La confrontation apostolique – Paul sur l’aréopage

La confrontation apostolique – Paul sur l’aréopage

Paul sur la colline de Mars, c’est l’homme sacré confrontant le séculier ; l’esprit spirituel contre l’esprit laïque ; la perspective céleste qui sert à réfuter celle qui est terrestre.

C’est une confrontation finale, classique, et éternelle, et dont chaque élément dans ce texte, de même que tout ce que l’Esprit de Dieu exprime aux hommes par Paul, est non seulement pertinent dans cet instant opportun, mais continue à réverbérer dans toute l’histoire des temps, et même jusqu’à nos jours. On pourrait même dire en vérité que la chose est bien plus piquante et significative maintenant, à la conclusion de notre âge et de l’histoire, qu’elle ne l’était il y a deux mille ans quand Paul l’a prêchée. Les éléments sont identiques, parce que rien n’a changé.

Mais, quand les Juifs de Thessalonique surent que Paul annonçait aussi à Bérée la parole de Dieu, ils vinrent y agiter la foule. Alors les frères firent aussitôt partir Paul du côté de la mer ; Silas et Timothée restèrent à Bérée. Ceux qui accompagnaient Paul le conduisirent jusqu’à Athènes. Puis ils s’en retournèrent, chargés de transmettre à Silas et à Timothée l’ordre de le rejoindre au plus tôt (Actes 17 v. 13 à 15).

Quand les Juifs de Thessalonique apprirent que Paul prêchait la Parole de Dieu à Bérée, ils s’y rendirent aussi, agitant et incitant les foules. Les frères firent immédiatement partir Paul du côté de la mer, mais Silas et Timothée restèrent à Bérée. Les hommes qui avaient escorté Paul, l’amenèrent à Athènes, puis partirent, ayant reçu de lui l’instruction d’ordonner à Silas et Timothée de le rejoindre dès que possible (Actes 17 v. 13 à 15).

Et ainsi, Paul fuyait la persécution, et pendant qu’il attendait que ses collègues le rattrapent, l’Esprit de Dieu mit quelque chose en mouvement dans son esprit. Tout ceci décrit un épisode et une révélation purs et apostoliques de l’homme apostolique, dans sa beauté et sa profondeur, d’autant plus que c’était inattendu. Personne ne s’attendait à cet épisode, qui n’avait pas été organisé par l’homme, mais totalement orchestré par Dieu.

Le commencement du message de Paul.

« Comme Paul les attendait à Athènes, il sentait au dedans de lui son esprit s’irriter, à la vue de cette ville pleine d’idoles (Actes 17 v. 16) ».

Nous devons comprendre que cet incident est autant dans l’intention de Dieu que ne l’étaient tous les autres lieux où Paul s’était trouvé. Pour Paul, c’était exactement la même chose de décider de partir parce qu’il avait vu en vision un Macédonien qui sollicitait son aide, ou de se rendre quelque part, contraint, suivant les circonstances, à la fuite, ou même, enlevé par d’autres hommes, que de se retrouver dans un lieu quelconque. Pour un pareil homme avec une telle mentalité, et une conscience et une perception si apostoliques, rien n’est dû au hasard. Tout est orchestré sous la direction d’un Dieu souverain qui s’occupe de chaque détail. Si Dieu ne trouve pas le moyen d’amener l’homme de son choix à l’endroit précis, alors Il en a encore un autre en réserve. Rien n’arrive donc par accident, rien n’est gaspillé; aucun rendez-vous n’est manqué.

Ceci doit être notre pensée également. Nous devons avoir cette conscience permanente de la souveraineté de Dieu, et si nous manquons un avion, ou si quelque chose survient de façon inattendue, nous ne devons pas nous irriter ou grommeler, mais nous réjouir de ce que cette chose qui, étant survenue par mégarde, se transformera à la gloire de Dieu. Nous devons nous habituer à penser d’une façon différente de notre manière habituelle, et ne pas nous voir comme victimes des circonstances, même lorsqu’elles sont désagréables ou tournent à notre défaveur. Ce n’était pas agréable pour Paul de fuir la persécution, mais ce fut la chose même dont Dieu s’était servi pour amener son homme apostolique à l’endroit désigné et au moment désigné. Paul ne faisait jamais d’effort par lui-même, ni n’essayait de promouvoir son propre ministère – comme nous le ferions – mais Dieu le mit au bon endroit et au bon moment.

L’esprit de Paul était attristé et cette tristesse envahit son cœur quand il vit la ville complètement envoûtée par l’idolâtrie, et ici nous avons le point de départ d’un événement apostolique. Ce qui est apostolique vient éminemment de l’Esprit. Cela commence dans l’Esprit, c’est conduit dans l’Esprit, et c’est exécuté dans la puissance de l’Esprit, mais cela s’accomplit à travers un homme qui voit et qui s’afflige. ‘Comme Paul les attendait… à la vue de…’

C’est un homme ayant les yeux ouverts. Il était un vrai adorateur de Dieu, et ceci le rendit apte à discerner les choses qui sont fausses. Il n’était pas le genre de personne super spirituelle qui gardait de la distance par rapport au monde. Il voyait au travers des prétentions des hommes, du fait qu’il était lui-même un homme immergé dans le monde ; il cite même leurs poètes. Paul connaissait ce monde et sa façon de penser, et il l’a confronté dans la puissance de Dieu à travers les mots que le Seigneur lui a donnés à ce moment-là.

Bon nombre d’entre nous auraient pu être au même endroit, et nous n’aurions pas été touchés du tout. Ce n’est pas parce que l’Esprit a cessé de s’affliger, mais parce que nous n’avons pas, à notre honte, la proximité que Paul avait avec l’Esprit de Dieu. Nos yeux ne voient pas de la même façon que ceux de Dieu, et donc nous Le manquons complètement. Il y a un modèle ici qui doit être au commencement de chaque acte apostolique et authentique, à savoir l’agitation de l’Esprit dans une âme qui est capable de s’affliger de ce qu’elle voit. Cette question de perception véritable, qui consiste à voir comme Dieu voit, et à voir à travers et au-delà de l’image qui se présente au regard, est tout à fait impérative pour les choses qui sont apostoliques.

L’essence de l’idolâtrie.

L’idolâtrie qui est présente dans notre génération est exactement identique à l’idolâtrie présente du temps de Paul. L’idolâtrie n’est pas quelque chose en relation uniquement avec les autels et les temples païens. Nous devons comprendre, dans son essence, ce qu’est cette chose idolâtre qui imprègne totalement l’esprit de ces époques, et qui a été avec nous depuis la chute de l’homme. C’était Athènes, le siège de l’humanisme et de tout ce que le monde continue à célébrer. Chaque philosophie et chaque façon de penser actuels ont un lien direct avec les philosophies de cette époque-là. Rien n’a changé, excepté les titres. L’Épicurisme et le Stoïcisme, comme philosophies, peuvent être morts en tant que sujets, mais leur substance, ce qu’elles sont, la mentalité, l’égoïsme de ces philosophies en tant qu’alternative à une relation personnelle avec Dieu, existent toujours. Athènes était l’endroit de proéminence ultime dans la civilisation et la gloire qu’était la Grèce. Athènes était connue pour son amour de la sagesse du monde, mais c’était une sagesse qui n’accorde aucune place au seul Dieu véritable.

« Il s’entretenait donc dans la synagogue avec les Juifs et les hommes craignant Dieu, et sur la place publique chaque jour avec ceux qu’il rencontrait (Actes 17 v. 17) ».

Pourquoi est-il indiqué ici que Paul est immédiatement allé s’entretenir avec les Juifs dans la synagogue ? Il était affligé par l’idolâtrie, et il nous est rapporté qu’il est allé confronter les Juifs dans la synagogue. Qu’est-ce que cela a à voir avec une ville qui est complètement livrée à l’idolâtrie ? Comment passez-vous de l’idolâtrie, d’une part, à la controverse avec les Juifs de la synagogue de l’autre ? Eh bien, la synagogue est l’endroit où l’idolâtrie est la plus effrénée, avec la substitution idolâtre du véritable culte de Dieu. Nous pourrions aussi bien ajouter les synagogues des non-Juifs, ou n’importe quel établissement religieux qui offre une religion de convenance à l’homme, et qui n’exige rien en termes de rapport vrai, ou de service au Dieu Très Haut.

L’idolâtrie est quelque chose qui donne à l’homme un minimum de satisfaction psychique et émotive et qui produit quelque chose d’éthéré par le mélange d’orgues et de vitraux, ou d’éléments qui sont leur équivalent moderne. Cela lui permet de penser qu’il a fait son « devoir du dimanche », et qu’il est maintenant libre d’aller jouer sur le terrain de golf ou de football. C’est l’idolâtrie à cœur joie, et c’est puissant. C’est n’importe quelle substitution religieuse de la vérité, de la réalité, et des exigences de Dieu.

Les idoles n’exigent rien de leurs adorateurs, mais le Dieu vivant nous dit : « Prenez votre croix et suivez-Moi ». Une idole est sourde-muette, elle satisfait les besoins religieux des hommes, et les affranchit des exigences de Dieu. Même « aller à l’église » peut donner à l’homme un sentiment de satisfaction religieuse, et l’absoudre des exigences radicales de Dieu. C’est de l’idolâtrie, peu importe le nom qu’elle porte, ou l’endroit où elle est pratiquée – au marché, à la synagogue, ou à l’église. Avoir un cœur apostolique veut dire avoir un cœur qui bat continuellement du désir de la gloire de Dieu, et qui ne peut pas supporter de voir quelque chose qui lui fait concurrence et qui subjugue l’attention des hommes, qui se donne le nom de culte mais ne l’est pas.

Si nous ne pensons pas que ce genre d’idolâtrie ridicule et primaire puisse même être pratiquée en invoquant le Nom de Jésus, alors nous sommes vraiment naïfs. Nous devons voir apostoliquement, si nous voulons être utilisés apostoliquement. Si Paul n’avait été ni affligé, ni irrité dans son esprit, l’événement qui suivit n’aurait pas eu lieu. La peine de Paul trouva sa source dans sa jalousie pour l’amour de Dieu, Sa connaissance de Lui, et parce qu’il savait que ceux qui sont séduits par une substitution idolâtre, sont condamnés éternellement. Paul ne peut pas le supporter, et quand Dieu trouve un tel homme, alors vous pouvez être sûr que cet homme sera amené à l’endroit de la confrontation.

Quelques philosophes épicuriens et stoïciens se mirent à parler avec lui. Et les uns disaient: Que veut dire ce discoureur? D’autres, l’entendant annoncer Jésus et la résurrection, disaient: Il semble qu’il annonce des divinités étrangères. Alors ils le prirent, et le menèrent à l’Aréopage, en disant: Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ? Car tu nous fais entendre des choses étranges. Nous voudrions donc savoir ce que cela peut être. Or, tous les Athéniens et les étrangers demeurant à Athènes ne passaient leur temps qu’à dire ou à écouter des nouvelles (Actes 17 v. 18 à 21).

La confrontation finale.

« Ils passaient leur temps à ne rien faire » : Ceci est non seulement un compte-rendu de la condition des philosophes de cette génération-là, mais également de ceux de notre époque. Les hommes ont l’air de toujours chercher la vérité, mais ils n’en prennent jamais connaissance. C’est une attitude fausse qui élève et vénère l’homme. Ils feignent d’être des chercheurs de la vérité, mais n’arrivent jamais à la connaissance de la vérité. Ils sont toujours en train de chercher, et tandis qu’ils continuent à chercher, ils commettent adultère, se gorgent de vanités, n’arrivent jamais à la vérité, mais se plaisent à eux-mêmes en disant qu’ils sont toujours prêts à écouter une idée nouvelle.

Voyons-nous l’état désolant de l’humanité, avec ses heures gâchées, la façon insensée dont l’existence humaine mène sa vie ? Nos cœurs sont-ils retournés et affligés de voir la condition humaine dans un monde sans Dieu ? En revanche, les moments de Paul étaient remplis de conséquences éternelles, et quelle différence! Paul n’aurait pas pu demander une meilleure opportunité pour apporter le message de Dieu aux hommes, pas n’importe quels hommes, mais des hommes se trouvant au milieu de la cible d’une civilisation humaine qui se célébrait elle-même en s’élevant au-dessus de Dieu.

Paul était cet Hébreu pitoyable, ce serviteur itinérant sans qualifications, ne détenant en rien la sorte d’autorité que les philosophes grecs pouvaient respecter ou comprendre. Ils le traitèrent de « bavard », et le regardèrent avec dédain, parce qu’il était l’antithèse de tout ce qui était respecté et célébré par la civilisation grecque. Mais ils étaient curieux, et lui accordèrent une occasion de parler. Et, en conséquence, tout ce que Paul allait dire, dans cet endroit-là, et dans cette époque-là, possède une signification éternelle.

Ceci avait été engendré par la nécessité du moment, ce qui est en fait le génie même de la parole apostolique. Il s’agit d’une révélation de ce qui est apostolique, c’est-à-dire que l’homme lui-même est cette chose ! Paul est une manifestation du génie de Dieu, et c’est pourquoi Paul pouvait établir le fondement de l’Eglise. Rencontrer un homme apostolique, ou avoir le privilège d’entendre un apôtre véritable, c’est aussi être compté pour responsable éternellement. Ces Athéniens étaient venus aussi près de Dieu que possible sur terre, parce que c’est le Souverain Sacrificateur et Apôtre de notre foi qui s’était exprimé à travers Paul. Dieu ne peut pas faire plus pour les hommes que de mettre le témoignage apostolique devant eux, et ce témoignage doit venir en chair et en os. Nous devons avoir une révérence pour les choses apostoliques, et un sens profond de ce qu’il faut pour qu’une telle chose soit façonnée sur terre par Dieu et à travers l’homme.

Que peut donc dire un homme quand il doit se tenir devant des païens, dont la philosophie, la façon de penser et la civilisation entière sont une offense directe à Dieu ? Quelle chose singulière pourrait-il leur dire pour qu’ils soient responsables éternellement ? C’est ce qu’est le message de Paul sur la colline de Mars. Il est intéressant de constater que, comme par ironie, le message n’a pas eu le réveil comme conséquence. Il n’a pas donné naissance à l’église d’Athènes comme il l’a fait par exemple, à Éphèse ou à Corinthe.

Il n’y a eu que deux ou trois, qui sont mentionnés par leur nom, qui se sont attaché à Paul et ont cru. Comment se fait-il donc que ceci ait une place si proéminente dans le Nouveau Testament ? La parole qu’il donna ce jour-là eut des répercussions bien au-delà d’Athènes, mais le fait que ceci ait eu lieu à Athènes est significatif. Athènes n’était pas simplement la capitale de la Grèce; dans un sens, c’était aussi la capitale du monde entier en ce temps-là. Nous devons également comprendre ce que veut dire que se tenir au milieu de ces philosophes sur la colline de Mars. Paul faisait face à tout ce qui s’opposait à la sagesse de Dieu.

Ces hommes auxquels il faisait face représentaient, jusqu’au moindre détail, autant le royaume des ténèbres et les puissances de l’air que, par exemple, un sorcier. Ils peuvent tout à fait être revêtus de leurs vêtements philosophiques, et parler une sorte de langage qui ne sonnait pas l’alarme, tout en étant, dans leur nature même, jusque dans les détails les plus infimes, aussi antithétiques et opposés au royaume de Dieu et aux desseins de Dieu, que ne l’est la sorcellerie. Paul allait confronter cette sorte d’esprit qui règne dans le monde aujourd’hui – particulièrement dans le monde religieux. Quand Dieu le confronte, il va le confronter apostoliquement, ce qui veut dire bêtement!

Et Paul se tint au milieu de l’Aréopage et dit (verset 22) : « Hommes d’Athènes, je vois que vous êtes très superstitieux ».

Quelle remarque moqueuse! Si vous voulez qu’un type intellectuel et philosophique devienne fou, dites-lui qu’il est superstitieux. Quelle indignité ! Ils se gonflent d’orgueil en se croyant être au-dessus de la superstition, et ainsi, en commençant avec une insulte, Paul les titillait déjà. C’était un homme qui disait ce que Dieu lui donnait de dire, sans se soucier le moins du monde des conséquences que cela aurait pu avoir pour lui. Ça, c’est apostolique ! Mais si nous sommes craintifs, et si nous marchons et parlons d’une manière prudente, en calculant ce que nous devons dire pour ne pas offenser, alors comment serons-nous un porte-parole de Dieu dans la confrontation avec un monde hostile ? Il y en a seulement Un qui peut déterminer ce qui est approprié à n’importe quel moment donné, à savoir le Seigneur Lui-même.

« Car, en parcourant votre ville et en considérant les objets de votre dévotion, j’ai même découvert un autel avec cette inscription: A un dieu inconnu ! Ce que vous révérez sans le connaître, c’est ce que je vous annonce (Actes 17 v. 23) ».

Nous ne pourrons jamais identifier ou confronter la chose qui est fausse, à moins de pouvoir également dire avec Paul : « Voici ce que je vous annonce ». Il n’est pas suffisant de savoir la vérité ; nous devons être intensément et intimement imbibés dans la vie de cette vérité avant que nous n’osions exposer le mensonge. Le message de Paul peut sembler arrogant, mais c’est son audace et son ton tranchant qui sont eux-mêmes une démonstration du Dieu que Paul proclamait. Paul s’est moqué d’eux avec leur charade superstitieuse du « Dieu Inconnu », comme si cette chose s’avérait être du respect ou de la révérence, quand en vérité elle n’était qu’une duperie.

Il se peut que ces Athéniens aient rendu un culte à leurs idoles par ignorance, mais nous devons savoir que c’était une ignorance obstinée. Ils avaient choisi d’adorer un dieu qui est inconnu, parce qu’un dieu inconnu n’a aucune exigence, et Paul le voyait au travers de cela. La chose qui a l’air spirituelle – les monuments avec des inscriptions dédiées à un Dieu Inconnu – est en fait une fausse déférence qui évite aux hommes de devoir se soumettre aux exigences rigides issues de la relation intime avec Dieu. Ils préfèrent qu’Il reste inconnu, mais Paul ne leur permettra pas ce luxe. Car pour connaître Dieu tel qu’Il est, il est nécessaire qu’Il s’introduise sérieusement dans votre vie, ce qui change tout.

C’est pourquoi mes confrères Juifs et leurs Rabbis aiment parler « d’une puissance plus haute » et « d’une force impersonnelle dans l’univers ». Cela a l’air spirituel, mais allons-nous les féliciter d’avoir cette sorte de spiritualité, ou verrons-nous comment un tel témoignage est trompeur ? Il y a quelque chose dans le cœur humain, et pas simplement le cœur juif, qui aime à tenir Dieu à une grande distance. Le cœur humain veut un Dieu impersonnel, parce qu’un Dieu impersonnel ne dit pas : « Tu ne commettra pas d’adultère. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ». Nous devons voir à travers la séduction du cœur humain, et Paul était toujours conscient que c’était un moment éternel qu’il ne devait pas leur épargner. Son amour était trop grand pour les flatter, et ainsi il a laissé ses paroles leur en mettre plein la vue, parce que la vérité est douloureuse avant d’être glorieuse. Le vrai réconfort vient après que nous avons été dérangés.

Dieu en tant que Créateur et Seigneur.

Il commence alors son exposé remarquable – entièrement sur la base de la nécessité de comprendre Dieu non seulement dans son rapport avec les individus, mais également avec les nations en tant qu’entités distinctes elles-mêmes. Et ainsi Paul commence avec l’affirmation d’un Dieu Créateur : « Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples faits de main d’homme (Actes 17 v. 24) ».

Ce message ne pourrait pas être plus fondamental. Tout repose sur Dieu en tant que Créateur. La terre appartient au Seigneur, et donc Il possède un excédent de droit sur sa propre création. Il n’est pas simplement le Créateur du ciel et la terre, Il est aussi le Seigneur du ciel et de la terre. Si nous n’avons pas une perception de Dieu en tant que Créateur, nous n’avons aucune base sur laquelle poser la vérité ou la réalité. Pour Paul, commencer par Dieu comme Créateur ne résultait pas d’un accident, mais d’une révélation divine des bases fondamentales sur lesquelles tout repose : « Au commencement Dieu créa… ».

Puisqu’Il est Seigneur du ciel et de la terre, qu’est-ce qu’infère le fait qu’un bout de terre s’appelle Athènes ? Simplement ceci : Il est le Seigneur d’Athènes également. Paul ne l’a pas dit, mais c’est sous-entendu dans ce qu’il dit. Il exprimait beaucoup plus que simplement des affirmations correctes ; c’était dans son esprit et dans sa vie, parce que le Créateur de Paul était également son Seigneur. Quand Paul a employé le mot « Seigneur », ce mot était entré dans les cœurs de ces hommes comme un poignard. Le degré de force et de pénétration de l’évocation du mot « Seigneur » dépend entièrement du degré de vérité que ce mot a pour nous qui le dirons.

Paul était directement et totalement sous l’autorité de Celui qu’Il appelait Seigneur, et la démonstration en était dans sa propre expression. Si le Seigneur n’était pas Seigneur, il n’aurait pas commencé par une insulte. Paul aurait commencé par un compliment, de la même façon que la plupart d’entre nous le feraient, parce que notre message est, en grande partie, ce que nous déterminons nous-mêmes, pas ce qu’Il détermine.

Ceci est un beau portrait de ce que le mot « apostolique » veut dire. C’est d’autant plus parfait qu’il est inconscient. À partir du moment même où il devient conscient, il devient religieux, et aussi vrai techniquement qu’il puisse être, il perd de sa puissance. Dieu mit quelque chose devant ces Athéniens, qui était au-delà de la philosophie et de la religion. C’était Dieu Lui-même, parce que ce qui est apostolique est authentique, et ce qui est authentique est apostolique. C’est le génie et la beauté de l’apostolique, et nous devons prier, ainsi, pour que Dieu puisse donner encore de tels hommes à l’Eglise, parce qu’à moins qu’Il ne le fasse, nous serons sans fondement.

Dieu le Donateur.

« Il n’est point servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses (Actes 17 v. 25) ».

Paul parle au milieu de temples qui étaient plus impressionnants en ce temps-là car ils s’élevaient dans leur beauté originelle et primitive. Ils étaient des expressions puissantes de la civilisation humaine. Il y a quelque chose d’imposant dans la démonstration visible de ce monde qui intimide, mais Paul représentait une autre réalité qui sera vérifiée seulement dans un avenir éternel, mais qui pourtant apparaissait comme une sottise absolue à ceux qui l’écoutaient. Paul leur dit qu’il y a un Dieu qui n’a pas besoin des œuvres faites de mains d’hommes, ou de leurs monuments, comme s’Il avait besoin de quoi que ce soit.

Paul connaissait un Dieu qui donne toutes choses, ce qui inclut également que c’est Lui qui a souverainement provoqué son emprisonnement avec Silas à Philippes, tel que relaté dans le chapitre précédent, quand ils furent déshabillés et battus au point presque de rendre l’âme. C’était un endroit absolument abandonné, situé à des kilomètres de leurs amis, pourtant ils y étaient par obéissance. On dit que c’est à environ minuit, l’heure la plus sombre, quand on renonce à tout espoir et à toute confiance, que Paul et Silas prièrent et chantèrent les louanges de Dieu. Les temps d’adversité et d’affliction sont parmi les « toutes choses » qui viennent de la main de Dieu.

Pouvons-nous nous réjouir en elles, et louer Dieu en elles, et dire avec conviction à tous les incroyants de ce monde que c’est Dieu qui donne toutes choses ? C’est ce qui rend la parole d’un apôtre si pénétrante. Il a éprouvé « toutes choses », et les a reçues comme venant de la main de Dieu, sans avoir besoin de comprendre « pourquoi ». Nous pouvons dire qu’il y a un Dieu qui donne toutes choses, mais cela ne signifiera rien, cela ne pénétrera pas, ou ne sera pas un message provocant et persuasif qui exigera que les hommes prêtent attention à ce Dieu, à moins que nous n’y croyions vraiment, dans le sens que nous le vivons, et qu’il n’ait été martelé dans notre expérience.

Si Paul avait considéré son emprisonnement à Philippes comme une circonstance malheureuse, il ne se serait pas trouvé sur la colline de Mars parlant aux philosophes grecs. Dieu attend des hommes qu’ils croient qu’il y a un Dieu qui donne toutes choses. Sommes-nous vraiment soumis à la souveraineté totale de Dieu ? La preuve d’une telle soumission est la manière dont nous exprimons notre déception. Nous voyons les hommes comme s’ils étaient le problème, ou les circonstances, ou nous-mêmes, comme étant blâmables : « Si seulement nous avions fait ceci au lieu de cela, alors quelque chose aurait pu être différent ».

Nous ne reconnaissons pas, cependant, qu’il y a un Dieu suprême dans les cieux, qui donne toutes choses. Ceci n’est pas une excuse pour notre indifférence, ou notre négligence, mais nous devons reconnaître qu’Il est le Dieu de toutes choses. Quand nous pouvons nous réjouir de la souveraineté de Dieu dans les choses qui sont douloureuses, comme dans les choses qui sont plaisantes, alors nous pouvons nous tenir devant les hommes laïques et parler de Dieu qui donne à tous la vie et le souffle. S’Il est le Dieu de la vie, n’est-il pas alors également le Dieu de la mort ? Et s’Il n’est pas le Dieu de l’une, alors Il n’est pas non plus le Dieu de l’autre. S’Il n’est pas le Dieu de tout, alors Il n’est pas Dieu du tout.

Les nations dans le message de Paul.

« Il a fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure (Actes 17 v. 26).

Paul commence à se focaliser vraiment sur le sujet des nations. Les nations ne sont pas des accidents géologiques, mais la création de Dieu, et Il les a établies, et leur a donné des frontières. Il en découle que nous ne devons pas établir nos propres frontières. En fait, les guerres sont menées à cause des frontières, des territoires et des terres. Nous n’aimons pas être limités, parce qu’une frontière est une limitation, et nous ne voulons pas connaître un Dieu qui en impose et en demande une.

Paul donne une vue cosmique de la création et des nations, et d’un Dieu qui les a créées pour accomplir son dessein. Dieu n’établit pas les frontières et les saisons sans raison, car Il est un Dieu avec un dessein défini, et Il a ses propres intentions pour les nations. Les nations ne sont pas des entités accidentelles, ou quelque chose qui doit être expliqué par des anthropologues. Paul l’explique en quelques mots : « Dieu a établi les limites des nations ». C’est contraire à la pensée libre des hommes modernes ; c’est très restrictif, et cela ne donne aucune latitude à l’humanité de « faire ce qu’elle veut », ou de se servir de cette planète comme si elle était un jouet ou un amusement, pour atteindre ses propres desseins.

Il a voulu qu’ils cherchassent le Seigneur, et qu’ils s’efforçassent de le trouver en tâtonnant, bien qu’il ne soit pas loin de chacun de nous, car en lui nous avons la vie, le mouvement, et l’être. C’est ce qu’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : De lui nous sommes la race…Ainsi donc, étant la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent, ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’industrie de l’homme (Actes 17 v. 27 à 29).

Le but de l’existence de l’homme.

Le discours de Paul ne semble même pas religieux. Il n’a cité aucun verset des Écritures, et en fait, il semble philosophique et infiniment similaire à la pensée et à l’enseignement Grec. Paul affirmait que toute création, la civilisation et le monde dans sa complexité et sa diversité, nations et races, la formation des hommes eux-mêmes, et leur vie sur terre, existent pour une raison unique : « Il a voulu qu’ils cherchassent le Seigneur, et qu’ils s’efforçassent de le trouver en tâtonnant ».

Cela en dépit de tout effet contraire. L’histoire du monde, son sang versé, ses fortunes qui ont été dépensées, ses technologies, ses architectures, et ses institutions, sont seulement des choses secondaires qui servent à garantir la stabilité et l’ordre nécessaires à la vie, afin que les hommes puissent chercher Dieu. Cette vision est extrêmement étroite, et ne laisse place à aucune autre chose. Ce jaillissement qui émane de Paul leur définit en un instant ce qu’est le but plénier de l’existence humaine.

Paul a réduit la totalité de l’existence humaine à une seule poursuite, à savoir que le but plénier de la vie humaine sur cette planète est de trouver Dieu avant que nous n’entrions dans l’éternité, sans Lui ou avec Lui. C’est une vision qui a été écartée de nos temps modernes, mais qui doit être restaurée. Paul y croyait, mais vivons-nous comme si nous y croyions ? Nos vies contredisent nos paroles, et si nous ne vivons pas comme si nous croyions à quelque chose, alors nous devons comprendre que nous n’y croyons pas suffisamment.

Le but de l’existence de l’homme n’est pas de rechercher son propre bonheur, mais de rechercher Dieu. En fait, le bonheur qui se trouve en dehors de Dieu, et que le monde est prompt à nous fournir comme ersatz, est une illusion et une séduction. Dieu est le Créateur et le Seigneur du ciel et de la terre, mais il ne les a pas créés afin que nous puissions nous divertir, atteindre nos carrières, favoriser nos intérêts, fonder nos civilisations, ou n’importe quoi d’autre – ces choses sont secondaires. Le message que nous pouvons vivre, et avoir le mouvement, et exister en Dieu, n’est pas accepté par l’humanité. Ils ne veulent pas entendre parler de cette possibilité, parce qu’ils veulent vivre et être en mouvement comme ils le veulent en eux-mêmes. Ils ne veulent pas être limités par leurs habitations selon ce que Dieu a déterminé ou fixé comme desseins auxquels il les a destinés. Chaque syllabe prononcée par les lèvres de Paul est une offense calculée pour les susceptibilités et les façons de penser de l’homme. Ils ne veulent pas être limités, et donc ils préfèrent avoir leurs monuments « à ce Dieu inconnu ».

Quand Paul a dit : « … ce que je vous annonce », il n’a pas dit : « il y a un Dieu vivant ». Paul disait : « c’est sa nature ; c’est son but ; c’est son exigence ». C’est une déclaration de Dieu que les hommes ne veulent pas entendre, qui n’est pas la bienvenue et qui est abrasive. C’est non seulement contraire à leur opinion, mais cela contredit tout à fait tout le fondement de leur croyance, et toute leur structure de penser et leur système de valeurs. Paul contredit intégralement une façon de vivre et la rend inadmissible. C’est si différent du tempérament et de la manière dans lesquels les croyants modernes expriment leur propre foi ; ils l’offrent davantage comme opinion que comme conviction.

 

Arthur KatzUn message de Arthur Katz
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