
L’Esprit du Christ.5&6
« L'Esprit et Jésus glorifié » - « Le Saint-Esprit en l'homme ». De même le Saint-Esprit, lors de son effusion le jour de la Pentecôte, était réellement quelque chose de nouveau.
5. L'Esprit et Jésus glorifié.
« Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'Ecriture. Il dit cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car l'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié » (Jean 7 v. 38 et 39).
Nous avons vu que Dieu s’est révélé de deux manières : comme Dieu sous l’ancienne alliance et comme Père sous la nouvelle alliance. Nous savons aussi que le Fils après avoir été « dès le commencement avec le Père » (Jean 1 v. 1 et 2), entra dans une nouvelle phase d’existence en devenant « chair » (Jean 1 v. 14). Lorsqu’ensuite il remonta au ciel, il était toujours « le Fils unique du Père », et pourtant il n’était plus le même qu’auparavant, car comme fils de l’homme, il était « le premier né d’entre les morts » (Colossiens 1 v. 18) ; (Apocalypse 1 v. 5), revêtu de cette humanité glorifiée qu’il avait sanctifiée parfaitement pour lui-même. De même le Saint-Esprit, lors de son effusion le jour de la Pentecôte, était réellement quelque chose de nouveau.
Sous l’ancienne alliance il avait toujours été appelé « l’Esprit de Dieu » ou « l’Esprit de l’Éternel » ; il ne portait pas alors le nom de Saint-Esprit, comme un nom lui étant propre. Ce n’est que lorsqu’il vint préparer la voie pour Christ et lui former un corps que ce nom lui fut donné (Luc 1 v. 15, 35). Le jour de la Pentecôte le Saint-Esprit fut envoyé comme l’Esprit de Jésus glorifié, l’Esprit du Christ incarné, crucifié et élevé au ciel, pour nous apporter et nous communiquer la vie divine.
Non une vie venant directement de Dieu, mais la vie mêlée de nature humaine qu’avait vécu Jésus-Christ sur la terre. C’est alors qu’il prend le nom de Saint-Esprit, car c’est en habitant en nous que Dieu nous révèle sa sainteté. Il est donc littéralement vrai de dire de l’Esprit qui demeurait en Jésus-homme, et qui devait plus tard demeurer en nous : « le Saint-Esprit n’était pas encore ». L’Esprit de Jésus glorifié, du Fils de l’homme devenu Fils de Dieu, ne pouvait pas exister avant que Jésus eût été glorifié.
Ceci nous explique en outre pourquoi c’est l’Esprit de Jésus et non directement l’Esprit de Dieu qui pouvait nous être envoyé pour demeurer en nous. Le péché avait interrompu, troublé nos rapports avec Dieu lui-même, autant qu’avec sa loi ; et avec la faveur divine nous avions perdu la vie divine. Christ est venu non seulement affranchir l’homme de la loi et de la malédiction de la loi, mais ramener la nature humaine à Dieu, rétablir notre communion avec lui et nous faire « participer de la nature divine » (2 Pierre 1 v. 4). Pour cela Christ, devenu lui-même chair, devait sanctifier la chair en sa propre personne et l’amener à devenir volontairement l’habitation de l’Esprit de Dieu. Après avoir fait cela, et conformément à la règle qui veut que les formes les plus infimes de la vie ne puissent s’élever à un degré supérieur qu’en passant par la mort, il devait lui-même passer par la mort, soit pour subir la malédiction du péché, soit pour être « le grain de froment qui, s’il meurt, porte beaucoup de fruit » (Jean 12 v. 24).
À présent sa nature glorifiée lors de sa résurrection et de son ascension, nous envoie son Esprit, l’Esprit de sa vie humaine glorifiée par son union avec Dieu ; et par là il nous rend participants de tout ce qu’il avait individuellement acquis, c’est-à-dire de lui-même et de sa vie glorifiée. L’expiation confère à l’homme le droit d’être rempli de l’Esprit de Dieu. Jésus, après avoir revêtu lui-même une nature humaine nouvelle et sainte, peut à présent nous communiquer ce qui avait été jusqu’alors inconnu, une vie à la fois humaine et divine.
C’est ainsi que l’Esprit qui est la vie individuelle de Dieu, a pu devenir aussi la vie individuelle de l’homme. Et c’est parce que l’Esprit est le principe vital de Dieu lui-même, qu’il peut être aussi le principe vital de l’enfant de Dieu. L’Esprit du Fils de Dieu est ainsi, en nous l’Esprit qui crie : Abba, Père. C’est de cet Esprit-là qu’il est parfaitement vrai de dire : « Le Saint-Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’était pas encore glorifié ».
Mais à présent, Dieu soit loué ! Jésus a été glorifié.
La glorification de Jésus et l’effusion de son Esprit sont intimement, inséparablement liées l’une à l’autre. Si nous voulons recevoir, non seulement l’Esprit de Dieu, mais l’Esprit de Christ glorifié, cet « Esprit qui n’était pas encore », mais qui est à présent une réalité, c’est à Jésus glorifié que nous devons nous adresser avec foi. Le Saint-Esprit peut nous donner tout ce que nous voulons recevoir, tout ce que nous voulons posséder de la vie de notre Seigneur glorifié.
Le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit descendit comme une personne pour demeurer en nous. C’est là le fruit de l’œuvre de Jésus : nous avons sur la terre la présence personnelle du Saint-Esprit. Par Jésus-Christ, seconde personne de la Trinité, le Fils est venu révéler le Père qui demeurait et parlait en lui ; de même l’Esprit, troisième personne de la Trinité vient à présent révéler le Fils, et par lui le Fils vient habiter et agir en nous. La gloire dont le Père a glorifié le Fils de l’homme parce que le Fils l’avait glorifié est donc celle-ci : en son nom et par son moyen, le Saint-Esprit vient habiter personnellement dans le croyant et réaliser en lui la présence de Jésus. Voilà ce que signifient ces mots de Jésus : « Celui qui croit en moi n’aura jamais soif », mais « des fleuves d’eau vive couleront de lui » (Jean 6 v. 35 ; 7 v. 37). L’habitation du Saint-Esprit en nous vient nous révéler la présence de Jésus glorifié : Voilà ce qui seul peut étancher la soif de notre âme, et faire jaillir en nous une source de vie qui aille en vivifier d’autres encore.
Dans la vie de Jésus, l’humble état de serviteur a précédé l’état de gloire et de roi. Ce fut sa fidélité à remplir ce premier office qui le conduisit à la gloire. Que tout croyant désireux de partager la gloire de Christ commence par suivre son exemple, qu’il renonce à lui-même et l’Esprit viendra au moment voulu révéler en lui la gloire divine. La gloire de Christ fut le fruit de sa mort sur la croix. C’est en prenant part moi-même à cette mort de la croix, crucifixion de Christ pour moi, et crucifixion de mon moi avec Christ, que je serai préparé à recevoir l’Esprit chargé de me révéler le Christ glorifié.
Amen.
6. Le Saint-Esprit en l'homme.
« Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous » (Jean 14 v. 16 et 17).
« Il sera en vous ». Par ces quatre mots, notre Seigneur prédit l’habitation de l’Esprit-Saint en l’homme, ce mystère insondable qui devait être le fruit et le couronnement de son œuvre de rédemption. C’était pour cela que l’homme avait été créé. C’était pour cela que Jésus vivait sur la terre et qu’il allait mourir. Sans cette habitation de l’Esprit en l’homme, le but du Père n’aurait pas été atteint ; et si la parole de Jésus à ses disciples avait produit jusque-là si peu de fruit, il faut l’attribuer à ce que l’Esprit n’habitait pas encore en eux. Notre Père s’est révélé à nous de deux manières : par son Fils et par son Esprit.
Jusqu’à la Pentecôte, l’homme n’était pas encore devenu la demeure de Dieu par l’Esprit. À présent, l’Esprit-Saint doit être pour nous ce qu’il est pour le Père et pour le Fils : la source, le principe de notre individualité. Il doit réellement être un avec nous, et par cette union intrinsèque demeurer en nous tout aussi intimement que le Père demeure dans le Fils et le Fils dans le Père.
Avec un saint respect prosternons-nous, adorons, et recevons cette grâce insigne. Si nous voulons posséder pleinement ce que nous promet là notre Seigneur, souvenons-nous que par l’Esprit c’est Dieu lui-même qui vient habiter en nous.
C’est donc avant tout par la foi qu’il faut saisir la présence du Saint-Esprit en nous. Lors même que je n’aurais pas la moindre preuve de son action, je dois croire avec respect qu’il demeure en moi. Avec foi je dois compter sur ses effets et les attendre dans le recueillement. Avec foi aussi je dois renoncer entièrement à toute sagesse, à toute force propre, renoncer complètement à moi-même pour le laisser agir en maître.
La foi nous donne la faculté de reconnaître ce qui est divin sous les apparences les plus trompeuses. Si elle peut nous rendre réelle l’existence du Père dans sa gloire, et celle du Fils qui est Dieu manifesté en chair, la foi nous rend aussi réelle la présence invisible du Saint-Esprit en nous.
« Ne savez-vous pas que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Corinthiens 3 v. 16). « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous ? » (1 Corinthiens 6 v. 19). Et quand il écrit aux Galates rétrogrades, Paul leur rappelle « qu’ils avaient reçu l’Esprit par la prédication de la foi », que « Dieu avait envoyé dans leur cœur l’Esprit de son Fils » (Galates 3 v. 2 ; 4 v. 6), qu’ils avaient par là même la vie de l’Esprit en eux, qu’il suffisait donc de le reconnaître et de le croire pour pouvoir aussi « marcher selon l’Esprit » (Galates 5 v. 16). Voilà ce que de nos jours encore l’Église de Christ a besoin d’apprendre. Consentons enfin à reconnaître cette vérité.
À mesure qu’elle s’imposera davantage à nous comme vérité divine, à mesure qu’avec humilité et renoncement à nous-même, qu’avec foi et adoration nous croirons plus pratiquement à cette promesse : « Il sera en vous », nous verrons le Père l’accomplir avec joie en nous pour l’amour de Jésus. Alors nous saurons, nous éprouverons, nous aussi, que c’est la présence de l’Esprit-Saint qui est la force et la vie de tout vrai disciple.
Seigneur Jésus ! Mon âme te bénit pour cette parole, précieuse entre toutes : « L’Esprit sera en vous ». Avec humilité je l’écoute, je la reçois tout à nouveau et je te prie de m’enseigner tout ce qu’elle signifie.
Je te demande, et pour moi, et pour tous les enfants de Dieu, de nous faire mieux comprendre ce que ton amour veut pour nous, de nous faire bien saisir que tu veux te donner si complètement à nous que rien ne saurait te satisfaire mieux que de faire ta demeure en nous, d’être ainsi la vie même de notre vie. Et c’est pour le faire que tu as envoyé ton Saint-Esprit dans notre cœur, le chargeant de nous révéler ta présence, de manifester en nous la puissance de ta vie. Ô divin Sauveur, amène ton Église à saisir cette vérité si longtemps négligée et perdue, à en éprouver le bienfait, à en rendre hautement témoignage. Oui, que partout se répande cette joyeuse nouvelle : L’Esprit demeure en tout vrai croyant pour l’éclairer et le conduire.
« Jésus-Christ venu en chair » (1 Jean 4 v. 2) ; « la Parole faite chair » (Jean 1 v. 14). Le Fils de Dieu revêtu de notre nature humaine. Quel mystère ! Mais qu’il est grand aussi, cet autre mystère : L’Esprit de Dieu venant demeurer dans une « chair de péché » (Romains 8 v. 3). Heureux ceux « à qui Dieu a voulu faire connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce mystère… Christ en vous » (Colossiens 1 v. 27).
Au dedans de vous ! Au dedans de vous ! Tout au fond de vous. Voilà ce que nous a promis le Seigneur. Grâce à Dieu, son Saint-Esprit demeure au dedans de moi. Quand on entre dans un temple, on éprouve un sentiment de respect et de vénération. Que ce soit là aussi ce que j’éprouve à la pensée que le Saint-Esprit fait de moi son temple. Respect et vénération en sa sainte présence ! « …Qu’il demeure avec vous… il sera en vous ». Saisissez bien ces deux promesses : la continuité de la présence de l’Esprit avec l’Église, l’intimité de sa présence dans chaque croyant.
Amen.