La manne cachée
« Ils lui dirent donc, que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ? Jésus répondit et leur dit, c’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en celui qu’il a envoyé...
Ils lui dirent donc, Quel miracle fais-tu donc, toi, afin que nous le voyions, et que nous te croyions. Quelle œuvre fais-tu ? Nos pères ont mangé la manne au désert, ainsi qu’il est écrit, Il leur a donné à manger du pain venant du ciel. Jésus donc leur dit, En vérité, en vérité, je vous dis, Moïse ne vous a pas donné le pain qui vient du ciel, mais mon Père vous donne le véritable pain qui vient du ciel. Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, et qui donne la vie au monde. Ils lui dirent donc, Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là » (Jean 6 v. 28 à 34).
« Mais pendant ce temps, les disciples le priaient, disant, Rabbi, mange. Mais il leur dit, moi, j’ai de la nourriture à manger que vous, vous ne connaissez pas. Les disciples donc dirent entre eux, Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger? Jésus leur dit, ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean 4 v. 31 à 34).
« Tout ce que le Père me donne viendra à moi ; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi ; car je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 6 v. 37 et 38).
« Jésus donc leur dit, en vérité, en vérité, je vous dis, si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est en vérité un aliment, et mon sang est en vérité un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel, non pas comme les pères mangèrent et moururent, celui qui mangera ce pain vivra éternellement » (Jean 6 v. 53 à 58).
« Ainsi tout bon arbre produit de bons fruits, mais l’arbre mauvais produit de mauvais fruits » (Jean 7 v. 17).
Au chapitre 4 de l'évangile de Jean, versets 32 et 34, il se trouve une ou deux choses qui ne sont pas formellement énoncées, mais qui sont implicitement contenues dans le texte, et que nous allons examiner .
La première, c'est l'existence, pour le Seigneur Jésus, d'une source secrète de forces : « Moi, j'ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas ».
La deuxième, c'est une relation entre la volonté de Dieu, d'une part, et ces forces cachées, d’autre part.
La troisième, c'est que le tout apparaît lié, à son tour, à un plan d'ensemble, à un plan divin. Seul, le plein accomplissement de ce plan divin peut procurer la vraie satisfaction – exactement comme une nourriture appropriée apporte la satisfaction au corps quand il est fatigué. Le corps qui soupire après de la nourriture ne peut être absolument satisfait que par des aliments appropriés à ses besoins. Il en est de même de la relation avec Dieu qui nous est présentée ici. Dieu a un dessein, et la réalisation pleine et entière de ce dessein est l'unique voie par laquelle les besoins intérieurs puissent recevoir leur réponse et trouver leur complète satisfaction. Les affres de la faim ne peuvent disparaître, et la faiblesse du moment ne peut être surmontée par aucun autre moyen.
Le chemin de la plénitude : l'obéissance.
De ce qui précède, une chose ressort clairement ; c'est que l'obéissance est le chemin de la plénitude. C'est ce que nous allons voir de près. Dans les passages que nous avons cités, c’est tout le problème de la nourriture qui se trouve soulevé.
Or, quelles en sont les données essentielles ? Elles sont très simples ; l'une est l'entretien de la vie. Une autre, la satisfaction d'un besoin. Une autre encore, la croissance, l'accroissement, le développement spirituel ; grandir jusqu'à complète maturité, jusqu'à la stature parfaite.
En transposant ces choses dans le spirituel, on se rend compte à quel point la question de la nourriture est importante pour l'homme intérieur. Quand vous avez pris un repas, vous ne dites pas : Je suis prêt maintenant pour le reste de ma vie.
Interprété spirituellement, cela veut dire qu'il ne suffit pas au Seigneur de nous avoir simplement sauvés. Il veut nous voir grandir. Des enfants de Dieu qui ne sont pas nourris, qui ne se développent pas, qui ne trouvent pas, dans un ministère d'édification, les éléments de croissance dont ils ont besoin, sont les victimes inconscientes d'une terrible tragédie.
J'entendais dernièrement un frère, qui visite de temps en temps certaines parties de l'Europe, parler d'une région où des réunions d'évangélisation spéciales ont eu lieu il n'y a pas très longtemps. Une multitude de gens ont fait profession de se donner à Christ. Or, sur cent personnes qu'on considère comme sauvées, il paraît qu'il y en a quatre-vingt-dix-neuf qui font marche arrière. La question fut posée : Pourquoi faut-il qu'il en soit ainsi ? La réponse fut donnée sans aucune espèce d'équivoque ou d'hésitation : Il n'y a pas de nourriture spirituelle pour les faire croître. Au delà de ce qui peut les conduire à la foi en Jésus Christ, il n'y a à leur disposition, ni ministère ni soutient d'aucune sorte.
S'il en est ainsi dans ce petit pays d'où revenait le frère dont je parle, une telle situation est loin d'être particulière à cette partie du monde. On peut en dire autant de beaucoup d'autres; et tout cela représente une terrible tragédie, qui devrait être une salutaire rebuffade à ceux qui s'en vont en disant sans cesse : Sauvez des âmes ! C'est la seule chose qui importe !
Une situation comme celle-ci crie vers le riel, et cette muette clameur ne pourra être apaisée que par un ministère capable de présenter Christ dans sa plénitude. Outre ceux qui reviennent en arrière, que dire de ceux qui, sans nécessairement reculer, ne font jamais un seul pas en avant ! La cause ne serait-elle pas la même ? Il n'y a certainement aucune raison de condamner un ministère qui serait exclusivement voué à la nourriture du troupeau, au traitement d'un état aussi lamentable, à la satisfaction de besoins aussi pressants !
Dans l'ordre naturel, la question de la nourriture est une question sérieuse et aiguë entre toutes, en raison de ses répercussions sur toutes sortes d'autres choses. Il en est de même dans l'ordre spirituel, où la sous-alimentation peut même avoir des conséquences encore plus graves. Voilà ce que nous pouvons dire comme introduction générale à cette question de la nourriture spirituelle.
La nourriture céleste : sa nature.
Nourriture divine ; manne céleste; pain d'en haut; de quoi s'agit-il donc ?
Pour répondre à cette question, nous devons tout d'abord penser au Seigneur Jésus et à la vie qui a été la sienne ici-bas. Nous verrons ensuite comment ce qui a été vrai de lui, sur cette terre, doit être vrai de nous. Ce qui a été la base de sa vie doit être la base de la nôtre. Car les sources auxquelles il a puisé sont à notre portée. Essayons donc de nous représenter un peu la vie du Seigneur Jésus à cet égard. Nous commençons par prendre note de quelques déclarations qu’Il a faite : « J'ai de la nourriture à manger que vous, vous ne connaissez pas... » : « Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé et d'accomplir Son œuvre » : « Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père. . . ».
Nous citons ce verset jusque-là seulement, parce que dans la seconde partie c'est nous qui sommes en cause plutôt que lui. « J'ai une nourriture. . . Ma nourriture est d'accomplir la volonté de celui qui m'a envoyé. . . Je vis par le Père. . . ».
Des paroles comme celles-là mettent ce fait en évidence, à savoir que sa relation avec le Père est liée à un dessein, au dessein de Dieu, pour lequel précisément il se trouve ici sur la terre. Sa vie, dans chacun de ses détails, est réglée par une expression précise de la volonté de Dieu, son Père. Autrement dit : pour lui, la volonté de Dieu signifie et représente une œuvre à accomplir.
C'est pour cette œuvre qu'Il est venu ; c’est a son accomplissement qu’il s’est voué. Mais l'activité pratique qui en découle exigeait que ses forces fussent soutenues. Ce perpétuel renouvellement de ses énergies, il le trouvait en s’entretenant constamment avec le Père, pour toutes les questions qui pouvaient se présenter, la communion nécessaire.
C'est parce qu'il en est ainsi, c'est parce qu'aucune chose, dans sa vie pratique, n'échappe au contrôle de cette communion permanente avec le Père, qu'Il peut aller de l'avant, qu'Il peut tenir, qu'il peut poursuivre, sans que rien parvienne jamais à l'arrêter. Secrètement, des sources vives viennent constamment jusqu'à lui, viennent alimenter ses énergies, le vivifier, le rafraîchir.
Qu'il s'agisse du dessein de Dieu dans ce qu'il a de plus général, qu'il s'agisse au contraire des moindres détails de l'existence; qu'il s'agisse des temps et des moments, des méthodes et des moyens, tout, pour lui, est occasion d'embrasser la volonté du Père. S'Il est un avec le Père, ce n'est pas seulement dans les intentions que le Père peut avoir, dans l'objectif qu'il cherche à atteindre, il est un avec lui dans la méthode à suivre pour atteindre cet objectif, aussi bien que dans le choix du moment, pour chaque étape nouvelle de sa réalisation.
On peut se rendre compte que Dieu a un dessein ; on peut accepter d'entrer soi-même dans ce dessein ; on peut même renoncer à toute autre pensée et à toute autre vocation. Mais de savoir comment et par quels moyens Dieu cherche à réaliser ce dessein, c'est tout autre chose.
Nombreux sont ceux qui ont une idée juste du but que Dieu poursuit, mais les moyens dont ils se servent ne sont pas les moyens de Dieu, le chemin qu'ils prennent pour se mettre à l'œuvre n'est pas le chemin de Dieu, et ils sont obligés de constater que Dieu ne leur donne pas tout ce qu'il leur faut. Ils sont peut-être dans la bonne direction, mais comme ils ne sont pas en harmonie avec la pensée divine quant à la méthode à suivre, quant aux moyens à mettre en œuvre, force leur est de prendre eux-mêmes la responsabilité de leur travail, et de trouver, comme ils peuvent, les ressources nécessaires.
Aussi sont-ils souvent à bout ; l'œuvre de Dieu entre leurs mains est immobilisée d'une façon chronique et ils sont obligés de recourir à toutes sortes d'artifices pour réunir les ressources dont ils ont besoin. La satisfaction profonde d'être en tout temps soutenu par Dieu leur est inconnue. Son œuvre devient un fardeau qui repose sur leurs épaules. Le Seigneur ne peut rien changer à cela parce que la communion n'est pas pleine et entière entre eux et Ses méthodes à lui, entre eux et ses voies à lui, entre eux et ses moyens à lui. Pour tout ce qu'il fait, Dieu a son heure, et son dessein comporte des détails d'exécution qui doivent être respectés. Eux ne paraissent pas s'en préoccuper, et ce défaut d’harmonie est une cause d’arrêt.
Dans le cas du Seigneur Jésus, c'est tout le contraire. Sa secrète communion avec le Père porte même sur les détails. Pour lui, l'œuvre de Dieu représente une obéissance détaillée à un plan d'ensemble. De savoir que le Père voulait une chose précise était la seule justification dont Il avait besoin: Il faisait ce qu’il avait à faire sans aller au-delà de ce qui était requis.
C'est sur cette base que reposent tous ses rapports avec le Père. S'arrêter pour demander pourquoi - pourquoi ceci doit être fait de telle et telle façon, ou à tel et tel moment, pourquoi certains moyens doivent être employés et pas d'autres, est une attitude dont nous ne trouvons chez lui aucune trace. Le Père le veut ainsi, cela suffit. La suite des événements donnera raison aux méthodes adoptées et au chemin suivi. En fait d'explications, Il n'a pas besoin d'autre chose.
L'accomplissement de la volonté de Dieu est le fait, chez lui, de cette obéissance qui procède, non pas d'une détermination propre, mais de la détermination du Père. C'est parce qu'il en était constamment ainsi qu'il se voyait dispenser les ressources spirituelles dont il avait besoin pour être sustenté, fortifié, renouvelé, et maintenu toujours à la hauteur de sa tâche.
Le secret d'une croissance harmonieuse et sans heurts.
Cette attitude du Seigneur que nous venons de décrire était le secret de sa croissance. La croissance, quand on parle du Seigneur Jésus, est sans doute un terme dont il faut user avec prudence. Pourtant, tout en étant parfait dans sa nature morale, tout en étant sans péché dans son être essentiel, sa vie, – oui, même la sienne – est marquée par une progression, par un mouvement progressif. La Parole de Dieu établit la chose très clairement. Elle déclare « quoiqu’il fût Fils, a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes ».
Étrange déclaration sans doute. Je ne me fais pas fort d'expliquer tout ce que cela signifie ; mais le moins que l’on puisse en conclure, c'est qu'il y a eu, dans sa vie terrestre, quelque chose de progressif. Le développement de sa vie ici-bas a été comme le parachèvement de sa perfection initiale. On ne peut pas expliquer cela, mais l'Écriture est là pour l'affirmer. Il avançait avec le Père, et cette progression s'effectuait par voie de développement, d'expansion, pour atteindre la plénitude sans brûler aucune étape.
Au profit de son humanité, pour venir partager la vie que nous vivons, Il avait abandonné toute la plénitude de la divinité ; elle était pourtant sienne de plein droit. C'est à lui qu'elle était réservée, et comme Fils de Dieu elle était encore à lui tout entière.
Comme fils de l'homme, il avait renoncé au droit qu'il avait de disposer à son gré des ressources divines, et il avait accepté une existence qui le rendait en toutes choses dépendant du Père. En d'autres termes : une vie de foi.
Les choses étant ainsi, chacun de ses mouvements était un mouvement de foi, et par conséquent l'occasion d'un développement, d'une croissance. Aussi, quand il parvint au terme de sa course, débordait-il de cette plénitude, de cette divine satiété, à laquelle un homme ayant parachevé sa perfection pouvait seul prétendre. C'est un homme rempli de la plénitude même de Dieu que nous contemplons là ! En Jésus couronné, ce n'est pas seulement Dieu que nous voyons, mais l'homme débordant de la plénitude de Dieu – plénitude à laquelle nous sommes nous aussi appelés, comme le montre clairement l'épître aux Éphésiens.
L'exactitude de ce qui précède se trouve du reste corroborée par des passages tels que Philippiens 2 v. 5 à 9 « Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus, étant en forme de Dieu, n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti lui-même [ou, vidé de lui-même], prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes; et, étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé [à cause de cette obéissance] et lui a donné un nom au-dessus de tout nom … ».
Vient ensuite la reconnaissance de fait, l'universel hommage auquel son élévation l'a destiné : « Afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ».
De même au chapitre 2 des Hébreux nous lisons : « Mais nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort » – [quand Il a été humilié et vidé de Lui-même] – « Couronné de gloire et d’honneur, en sorte que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout ».
On pourrait dire, sans cesser d'être exact : « Rempli de gloire et d'honneur ». On voit par ces textes qu'il y avait de sa part une constante progression, par la voie de l'obéissance, jusqu'à la plénitude suprême.
Une progression qui, à chaque pas et dans l'obéissance, correspondait pour lui à une portion additionnelle de la plénitude de Dieu. Tel est le sens de ces versets. C'est sur le chemin de l'obéissance que la plénitude lui est venue. L'obéissance est le chemin de la plénitude.
Ainsi, se nourrir, c'est faire la volonté de Dieu. C'est s'observer, dans ses rapports avec le Père, au point de ne faire aucune chose sans en conférer d'abord avec lui. Et cela signifie, non seulement qu'on va s'enquérir de la volonté de Dieu quand on se trouvera en quelque extrémité, à un tournant de l'existence, en face d'un dilemme, quand il y a une crise à résoudre, cela signifie que la vie entière demeure sous le gouvernement de Dieu, que rien n'est soustrait à Son appréciation, que rien n'échappe à son contrôle.
On n'a rien à perdre à s'engager dans un tel chemin. Pas de pénibles restrictions dans une vie comme celle-là. Croissance, accroissement, développement, expansion, voilà au contraire ce qui la caractérisera, avec une satisfaction nouvelle et un constant accès à la plénitude de Dieu.
Il n'y a rien qui procure un sentiment plus profond de satisfaction que de savoir que le Seigneur est satisfait, que de réaliser qu'Il prend plaisir à ce qu'il voit dans notre vie. Savoir que la volonté de Dieu s'est faite, ne plus avoir l'ombre d'un doute à cet égard, c'est sentir s'ouvrir les sources du contentement le plus profond et le plus bienfaisant.
Comme le corps de l'homme peut se trouver satisfait quand il a pris un bon repas ! Cette satisfaction-là n'est pourtant rien en regard de celle qu'éprouve l'esprit de l'enfant de Dieu quand il sait que la volonté de Dieu est pleinement accomplie, ou est en train de s'accomplir. Il en éprouve un sentiment de bien-être, de plénitude, de satisfaction, qui ne ressemble à rien d'autre. Il ne faut pas chercher ailleurs l'explication de cette tranquillité remarquable qui apparaît partout dans la vie terrestre du Seigneur Jésus.
Chez lui, pas d'agitation, pas d'anxiété, pas de tension d'esprit, pas de fiévreuse préoccupation. Il semble toujours baigner dans une atmosphère de bien être spirituel. Ce n'est pas qu'il soit satisfait de ce qu'il a autour de lui, mais il y a là, au plus profond de son cœur, un repos permanent, fruit de son entier abandon à la volonté du Père constamment accomplie. Ce n'est pas là de la complaisance, mais bien le témoignage de l'Esprit de vie qui est en lui, comme si le Père continuait à dire : En toi, je prends tout mon plaisir ! Telle fut sa vie d'obéissance, qui le conduisit progressivement jusqu'à la plénitude.
La part du croyant.
Ce que nous avons vu jusqu'ici nous amène maintenant à quelque chose qui nous touche plus directement notre relation avec lui. C'est la clef de ce chapitre 6 de Jean que nous tenons là. En effet, chacun des épisodes qu'il raconte nous fait entrevoir, sous une image ou sous une autre, ce qu'est l'union avec Christ dans Sa vie de résurrection.
Cette union avec Christ dans Sa vie de résurrection nous est présentée comme la vraie nourriture spirituelle : « Jésus donc leur dit, En vérité, en vérité, je vous dis, si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes ». Que signifie cela ?
Naturellement, ce chapitre a un arrière-plan qu'on entrevoit au verset 4, et qu'il ne faut pas perdre de vue. « Or la Pâque, la fête des Juifs, était proche ». C'est dire que la question de la nourriture allait passer à l'ordre du jour. Car c'était l'époque où l'agneau pascal allait être mangé dans toutes les familles. Or, au moment où, avec le repas pascal en vue, cette question de nourriture va passer au premier plan, nous voici soudain en présence d'une multitude affamée. Vous voyez comme tout vient à son heure. Donner à manger à une foule comme celle-ci ? La question s'était posée. Où trouver du pain en suffisance ?
La provenance resta un mystère, mais le pain se trouva là. Il ne venait ni des magasins de la ville proche, ni de maisons particulières. Il ne sortait pas davantage, dans son abondance, du panier qu'avait avec lui le jeune garçon. Il y avait au ciel une provision secrète. La multitude fut rassasiée, et on en eut de reste. A lui seul, le surplus qu'on ramassa n'était pas peu de chose. Il y a d'amples provisions dans cette réserve cachée. Ni vous, ni moi, ni nous tous ensemble ne parviendrons jamais à la vider. Il y reste des biens à profusion quand nos besoins immédiats ont été satisfaits. Nous pouvons bien remercier Dieu de ce qu'il en soit ainsi.
J'aimerais que nous nous arrêtions un instant à ce verset 27 : « Travaillez, non point pour la viande qui périt, mais pour la viande qui demeure jusque dans la vie éternelle, laquelle le fils de l’homme vous donnera … ». Le Seigneur nous précisera lui-même, tout à l'heure, ce que cela signifie. Pour le moment, voici ce qu'il ajoute : « … Car c’est lui que le Père, Dieu, a scellé ». Ces paroles s'adressent à une multitude affamée, avec – ne l'oubliez pas – le repas pascal à quelques jours de là. C'est dans cette conjoncture précise que le Seigneur Jésus intervient, et fait entrer en jeu la source secrète à laquelle, constamment, Il va lui-même renouveler ses forces. Et il commence à les enseigner, en mettant l’accent sur leurs besoins plus profonds ; et c'est lui-même qui deviendra tantôt la source vivante où ils viendront puiser.
« Car c'est Lui que le Père, Dieu, a scellé », ou « a marqué de son sceau ». Pour ses auditeurs, cette parole était une allusion claire à la Pâque qui approchait. En effet, que se passe-t-il en Israël au moment de la Pâque ? Chaque famille prend un agneau, un agneau sans défaut, sans tache. A qui appartient-il de juger de la valeur de l'agneau ? Qui est qualifié pour dire, de tel animal qu'on présente, qu'il satisfait ou qu'il ne satisfait pas aux exigences de la loi ? C'est au sacrificateur qu'incombe cette responsabilité.
Ainsi en était-il du reste non seulement des agneaux, mais de tous les sacrifices qu'on offrait à Dieu ; la victime était amenée au sacrificateur, qui était passé maître dans l'art de découvrir des défauts et ainsi des motifs de disqualification. Quand l'agneau avait passé entre les mains de cet expert, et que le sacrifice, quelle qu'en fût la nature, était reconnu comme satisfaisant aux exigences de Dieu, sans défaut, ni ride, ni tache, ni rien de semblable, le sacrificateur prenait le sceau du temple, et l'apposait sur la victime. Elle était scellée comme répondant à la pensée de Dieu. Aucun sacrifice n'était admis, tant qu'il ne portait pas le sceau du temple.
Appliquez cela à l'agneau pascal. Il faut qu'il soit marqué du sceau avant de pouvoir devenir le moyen voulu de Dieu pour nous sustenter et renouveler nos forces. Et quand l'heure du sacrifice est là, son immolation signifie qu'il est agréé de Dieu, parce que satisfaisant aux exigences qu'il a lui-même établies.
Interprétées à cette lumière-là, avec quelle richesse de signification ces paroles ne résonnent-elles pas à nos oreilles : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». « Car c'est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau » – scellé du Saint-Esprit, à cette heure où Dieu lui dit : « En toi, j'ai pris tout mon plaisir ».
J'aimerais ici ouvrir une petite parenthèse, à propos de cette parole de l'apôtre : « … vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse » (Éphésiens 1 v. 13). De quel sceau s'agit-il ? De notre acceptation dans le bien-aimé ; de la justification qui devient la nôtre en Christ. Acceptation sans réserve, à cause de ce qu'il est, lui, et de ce que nous sommes en lui. Dieu trouve son plaisir. Dieu est satisfait.
Mais revenons à notre sujet. Voici donc Christ, scellé pour être la satisfaction même de Dieu. C'est comme tel, c'est-à-dire comme satisfaction de Dieu, qu'Il est ensuite donné au peuple des rachetés. En devenant agneau pascal, il a accompli la volonté de Dieu parfaitement, et parce que la volonté de Dieu est parfaitement accomplie et que Dieu est satisfait, Dieu donne Christ, sa satisfaction, pour qu'il devienne notre satisfaction.
Être uni à Christ, faire de lui notre nourriture, c'est de cela qu’il s’agit. Notre foi prend sa part de Christ, dans sa vie de résurrection, pour qu'il devienne notre énergie, notre force. C'est par notre union avec Christ ressuscité que nous recevons notre part de plénitude divine.
Quand notre relation avec lui est en tous points semblable à celle qui, comme homme, l'unissait au Père, Christ devient notre énergie, notre vitalité ; c'est lui qui nous sustente et nous renouvelle. « Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi » (Jean 6 v. 57). Comment vivait-Il par le Père ? En prenant le jugement du Père, la volonté du Père, les pensées du Père, ses intentions, ses désirs, comme seule et unique base de sa marche terrestre. Sur cette base là, accès lui était donné à la vie même de Dieu : Dieu se donnait à lui.
Et maintenant qu'il a pleinement satisfait le Père, qu'il est devenu, en sa personne, la pleine satisfaction du Père, il peut devenir, il devient la base de notre vie. Nous vivons par lui, Christ est notre vie, Christ est notre renouvellement. Que signifie ces choses ? Cela signifie simplement que nous trouvons en Christ tous ces éléments moraux et spirituels que réclame l'homme intérieur et qui sont la substance de notre vie. Ils sont à notre portée : Dieu y a pourvu. Cette perfection de Christ, c'est une énergie vivante, une force vitale. C'est quelque chose qui peut venir à nous par un chemin de vie, que lui frayera la puissance même du Saint-Esprit.
L 'homme selon la pensée de Dieu.
Nous notons que dans le verset 53 de Jean 6, c'est de Christ comme homme qu'il est question : « Jésus donc leur dit, en vérité, en vérité, je vous dis, si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes » : « Fils de l'homme », quel est le sens de cette appellation, et quelle est sa place ici ?
Elle éveille l'idée d'un homme qui, en vertu d'une perfection acquise, correspond maintenant à la représentation que Dieu s'était faite de l'homme. Or, il n'y en a qu'un dont on puisse dire cela : l'homme Christ Jésus.
Et c'est parce qu'il est devenu l'homme selon la pensée de Dieu qu'il nous est maintenant possible, unis à lui comme nous le sommes par le lien de la foi, vivant de lui, nous appropriant sa vie, c'est pour cela qu'il nous est possible de recevoir les forces morales et spirituelles dont nous avons besoin.
Que Christ puisse se donner à nous en réponse à notre foi, c'est un fait qu'il est excessivement difficile de définir ou d'expliquer, mais c'est un fait. Et ce fait creuse un abîme entre deux attitudes : celle qui consiste à produire un effort, à entrer dans une lutte laborieuse, à se cramponner à une victoire qui nous échappe constamment, et celle qui consiste à prendre, par la foi, sa victoire, et à aller au-devant de toutes les situations, celles du dedans comme celles du dehors, en nous fondant sur ce que Christ a déjà réalisé, sur ce qu'il est devenu, sur ce qu'il est maintenant.
Tel est, en Christ ressuscité, l'étonnant, l'inébranlable fondement sur lequel nous pouvons « après avoir tout surmonté, tenir ferme ». Et c'est Dieu qui l'a posé. De par sa volonté, nous avons là, sous nos pieds, la réalisation complète et définitive de tout ce que nous poursuivons.
Pour prendre une autre image: Dieu a dressé devant nous une table, et y a placé tous les biens qui sont nécessaires à notre vie spirituelle. Nous n'avons qu'à prendre : cette abondance est à notre disposition. Christ nous a été donné comme le vrai pain du ciel, la victoire morale dans sa perfection, l'ascendant spirituel le plus complet. Tout ce que nous avons à faire, c'est d'apprendre à vivre sur la base de la personne de Christ.
« Je vis par le Père . . .», « celui qui me mange vivra par moi ». L'alternative qui nous est présentée est la suivante ; allons-nous essayer, pour accomplir la volonté de Dieu, d'aller de l'avant sur la base de ce que nous sommes par nature, en acceptant le verdict de nos ressources naturelles et des conditions incertaines qui, aujourd'hui, prévalent peut-être dans notre esprit, ou dans notre âme, ou dans notre corps, - ou bien allons-nous reconnaître qu'il existe une autre source, une source cachée, qui vaut infiniment plus que tout ce que nous pouvons avoir, et qui représente pour nous un triomphe certain ?
N'est-ce pas à cette source-là plutôt, que nous irons prendre la vie ? « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 v. 5). Ce verset de la parabole du cep et des sarments n'est pas autre chose qu'un résumé, de la bouche même du Seigneur, de la vérité que nous essayons d'exposer.
Qu'est-ce que demeurer ? Demeurer en Christ, nous l'avons dit souvent, c'est le contraire de demeurer en nous. C’est de nous efforcer à nous mettre nous-mêmes à cette vie que nous voulons vivre pour lui, c’est d'accomplir de nous-mêmes ces œuvres que nous voudrions accomplir pour lui, au lieu de reconnaître qu'une vie entièrement agréable à Dieu a été vécue et que notre foi peut s'approprier, en Christ, cette vérité. Demeurer en Christ, c'est simplement ne rien entreprendre, ne faire face à aucune situation, sinon de cette position privilégiée qu'est la nôtre en Christ, et qui fait entrer en ligne ses ressources à lui.
Terrain solide que celui-ci ! Finies les discussions et les questions : Vais-je pouvoir m'acquitter de cette tâche ? Et ceci, est-ce que je vais pouvoir le faire ? Je ne suis pas très sûr d'y parvenir etc.… Mais c'est fait ! Le Seigneur Jésus a traversé victorieusement toutes les situations dans lesquelles nous pouvons nous trouver, et en toutes choses Il a fait ce qu'il y avait à faire.
La foi peut donc aller de l'avant et dire : Si je regardais à ce que je suis en moi-même, cette affaire-là serait absurde. II serait ridicule de l'entreprendre. En ce qui me concerne, c'est pure folie que de l'envisager. Si la chose peut être faite, c'est qu'elle est déjà faite : « Je puis toute choses, et que n'embrasse-t-il pas ce toutes choses ! En celui qui me fortifie ». Ce qui compte, c'est ce que Christ est pour nous comme source secrète de force, de subsistance, de renouvellement.
C'est tout une école pour nous. Car une leçon comme celle-là ne s'apprend pas du jour au lendemain. « Il a appris. . .» et nous aussi nous apprenons, bien qu'entre lui et nous il y ait une distinction à faire. Nous apprenons, nous, à puiser à une plénitude que lui a consommée. A chaque pas en avant vers le but auquel nous tendons, la plénitude est là, qui nous invite à disposer d'elle. Nous apprenons à revenir à une plénitude déjà existante, tandis que Lui s'avançait vers une plénitude qu'il devait réaliser lui-même.
Pour lui, la croix était la fin ; pour nous, elle est le commencement. Ce que nous avons à apprendre, c'est comment faire pour revenir à sa plénitude. Et cela, nous l'apprenons progressivement, pas à pas, comme de petits enfants. Comme eux, la première chose pour nous, c'est d'apprendre à marcher ; puis à parler. Comme eux, nous sommes confrontés avec des choses que nous n'avons jamais faites, ou même jamais essayé de faire, et qui nous paraissent étranges dans leur nouveauté ; un monde nouveau, et un monde qui n'est pas quelquefois sans nous inspirer de la crainte. L'idée qu'il va falloir faire un premier pas représente, pour le petit enfant, la perspective la plus redoutable qui se puisse imaginer. Or, nous sommes appelés, vous et moi, à nous placer sous ce régime de foi, où la chose la plus élémentaire, au début, un premier pas à franchir, peut se présenter à nous sous les dehors les plus redoutables.
Mais il y a des bras prêts à nous recevoir, et ces bras représentent, pour nous, le plein accomplissement de tout ce qui nous est demandé ; la chose a déjà été faite ; les forces sont là, disponibles pour nos besoins immédiats, et des forces qui ont été mises à l'épreuve. Reconnaissant ces bras, fortifiés dans notre foi, nous faisons un pas, et nous apprenons ainsi à marcher par Christ, à vivre de Christ. Et la prochaine fois nous pourrons aller un peu plus loin.
Chaque progrès réalisé voit grandir nos capacités, et nous rapproche un peu plus de la maturité spirituelle. Et la plénitude de Christ, pour nous, équivaudra pour finir à ceci : C'est que tout ce que Christ a pu réaliser trouvera son expression en nous. Tout ! Que ce soit ici-bas ou là-haut, il en sera ainsi. Ce que sera cette humanité parfaite est quelque chose dont nous n'avons aucune idée. L'image la plus idéaliste que nous cherchons à nous en faire sera encore dépassée par la réalité. Dans la gloire à venir, l'humanité parvenue à la perfection présentera des possibilités et manifestera des capacités que nous avons de la peine à nous représenter. Ce qu'elle accomplira, ce qu'elle parviendra à réaliser, sera l'occasion d'un émerveillement sans précédent. Christ en plénitude !
Le scandale de la croix.
Mais souvenez-vous que ce chemin-là est une blessure constante pour la chair, un scandale pour l'homme naturel. Les Juifs disputaient entre eux disant : Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? Mais ce n'était pas seulement les Juifs, ces hommes religieux tout infatués de leur piété personnelle, qui disputaient entre eux. Il est aussi écrit : « Plusieurs donc de ses disciples, L'ayant entendu, dirent: Cette parole est dure ; qui peut l'ouïr ? »
Il y avait des moments où même des disciples se refusaient à Le suivre. Mis en face de tout ce qu'impliquait une telle parole, ils faisaient volte-face. Ils ne pouvaient pas, sur une base comme celle-là, rester plus longtemps en sa compagnie. Pourquoi ? L'explication est simple, et vaut pour nous autant que pour eux.
L'homme naturel est passionné par les responsabilités. Il se plaît à dresser ses plans, à établir ses programmes, à organiser son affaire, à faire marcher son monde, à manœuvrer lui-même les leviers de commande. C'est ce qu'il faut à la chair. Elle s'y adonne avec une joie éperdue. Quand vous venez dire à ces gens-là qu'ils n 'y sont pas, que le chemin de Dieu est un chemin de foi et de complète dépendance, sous le contrôle exclusif du Saint-Esprit, qu'il faut par conséquent renoncer à toute idée d'intervention propre, et se contenter de faire ce que le Seigneur nous demande et rien de plus (c'est ce qu'implique la déclaration : « Je ne fais rien de moi-même», c'est pour l'homme naturel – même pour l'homme naturel « au service de Dieu », une blessure, un froissement insupportable.
Nous nous heurtons constamment à cela. Ce sont deux mondes opposés, entre lesquels il y a toute la distance qui sépare d'un côté, des frères qui se réunissent, comme à Antioche, pour répandre leur cœur devant Dieu dans la prière, et enregistrer, d'un commun accord, la volonté de l'Esprit, et de l'autre côté un comité que l'on convoque pour discuter une proposition et établir des plans.
Si l'homme naturel n'a pas les choses en mains de a jusqu'à z, si ce n'est pas lui qui les manipule et qui fait tout fonctionner, il s'imagine volontiers que tout est perdu, et que rien ne se fera du tout. Si vous ne vous présentez pas devant le public avec les plans soigneusement dressés, en faisant dûment connaître votre programme et en affichant vos statistiques, les chrétiens non spirituels penseront que votre activité ne compte pas. Pourtant que de choses merveilleuses peuvent être accomplies sans qu'il y paraisse, en dehors tout ce déploiement extérieur d'activité! Si nous entrons dans ces considérations, c'est simplement pour illustrer notre pensée ; et faire voir le principe à l'œuvre dans quelque chose de concret. On peut en étendre l'application à bien d'autres domaines.
Tout ce que Dieu a pu réaliser par Christ, dans ce monde où nous sommes, il l'a réalisé sur la base d'une effusion de vie divine en réponse à la foi de quelqu'un. C'est une autre manière de dire que Christ doit être à la base de tout, mais dans un sens spirituel. Froissement, blessure profonde pour la chair, mais paix et satisfaction pour l'esprit. « La manne cachée » – cette expression, comme vous le savez, se trouve dans une parole adressée par le Seigneur à l'église qui est à Pergame, dans l'Apocalypse 2 v. 17 :
« A celui qui vaincra, je donnerai de la manne cachée. . . ». Pourquoi le Seigneur parle t-Il ainsi ? Parce que certains membres de cette église s'adonnaient complaisamment à une habitude païenne ; ils mangeaient des viandes sacrifiées aux idoles. Vous rendez-vous compte du vrai caractère de ces sacrifices-là ? Le principe que nous venons d'indiquer, ils l'avaient en contrefaçon. Ces rites mystiques, qui consistaient à manger de la chair préalablement offerte en sacrifice aux dieux, signifiaient en réalité qu'en absorbant cette nourriture on absorbait quelque chose de la puissance des dieux.
Ce que nous avons donc là, c'est un principe juste, transposé dans un domaine diabolique, et associé aux pratiques les plus infâmes. Et il se trouvait des chrétiens pour prendre leur part de cette nourriture offerte aux idoles, aux démons, dans l'idée de sustenter leur vie spirituelle d'une façon mystique. Ils avaient saisi la pensée : « Ce sont les dieux qui nous donnent des forces ! » C'était des forces spirituelles qu'ils voulaient, mais ils prenaient le mauvais chemin pour les avoir.
Le Seigneur dit à celui qui a besoin de forces spirituelles : « A celui qui vaincra, je donnerai de la manne cachée ... ».
La manne cachée, c'est Christ dans le ciel. La pensée nous reporte au lieu très saint, dans le tabernacle, où était l' arche de l'alliance. Un vase contenant la manne (Hébreux 9 v. 4) se trouvait là, caché dans l' arche, dans le lieu très saint. Nous avons remarqué dans une autre méditation, à propos du ciel ouvert, que le lieu très saint représente le ciel, et le lieu saint la terre. La manne dans le lieu très saint est un type de Christ dans le ciel. « Je suis le pain de vie. . . », « je suis descendu du ciel. . . » Cette expression « descendu du ciel » se rencontre sept fois dans ce chapitre 6 de Jean. Christ dans le ciel est la manne cachée, la source secrète de renouvellement et de vie.
Nous nous donnons du mal pour expliquer l'inexplicable, pour définir l'indéfinissable. Nous ne pourrons jamais rendre compte de ce mystère, comment Christ devient la force spirituelle et la nourriture des siens, mais c'est un fait.
Tout ce que nous avons à faire, dans la pratique, c'est en toutes choses de partir de ce fait que c'est Christ qui est notre suffisance, quelles que soient les nécessités, et ne jamais en revenir à ce que nous sommes, nous ; ne jamais prendre une décision sur la base des circonstances ou des conditions naturelles dans lesquelles nous pouvons nous trouver, Ce n'est pas un critère, ce n'est pas un argument, et on ne peut rien conclure sur cette base-là.
Il y a un beau cantique anglais qui commence par ces mots:
Ce n'est pas ce que je suis, Seigneur,
C'est ce que Tu es qui compte…
C'est cela qui doit faire règle à l'heure du besoin. Nous pouvons aller de l'avant dans l'obéissance de la foi, fermement appuyés sur Lui.
Nous sommes ainsi amenés à la conclusion de Jean 6, à savoir que l'œuvre de Dieu, la volonté de Dieu, c'est que nous croyions en celui qu'il a envoyé. Qu'est-ce que croire en lui ? Comment croyons-nous en lui quand nous ne nous sentons pas bien, malades, quand les choses ne vont pas ? La réponse, nous la connaissons maintenant. Croire, comme le démontre toute cette leçon, c'est s'approprier ces vérités spirituelles. C'est manger. C'est très bien de dire que vous croyez à la valeur nutritive de certains aliments ; mais de croire cela passivement sans s’approprier ces aliments est totalement inapproprié.
Si vous croyez en cette nourriture là – prenez-là ! Que le Seigneur nous fasse voir le vrai sens et la vraie portée de cette source secrète de force et de renouvellement !