La chair mise à l'épreuve

La chair mise à l'épreuve

Le récit de la première partie du règne de Saül, tel qu’il nous est rapporté dans les chapitres 9 à 15 du premier livre de Samuel, est rempli d’instructions pour nous croyants.


Ce serait une erreur de penser qu’il ne nous concerne pas parce que Saül est un réprouvé, dont la fin fut particulièrement triste puisqu’il est l’un des cinq suicidés dont parle le saint Livre (1 Samuel 31 v. 4 et 5 ; 2 Samuel 17 v. 23 ; 1 Rois 16 v. 18 : Matthieu 27 v. 5). Premièrement, « toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (2 Timothée 3 v. 16 et 17).

Remarquons ensuite que l’histoire de Saül nous montre la chair, non pas déterminée à s’opposer par tous les moyens à l’œuvre de Dieu, mais essayant au contraire de l’accomplir, et nous comprendrons mieux que nous ayons à recevoir instruction de ce récit, nous qui ne sommes plus « dans la chair » mais qui pourtant avons toujours la chair en nous et sommes en danger, tout en pensant faire l’œuvre de Dieu, d’en manifester l’activité dans notre vie chrétienne.

Nous voyons chez ce roi, le premier des rois d’Israël, la chair mise à l’épreuve, et la chair sous les meilleures apparences possibles (1 Samuel 9), disposant de toutes les ressources que Dieu veut lui donner (1 Samuel 10) précisément pour montrer qu’elle est incapable de répondre à sa pensée et d’accomplir son œuvre. Ce n’est pas une question de qualités naturelles ou morales, ou une question de ressources : « ce qui est né de la chair est chair » et « la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas. Et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu » (Jean 3 v. 6 ; Romains 8 v. 7 et 8).

Que la méditation de cette partie de l’histoire de Saül nous conduise donc à veiller, à mieux comprendre que par une activité charnelle nous ne ferons jamais rien d’utile dans l’œuvre de Dieu. Et qu’amenés à réaliser que « ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises », nous vivions et marchions dirigés par l’Esprit (Galates 5 v. 24 et 25) C’est ainsi seulement que nous pourrons servir le Seigneur avec fruit, quel que soit le service qu’Il veut bien nous confier.

Israël avait désiré un roi.

Bien que les anciens du peuple eussent présenté cette requête à Samuel en mettant en avant ces deux motifs : « Voici, tu es vieux et tes fils ne marchent pas dans tes voies » (1 Samuel 8 v. 5), il y avait d’autres raisons à leur demande. Il était certes bien vrai que le peuple voulait un roi « comme toutes les nations », ce que disent les anciens d’Israël à Samuel, mais ce qu’ils ne disent pas et que pourtant Samuel discerne, car, quoi qu’ils en pensent, ils ne peuvent rien dissimuler à l’Éternel et à son prophète, ils avaient vu Nakash, roi des fils d’Ammon, venant contre eux (1 Samuel 12 v. 12). Manquant de foi, au lieu de se confier en l’Éternel seul pour être délivrés, ils préfèrent avoir un roi. Un secours humain leur paraît beaucoup plus efficace que le bras de Dieu.

Telle est la folie du cœur de ce peuple, la folie de la chair, et cela est aussi vrai aujourd’hui qu’aux jours de Samuel. Dieu va leur donner un roi, mais voici ce que dit le prophète Osée, de la part de l’Éternel, à ce peuple qui avait cherché le salut dans le bras de la chair : « C’est ta destruction, Israël, que tu aies été contre moi, contre ton secours. Où donc est ton roi ? pour qu’il te sauve dans toutes tes villes. Où sont tes juges, dont tu as dit : Donne-moi un roi et des princes ?... Je t’ai donné un roi dans ma colère, et je l’ai ôté dans ma fureur » (Osée 13 v. 9 à 11). Plus de trois cents ans après, par le prophète Osée, l’Éternel rappelle à Israël la partie de son histoire qui nous est rapportée dans les chapitres 8 à 15 du premier Livre de Samuel, et cela afin de l’amener à répondre à l’appel si touchant d’Osée 14.

Le roi mis par l’Éternel à la tête d’Israël, c’était donc un jugement sur le peuple, mais cependant avec un mélange de grâce : « Or, un jour avant que Saül vînt, l’Éternel avait averti Samuel, disant : Demain, à cette heure, je t’enverrai un homme du pays de Benjamin, et tu l’oindras pour être prince sur mon peuple Israël ; et il sauvera mon peuple de la main des Philistins ; car j’ai regardé mon peuple, car son cri est parvenu jusqu’à moi » (1 Samuel 9 v. 15 et 16).

1 Samuel 10 nous montre que l’Éternel, loin d’entraver l’expérience qui allait être faite, donne à Saül toutes les ressources qui pouvaient lui être nécessaires. Après l’avoir oint, Samuel, lui faisant « entendre la parole de Dieu » (9 v. 27), lui indique ce qu’il va rencontrer sur son chemin. En premier lieu, « deux hommes près du sépulcre de Rachel, sur la frontière de Benjamin » (10 v. 2). Ce sépulcre parlait tout à la fois de la mort de Rachel et de la naissance de ce fils qui naquit « comme son âme s’en allait, (car elle mourut) », ce fils que Rachel appela Ben-oni, fils de ma peine, mais auquel Jacob son père donna le nom de Benjamin, fils de ma droite (Genèse 35 v. 18).

Cela eût dû être le point de départ de cette nouvelle phase de la vie de Saül, « oint pour prince » sur l’héritage de l’Éternel. Cette vie nouvelle ne pouvait être issue que de la mort ; en d’autres termes, il convient de réaliser la mort à tout ce qui est de la vieille nature pour vivre d’une vie nouvelle, selon la pensée de Dieu. Saül, qui était fils de Kis, « un homme de Benjamin » (9 v. 1), eût été alors vraiment le Benjamin de Dieu. Ensuite, « de là », il devait « passer plus loin » et venir « au chêne de Thabor » où le rencontreraient « trois hommes qui montent vers Dieu à Béthel » (10 v. 3). Quelle signification cela comportait-il pour lui ? Lorsque Jacob, pour échapper à la main d’Ésaü son frère, s’enfuit, sur le conseil de Rebecca, jusque chez Laban, à Paddan-Aram, c’est à Béthel qu’il fit sa première halte. Il y passa la nuit, « et il prit des pierres du lieu, et s’en fit un chevet, et se coucha en ce lieu-là ». Dieu lui fit alors des promesses inconditionnelles : « Et voici, je suis avec toi ; et je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans cette terre-ci, car je ne t’abandonnerai pas jusqu’à ce que j’aie fait ce que je t’ai dit » (Genèse 28 v. 10 à 22).

Dans ce chemin qui serait le sien, s’il voulait se séparer de tout son passé, vivre d’une vie nouvelle, il pouvait compter sur l’immuable fidélité de Dieu à ses promesses. Mais encore, Béthel, c’était la maison de Dieu. Dieu avait dit autrefois à Jacob, à son retour de chez Laban : « Lèvetoi, monte à Béthel, et habite là, et fais-y un autel au Dieu qui t’apparut comme tu t’enfuyais de devant la face d’Ésaü, ton frère. Et Jacob dit à sa maison et à tous ceux qui étaient avec lui : Ôtez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et purifiez-vous, et changez vos vêtements ; et nous nous lèverons, et nous monterons à Béthel, et je ferai là un autel à Dieu, qui m’a répondu au jour de ma détresse, et qui a été avec moi dans le chemin où j’ai marché » (Genèse 35 v. 1 à 3).

Dieu avait accompli ce qu’Il avait promis, Jacob pouvait en rendre témoignage dans le lieu même où les promesses lui avaient été faites, et adorer. Dans les tristes circonstances où se trouvait alors le peuple de Dieu, qui avait rejeté l’Éternel en réclamant un roi (1 Samuel 8 v. 7 et 8), n’était-il pas remarquable et encourageant, pour une âme fidèle, de voir trois adorateurs un témoignage complet, monter à Béthel, à la maison de Dieu ? Aucun d’eux n’avait les mains vides, selon ce qu’avait dit l’Éternel autrefois à son peuple : « on ne paraîtra pas à vide devant ma face » (Exode 23 v. 15 ; Deutéronome 16 v. 16 et 17). Enfin, après cela, Saül irait « au coteau de Dieu, où sont des postes des Philistins » (1 Samuel 10 v. 5).

Si, à Béthel, il avait rencontré un petit résidu fidèle en Israël, se rendant à la maison de Dieu pour adorer, maintenant il allait prendre connaissance de l’état réel du peuple. Quoi qu’il en soit, et il était nécessaire que Saül en eût l’assurance, malgré la puissance des Philistins, les ressources divines ne faisaient pas défaut : « tu rencontreras une troupe de prophètes descendant du haut lieu, ayant devant eux un luth, un tambourin, une flûte, et une harpe, et eux-mêmes prophétisant ». Le ministère prophétique était toujours en exercice, les relations de l’Éternel avec son peuple n’étaient pas rompues.

C’est alors que Saül lui-même recevrait un don de prophète : « Et l’Esprit de l’Éternel te saisira, et tu prophétiseras avec eux, et tu seras changé en un autre homme » (1 Samuel 10 v. 6). Cela ne voulait pas dire que Saül serait « né de nouveau » ou « scellé du Saint Esprit », pour employer des expressions du Nouveau Testament ; cela correspond au contraire à l’état de « ceux qui ont été une fois éclairés, et qui ont goûté du don céleste, et qui sont devenus participants de l’Esprit Saint, et qui ont goûté la- bonne parole de Dieu… » (Hébreux 6 v. 4). Balaam a été appelé « prophète » (2 Pierre 2 v. 15 et 16), il a même prononcé l’une des plus belles prophéties de l’Écriture ; Judas a été l’un des douze, et cependant Saül, Balaam, Judas sont tous trois des réprouvés. Effroyable responsabilité, à la mesure de tous les privilèges et dons accordés !

Ainsi guidé dans son chemin et ayant tellement reçu, Saül pouvait aller avec cette promesse : « tu feras ce qui se présentera à toi ; car Dieu est avec toi » (1 Samuel 10 v. 7). Pouvait-il dire qu’il lui manquait encore quelque chose pour faire face à la mission qui lui était échue ? L’homme ne pourra jamais prétendre qu’il lui manquait quelque chose pour être fidèle dans ce qui lui était confié. Et la vie du Seigneur dans ce monde a été précisément la preuve que l’homme, dans la condition où Dieu l’avait placé, encore était-il dans le jardin d’Eden, alors que Christ est venu sur une terre souillée par le péché, pouvait répondre à la pensée de Dieu et le glorifier par sa fidélité.

Le verset 8 nous montre que, ayant ainsi reçu de Dieu toutes les ressources dont il avait besoin, Saül devait être caractérisé dans l’exercice de sa royauté par une vraie dépendance de Dieu (c’est là que l’homme a manqué et c’est le point de départ de la chute) comme aussi de son prophète. Il lui faudrait « descendre », et ce terme comporte sans nul doute une signification morale, devant Samuel, à Guilgal ; il n’est pas besoin d’insister sur ce que représente Guilgal et sur le fait que Saül devait se tenir « devant le prophète de l’Éternel ». Sept jours d’attente lui étaient imposés, temps complet de recueillement précédant le moment où Saül se tiendrait devant le prophète, venu « pour offrir des holocaustes et sacrifier des sacrifices de prospérités », exercice de patience aussi sans doute. Enfin, dit Samuel, « je te ferai savoir ce que tu devras faire ». Pour régner sur le peuple de Dieu. Saül devait demeurer dans une entière dépendance de Dieu. Tout cet ensemble de directions et de recommandations données par Samuel à Saül c’était, rappelons-le, « la parole de Dieu » (1 Samuel 9 v. 27).

Est-ce que la chair est capable de profiter des ressources divines et de manifester la dépendance de Dieu, nécessaires pour accomplir son œuvre ? En aucune façon, et la suite de l’histoire de Saül va nous en donner la preuve, pour nous instruire et nous exhorter à nous méfier de la chair, « ne prenant pas soin d’elle pour satisfaire à ses convoitises », mais au contraire, « revêtant le Seigneur Jésus Christ » (Romains 13 v. 14). Lui seul, comme homme ici-bas, a su utiliser toutes les ressources mises par Dieu à la disposition de l’homme et manifester la patience, l’obéissance et la dépendance qui ont pleinement glorifié Dieu.

Peut-être est-elle significative, traduisant l’état du cœur de Saül, l’expression du verset 9 du chapitre 10 : « Saül tourna le dos pour s’en aller d’avec Samuel » ? Cependant, « Dieu lui changea son cœur en un autre », comme Samuel l’avait annoncé, ce qui n’est pas, répétons-le, le changement opéré par la nouvelle naissance « et tous ces signes eurent lieu ce jour-là ». Et tandis qu’à Guibha, « au coteau de Dieu », une troupe de prophètes venait à sa rencontre, c’était le troisième signe « l’Esprit de Dieu le saisit, et il prophétisa au milieu d’eux » (v. 10). Tout ce que le prophète de l’Éternel lui avait annoncé s’accomplissait donc à la lettre, toutes les ressources promises lui étaient données, il ne lui restait donc qu’à obéir aux instructions contenues dans le verset 8 de ce chapitre. En d’autres termes, du côté de Dieu rien n’avait manqué, qu’en serait-il maintenant du côté de l’homme ? Hélas ! Saül ne descendit pas à Guilgal, il n’y descendra que deux ans après et le chapitre 13 nous dira ce qu’il y fit. Mais Saül prophétisant à Guibha, cela ne pouvait tromper ceux qui l’entendirent (v. 11 et 12). L’exercice d’un ministère dans la chair ne peut tromper ceux chez lesquels il y a quelque discernement spirituel, si faible soit-il.

Ce paragraphe (1 Samuel 10 v. 9 à 16) nous donne donc deux indications qui déjà font mal augurer de ce règne. Quoi qu’il en soit, « Samuel convoqua le peuple devant l’Éternel à Mitspa » (v. 17), un lieu qui rappelait à Israël le rassemblement de 1 Samuel 7 v. 5. Là, ils avaient fait une confession sincère de leur péché, reconnu leur misérable état, supplié Samuel de crier à l’Éternel pour eux, alors que les Philistins montaient contre eux, et fait l’expérience ensuite du secours de Dieu. De sorte que, « entre Mitspa et le rocher », Samuel avait dressé « la pierre de secours » : Eben-Ézer (v. 6 à 12). Quel souvenir pour le peuple ! Et pourtant, ils avaient ensuite demandé un roi « comme toutes les nations ». Ne pouvaient-ils pas maintenant, à Mitspa, mesurer le déclin ? C’est là que Samuel, parlant de la part de l’Éternel, leur rappelle qu’Il les avait fait monter d’Égypte, les avait délivrés de tous leurs ennemis, ajoutant : « et vous, aujourd’hui, vous avez rejeté votre Dieu, lui qui vous a sauvés de tout vos maux et de toutes vos détresses » (v. 18 et 19). Après quoi, devant tout le peuple, il établit Saül comme roi. Le lieu, Mitspa, les paroles de Samuel, tout cela touchera-t-il le cœur et la conscience du peuple ? Il y est insensible, « et tout le peuple poussa des cris, et dit : Vive le roi ! » (10 v. 24).

On peut remarquer certes, que Saül fait preuve d’une certaine réserve : il se cache parmi les bagages quand on l’appelle pour le présenter au peuple et se cache de telle manière qu’il faut que ce soit l’Éternel lui-même qui le trouve (v. 21 à 23), il fait ensuite le sourd quand des fils de Bélial le méprisent (v. 27), autant de qualités naturelles qui souvent trompent les âmes, risquent même de détourner des croyants du vrai chemin, mais ne peuvent jamais faire l’œuvre de Dieu. C’est la chair sous de beaux dehors, mais la chair quand même, et elle n’en est que plus dangereuse.

Il faut noter que l’établissement du roi selon la chair manifeste aussitôt deux classes de personnes : en premier lieu, « ceux dont Dieu avait touché le cœur » (v. 26) ; ils suivent Saül à Guibha, soumis à l’autorité que Dieu a établie, quel que soit son caractère (de même aujourd’hui, les croyants sont appelés à être soumis aux autorités, Actes 5 v. 29 nous donne la limite de cette soumission) ensuite, « des fils de Bélial » (v. 27), ceux qui, après avoir rejeté Dieu et demandé un roi, méprisent le roi que Dieu leur donne.

C’est parce que les Israélites craignaient Nakhash, roi des fils d’Ammon, qu’ils avaient demandé un roi (1 Samuel 12 v. 12). Maintenant que le roi est établi sur le peuple (10 v. 17 à 27), voici Nakhash qui monte contre Jabès de Galaad (11 v. 1). Est-ce Saül qui va délivrer Israël ? Le chapitre 11 nous montre que c’est l’Éternel lui-même qui opérera « une délivrance en Israël » ; Saül doit le reconnaître devant tout le peuple (v. 13) ; et, en même temps, ce chapitre nous révèle la conduite de Saül dans cette circonstance. Quelle leçon pour le peuple qui avait compté sur la puissance du roi et rejeté l’Éternel ! Mais quelle instruction pour nous aussi ; puissions-nous la retenir.

La première pensée de Jabès, c’est de faire des concessions à l’ennemi pour n’avoir pas à combattre. N’est-ce pas ce qui nous caractérise si souvent ? Nos mains sont lâches, nous sommes, par notre faute, peu ou mal armés pour le combat et nous reculons devant les saints combats de Dieu, combats contre le péché, combat pour la vérité, combat contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. Nous mettons même en avant pour refuser le combat de louables désirs de paix, oubliant qu’il n’est pas de paix possible avec un adversaire qui ne désarme jamais et que la paix au prix de toutes les concessions ne peut pas être la paix selon Dieu, une paix inséparable de la sainteté, de la vérité, de l’amour. Si l’adversaire veut bien « traiter avec nous », nous accorder une trêve dans la lutte, c’est en nous posant ses conditions ! « Que je vous crève à tous l’œil droit et que j’en mette l’opprobre sur tout Israël » (v. 2).

Tel est le résultat des concessions que nous faisons dans un désir de paix : elles nous ôtent à peu près tout discernement spirituel et c’est un sujet d’opprobre pour l’ensemble du peuple de Dieu. N’y a-t-il pas là le secret de bien des égarements, de bien des faiblesses, dans nos vies individuelles et dans la vie des assemblées ? Comment s’étonner alors de voir le déclin faire de rapides progrès, la ruine du témoignage s’accentuer toujours davantage ? Pourrait-il en être autrement lorsque fait défaut, en tant de circonstances, le discernement du bien et du mal ?

Est-ce qu’à l’ouïe d’une semblable proposition les hommes de Jabès vont s’indigner, saisis d’une sainte colère, puis se tourner vers l’Éternel pour avoir ses directions et son secours dans la lutte ? Non. Ils se bornent à réclamer un délai de sept jours, délai qui leur permettra d’envoyer des messagers dans tous les confins d’Israël pour y chercher un sauveur ; s’ils ne trouvent personne, eh bien, ils accepteront les conditions de Nakhash ! (v. 3). Là encore, n’y a-t-il pas une instruction pour nous ? Si même nous avons mesuré la gravité et les conséquences de ce que l’adversaire nous propose, nous sommes facilement portés à chercher du secours « dans tous les confins d’Israël », au lieu de regarder vers Celui qui est « notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver » (Psaume 46 v. 1). Nous cherchons un secours humain, le bras de la chair, au lieu d’attendre, dans l’exercice de la foi, les directions et la délivrance de Celui qui seul peut nous secourir et qui jamais ne déçoit l’attente de la foi.

Qu’arrive-t-il à l’occasion de cette recherche d’un secours humain ?

Les messagers de Jabès viennent à Guibha ; à l’ouïe de leur message, tout le peuple verse des larmes, ce qui attire l’attention du roi. Saül se met en colère et menace ; il n’y a là aucune des armes de la foi (v. 4 à 7). En agissant comme il l’a fait, Jabès a eu à sa disposition les ressources de la chair. Et c’est toujours ce que nous trouverons lorsqu’au lieu de regarder en haut, nous irons çà et là quémander des appuis. La colère de Saül manifeste l’état de son cœur, c’est l’une des « œuvres de la chair » (Galates 5 v. 19 à 21 ; Jacques 1 v. 20), et les menaces qu’il adresse au peuple pour l’engager à le suivre à la bataille sont tout autre chose qu’un appel à la foi. Quoi qu’il en soit, Dieu a compassion du peuple et de son roi et l’ennemi est vaincu, mais non pas avec les armes de la chair : c’est Dieu lui-même qui opère la délivrance d’Israël et d’une manière tellement manifeste que Saül est obligé d’en faire la déclaration publique (v. 13).

Samuel renouvelle alors la royauté ; c’est à Guilgal qu’il le fait (v. 14 et 15). Cela aussi eût dû parler à Saül et au peuple, leur dire la leçon qu’il convenait de retirer de ces circonstances, savoir que la chair ne peut pas livrer les combats de l’Éternel mais doit, tout au contraire, être jugée et mise de côté « à Guilgal ». N’était-ce pas là, « au camp, à Guilgal », que dans son histoire passée, telle que nous la rapporte le Livre de Josué, le peuple devait sans cesse revenir pour remporter ensuite la victoire ? Si Dieu avait voulu opérer « une délivrance en Israël », que nul ne s’y trompe, c’était Lui qui avait triomphé, ce n’était pas la chair : que nul n’attribue la victoire à la chair, sa place est à Guilgal, dans la mort (Josué 5 v. 1 à 9).

Quelle condescendance que celle de l’Éternel à l’égard de son peuple et, plus particulièrement peut-être, à l’égard de Saül ! Après toutes les ressources mises à sa disposition, les exhortations à la dépendance nécessaires pour utiliser les ressources, ce sont, dans le chemin, des avertissements répétés. Et Mitspa et Guilgal, les lieux où fut établie et renouvelée la royauté, étaient des avertissements si sérieux pour lui, comme aussi pour le peuple ! N’est-ce pas de cette même manière que Dieu agit à notre égard ? Savons-nous, mieux que Saül, demeurer dans la dépendance de Dieu, écouter ses avertissements ? La chair n’en tient aucun compte. La suite de l’histoire de Saül nous le montrera.

Le chapitre 12 est comme une parenthèse, il y est surtout question de Samuel et du peuple. L’activité de Samuel comme conducteur d’Israël a pris fin ; c’est son dernier message, le rappel de tout ce qu’il avait été, de tout ce qu’il avait fait pour le peuple. Avec une autorité morale qui découlait de toute sa marche comme conducteur, il s’adresse à la conscience du peuple qui est ainsi amené à confesser son péché (v. 19) ; puis, il lui présente les ressources qui demeurent au travers de tout, elles sont indiquées aux versets 22 et 23 et correspondent, pour ce qui nous concerne, à ces trois choses : la grâce divine, la puissante et incessante intercession de notre grand souverain sacrificateur et la Parole de Dieu, trois ressources suffisantes pour aller jusqu’au bout. Seulement, et c’est toujours le même et seul moyen d’utiliser les ressources que Dieu met à notre disposition, le prophète ajoute : « Craignez l’Éternel, et servez-le en vérité, de tout votre cœur ; car voyez quelles grandes choses il a faites pour vous » (v. 24). Et la dernière parole met l’accent sur la responsabilité du peuple et de Saül : « Mais si vous vous adonnez au mal, vous périrez, vous et votre roi » (v. 25).

Mitspa, Guilgal, deux avertissements. Le discours de Samuel au peuple en est un troisième, présenté d’une manière différente, avec beaucoup plus de développements ; il contenait tout ce qui pouvait toucher la conscience et faisait appel à la responsabilité, en même temps qu’il rappelait les ressources immuables de Dieu. Aimons-nous être arrêtés sur nos responsabilités ? Heureux d’être occupés de nos privilèges, de la grâce de Dieu, de la gloire à venir, nous ne tenons guère à être mis en présence de ce que Dieu attend de nous et à entendre présenter les conséquences de la désobéissance. Dieu est fidèle malgré ce que nous sommes, Il nous instruit, nous avertit, comme Il le faisait autrefois pour Israël et son roi. Puissions-nous écouter et être gardés d’imiter l’exemple de Saül ! la parole qui termine le chapitre 12 est à peine prononcée par Samuel que Saül, loin d’en tenir compte, va manifester la folie de la chair. C’est ce que nous trouvons au chapitre 13.

Dans le combat contre les Philistins, bien que Saül eût avec lui deux mille hommes, c’est Jonathan, qui n’en avait que mille, qui « frappa le poste des Philistins qui était à Guéba » (13 v. 2 et 3). Cependant, Saül s’en attribue le mérite : il « sonne de la trompette par tout le pays, disant : Que les Hébreux l’entendent ! » (v. 3 et 4). Pour parler du peuple, il emploie le même terme que les Philistins (14 v. 11), considérant la nation d’Israël comme une nation parmi toutes les autres et méconnaissant ainsi la condition particulière de ce peuple, sa relation avec son Dieu. De même aujourd’hui, l’homme dans la chair ne peut pas comprendre la relation du peuple céleste avec Dieu, des enfants de Dieu avec leur Père, de l’Église avec Christ. Cette ignorance est, en partie tout au moins, à l’origine de l’établissement ou de la survivance de bien des systèmes de la chrétienté.

La victoire remportée par Jonathan, c’était la victoire de la foi. Bien que n’appartenant pas à la famille de la foi, Saül en bénéficiait ; non seulement cela, mais encore il la revendique, se faisant valoir par elle. Cependant, en cherchant à s’attribuer la victoire de Jonathan, sa conscience n’est au fond pas à l’aise, c’est pourquoi il veut remporter sa propre victoire. Il cherche donc à rassembler le peuple pour monter contre les Philistins ; pour cela, après avoir, dans une circonstance précédente, usé de la menace (11 v. 7), il se sert maintenant de la peur : « Israël est détesté par les Philistins » (13 v. 4), et rassemble ainsi le peuple autour de lui. Jamais la chair ne rassemble autour de Christ et ceux qu’elle prétend conduire ne trouvent, dans son chemin, aucune assurance, aucune sécurité : « tout le peuple le suivait en tremblant » (v. 7). Où ce peuple ira-t-il donc chercher un refuge : Au delà du Jourdain, jusqu’au pays de Gad et de Galaad (v. 7), abandonnant ainsi la terre de Canaan. Rassembler autour d’un autre centre que Christ conduira toujours les âmes à perdre la jouissance de leur position dans les lieux célestes en Christ, ou les empêchera d’arriver à la connaître et à la réaliser.

Saül était enfin venu à Guilgal, où Samuel lui avait demandé de descendre et où lui « ferait savoir ce qu’il devait faire » (10 v. 8). Sans doute les difficultés qu’il rencontrait lui rappelaient-elles les paroles de Samuel. Ce sont souvent les difficultés qui ramènent à la Parole ! Et, à Guilgal, il attend « sept jours, jusqu’au temps assigné par Samuel » (13 v. 8). La chair peut, dans une certaine mesure, imiter l’attente de la foi mais, tandis que la patience produite par la foi a « son œuvre parfaite » (Jacques 1 v. 3 et 4), il est impossible à la chair d’atteindre ce but. Les sept jours passés, Samuel n’était pas encore là. Saül était mis à l’épreuve. La foi eût attendu jusqu’au bout, tandis qu’ici sont manifestées les conséquences d’une action charnelle : le peuple s’impatiente, c’est « d’auprès de Saül » qu’il a été rassemblé et c’est « d’auprès de Saül » qu’il se disperse (nous avons là une autre conséquence d’un rassemblement des âmes autour d’un centre qui n’est pas Christ), aussi, Saül prend la place qui appartenait au prophète seul : au mépris de l’ordre établi par Dieu, « il offrit l’holocauste » (v. 9). « Et comme il achevait d’offrir l’holocauste, voici que Samuel vint » (v. 10).

Secours inutile pour celui qui déjà a manifesté sa désobéissance et montré la chair dans son activité coupable. Certes, la chair a toujours des excuses à présenter et Saül n’y manque pas (v. 11). Mais ces excuses ne trompent pas Dieu et le prophète souligne la responsabilité de Saül, il a agi « follement » et n’a pas gardé le commandement de l’Éternel », lui annonçant ensuite que son règne ne subsisterait pas (v. 13 et 14). Saül cherchait à se persuader qu’il avait montré de la sagesse dans ce qu’il avait fait, peut-être même en était-il convaincu, mais aux yeux de Dieu ce n’était que folie et désobéissance. Et où cela s’était-il déroulé ? À Guilgal. Au lieu où tout parlait de la mise de côté de la chair, Saül l’avait tristement manifestée. Et les paroles que lui adresse Samuel le laissent insensible, il persévère dans sa mauvaise voie, dénombrant le peuple (v. 15).

Les Philistins envahissent à nouveau le pays (v. 17 et 18). Hélas ! le peuple est sans armes pour leur résister. En effet, les Philistins avaient dit : « Que les Hébreux ne puissent faire ni épée ni lance » (v. 19), et les Israélites « descendaient vers les Philistins » pour aiguiser leurs divers instruments, dont la plupart d’ailleurs, sinon tous, étaient des instruments agricoles et non des armes de guerre. Tel un croyant se plaçant sous la dépendance du monde pour travailler le terrain que Dieu lui a confié et se laissant priver par lui des armes dont il a besoin pour résister à l’ennemi ! Aussi le jour du combat, il n’y a « ni épée ni lance dans la main de tout le peuple », il ne s’en trouve « que chez Saül et chez Jonathan, son fils » (v. 19 à 22).

Le chapitre 13 nous a montré Jonathan remportant la victoire de la foi, victoire dont Saül cherche à s’attribuer le bénéfice. Un nouveau combat doit donc être livré, c’est le sujet du chapitre 14. Jonathan a tiré profit des leçons apprises : il part au combat avec son jeune homme, « mais il n’en avertit pas son père » (14 v. 1). La foi ne peut espérer aucun secours du monde, même du monde religieux, car en fait c’est toujours le monde, et si elle s’associe à lui, c’est lui qui revendiquera le mérite de la victoire qu’elle aura remportée. Jonathan se sépare donc du monde et compte sur Dieu seul pour vaincre (v. 6) ; il attend ses directions (v. 9 et 10), combat sans aucune des armes de l’homme (v. 13) et c’est ainsi qu’il triomphe. Ayant « mis par terre une vingtaine d’hommes », « l’épouvante fut dans le camp » et « le pays trembla, et ce fut une frayeur de Dieu » (v. 14 et 15). « Et l’Éternel sauva Israël ce jour-là » (v. 23).

Dans tout cela, que fait Saül ? Il ne sait rien de tout ce qui se passe et demande que l’on fasse l’appel parmi le peuple pour savoir « qui s’en est allé d’avec nous ». Apprenant ainsi que Jonathan et celui qui portait ses armes sont absents, il demande au sacrificateur de faire approcher l’arche puis, avant même qu’il ait interrogé l’Éternel, lui ordonne de « retirer sa main » (v. 16 à 19). Il décide d’assembler le peuple pour aller à la bataille, mais « l’épée de chacun était contre l’autre : ce fut une confusion terrible » (v. 20). Inutile agitation, trouble et confusion, tel est le résultat de l’action de la chair. Mais encore, Saül prend une ordonnance inconsidérée qui, au lieu d’être en aide au peuple, le privera de sa force (v. 24, 28, 31), l’induira en tentation et l’y fera succomber : fatigué, ayant jeûné du fait de l’ordonnance de Saül, le peuple se jette sur le butin, prend du menu et du gros bétail, et des veaux, « et ils les égorgèrent sur le sol ; et le peuple les mangeait avec le sang » (v. 32 et 33). Est-ce tout ? Non. Dans le lieu où le peuple a si gravement péché, Saül, qui porte dans la faute du peuple la plus forte responsabilité, « bâtit un autel à l’Éternel » (v. 35). La religion de la chair n’a pas le sentiment de ce qui convient à la sainteté et à la gloire de Dieu et, après avoir multiplié les égarements et les fautes dont elle est capable, elle prétend encore pouvoir adorer Dieu sur un tel terrain !

Homme de foi, Jonathan ne se laisse pas arrêter dans son activité par les ordonnances charnelles, il profite des encouragements et du réconfort que Dieu lui donne dans le chemin ; il sait que l’action de la chair ne peut qu’amener le trouble et apporter des entraves dans le combat qu’il convient de livrer contre l’adversaire (v. 27 à 30). Et il éprouve le puissant secours de Dieu, tandis que Saül est couvert de honte et de confusion, lui, roi d’Israël, doit s’incliner devant la volonté de son peuple ! (v. 45). De tout cela, Saül n’a encore retiré aucun profit, l’humiliation qu’il vient de subir ne lui a rien appris ; la chair demeure toujours la chair, elle est incorrigible. Le verset qui termine ce chapitre 14 nous montre que Saül compte toujours sur elle et c’est ici qu’en fait se termine le règne de ce roi.

Jusqu’alors, Saül a été mis à l’épreuve de bien des manières. Avant de le rejeter définitivement, Dieu va l’éprouver une dernière fois et mettre en lumière la véritable cause de son rejet ; cette dernière mise à l’épreuve, c’est le conflit avec Amalek. Amalek est un type de l’ennemi agissant par le moyen de la chair ; il s’est attaqué au peuple une première fois, après le passage de la Mer Rouge, alors qu’Israël avait déjà reçu les ressources essentielles dont il avait besoin : la manne et l’eau du rocher ; en figure : Christ, pain de vie, nourriture de l’âme et le Saint Esprit, donné comme fruit du sacrifice de Christ. Exode 17 v. 8 à 16 nous dit comment fut remportée la victoire du peuple sur Amalek : Moïse intercédant sur la montagne, Josué combattant dans la plaine, à la tête du peuple. Tel est le secret de la victoire pour nous aussi : Christ en haut, l’Esprit ici-bas.

La victoire remportée, I’Éternel dit à Moïse : « Écris ceci pour mémorial dans le livre, et fais-le entendre à Josué, que j’effacerai entièrement la mémoire d’Amalek de dessous les cieux » (v. 14). C’est le côté de Dieu, le côté de la puissance. Mais il y a aussi celui de notre responsabilité, il est conforme au caractère du livre dans lequel mous trouvons cela présenté, savoir le Deutéronome (25 v. 17 à 19) ; Moïse rappelle au peuple qui va passer le Jourdain et entrer en Canaan, ce que fit Amalek lors de la sortie d’Égypte et l’invite, lorsque dans le pays de la promesse l’Éternel lui aura donné du repos de tous ses ennemis, à détruire ce redoutable adversaire : « tu effaceras la mémoire d’Amalek de dessous les cieux ». Et ici il est ajouté, ce qui ne pouvait pas être dit en Exode 17 puisqu’il s’agissait là de ce que Dieu fera : « tu ne l’oublieras pas » (Deutéronome 25 v. 19).

Samuel rappelle à Saül cette responsabilité et lui ordonne : « Va maintenant, et frappe Amalek, et vous détruirez entièrement tout ce qui est à lui, et tu ne l’épargneras pas, mais tu feras mourir les hommes et les femmes, les enfants et ceux qui tètent, les bœufs et les moutons, les chameaux et les ânes » (1 Samuel 15 v. 2 et 3). La chair croit pouvoir obéir à ce que Dieu demande, mais elle ne peut jamais obéir entièrement et elle s’estime satisfaite d’avoir obéi un peu. Nous avons vu au chapitre 13 qu’elle ne sait pas demeurer dans l’attente patiente du moment que Dieu a choisi. Nous voyons ici qu’elle ne sait pas combattre jusqu’au bout quand Dieu le lui commande. Et nous retirons de ce début du chapitre 15 un enseignement très important : ne pas exécuter la parole divine entièrement, c’est aux yeux de Dieu, ne pas l’exécuter du tout (v. 11). Combien cela est différent de nos propres appréciations !

Saül et le peuple épargnent le meilleur et c’est ce que fait la chair : il y a toujours ce qui a belle apparence et la chair se complaît dans les apparences, elle y attache plus de prix qu’à la réalité, méconnaissant le jugement que Dieu porte (1 Samuel 16 v. 7) et désobéissant aux commandements qu’il donne.
L’Éternel envoie Samuel vers Saül. Comme autrefois Moïse, lors de l’affaire du veau d’or, intercédait pour le peuple coupable, Samuel « cria à l’Éternel toute la nuit » pour le roi coupable (v. 11). Mais il obéit, comme Moïse aussi avait obéi (v. 12). Lorsqu’il arrive auprès de Saül, ce dernier n’attend pas que Samuel lui ait dit quoi que ce soit, c’est lui qui le premier prend la parole. Impatience de la chair ! Et il n’ouvre la bouche que pour se glorifier : « Béni sois-tu de l’Éternel ! j’ai exécuté la parole de l’Eternel » (v. 13). Mais Samuel, aussitôt, le met en présence de son péché : les preuves de sa désobéissance sont là : le « bêlement de brebis » et le « beuglement de bœufs » (v. 14). Saül agit alors de la même manière qu’Aaron autrefois (Exode 32 v. 22 à 24) : lui est innocent, c’est le peuple qui est coupable. « Ils les ont amenés des Amalécites, car le peuple a épargné le meilleur du menu et du gros bétail… ». Mais il y a une excuse, si souvent entendue et que la chair met en avant pour essayer de se justifier : elle prétend n’avoir en vue que le service de Dieu et pense que la fin justifie les moyens, comme si Dieu pouvait être honoré avec le fruit d’une désobéissance ! Telle est l’excuse que Saül fait valoir : « ... pour sacrifier à l’Éternel, ton Dieu ». Puis il termine : « et le reste, nous l’avons détruit entièrement » (v. 15). Ici c’est « nous » et non pas « le peuple ».

Samuel l’empêche d’aller plus loin : « Arrête, et je te déclarerai ce que l’Éternel m’a dit cette nuit » (v. 16). Ce sont à peu près ces mêmes paroles qu’il lui avait fait entendre, au moment où il allait procéder à son onction de roi (9 v. 27). Maintenant, c’était pour lui faire connaître que Dieu l’avait rejeté. Aux questions posées par le prophète, Saül répond, mais c’est encore et toujours pour se justifier ; lui, il a obéi (v. 20), c’est le peuple qui a désobéi (v. 21). Combien sera différente, dans une autre circonstance, l’attitude de David, le roi selon le cœur de Dieu, celui qui prendra place sur le trône d’Israël à la suite du roi rejeté : « Et David, quand il vit l’ange qui frappait parmi le peuple, parla à l’Éternel, et dit : Voici, moi j’ai péché, et moi j’ai commis l’iniquité ; mais ces brebis qu’ont-elles fait ? Que ta main, je te prie, soit sur moi et sur la maison de mon père » (2 Samuel 24 v. 17). Combien plus belle encore la conduite de celui qui a pu dire, au moment où Il allait à la croix : « Je vous ai dit que c’est moi ; si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci » (Jean 18 v. 8).

Saül reprend les mêmes arguments que ceux qu’il avait déjà mis en avant une première fois, il ajoute cependant un détail : ce que le peuple a épargné, c’était pour le sacrifier « à l’Éternel, ton Dieu », le Dieu dont tu viens revendiquer les droits, semble-t-il dire à Samuel, mais encore, pour le sacrifier « à Guilgal », à Guilgal où déjà Saül avait pris la place du prophète et offert l’holocauste (13 v. 9). La chair pense pouvoir offrir quelque chose à Dieu, dans l’ignorance où elle est que cela lui est impossible et qu’elle doit même être mise entièrement du côté ; et, davantage encore, elle veut offrir ce qui est le fruit de sa désobéissance. Or, dit Samuel : « L’Éternel prend-il plaisir aux holocaustes et aux sacrifices, comme à ce qu’on écoute la voix de l’Éternel ? Voici, écouter est meilleur que sacrifice, prêter l’oreille, meilleur que la graisse des béliers » (15 v. 22). Et, vérité que la chair n’admettra et ne comprendra jamais, le sacrifice des désobéissants est mis par Dieu sur le même pied que celui offert à des idoles. Samuel ajoute, en effet : « Car la rébellion est comme le péché de divination, et l’obstination comme une idolâtrie et des théraphim ». Cela nous permet de comprendre la portée de 1 Corinthiens 10 v. 18 à 22. Sans doute n’y a-t-il pas aujourd’hui, dans la chrétienté, de « table des démons » et, en tous cas, il n’est pas possible d’appeler de ce nom les différentes tables dressées par tant de dénominations, tables avec lesquelles nous ne pouvons être en communion ; mais précisément, nous ne pouvons être en communion avec elles parce que ce principe y est méconnu : « écouter est meilleur que sacrifice ». On y présente des sacrifices, tout en perdant de vue les enseignements que Dieu nous donne dans sa Parole concernant la sainteté de la table du Seigneur, le culte « en esprit et en vérité » qui doit être rendu au Père par de « vrais adorateurs » (Jean 4 v. 23 et 24). Peut-être, il est vrai, retient-on quelques-uns de ces enseignements mais, nous l’avons vu (v. 11), aux yeux de Dieu nous n’avons pas obéi à sa Parole si nous n’avons obéi qu’à une partie des instructions qu’elle nous donne.

L’obéissance est le caractère essentiel de la foi. Le roi selon la chair a désobéi une première fois, à Guilgal (ch. 13), de sorte que Samuel a dû lui dire : « Ton règne ne subsistera pas : l’Éternel s’est cherché un homme selon son cœur, et l’Éternel l’a établi prince sur son peuple, car tu n’as pas gardé ce que l’Éternel t’avait commandé » (13 v. 14) ; il désobéit une seconde fois, ne tenant aucun compte de l’avertissement reçu par la bouche du prophète, de la part de l’Éternel, aussi doit-il entendre la sentence maintenant prononcée : « Parce que tu as rejeté la parole de l’Éternel, il t’a aussi rejeté comme roi » (15 v. 23).

Saül, cette fois, sera-t-il touché ? Celui qui ne se fierait qu’aux apparences pourrait le croire, car il s’écrie : « J’ai péché, car j’ai transgressé le commandement de l’Éternel et tes paroles… », mais il n’y a là que des paroles, sans aucune humiliation vraie et avec encore le désir de s’excuser en faisant retomber la faute sur d’autres : lui, le roi, a craint le peuple et écouté sa voix (v. 24). Telle sera toujours l’humiliation de la chair ! Saül demande à être pardonné, mais c’est trop tard, Samuel ne peut que lui confirmer (v. 26) ce qu’il lui avait déjà dit (v. 23). Il essaie pourtant encore de fléchir le cœur du prophète : « J’ai péché » dira-t-il une seconde fois, ajoutant aussitôt : « honore-moi maintenant, je te prie, en la présence des anciens de mon peuple et en la présence d’Israël » (v. 30). Il ne pense qu’à sa propre gloire et a tellement peu conscience de son péché qu’il demande à être honoré devant tout le peuple ! Sa confession est une confession des lèvres, sans aucun exercice de conscience. Et c’est Samuel qui exécutera la sentence contre le roi d’Amalek (v. 32 et 33).

Que d’enseignements nous trouvons dans la Parole, en considérant l’histoire du règne de Saül, ou encore bien d’autres passages qui nous montrent ce qu’est la chair, même avec les meilleures apparences et un grand désir d’accomplir l’œuvre de Dieu ! Puissions-nous les considérer avec fruit, afin que nous soyons sans cesse gardés de mettre la chair en avant, la laissant agir. Qu’au contraire, la mettant à la place que Dieu lui donne, la mort, nous soyons rendus capables de vivre la vie de la foi, nous laissant conduire et diriger en toutes choses par l’Esprit de Dieu.

Dans tout ce qui concerne la vie chrétienne, la marche, le service, combien peu nous savons ce qu’est cette vie de la foi, ce que c’est qu’attendre les directions de l’Esprit, avancer dans sa dépendance ! Nous cherchons au contraire, bien souvent, à tout régler selon nos propres pensées, nous établissons des plans, nous prenons des dispositions comme on peut le faire dans ce monde, dans la chrétienté peut-être, imitant ce qui n’est au fond que l’activité de la chair religieuse, la plus subtile activité de la chair car elle revêt une apparence trompeuse pour beaucoup.

Et cela explique inconséquences dans la marche individuelle ou collective, pauvreté du service... Dieu veuille nous accorder de mieux comprendre sa pensée et d’être rendus capables de réaliser ce qu’il attend de nous. Nous ne pourrons l’accomplir que dans la dépendance de l’Esprit, ayant son secours et ses directions, vivant de foi et par la foi.

Amen

 

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