésus Christ.

L’épître aux Romains ne va pas plus loin que le désert, quoi qu’elle nous montre le chrétien le traversent comme vivant à Dieu par Christ : elle ne nous le montre pas encore comme ressuscité avec Christ, ce qui implique notre identification avec Lui là où il est, et ainsi l’union avec Lui. Dans les Colossiens, nous sommes ressuscités avec Lui, mais non pas placés dans les lieux célestes. En Éphésiens 2, nous sommes ressuscités avec Lui, et assis dans les lieux célestes en Lui ; puis commencent la lutte avec les méchancetés spirituelles dans les lieux célestes, et le témoignage à ce qui est céleste, pour autant que c’est le Jourdain. L’épître aux Éphésiens seule, commence par nous voir morts dans nos péchés, en sorte qu’il s’agit d’une nouvelle création et non pas de la mort au péché. Dans un sens cependant, l’effusion du sang a un caractère plus glorieux. Par elle, Dieu est glorifié, quoique, expérimentalement, nous soyons placés plus haut par le passage du Jourdain. Ce passage également, est le fruit de l’effusion du sang, qui ne comprend pas seulement le fait que Christ a porté nos péchés pour satisfaire à notre responsabilité, mais encore que Dieu est glorifié en nous amenant dans sa propre gloire avec Christ, ce qui dépasse toute question de responsabilité.

Par la foi, nous participons dès maintenant à cette délivrance. Le sang nous met à l’abri du jugement de Dieu. Sa puissance, qui agit en notre faveur en nous ressuscitant avec Christ, et nous place ainsi en grâce auprès de Dieu lui-même, nous affranchit de la puissance de Satan, prince de ce monde (1). Le sang, qui nous préserve du jugement de Dieu, est le commencement de la délivrance. La puissance qui nous a vivifiés en Christ, descendu dans la mort pour nous, nous a délivrés de toute la puissance de Satan, qui nous poursuivait, ainsi que de ses attaques et de ses accusations. Nous en avons fini avec l’Égypte, et avec le monde. Le monde, qui veut suivre ce chemin, est englouti (2).

1. L’ordre des faits qui se rattachent à la sortie d’Égypte du peuple juif, met en évidence ces deux grandes vérités : la première, que le sang de Christ garantit du jugement de Dieu, c’est le commencement de notre délivrance morale ; la seconde, que la puissance qui nous a ressuscités avec Christ nous affranchit de la puissance de Satan, et nous met à l’abri des attaques qu’il dirige contre notre paix, en nous poursuivant, même après notre conversion, jusqu’à ce que nous ayons traverse la mer Rouge.

2. Ceci est un avertissement solennel ; car le monde qui s’appelle chrétien, se place sur le terrain du jugement à venir et reconnaît qu’il a besoin de justice, mais non pas selon Dieu. Le chrétien traverse ce jugement en Christ, sachant qu’autrement il est perdu et sans ressources ; l’homme du monde veut le traverser par sa propre force, et il est englouti. Israël voyant la mer Rouge dans sa puissance, se croit perdu ; tel est le sentiment d’une conscience réveillée devant la mort et le jugement. Mais Christ est mort et a porté le jugement pour nous, et nous sommes délivrés par la chose même qui nous effrayait. L’homme du monde, voyant la délivrance, veut y arriver par sa propre force, comme s’il n’y avait aucun danger, et sa fausse confiance le perd.

Comme type historique des voies futures de Dieu envers Israël, la mer Rouge termine la suite des événements qui se rapportent à la délivrance du peuple. Comme type moral, elle représente le commencement du chemin chrétien proprement dit, c’est-à-dire le chemin de l’âme affranchie.

 

Arthur KatzUn message de John Nelson Darby.
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