Demeurez en Christ (jours 23,24,25).
Comme Christ demeure dans le Père (vingt-troisième jour). En obéissant à ses commandements (vingt-quatrième jour). Afin que votre joie soit parfaite (vingt-cinquième jour).
Demeurez en Christ, comme Christ demeure dans le Père (23).
« Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour... de même que je demeure dans son amour (Jean 15 v. 9 et 10) ». Tandis qu'il était sur la terre, Jésus avait enseigné à ses disciples que demeurer en lui, c'est demeurer dans son amour ; sur le point de les quitter il leur donne pour commentaire de son commandement sa propre vie. Qu'ils le contemplent, lui, demeurant dans l'amour du Père, et ils sauront comment demeurer dans son amour. Sa vie dans le Père sera le modèle de leur vie en lui.
Cette pensée est si profonde, que nous pouvons à peine la concevoir ; elle est cependant exprimée d'une manière assez positive pour que nous n'osions pas la négliger. Ne lisons-nous pas dans Jean 6 v. 57 : « Comme je vis par le Père, ainsi celui qui me mange, vivra par moi », et n'entendons-nous pas le Fils demander à son Père : « Qu'ils soient un comme nous sommes un ? » — « Je suis en eux et tu es en moi ». Examinons donc sa vie dans le Père et nous comprendrons ce que doit être la nôtre en lui.
Considérons d'abord l'origine de cette vie de Christ dans le Père. Elle avait ses racines dans une double union de vie et d'amour. Quoique demeurant sur terre, Jésus savait qu'il était un avec le Père, que la vie du Père était en lui, et que son amour reposait sur lui. Sans cette certitude, il lui eût été impossible de demeurer dans le Père et dans son amour.
De même, nous ne pouvons demeurer en Christ et dans son amour, qu'en croyant que nous sommes un avec lui. Un par nature ; car il a revêtu notre humanité ; et, par notre nouvelle naissance, nous sommes faits participants de sa nature divine. Un dans l'amour ; car le lien de la vie divine, est celui d'un amour infini. Dans la vie d'humiliation sur la terre, Jésus a goûté le bienfait de cet amour divin, la force que donne la conviction d'en être l'objet et de pouvoir y demeurer constamment. Par son exemple, il nous invite à faire la même expérience. Puisque nous sommes un avec lui, confions-nous en son amour qui nous presse ; laissons-le pénétrer dans nos cœurs.
Et quel est le moyen par lequel le Fils demeure dans le Père et dans son amour ? « J'ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour ». Sa vie a été une vie de soumission et de dépendance. Pour notre nature orgueilleuse, dépendance et soumission signifient humiliation et servitude ; mais dans la vie d'amour dont le Fils de Dieu vécut et à laquelle il nous invite, ces deux conditions sont le secret du bonheur. Que pouvait perdre le Fils en se soumettant ?
Le Père l'aime et n'a aucun intérêt qui ne soit le sien ; si le Fils donne quelque chose au Père, le Père met à sa disposition tout ce qu'il a. Aussi, quand Jésus dit : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père », il ajoute aussitôt : « Tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre ce qu'il fait ». Quand nous étudions la vie de Christ comme le modèle et le gage de ce que peut être la nôtre, nous comprenons que si Jésus nous dit : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire ». C'est qu'il nous permet d'ajouter : « Je puis tout par Christ qui me fortifie ». Nous apprenons à nous plaire dans les faiblesses, dans les calamités, dans les détresses à cause de Christ ; car nous pouvons dire : « Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort ». Dépendance, soumission, sacrifice personnel, sont, pour le chrétien comme pour Christ, le chemin de la vie et du bonheur.
Contemplons aussi la gloire de cette vie de Christ dans l'amour du Père. Parce qu'il s'est consacré à la volonté et à la gloire du Père, le Père l'a couronné de gloire et d'honneur. Il l'a établi comme son seul représentant, l'a fait participant de sa puissance, et l'a élevé jusqu'à lui faire partager son trône divin. Il en est de même pour nous.
Si Christ nous trouve disposés à remettre notre personne et nos intérêts à son amour, à renoncer à toute satisfaction de notre propre volonté pour ne trouver notre gloire que dans une absolue dépendance de lui en toutes choses, à accepter de n'avoir de vie qu'en lui, il fait pour nous ce que le Père a fait pour lui. Il fait reposer sa gloire sur nous : « Comme le nom de notre Seigneur Jésus-Christ est glorifié en nous, nous sommes glorifiés en lui (Voyez 2 Thessaloniciens 1 v. 12). » Il nous reconnaît comme ses représentants ; nous pouvons disposer de sa puissance ; il permet que notre intercession ait une part dans le gouvernement de son Église et du monde ; il se sert de notre intermédiaire pour exercer son autorité et son influence sur les hommes, pour accomplir son œuvre divine. Quelle vie bénie que celle de l'âme qui demeure dans l'amour de Christ comme Christ demeure dans celui du Père !
Faisons des relations du Fils avec le Père, un objet constant d'étude pour connaître ce que doivent être les nôtres avec Christ. Notre vie en lui peut être aussi féconde, puissante, glorieuse qu'était la sienne dans le Père. Acceptons cette vérité dans la foi, et, loin de nous paraître encore un joug et un travail, la vie dans l'amour de Christ deviendra pour nous, au contraire, une source de repos, de force et de joie. Demeurer dans cet amour tout puissant, qui sauve, qui garde, qui rassasie, comme Jésus a demeuré dans l'amour du Père, ne peut être notre œuvre, la grandeur même de la vocation nous le fait sentir ; il faut pour nous, comme pour lui, que ce soit le fruit d'une vie intérieure sanctifiée et le résultat du travail profond de l'amour divin. Ce que nous avons à faire, nous, c'est d'étudier avec soin et de contempler en Christ le modèle de cette vie d'amour, jusqu'à ce que nous entendions Jésus dire à chacun de nous par son Esprit : « Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour, de même que je demeure dans l’amour du Père ».
Si cette grâce nous paraît trop élevée, trop sublime, rappelons-nous que la grandeur du privilège est justifiée par le but que Dieu a en vue. Comme le Fils était la révélation du Père, le croyant est appelé à être la révélation de Christ ; il ne peut l'être que s'il est uni d'une union parfaite avec Christ, comme Christ l'est avec le Père, afin de posséder en lui la plénitude de sa grâce ; il ne peut l'être que s'il croit à son amour comme Christ croyait à l'amour du Père.
Demeurez en Christ, en obéissant à ses commandements (24).
« Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; de même que j'ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour (Jean 15 v. 10) ». Ces paroles nous montrent la place que doivent occuper les œuvres dans la vie du croyant. Christ, comme Fils bien-aimé, était dans l'amour du Père ; il y demeura en gardant ses commandements. De même, le croyant admis par grâce, sans œuvres, dans l'amour de Christ, y demeurera s'il garde ses commandements.
Quand nous cherchons à venir à Jésus par nos œuvres, l'Esprit nous répète sans cesse : Ce n'est point par les œuvres ; mais une fois à lui, de peur que la chair n'abuse de cette parole, il nous dit aussi clairement : « Vous êtes créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres (Éphésiens 2 v. 9 et 10) ». Les œuvres peuvent être le plus grand obstacle qui retienne le pécheur loin de son Sauveur, tandis qu'elles sont une source de forces et de bénédictions pour le croyant, car par elles « la foi est rendue parfaite (Jacques 2 v. 22) » ; l'union avec Christ est cimentée, l'âme est enracinée dans son amour : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera ». — « Si vous gardez mes commandements, vous demeurez dans mon amour ».
La relation entre l'observation des commandements de Christ et la communion dans son amour, est facile à saisir. Notre union avec Jésus-Christ n'est pas une affaire d'intelligence ou de sentiment, mais une union vitale avec sa personne sainte. La vocation du chrétien est de penser, de sentir, de vouloir exactement ce que Jésus a pensé, senti et voulu. Il désire participer non seulement à la grâce, mais aussi à la sainteté de son Sauveur ; ou plutôt, il voit que la sainteté est ce qu'il y a de plus beau dans la grâce ; vivre de la vie de Christ, vouloir ce qu'il veut, c'est l'affranchissement de l'esclavage de notre volonté corrompue, c'est le chemin de la vraie liberté.
Le tiède ou l'ignorant font une grande distinction entre les promesses et les commandements de l'Écriture. Ils ne trouvent de consolation et de nourriture que dans les premières ; mais celui qui cherche demeurer dans l'amour de Christ, discerne l'amour divin dans les commandements aussi bien que dans les promesses ; car ils conduisent à une participation toujours plus grande de la vie divine, à une union toujours plus intime avec le Seigneur.
L'harmonie entre notre volonté et la sienne est un des principaux éléments de notre communion avec lui. Comment pourrait-il y avoir communion sans un accord parfait avec sa volonté ? Car la volonté est la faculté centrale chez l’Être divin comme chez l'être humain. Tant que le salut n'est pour le pécheur qu'une sécurité personnelle, il reste indifférent ou hostile à la volonté de Dieu ; mais aussitôt qu'il comprend, par les Écritures et par l'enseignement de l'Esprit, ce qu'est le salut, c'est-à-dire le retour à la communion et à la conformité avec Jésus, il trouve naturelle, belle même, cette loi qui fait de l'observation des commandements le moyen de demeurer dans son amour (Jean 14. 15, 16, 21, 23) : Son être intérieur se réjouit de ce que Jésus en a fait la condition d'une plus abondante communication de l'Esprit. Du reste, Christ lui-même n'est demeuré dans l'amour du Père que par cette loi. L'obéissance a été une solennelle réalité pour lui durant sa vie terrestre. La puissance redoutable qui a poussé l'homme à la révolte contre son Dieu, s'est aussi attaquée à lui et l'a tenté. Pour Jésus homme, les séductions dont le tentateur usa, ne pouvaient le laisser indifférent. Il ne put résister que par le jeûne et la prière : « Il a souffert, étant tenté ». Le sacrifice de sa volonté a été pour lui aussi un renoncement continuel.
S'il est demeuré dans l'amour du Père, c'est qu'il a fait de l'obéissance à son commandement le but de sa vie. « Je ne fais rien de moi-même, dit-il, mais je parle selon ce que le Père m'a enseigné. Celui qui m'a envoyé est avec moi, il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable (Jean 8 v. 28) ». Il nous a ainsi ouvert la voie d'une vie sur la terre passée dans l'amour du ciel ; et quand son Esprit pénètre en nous comme la sève du cep dans le sarment, cette obéissance aux commandements devient un des éléments les plus sûrs et les plus élevés de la vie qu'il nous communique.
Si vous désirez demeurer en Jésus, observez ses commandements. Ne vous contentez pas de les posséder dans la Bible qu'ils soient gravée par la méditation et la prière, par l'enseignement de l'Esprit et une obéissance pleine d'amour, sur les tables de vos cœurs. N'en négligez aucun. Nous qui jouissons des privilèges de la nouvelle alliance, voudrions-nous rester en arrière des saints de l'ancienne alliance qui disaient avec tant de ferveur « Les ordonnances de l’Éternel réjouissent le cœur ; ses jugements sont tous justes ».
Nous sommes encore loin de comprendre toute la volonté du Seigneur. Nous avons besoin de demander constamment pour nous et pour tous les croyants, ce que Paul demandait pour les Colossiens : « Qu'ils soient remplis de la connaissance de sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle », et ce qu'Epaphras désirait pour ces mêmes chrétiens : « Qu'étant parfaits et pleinement persuadés, ils persistent dans une entière soumission à la volonté de Dieu ».
Il n'y a pas de progrès spirituel possible sans progrès constant dans la connaissance de la volonté de Dieu à notre égard. L'entière consécration, loin d'être le couronnement d'une vie sainte, n'en est que le point de départ. Paul, après avoir convié les chrétiens à s'offrir eux-mêmes en en sacrifice vivant et saint à Dieu (Romains 12 v. 1), ajoute aussitôt, indiquant ce qu'est une vie vraiment consacrée à Dieu : « Soyez transformé par le renouvellement de l'intelligence, afin d'éprouver que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite ». Le renouvellement graduel qu'opère le Saint-Esprit, développe une perception spirituelle, un saint instinct par lequel l'âme, prompte à comprendre dans la crainte du Seigneur, sait découvrir la valeur des commandements de Dieu et leur application dans la vie journalière, d'une manière qui reste cachée au chrétien ordinaire.
Gardons ces commandements dans l'obéissance. N'avons-nous pas fait vœu de rejeter tout péché ? « Je jure et je le tiendrai, d'observer les lois de ta justice (Psaumes 119 v. 106) ». Luttons donc dans la prière pour devenir parfaits dans toute la volonté de Dieu, demandant ardemment que tout péché secret, tout ce qui en nous n'est pas en harmonie avec sa volonté, nous soit révélé.
Marchons fidèlement, humblement, selon la lumière que nous avons, résolus à obéir à toutes les ordonnances du Seigneur. Quand Israël fit un vœu d'obéissance au désert (Exode 19 v. 8 ; 24 v. 7), ce ne fut que pour le violer aussitôt ; mais la nouvelle alliance donne le vouloir et le faire, le vœu et la force de l'accomplir (Jérémie 31). Tenons-nous en garde contre toute désobéissance, même dans les petites choses. La désobéissance énerve la conscience, obscurcit, l'âme, tue les forces spirituelles.
Si parfois ces commandements nous semblent pénibles, rappelons-nous qu'ils procèdent de Celui qui nous aime. Ils sont amour et nous parlent de son amour. Chaque acte nouveau d'obéissance, chaque sacrifice accompli pour garder ses commandements, resserre notre union avec la personne du Sauveur, nous fait pénétrer plus avant dans son amour, et nous rend plus conformes à sa vie sainte, en sorte que cette parole nous devient toujours plus précieuse : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour (Jean 15 v. 19) ».
Demeurez en Christ afin que votre joie soit parfaite (25).
« Je vous ai dit ces choses afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite (Jean 15 v. 11) ». La vie en Christ est une source inépuisable de bonheur. À mesure que Christ prend plus pleinement possession de l'âme, elle entre dans la joie de son Sauveur qui devient la sienne à toujours. La joie est un trait caractéristique de celui qui vit en Christ, et nous savons tous en apprécier la valeur ; elle est la meilleure preuve que le cœur est réellement satisfait.
Aussi n'y a-t-il pas, chez le chrétien, d'attrait plus irrésistible, de prédication plus persuasive et qui manifeste mieux au monde la réalité de l'amour divin, que le rayonnement de cette joie, triomphant des épreuves de la vie. Pour le bien même du croyant, elle est un élément indispensable ; car la joie du Seigneur est sa force. En elle se retrempent sa confiance, son courage et sa patience. Avec un cœur joyeux, aucun travail ne lasse, aucun fardeau n'accable ; et Dieu lui-même est notre force et notre chant de victoire.
Jésus promet sa joie à celui qui demeure en lui : « Ma joie », dit-il. La parabole du cep et des sarments se rapportant toute à la vie que ses disciples auraient en lui, quand il serait remonté au ciel ; c'est de la joie céleste et éternelle dont il s'agit, ce que montre également cette autre promesse : « Je vous reverrai et votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie (Jean 16 v. 22) ». Ce fut seulement à la résurrection que commença cette vie de joie, et c'est en la résurrection qu'elle a sa source, alors que s'accomplit cette parole : « C'est pourquoi ton Dieu t'a oint d'une huile de joie par-dessus tes semblables (Psaumes 45 v. 8) ».
Le jour de son couronnement fut pour Jésus celui de la pleine satisfaction de son cœur. Sa joie était celle d'une œuvre parfaitement accomplie et pour toujours, la joie de rentrer dans le sein du Père et, d'avoir racheté beaucoup d'âmes. Celui qui est réellement uni à lui, participe à cette joie ; il partage si complètement la victoire et la parfaite rédemption de son Sauveur, qu'il peut dire sans cesse, par la foi : « Grâce à Dieu qui me donne toujours la victoire ». En Christ, il jouit de l'amour inaltérable du Père ; et, apprenant, avec lui, à aimer les âmes, il se réjouit aussi de ce qu'elles sont rachetées. Soit qu'il contemple l’œuvre parfaite de Jésus ou la récompense que trouve le Fils dans l'amour du Père, soit qu'il considère sa gloire croissant avec le nombre des pécheurs qui se convertissent, toujours la joie du Seigneur est la sienne.
Jésus parle encore de cette joie comme devant être permanente chez le croyant : « Afin que ma joie soit (ou demeure) en vous ». — « Nul ne vous ravira votre joie ». Tant de chrétiens ne le peuvent comprendre ; ils se figurent que la vie chrétienne est une vie de continuelles alternatives de joie et de tristesse, et ils vont jusqu'à en donner comme preuve, les expériences de l'apôtre Paul.
Mais la vie de Paul est précisément, au contraire, l'exemple le plus frappant de cette joie inaltérable. L'apôtre avait saisi le paradoxe de la vie chrétienne où se trouvent à la fois, et souvent au même moment, toutes les amertumes de la terre et toute la joie du ciel : « Comme attristés et nous sommes joyeux », dit-il ; et, par ces mots admirables, il nous enseigne comment la joie de Christ peut triompher de la tristesse du monde, comment elle peut nous faire chanter tout en pleurant, et nous conserver, même dans l'épreuve, le sentiment d'une joie inexprimable et glorieuse.
La seule présence de Jésus suffit pour rendre cette joie permanente : « Je vous reverrai et votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie ». Comment l'âme qui se sent en Christ ne serait-elle pas satisfaite et joyeuse ? Même lorsqu'elle pleure sur ses péchés et sur le péché de ses semblables, une source de bonheur jaillit de sa foi en la puissance et l'amour du Christ pour sauver. Jésus veut enfin que cette joie soit parfaite, Il le dit à trois reprises durant la dernière nuit qu'il passe sur la terre. D'abord dans la parabole du cep et des sarments : « Je vous ai dit ces choses afin que votre joie soit parfaite » ; et cette parole se confirme, pour le chrétien, à chaque nouvelle expérience qu'il fait du privilège de la communion de Jésus. Puis à propos de l'exaucement de la prière (Jean 16 v. 24) : « Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite ».
En effet, pour celui qui juge spirituellement des choses, une prière exaucée n'est pas seulement le don d'une bénédiction particulière il y voit infiniment plus : C'est pour lui un gage de sa communion avec le Père et le Fils dans le ciel, une preuve qu'il est admis dans leur conseil ; et encore là, quelle source d'ineffable joie ! Jésus y revient en dernier lieu dans la prière sacerdotale (Jean 17 v. 13) : « Je dis ces choses afin qu'ils aient en eux ma joie parfaite ». La contemplation de notre grand sacrificateur, se tenant en la présence du Père pour intercéder continuellement en notre faveur et poursuivre avec puissance son œuvre bénie, nous donne l'assurance d'un salut complet, et par conséquent une parfaite joie.
La joie de Christ lui-même, joie permanente, parfaite, telle est la part du croyant qui demeure en lui. Pourquoi y en si peu qui la désirent ? C'est que peu, même parmi les enfants de Dieu, y croient. Au lieu de considérer la vie en Christ comme le sort le plus heureux qu'il soit donné à l'homme d'obtenir, ils l'envisagent comme une vie de tristesse et de renoncement ; mais s'ils n'y voient que cela, c'est qu'ils ne demeurent pas en Christ. Ceux qui acceptent une fois pour toutes, sans réserve, la vie en Christ comme une source de joie et de bénédiction, voient leur foi se changer en réalité, et la joie du Seigneur devenir la leur.
C'est en terminant sa parabole du cep et du sarment, que Jésus conclut par ces paroles : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite ». Réclamons donc la joie comme un élément de la vie du sarment, propre à rendre évidente à nos yeux la suffisance de Christ pour répondre aux besoins de notre âme.
S'il y a des temps où cette joie du Sauveur abonde en nous, rendons-en grâce à Dieu ; mais si, par moment, nous la sentons moins vivement que nous le voudrions, rendons également grâces pour la vie de bénédiction en vue de laquelle nous avons été rachetés ; car, là encore, « il nous sera fait selon notre foi ». Réclamons cette joie, non pas en notre nom, mais au nom de Jésus qui l'a promise, et pour la gloire du Père ; car il n'est pas possible d'accepter Jésus dans son cœur, sans recevoir en même temps sa joie. C'est pourquoi, « réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous. »
Un message de Andrew Murray
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