
9.Je vis le ciel ouvert
Chap: 4 - Régner avec Christ (suite) - Maintenant cette scène malheureuse de la terre a été rendue propre à passer sous la domination de Christ, pour le déploiement d’une bénédiction de la terre telle que l’homme ne l’a encore jamais vécu.
« et ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans » (20 v. 4). L’expression « et ils vécurent » vise manifestement la résurrection des deux derniers groupes de saints, en contraste avec leur état précédent « dévêtu (ou : dépouillé) » qui est celui de ceux qui sont morts (2 Corinthiens 5 v. 3 et 4).
Récompense pour la fidélité sur la terre.
Ils ont aussi part à la première résurrection, comme le premier groupe, mais pas au même moment, comme nous allons le voir. Car les saints du premier groupe sont déjà vus comme vivants au début de notre verset, et assis sur des trônes, et « il leur fut donné de détenir le jugement ». Les deux groupes de martyrs entrent eux aussi maintenant, et par la seule grâce de Dieu, dans le monde de la résurrection de leur Seigneur, et ils régneront avec lui mille ans.
Je pense qu’ici la pensée principale est la suivante : en vérité personne ne sera perdant s’il a renoncé à quelque chose à cause de Christ. N’est-ce pas pour nous aussi aujourd’hui une pensée tout à fait consolante, que la perte de ceci ou de cela à cause de notre Seigneur Jésus ne vaudra qu’un gain sans mesure ?
Certes, nous travaillons, combattons et luttons, mais non pas à cause de la récompense en vue ; cependant, c’est un encouragement très fort pour ceux qui sont engagés dans le chemin du service et de la contradiction. Regardons un peu les groupes individuellement dans cette direction, d’abord le premier groupe de saints auquel nous pouvons appartenir par la grâce de Dieu. Le Seigneur Jésus avait dit auparavant à ses disciples qu’ils auraient de la tribulation dans ce monde (Jean 16 v. 33).
Non pas qu’ils passeraient par la grande tribulation, mais simplement qu’ils auraient de la tribulation. Pourtant, il fallait qu’ils aient bon courage : le monde était déjà un ennemi vaincu, Christ l’avait vaincu. Nous aussi comme chrétiens, c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu (Actes 14 v. 22). Mais nous sommes encouragés par la pensée que, si nous souffrons avec Christ ici-bas, nous régnerons aussi avec lui (Romains 8 v. 17) : « Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui » (2 Timothée 2 v. 12).
C’est ce dont nous voyons l’accomplissement ici dans l’Apocalypse. Et il est frappant qu’il ne soit pas tellement parlé de la domination de Christ, mais plutôt du fait que les croyants régneront « avec lui ». Christ régnera, certes, mais Il ne régnera pas seul.
Qui sont ses assesseurs choisis pour une telle fonction ? Des gens qui étaient autrefois inconnus, méprisés, des petits de la terre, qui ont porté son opprobre. C’est à eux qu’il sera donné de détenir le jugement, et ils régneront avec le Christ mille ans. Bien-aimés, gardons cela devant les yeux et dans le cœur, non, nous ne serons jamais perdants !
Ils ne seront pas davantage insignifiants, les martyrs du temps compris entre l’enlèvement de l’assemblée, et l’apparition de Christ en puissance et en gloire. Ils auront rendu leur témoignage pour le Christ de Dieu dans des peines et des tribulations indescriptibles, et finalement, ils y auront trouvé la mort* ; mais maintenant, ils vivent et règnent avec Christ pendant mille ans.
C’est comme s’ils n’étaient pas propres à avoir une place sur la terre, mais seulement une place au ciel, et ils seront alors mis sur le même pied que les saints célestes. Je ne dis pas sur le même pied que l’église, l’assemblée ; celle-ci a sans aucun doute une position privilégiée qui ne sera partagée par aucun autre saint céleste, et même par aucune autre créature **.
Mais dans l’Apocalypse, nous devons toujours penser que les saints célestes sont en général présentés réunis, et qu’il s’y trouve inclus les saints de l’Ancien Testament comme Énoch, Abraham, Isaac, Jacob, Élie et tous les autres. Eux aussi ont été appelés d’un appel céleste. Certes, ce n’est pas l’appel de l’église, mais c’est quand même un appel céleste (Hébreux 11 v. 13 à 16).
Comme nous, ils régneront d’en haut sur le royaume, par contraste avec ceux qui entreront vivants dans le royaume. Nous verrons une confirmation de ces pensées quand nous arriverons au v. 6.
* C’est le tableau qu’ils offrent aux gens : pour eux, ils sont morts. Mais pour Dieu, ils vivent, car le voyant voit des « âmes ». Pour Dieu tous vivent (Luc 20 v. 38). En outre la mort physique n’est jamais appliquée à l’âme, mais seulement au corps. Il en est de même pour la résurrection.
** Même dans le livre de l’Apocalypse, qui a d’autres buts que la présentation des privilèges de l’assemblée, cette position privilégiée de l’assemblée est montrée clairement. Elle seule est « la femme de l’Agneau » (19 v. 7), et elle seule forme l’habitation (tabernacle) de Dieu avec les hommes durant l’état éternel (21 v. 3).
Nous voyons donc que ces martyrs, malgré la perte de leur vie, ne sont que gagnants. Juste avant le début du règne du Seigneur Jésus, ils feront l’expérience de la puissance de sa résurrection, pour avoir part au côté céleste de la bénédiction du royaume. Ils ont été empêchés d’entrer vivants dans le royaume ; ils auront en échange quelque chose de bien meilleur, le ciel lui-même.
En outre, la durée du règne de Christ est donnée pour la première fois : mille ans. Ce sont les « beaucoup de jours » d’Ésaïe 24 v. 22. Il n’est pas donné d’autres détails sur la domination de Christ dans son royaume. Pour en apprendre davantage, il faut aller dans les livres prophétiques de l’Ancien Testament, parmi lesquels les psaumes ont une place prééminente.
Le reste des morts.
La première phrase du verset suivant doit être comprise comme une parenthèse, après laquelle la vérité de la première résurrection est reprise et développée davantage : « Le reste des morts ne devint pas vivants jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis. C’est ici la première résurrection » (20 v. 5).
Les martyrs auront part à la première résurrection, mais pas le reste des morts. Pour le moment, je ne voudrais pas entrer dans plus de détails sur la première résurrection, mais seulement remarquer que l’idée courante d’une résurrection générale n’est déjà absolument plus tenable au vu de cette seule phrase de la Parole de Dieu.
C’est tout à fait faux de dire que tous les hommes ressusciteront au même moment. L’inventeur de ce mensonge n’est autre que Satan lui-même. Quand il ne nie pas purement et simplement la résurrection, il a intérêt à voir tout le monde mis sur le même plan, les justes comme les injustes. Pourtant, Dieu opèrera une séparation absolue et définitive entre le bien et le mal, par le moyen de la première résurrection.
Encore une fois, tenons ferme au point suivant : les martyrs de la grande tribulation « vécurent » (ce qui est manifestement équivalent à « devinrent vivants » comme le v. 5 le laisse entendre), tandis que le reste des morts « ne devint pas vivant », en tout cas, pas à ce moment-là. Ils ressusciteront eux-aussi, comme cela ressort sans ambiguïté de la fin de la phrase : « jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis ». Tous les hommes ressusciteront, mais la résurrection du « reste des morts » aura lieu mille ans après celle des croyants fidèles, ces martyrs.
Qui sont donc le « reste des morts » ? Hélas ! en font partie tous les gens qui sont morts sans être réconciliés, tous les gens depuis le commencement, depuis Caïn, qui sont restés dans leur état naturel d’inconvertis jusqu’à la mort de leur corps ; ces gens qui ont et auront quitté cette vie dans l’incrédulité.
Ce sont les mêmes gens que le Seigneur Jésus avait caractérisé autrefois par le fait qu’« ils faisaient le mal » (Jean 5 v. 29). Le « reste des morts », quelle expression sérieuse et bouleversante. Elle englobe une grande masse innombrable, toute la famille des incrédules. Pas un seul juste ne se trouve parmi eux.
La première résurrection, pas de résurrection générale.
Nous avons déjà vu qu’il n’y a pas de résurrection générale. Mais comme ce sujet est très important, nous voulons nous en occuper en détail. Par résurrection « générale », on entend la pensée que tous les hommes, bons ou mauvais, ressusciteraient au même moment. Cette idée est largement répandue dans la chrétienté, mais elle est fausse. Déjà simplement l’expression « première résurrection », utilisée deux fois dans les versets suivants, souligne de la manière la plus claire possible que cette idée n’est pas tenable. Car s’il y a une première résurrection, nécessairement, il doit y en avoir une autre qui vient après.
En fait, nous voyons déjà que le « reste des morts » participera à la résurrection des morts beaucoup plus tard. Il n’y a pas moins de mille ans entre ces deux résurrections si fondamentalement différentes. Tournons-nous maintenant vers la première résurrection. Remarquons d’abord que, dans tout le Nouveau Testament, cette expression ne se trouve que dans notre passage.
« C’est ici la première résurrection. Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection : sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans » (20 v. 5 et 6).
L’idée d’une résurrection générale n’est pas sans danger, car elle se rattache la plupart du temps à l’idée d’un jugement général. Et cela à son tour, voudrait dire que les enfants de Dieu aussi viendront en jugement. La certitude de leur salut serait dès lors complètement ébranlée.
L’Écriture parle pourtant tout autrement. Elle distingue les choses très précisément, et elle établit expressément que les croyants ne viennent pas en jugement : ils sont passés de la mort à la vie (Jean 5 v. 24). Il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles même d’honnêtes enfants de Dieu sont égarés vers l’idée erronée d’une résurrection générale. Je n’en retiendrai que deux pour le moment (je parlerai de quelques autres plus tard) :
- Le Seigneur Jésus parle de l’« heure en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement » (Jean 5 v. 28 et 29). L’interprétation courante est que le terme « heure » montre que la résurrection des uns comme des autres a lieu en un seul et même moment.
- L’Écriture parle de la résurrection au dernier jour (Jean 11 v. 24), ce qui soutient l’idée d’une résurrection commune à tous.
Voyons de plus près ces deux arguments, et commençons par poser la question.
Qu’est-ce que la Parole entend par le mot « heure » ?
Quand le Seigneur Jésus dit « l’heure vient… », par le mot « heure », Il n’entend pas un instant précis, mais il marque une époque caractérisée par certaines particularités. C’est justement la signification du mot « heure » dans les écrits de Jean. Déjà au chapitre 5 v. 25, le Seigneur avait parlé d’une heure, et Il avait dit : « En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront ».
Cette heure dans laquelle des morts spirituellement entendent avec foi la voix du Fils de Dieu et par là reçoivent la vie divine, c’est l’ère de la grâce qui dure déjà depuis près de deux mille ans. En revanche, l’heure dont parle le Seigneur au v. 28, définit l’époque de la résurrection en laquelle « tous ceux qui sont dans les tombeaux » (il s’agit donc de ceux qui sont effectivement et corporellement morts) entendront sa voix et sortiront.
Cette époque sera également une longue période de temps, puisqu’elle comprendra au moins mille ans et sera caractérisée par deux résurrections différentes. Dans cette occasion, le Seigneur n’avait pas du tout en vue de dire quand aurait lieu l’une et l’autre. Pour l’apprendre, il faut tirer instruction d’autres passages de l’Écriture. Il parle bien plutôt du caractère de l’une comme de l’autre résurrection.
L’une de ces résurrections est une résurrection de vie, et l’autre résurrection est une résurrection de jugement ; l’une est caractérisée par la vie et l’autre par le jugement. Que le Seigneur ait nommé les deux résurrections au même moment, ne doit pas nous égarer vers la fausse conclusion qu’il s’agirait d’un seul et même acte de résurrection. Une présentation condensée de ce genre n’est pas du tout inhabituelle dans la sainte Écriture. Je rappelle simplement la manière dont Jean le Baptiseur parle du baptême du Saint-Esprit et de feu (Matthieu 3 v. 11).
Bien loin de signifier la même chose, le baptême du Saint-Esprit vise le jour de la Pentecôte quand le Saint-Esprit est venu sur la terre, tandis que le baptême de feu vise l’exercice du jugement à la fin des temps. Non, il y a une première résurrection, et il y a une résurrection des morts. Elles sont distinctes à la fois sur le plan du caractère et sur le plan chronologique.
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