7. Chrétien et heureux ?

7. Chrétien et heureux ?

Chap: 6 - Caractères d’une vie de foi (suite et fin du chapitre) - « … Et à la tempérance, la patience », tel est le maillon suivant ajouté par le Saint-Esprit à la chaîne. Considérons d’abord brièvement la notion de « patience ».

Le mot employé dans l’original pour « patience » signifie littéralement « demeurer sous ». Sous quoi ? Sous les circonstances dans lesquelles Dieu nous a placés. La patience a affaire avec des circonstances, des choses, contrairement à la longanimité, un caractère proche, qui se réfère à des personnes. La longanimité ou longue patience est également imputée à Dieu, elle le caractérise même. Ne supporte-t-il pas avec patience même des êtres méchants ?

La patience.

Mais jamais la patience (« demeurer sous ») n’est attribuée à Dieu, car il n’est en aucune manière touché par les choses ou les circonstances, dans le sens qu’il se trouve sous elles. En Romains 15, il est appelé le « Dieu de patience » et un peu plus loin le « Dieu d’espérance » (v. 5 et 13). Mais dans les deux cas, non pas parce qu’il demeure sous quelque chose ou qu’il espère quelque chose, mais parce qu’il donne et la patience et l’espérance à celui qui regarde à lui.

Si Dieu n’est pas touché par les circonstances, nous le sommes assurément. Nous souffrons sous l’effet de celles-ci et Dieu le sait. Nous avons alors besoin de patience, de rester dessous. C’est plus que de la longanimité. Celle-ci ne représente qu’une partie du mot employé pour patience. La pensée est peut-être mieux rendue par ferme persistance.

Cela nous montre clairement que cette patience n’est pas une affaire purement passive, telle que nous nous la représentons la plupart du temps. Manifester de la fermeté et de la persistance requiert une puissance spirituelle beaucoup plus grande. Nous le voyons d’une manière très belle en Colossiens 1 où toute la force et la puissance de la gloire de Dieu sont déployées, pour amener les croyants à « toute patience et constance (ou longanimité), avec joie » (v. 11).

L’épître qui nous occupe ne nous conduit toutefois pas aussi loin. Pourtant, nous apprenons ici une chose absolument essentielle pour notre vie pratique. Du fait que nous connaissons par la foi la vérité de Dieu, et que par conséquent, nous nous imposons des restrictions dans ce monde, le cœur est libre et peut être occupé des choses célestes. Et dans la mesure où nous y trouvons notre satisfaction profonde, la patience devient plus facile.

Ma main tremble en écrivant de tels mots ; et pourtant je sais qu’il en est ainsi. La phrase suivante, due à la plume d’un autre, est aussi absolument vraie : « Même si nous devions tout perdre ici-bas, nous ne perdrions pourtant encore rien de ce qui nous appartient réellement ! »

Que le Seigneur Jésus nous aide à voir les choses davantage sous cet angle, à les voir telles qu’elles sont en réalité. Qu’il nous accorde de la patience, une ferme persistance dans les jours difficiles que nous vivons, afin que nous demeurions malgré tout heureux dans son amour.

La piété.

La piété vient ensuite, et ici également nous examinerons d’abord le mot en tant que tel. Il est dérivé d’un verbe signifiant « avoir un bon respect ». La « piété » décrit donc une attitude appropriée à l’égard de Dieu, et les expressions dévotion ou crainte de Dieu conviennent bien également. La piété est en contraste absolu avec la vie impie des faux docteurs et leurs œuvres iniques (2 Pierre 2 v. 6 et 7).

La vraie piété, qu’il convient de distinguer soigneusement de la caricature qu’en ont fait les hommes, la bigoterie, s’exprime au travers d’une vie de communion avec Dieu, dans une soumission volontaire à sa volonté, car on sait qu’elle est de beaucoup la meilleure. On se confie comme un enfant en Dieu, parce qu’on connaît son amour et qu’on en jouit ; et on craint d’autant plus de le déshonorer en pensées, en paroles ou en actes.

Ce caractère précieux de la vie divine découle tout naturellement de la patience : « Et à la patience, la piété ». Si notre foi est éprouvée par des circonstances de toute sorte, mais qu’elle se manifeste dans la patience, la piété se joint à elle comme compagnon heureux, paisible. Quel dommage de devoir maintes fois y renoncer, parce que nous ne comptons pas véritablement sur Dieu et que nous intervenons nous-mêmes.

Nos fréquentations nous marquent soit en bien soit en mal. Et si les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs (1 Corinthiens 15   v. 33), inversement, nos relations avec Dieu favorisent le bien. Tenons-nous donc près de Dieu. Nous vivrons alors aussi pieusement dans le présent siècle ; car nous ressemblons tous à ce qui occupe nos pensées.

L’apôtre Paul nous montre, sous un aspect un peu différent, ce qui constitue le « mystère de la piété » : la vérité de Christ (1 Timothée 3 v. 16). La vérité enseignée de Dieu concernant Christ aura toujours la vraie piété comme résultat pratique, là où elle est reçue avec foi (6 v. 3). Sinon, soit il ne s’agit pas de la vérité, soit la foi manque.

Comme cela a été dit au début, cette piété doit être présente tout au long de la vie. Sans elle, il n’y aurait ni vertu, ni tempérance, ni patience. Toutefois, elle doit trouver de la place pour se développer. À vrai dire, il semble curieux que la piété, si importante, ne soit nommée qu’ici, à un rang assez reculé. N’est-ce pas peut-être pour nous enseigner une leçon supplémentaire ? Si nous nous connaissons, si nous regardons autour de nous, combien de choses dans le chrétien sont de nature à empêcher le développement de ce caractère.

Chez nous aussi, combien d’obstacles doivent être enlevés du chemin, avant que nous puissions jouir de cette bénédiction d’une manière durable. Voir Dieu en tout, introduire Dieu dans tout, reconnaître Dieu en tout, faire confiance à Dieu en tout, se réjouir en Dieu en tout temps. Car, en réalité, c’est cela la piété, chers amis.

L’affection fraternelle.

Le sommet de la pyramide des caractères produits par Dieu est presque atteint : « Et à la piété, l’affection fraternelle ». D’un cœur ayant la foi, qui fait preuve de courage moral, qui connaît Dieu, sait se contrôler, use de patience et de piété, découle librement de la sympathie pour les autres croyants : l’affection fraternelle est en activité.

Si nous donnons à Dieu dans nos cœurs la place qui lui revient, nous en aurons aussi pour ceux qui lui sont chers : nous aimerons les frères. C’est ce que Dieu nous « enseigne » : « Or, quant à l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin que je vous en écrive ; car vous-mêmes, vous êtes enseignés de Dieu à vous aimer l’un l’autre » (1 Tessaloniciens 4 v. 9).

Remarquons le rang occupé par l’affection fraternelle dans cette énumération. Elle ne vient pas immédiatement après la « foi ». Il faut d’abord de la « vertu », de la détermination spirituelle, afin de me séparer pour Christ de tout mal, de tout ce dont la sainte parole de Dieu m’écarte, même si certains de mes frères se trouvent peut-être encore liés à ces choses.

Le chemin de Dieu consiste d’abord dans la séparation, ensuite dans l’unité. Citons deux autres exemples à ce sujet. En Hébreux 2 v. 11, il est parlé de la sanctification des croyants en premier lieu et ensuite du fait qu’ils sont tous d’un seul. Et en Jean 17, le Seigneur exprime d’abord la demande que les siens soient « sanctifiés par la vérité » (v. 19), avant de parler de leur unité : « afin qu’ils soient un » (v. 22).

L’affection fraternelle est le résultat de la piété ; on ne la trouve que dans une vraie dévotion : « Par ceci nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c’est quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements » (1 Jean 5 v. 2). Telle est la pierre de touche divine du vrai amour. Nous aimons les frères en vérité uniquement lorsque notre amour est placé sous la sauvegarde de l’amour pour Dieu et de l’obéissance à ses commandements. Aussi ne devrions-nous pas juger simplement d’après ce qui éveille en nous un sentiment heureux et le prendre pour de l’affection fraternelle.

Nous ne devrions pas non plus insister à tout prix sur certains commandements divins, et fermer les yeux avec autant de détermination sur d’autres commandements de Dieu, allant dans une direction différente. Nous n’avons pas le droit d’attribuer à certains d’entre eux plus d’importance qu’à d’autres. Tous les commandements de Dieu sont ses commandements. Ainsi, nous devons mesurer notre amour envers les frères, le jauger selon l’obéissance aux commandements divins.

Minimiser le mal chez mon frère ou même l’ignorer n’est pas de l’amour : c’est manifester une indifférence extrême à son égard. La véritable affection fraternelle ne se trouve en fait que dans la piété.

Tout notre amour, qu’est-il d’autre sinon un reflet de son propre amour ? Nous, nous aimons parce que lui nous a aimés le premier (1 Jean 4 v. 19). Et ses commandements, que sont-ils d’autre sinon l’épanchement de son amour parfait envers nous ? « Et nous avons ce commandement de sa part, que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère » (v. 21).

Mais cela signifie que nous aimons les frères, précisément parce qu’ils sont des frères. Si nous aimons Dieu, nous aimons également ses enfants car ils sont issus de lui : « Quiconque aime celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de lui » (5 v. 1). Pour ce seul motif, nous recherchons leur bien, à cause de cela uniquement, ils nous sont chers.

Nous devons agir comme des hommes qui viennent directement de Dieu et qui sortent en grâce, dans la dépendance envers lui, pour aider les autres quel que soit leur état. N’avons-nous pas tous, plus ou moins, manqué à cet égard ? N’aimons-nous pas trop souvent seulement ceux qui nous aiment aussi ? Le Seigneur Jésus dit que les pécheurs en font autant (Luc 6 v. 32). Qu’il nous aide à aimer les enfants de Dieu parce qu’il les aime. Telle est la meilleure manière de les aimer.

Il ressort clairement de tout ce qui a été dit concernant l’affection fraternelle, que celle-ci a ses limites et ses dangers.

Cela tient d’une part à son caractère et d’autre part à ses objets. Combien facilement elle est mélangée à des sentiments purement naturels, combien vite elle dégénère en partialité. Aussi l’affection fraternelle n’est-elle pas placée au-dessus de l’amour, mais l’inverse. L’amour est le couronnement de l’affection fraternelle.

Cela s’explique déjà du fait qu’il ne peut pas être dit : « Dieu est affection fraternelle », alors que nous lisons : « Dieu est amour ». Mais avec cela, nous arrivons déjà au dernier point de cette précieuse chaîne : l’amour. Nous allons voir qu’il est aussi nécessaire à l’affection fraternelle comme correctif.

L’amour.

Sans aucun doute, l’amour en tant que tel est le caractère le plus élevé de la vie nouvelle, de la vie divine. Car non seulement l’amour est « de Dieu », mais Dieu lui-même « est amour » (1 Jean 4 v. 7, 8 et 16). Par conséquent, l’amour est directement un caractère de Dieu. Nous avons rappelé plus haut que cela ne peut pas être dit de l’amour fraternel. L’affection fraternelle est certes un lien précieux ; mais elle peut facilement dégénérer en un amour purement humain et disparaître finalement tout à fait.

En revanche, l’amour au sens propre est divin. Il ne périt jamais (1 Corinthiens 13 v. 8). Ainsi, même là où l’affection fraternelle se manifeste d’une manière réelle et selon Dieu, l’amour doit y être joint : « Et à l’affection fraternelle, l’amour ». L’amour est non seulement le couronnement de l’affection fraternelle et de toutes les autres vertus, mais il donne lui seul à tous les autres caractères, leur pleine valeur et leur substance. Devant Dieu, rien n’a véritablement de valeur sans l’amour.

Ainsi, quand bien même l’amour est nommé en dernier, au rang le plus élevé, il opère à reculons dans tous les traits de la vie mentionnés précédemment, il doit être présent en nous dès le commencement, comme nous l’avons rappelé. Cela montre une fois encore clairement que nous ne devons pas voir dans cette énumération, une simple addition de différentes qualités. Celles-ci devraient beaucoup plutôt être toutes présentes en nous.

L’amour n’est pas pour autant seulement le résultat final de tous les autres caractères, mais il en est aussi la source : « Par-dessus toutes ces choses », nous sommes appelés à nous revêtir de l’amour, qui est le lien de la perfection, dit l’Écriture (Colossiens 3 v. 14).

Dans ce passage aussi, l’amour est considéré comme l’élément qui confère à chacune des autres vertus son vrai caractère, son caractère divin. Tel un vêtement enfilé par-dessus les autres habits, il maintient toutes les pièces en ordre et à leur place. Ainsi, tant dans l’épître aux Colossiens que dans notre verset, l’auteur a devant les yeux le plein développement de l’amour, un développement qui englobe et touche tous les autres caractères.

La différence entre « affection fraternelle » et « amour » est très remarquable. On en a déduit que l’affection fraternelle, normalement, s’exprime envers les frères dans la foi, tandis que l’amour couvre un domaine plus étendu et signifie l’amour envers tous les hommes. Mais je ne pense pas que telle soit la pensée du Saint Esprit.

Car, tout à fait indépendamment de la question de savoir s’il convient d’attribuer une valeur plus élevée à l’amour envers les hommes, qu’à l’affection fraternelle, il s’agit clairement ici du caractère de l’amour, non pas du domaine de son application.

L’affection fraternelle est très précieuse et en même temps élémentaire. Là où elle existe, la vie divine est présente. L’amour envers les frères est précisément la preuve que « nous sommes passés de la mort à la vie » ; en effet, il est ajouté, « parce que nous aimons les frères » (1 Jean 3 v. 14). Mais du fait que cet amour est en des hommes faillibles, qu’il a pour objet des hommes faillibles, il doit être conduit et régi par un principe supérieur. Ce principe est « l’amour », l’amour en tant que tel.

Comme nous l’avons mentionné plusieurs fois, il est la nature de Dieu. Dieu est aussi « lumière » (1 v. 5). Mais quand Dieu dans sa nature agit, il le fait en tant qu’amour. Bien que la mesure soit infiniment grande, nous devons pourtant, nous aussi, aimer selon le même caractère que lui. Dès lors, ce ne sont pas les frères que nous voyons d’abord devant nous, mais, dans notre amour, Dieu occupe la première place.

Cela fait toute la différence. Mais si Dieu prend la première place dans notre cœur, notre amour restera aussi à l’abri de toute dégradation, de tout mélange ou refroidissement. Telle est la leçon que nous avons à apprendre ici.

« L’amour » qui doit résulter de « l’affection fraternelle », n’implique donc certainement pas un amour général envers les hommes en tant que tels. Ce serait non pas une progression, mais une régression dans le caractère de l’amour. L’amour pour les frères est d’une nature infiniment plus noble que celui envers des êtres pécheurs.

Ce dernier porte plus le caractère de compassion et de charité (Matthieu 5 v. 44). Mais l’affection fraternelle est l’expression d’une relation éternelle, existante, établie par Dieu.

Pour la créer, pour introduire ne serait-ce qu’un seul homme dans la famille des enfants de Dieu, Christ a dû mourir (Jean 12 v. 24). Si nous sommes maintenant appelés à manifester un amour de la même nature que Dieu, où pouvons-nous le voir ? La réponse nous remplit de bonheur : en Christ.

Lui, le Fils de Dieu et le Fils du Père, est l’expression parfaite de l’amour de Dieu. Aussi levons les yeux sur lui et contemplons-le, avec foi. Il nous aidera à manifester le fruit le plus élevé de la foi, l’amour, sans rien attendre en retour. C’est ainsi que Dieu aime.

Il ne cherche pas un motif pour son amour dans l’objet de son amour. L’exemple sublime de l’apôtre Paul, qui pouvait dire, concernant les Corinthiens : « Si même, vous aimant beaucoup plus, je devais être moins aimé » (2 Corinthiens 12 v. 15), prouve que des hommes rachetés sont aussi capables de manifester un amour de cette nature.

 

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