13. Les deux Alliances

Chap: 13 - Obéissance à la nouvelle alliance - L'Ancienne Alliance a prouvé la nécessité et indiqué le chemin de la sainteté ; la Nouvelle Alliance inspire l'amour et donne la puissance de la sainteté.

« Maintenant, si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi ; vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. Voilà les paroles que tu diras aux enfants d'Israël » (Exode 19.5-6).

« L'Eternel, ton Dieu, circoncira ton cœur et le cœur de ta postérité, et tu aimeras l'Eternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme, afin que tu vives... Tu obéiras à sa voix, et tu mettras en pratique tous ces commandements que je te prescris… » (Deutéronome 30.6-8).

« Je mettrai mon esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois » (Ézéchiel 36.27).

En établissant la Nouvelle Alliance, Dieu a déclaré sans équivoque : « Non pas selon l'alliance que j'ai conclue avec vos pères ». Nous avons appris le défaut de cette Alliance : elle subordonnait la faveur divine à l'obéissance du peuple : « Si vous obéissez, je serai votre Dieu ». Nous avons appris comment la Nouvelle Alliance a remédié à ce défaut : Dieu lui-même a pourvu à l'obéissance. Elle remplace « Si vous gardez mes jugements » par « je mettrai mon Esprit en vous, et vous les garderez ». Au lieu que l'Alliance et son accomplissement dépendent de l'obéissance de l'homme, Dieu s'engage à garantir cette obéissance. L'Ancienne Alliance a prouvé la nécessité et indiqué le chemin de la sainteté ; la Nouvelle Alliance inspire l'amour et donne la puissance de la sainteté.

En lien avec ce changement, une erreur grave et extrêmement dangereuse est souvent commise. Parce que, dans la Nouvelle Alliance, l'obéissance n'occupe plus la place qu'elle occupait dans l'Ancienne, comme condition de l'Alliance, et que la grâce gratuite a pris sa place, justifiant les impies et accordant des dons aux rebelles ; beaucoup pensent que l'obéissance n'est plus aussi indispensable qu'elle l'était alors. L'erreur est terrible.

Toute l'Ancienne Alliance était censée enseigner la nécessité absolue et indispensable de l'obéissance pour une vie dans la faveur de Dieu. La Nouvelle Alliance vient non pas pour remplacer cette obéissance par la foi, mais pour assurer l'obéissance par la foi, en donnant un cœur qui s'en réjouit et en a la force.

Les hommes font mauvais usage de la grâce gratuite, cette grâce divine qui nous accueille sans condition préalable, non pour que nous restions dans notre ancienne voie, mais pour nous introduire dans une vie nouvelle, marquée par l’obéissance. Trop souvent, ils se contentent de recevoir la grâce, sans embrasser l’obéissance à laquelle elle les appelle. Ils se glorifient des privilèges élevés de la Nouvelle Alliance, tout en négligeant son don le plus précieux : la puissance d’une vie sanctifiée, un cœur qui se réjouit dans la loi de Dieu, et une marche quotidienne où l’Esprit Saint, demeurant en nous, nous pousse et nous rend capables d’observer ses commandements. S’il est une vérité que nous devons saisir profondément, c’est bien celle-ci : dans la Nouvelle Alliance, l’obéissance n’est pas une option, mais une réponse vivante à l’amour de Dieu.

Que notre première pensée soit : l’obéissance est essentielle. À la racine même de la relation d’une créature à son Dieu, et de l’admission de la créature dans sa communion, réside la pensée de l’obéissance. C’est la seule chose dont Dieu a parlé au Paradis lorsque le Seigneur Dieu ordonna à l’homme de ne pas manger du fruit défendu. Dans le grand salut du Christ, c’est la puissance qui nous a rachetés : « Car, comme par la désobéissance d'un seul homme beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l'obéissance d'un seul beaucoup seront rendus justes » (Romains 5.19).

Dans la promesse de la Nouvelle Alliance, l’obéissance tient la première place. Dieu s’engage à circoncire le cœur de son peuple – par le dépouillement de la chair, par la circoncision opérée en Christ – afin que nous l’aimions de tout notre cœur et que nous marchions dans l’observance de ses commandements. Le don suprême, fruit de l’exaltation du Christ, est le Saint-Esprit, envoyé pour accomplir en nous le salut intérieur. Là où la première Alliance exigeait l’obéissance mais échoua faute de la trouver, la Nouvelle Alliance fut établie précisément pour la produire.

Ainsi, pour entrer pleinement dans les bénédictions de cette Alliance nouvelle, l’obéissance n’est pas seulement souhaitable, elle est indispensable.

C’est cette nécessité vitale de l’obéissance qui explique pourquoi l’accès à la pleine bénédiction de la Nouvelle Alliance dépend si souvent d’un simple acte d’abandon. Il peu y avoir dans notre vie une chose – une habitude mauvaise ou douteuse – que la conscience, à maintes reprises, nous signale comme n’étant pas pleinement conforme à la volonté parfaite de Dieu. On cherche à repousser cette voix intérieure, gênante. Ou bien l’incrédulité nous murmure qu’il est impossible de vaincre un trait de caractère, cette habitude profane, et de tenir l’engagement d’obéissance envers la Voix divine.

Toutes les prières semblaient rester sans effet. C’était comme si la foi ne parvenait pas à saisir une bénédiction pourtant si proche, jusqu’à ce que l’âme accepte enfin de considérer cette petite chose comme le test de son abandon total à l’obéissance ; et comme l’épreuve de sa foi en la promesse que, dans toute chose, le Garant de l’Alliance, le Saint-Esprit, donnerait la force nécessaire pour obéir. Une fois le mal ou le doute abandonné, la conscience restaurée et la confiance du cœur en Dieu affermie, l’âme pouvait alors recevoir et posséder ce qu’elle désirait. Oui, l’obéissance est essentielle.

L’obéissance est possible. L’idée qu’une exigence divine serait hors de portée de l’homme sape à la racine l’espérance et la véritable force spirituelle. La pensée secrète – « Nul ne peut obéir à Dieu ! » – renvoie des milliers de croyants à une vie marquée par l’esprit de l’Ancienne Alliance, dans une fausse paix où l’on croit que Dieu ne demande que nos meilleurs efforts. Mais l’obéissance est bel et bien possible : toute la Nouvelle Alliance la promet et la garantit.

Il suffit de comprendre ce que signifie réellement l’obéissance. L’homme renouvelé demeure encore influencé par la chair, avec sa nature déchue, d’où surgissent des pensées et des dispositions mauvaises, parfois involontaires. On les retrouve même chez celui qui obéit véritablement. L’obéissance consiste à accomplir ce que l’on sait être la volonté de Dieu, telle qu’elle est révélée par la Parole, le Saint-Esprit et la conscience. 

Lorsque George Muller parla du grand bonheur qu'il avait éprouvé pendant plus de soixante ans au service de Dieu, il l'attribuait à deux choses : il avait aimé la Parole de Dieu et il avait conservé une bonne conscience, ne suivant pas volontairement une voie qu'il savait contraire à la volonté de Dieu. Lorsque la pleine lumière de Dieu illumina Gerhard Tersteegen, il écrivit : « Je promets, avec ton aide et ta puissance, de donner jusqu'à la dernière goutte de mon sang plutôt que de te désobéir et de te faire sciemment et volontairement, dans mon cœur ou ma vie ! » Une telle obéissance est un degré de grâce atteignable.

L’obéissance est véritablement possible. Lorsque la loi divine est gravée dans le cœur, lorsque ce cœur est circoncis pour aimer le Seigneur et lui obéir, lorsque l’amour de Dieu est répandu en nous par son Esprit, alors cet amour devient la force vive qui anime notre existence. Ce n’est pas un simple sentiment abstrait, imaginé par l’homme comme une réalité lointaine et céleste, mais une puissance vivante, agissante, une œuvre divine opérant avec efficacité dans le cœur. C’est Dieu lui-même qui agit puissamment en nous. Ainsi, une vie d’obéissance n’est pas seulement souhaitable, elle est rendue possible par la puissance de son amour.

Cette obéissance vient de la foi : « Par la foi, Abraham obéit » (Hébreux 11.8). Par la foi, les promesses de l’Alliance, la présence vivante et puissante du Garant, Christ lui-même ; l’œuvre intérieure et cachée du Saint-Esprit, ainsi que l’amour de Dieu dans son désir infini et sa puissance de réaliser en nous tout ce qu’il a promis, doivent habiter pleinement notre être. La foi nous permet de les accueillir, de les rendre proches, et de vivre au cœur même de leur réalité.

Le Christ et sa rédemption glorieuse ne sont pas des vérités lointaines, confinées au ciel : ils peuvent devenir notre expérience quotidienne, notre vie intime. Même lorsque nous nous sentons froids ou faibles, la foi sait que le cœur nouveau est déjà en nous, que l’amour de la loi divine est devenu notre nature profonde, et que l’enseignement et la puissance de l’Esprit Saint agissent en nous. Une telle foi ne doute pas : elle sait qu’elle peut obéir.

Écoutons la voix de notre Sauveur, le Garant de l'Alliance, avec un sens plus profond et plus complet que lorsqu'il était sur la terre : « Ne crains pas, crois seulement... Jésus lui dit : Si tu peux !... Tout est possible à celui qui croit » (Marc 5.36 ; Marc 9.23).

Et surtout, comprenons ceci : l’obéissance est une bénédiction en elle-même. Ne la voyez pas simplement comme le chemin vers la joie et les promesses de la Nouvelle Alliance, mais comme une source directe de joie et de bonheur, par sa propre nature. Être enseigné et conduit par la voix de Dieu, être uni à Lui dans le désir de sa volonté, accomplir ce qu’Il opère en nous par son Esprit, faire ce qui Lui est agréable ; voilà une joie profonde, ineffable et glorieuse. L’obéissance n’est pas un fardeau, mais une communion vivante avec Dieu, une expression de l’amour qui nous lie à Lui.

Pour un homme en bonne santé, marcher ou travailler est une source de joie : il déploie ses forces, surmonte les obstacles, et trouve du plaisir dans l’effort. Mais pour un esclave ou un mercenaire, c’est une corvée, un fardeau, une lassitude. Ainsi en était-il de l’Ancienne Alliance, qui exigeait l’obéissance sous le poids d’une obligation rigide, accompagnée de menaces. La Nouvelle Alliance, elle, ne repose plus sur l’obligation, mais sur la puissance divine.

Demandez à Dieu, par son Saint-Esprit, de vous révéler comment vous avez été créés en Jésus-Christ pour les bonnes œuvres (Éphésiens 2.10), et comment, tout comme la vigne est naturellement faite pour porter du fruit, votre nouvelle nature est parfaitement disposée à accomplir toute œuvre bonne. Demandez-lui de vous montrer que l’obéissance n’est pas seulement possible, mais qu’elle est l’un des dons les plus doux et les plus glorieux qu’il puisse nous faire ; une entrée dans son amour, une participation à toute sa bénédiction.

Dans la Nouvelle Alliance, l’essentiel ne réside pas seulement dans le merveilleux trésor de force et de grâce qu’elle contient, ni même dans l’assurance divine que ce trésor ne fera jamais défaut. Ce qui est central, c’est ceci : le Dieu vivant se donne lui-même, se révèle à nous, et prend pleinement possession de notre être comme notre Dieu. Car c’est pour cela que l’homme a été créé, c’est pour cela qu’il a été racheté, et c’est pour que cette réalité devienne notre expérience vivante, que le Saint-Esprit nous a été donné et demeure en nous.

Entre ce que Dieu a déjà accompli en nous et ce qu’il désire encore accomplir, l’obéissance est le lien béni, le pont sacré. Apprenons à marcher devant Lui avec une confiance paisible, sachant que nous sommes appelés à vivre dans une conscience noble et sanctifiée, où notre unique œuvre, notre joie profonde, est d’obéir à Dieu.

Pourquoi, je le demande encore, tant de croyants demeurent-ils insensibles à la beauté de la vie offerte dans la Nouvelle Alliance ; cette vie remplie de puissance, d’obéissance sainte et joyeuse ? Leurs yeux sont aveuglés, ils ne le reconnaissaient pas. Le Seigneur marchait avec ses disciples, mais leurs cœurs restaient fermés. Tout semble si paisible, si ordinaire… comme pour le serviteur d’Élisée : le ciel entier l’enveloppait, et pourtant il ne le voyait pas. Rien ne pouvait le réveiller, sinon la prière : « Seigneur, ouvre-lui les yeux, afin qu’il voie » (2 Rois 6.17) : « Seigneur, n’y a-t-il pas ici quelqu’un qui lit ces lignes et qui n’attend qu’un seul toucher pour que tout s’éclaire ? Oh ! Touche-le, Seigneur ! »

Écoute, mon frère. Ton Père t'aime d'un amour infini et désire ardemment faire de toi, aujourd'hui encore, son enfant saint, heureux et obéissant. Écoute son message : il a pour toi une vie chrétienne totalement différente de celle que tu mènes actuellement. Une vie où sa grâce accomplira en toi à chaque instant tout ce qu'il te demande d'être. Une vie d'obéissance simple et enfantine, accomplissant chaque jour exactement ce que le Père te montre comme étant sa volonté.

Une vie où l'amour constant de ton Père, la présence constante de ton Sauveur et la joie du Saint-Esprit peuvent te garder et te rendre heureux et fort. Tel est son message. Cette vie est pour toi. Ne crains pas d'accepter cette vie, de t'y abandonner entièrement et de suivre son obéissance. En Christ, c'est possible, c'est certain.

Maintenant, mon frère, tourne-toi vers le ciel et demande au Père, par le Saint-Esprit, de te montrer la belle vie céleste. Demande-la et surtout, attends-la. Garde les yeux fixés sur elle. La grande bénédiction de la Nouvelle Alliance est l'obéissance ; le merveilleux pouvoir de vouloir et de faire ce que Dieu veut. C'est en effet la porte d'entrée vers toutes les autres bénédictions. C'est le paradis restauré et le ciel ouvert : la créature honorant son Créateur, le Créateur se réjouissant en sa créature ; l'enfant glorifiant le Père, le Père glorifiant l'enfant, le transformant, de gloire en gloire, à l'image de son Fils.

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