Ardents désirs

Ardents désirs

Que de tels « ardents désirs » remplissent nos cœurs ! Ce sont les désirs de l’homme renouvelé aspirant à tout ce qui le rapproche de Christ, l’occupe de Lui, l’amenant ainsi à rechercher ici-bas sa gloire et ses intérêts.

 « Vous avez d’ardents désirs » écrit l’apôtre Jacques (4 v. 2), faisant allusion aux convoitises de nos cœurs naturels. Et certes, avec quelle ardeur nous désirons parfois accroître nos biens matériels, obtenir des avantages ou une position élevée dans le monde, peut-être même un certain relief dans l’assemblée, que de choses encore ! Lorsque Dieu, dans sa sagesse et son amour envers nous, ne permet pas que nous obtenions ce que nous avons si ardemment convoité, qu’arrive-t-il en général ? « Vous ne pouvez obtenir ; vous contestez et vous faites la guerre » ; le conflit éclate, tôt ou tard, avec ceux dont Dieu se sert pour s’opposer à la poursuite de nos desseins. Telle est la cause première de bien des dissensions : « vous avez d’ardents désirs ». Jugeons l’état de nos cœurs afin d’être gardés de toutes les convoitises aux fruits amers ! Tout au contraire, désirons ardemment ce qui est en rapport avec les aspirations de la nouvelle nature, la Parole de Dieu nous y exhorte en maints endroits. Considérons, parmi bien d’autres, quelques-uns de ces passages de l’Écriture et que cela nous conduise à désirer ardemment ce qui sera pour notre enrichissement spirituel et pour la bénédiction des assemblées !

« Rejetant donc toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie et l’envie, et toutes médisances, désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Pierre 2 v. 1 à 3).

Dieu, par sa parole, appelle à l’existence, existence dont Il assure ensuite la conservation. Dans le domaine de la création : « Dieu ayant autrefois, à plusieurs reprises et en plusieurs manières, parlé aux pères par les prophètes, à la fin de ces jours-là, nous a parlé dans le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes, qui, étant le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance, et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance » (Hébreux 1 v. 1 à 3). Dans le domaine de la vie : c’est Lui seul qui donne la vie et nous dispense tout ce qui est nécessaire à son entretien et à son développement, qu’il s’agisse de la vie du corps ou de celle de l’âme.

À la fin du premier chapitre de la première Épître de Pierre, l’apôtre rappelle que Dieu nous a communiqué une vie nouvelle : « vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu » (v. 23) ; au début du chapitre 2, il fait connaître le seul moyen de développer cette vie : « désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui à salut » (v. 2). La Parole est, avec l’Esprit Saint, l’agent dont Dieu se sert pour opérer la nouvelle naissance ; elle est aussi, lue et méditée dans la dépendance de l’Esprit, l’aliment de la vie divine dans le croyant. On ne peut croître autrement que « par lui », c’est-à-dire grâce au « pur lait intellectuel », figure de la Parole. Cette croissance s’opère insensiblement, sans même que nous nous en rendions compte, tout comme s’opère la croissance d’un enfant qui se nourrit des aliments dont son corps a besoin.

Dieu nous a conservé sa Parole, nous pouvons la lire, nous en nourrir chaque jour. Le faisons-nous assez ? Avons-nous faim, spirituellement parlant ? Hélas ! combien de fois nous arrive-t-il de manquer d’appétit pour la nourriture divine ! Lorsqu’il en est ainsi, examinons-nous dans la présence de Dieu : nous ne sommes pas dans un bon état, la chair agit d’une manière ou de l’autre et produit alors inévitablement les fruits qui sont en germe en elle. Le livre des Nombres nous dit la triste condition morale du peuple, tout à la fin de son voyage à travers le désert ; la manne n’avait plus de saveur pour les Israélites qui vont jusqu’à déclarer : « notre âme est dégoûtée de ce pain misérable » (Nombres 21 v. 5 ). Il convient de juger un semblable état, de rejeter tout ce qui vient du vieil homme et constitue un obstacle à notre développement spirituel parce que cela nous ôte le désir de nous nourrir de la Parole. C’est pourquoi l’apôtre commence par une exhortation à rejeter toute activité intérieure et extérieure de la chair : « Rejetant donc toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie et l’envie, et toutes médisances » (1 Pierre 2 v. 1). Ce « rejet » est indispensable pour que nous puissions ensuite « désirer ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel ». Si cet ardent désir nous fait défaut, n’est-ce pas en vérité parce qu’il y a dans notre cœur malice, fraude, hypocrisie, envie ou médisances, d’un mot : la chair en activité ?

Conséquence de ce manque d’ardent désir : au lieu de croître, notre vie spirituelle dépérit, s’étiole. C’est une perte pour nous-mêmes, c’est aussi une perte pour l’assemblée et, plus grave encore, Dieu est frustré de ce qui lui est dû. En effet, après avoir présenté ce qui concerne la vie spirituelle de chaque croyant, l’apôtre aborde ensuite le côté collectif : la maison spirituelle, la sainte sacrificature exercée par tous ceux qui, pierres vivantes, s’approchent de Christ et, unis à Lui, peuvent offrir « des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2 v. 4 et 5). Pourquoi dans cet acte collectif qu’est le culte de l’assemblée, la louange a-t-elle parfois tant de peine à s’élever, pourquoi le ton en est-il souvent si bas, pourquoi tant de bouches fermées ? N’est-ce pas parce que nous n’avons pas, tout au long de la semaine qui a précédé, « désiré ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel » ?

Que ces questions exercent nos cœurs et nos consciences afin que nous soyons amenés à comprendre quelle perte nous faisons, individuellement et collectivement ! Dieu désire recevoir la louange des siens, la louange de l’assemblée. Puissions-nous être dans l’état moral et spirituel qui nous permettra d’adorer avec cœur et intelligence, dans toute la puissance de l’Esprit Saint !

Le « pur lait intellectuel » est une image de la Parole, aliment complet, convenant à tous les croyants, du plus jeune au plus âgé et quel que soit le degré de développement spirituel de chacun d’eux. Dans des passages comme 1 Corinthiens 3 v. 1 à 3 ou Hébreux 5 v. 12 à 14, le lait est opposé à la nourriture solide ; il est alors considéré comme étant l’aliment des petits enfants, de ceux qui, non encore développés, n’ont pas atteint l’état d’homme fait, l’aliment des nouveaux convertis ou de ceux que l’on peut appeler des « enfants spirituels ». Remarquons entre parenthèse que si les Corinthiens étaient encore de « petits enfants en Christ », c’est parce qu’ils étaient « charnels » : il y avait parmi eux « de l’envie et des querelles », ils n’avaient pas obéi à l’exhortation de 1 Pierre 2 v. 1. En 1 Pierre 2, c’est tout autre chose : le « lait » est la nourriture convenant à tous les croyants sans aucune exception, l’aliment complet.

L’apôtre emploie l’expression « pur lait ». Nourrissons-nous de la Parole dans toute sa simplicité et dans toute sa pureté, des différents écrits qui nous présentent « le sain enseignement » et exposent « justement la parole de la vérité » (Tite 2 v. 1 ; 2 Timothée 2 v. 15), sans que s’y trouvent mêlées les pensées qui viennent de l’homme et sont le fruit de ses idées personnelles, de son imagination, de ses conceptions intellectuelles ou de ses spéculations philosophiques. Ce n’est plus alors le « pur lait », c’est un aliment frelaté qui ne convient pas pour l’entretien et le développement de la vie divine dans le croyant, c’est une nourriture nuisible à la santé de l’âme.

Ainsi que nous l’avons rappelé, l’expression « comme des enfants nouveau-nés » ne signifie pas que le « pur lait » est pour les nouveaux convertis seulement, elle a une tout autre portée. D’abord cette pensée : quand nous ouvrons la Parole, éprouvons toujours plus le sentiment de notre petitesse, de notre grande faiblesse, considérons que nous avons entre les mains un livre dans lequel Dieu Lui-même s’adresse à nous. Combien nous sommes petits en présence de toute la grandeur de sa Personne, de ses pensées et de la révélation qu’Il lui a plu de nous en donner ! Soyons gardés d’aborder l’Écriture avec le sentiment que notre intelligence, nos capacités, les facultés dont Dieu dans sa grâce a voulu nous douer, nous permettent d’avoir quelque prétention que ce soit ! Ces choses sont cachées « aux sages et aux intelligents », elles sont « révélées aux petits enfants » (cf. Matthieu 11 v. 25). Plus nous serons petits à nos propres yeux, plus nous serons amenés à nous tenir près du Seigneur, tel l’enfant nouveau-né se tenant près de sa mère ; c’est le secret pour être instruit dans la connaissance de ses pensées. Ajoutons encore que l’enfant nouveau-né, lorsqu’il a faim, ne se laisse distraire par quoi que ce soit, il désire ardemment le lait maternel. Que cela nous caractérise aussi, spirituellement : que rien, en nous ou autour de nous, ne soit une distraction qui nous empêcherait de nous nourrir de la Parole ; que Christ soit vraiment notre seul objet, notre seule nourriture !

Comment réaliser ces choses ?

Le verset 3 du chapitre nous l’indique : « si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon ». L’avons-nous vraiment « goûté » ? Goûter que le Seigneur est bon, c’est vivre une vie avec Lui, l’introduire dans nos circonstances, dépendre de Lui et nous confier en Lui, nous attacher à Lui de tout notre cœur ; nous apprendrons ainsi à le connaître pratiquement, à jouir de sa bonté, de son amour... Heureuse et précieuse connaissance ! Elle produit dans nos cœurs le saint désir, l’ardent désir d’apprendre davantage de Lui, de le chercher dans les Écritures, sa Personne, ses gloires, de nous occuper de ce qui le concerne : de sa vie ici-bas, de sa mort, de sa résurrection, de sa position glorieuse à la droite du Père, de ses offices variés, de ses gloires à venir... Quel infini ! Quel inépuisable sujet offert à notre méditation ! Alors, ayant « goûté que le Seigneur est bon », saisis par l’amour de Christ, nous rejetterons sans effort tout ce qui est du vieil homme et nous désirerons ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel.

Pourquoi tant de circonstances exerçantes parmi les saints dans les assemblées ? Parce que Dieu agit à notre égard comme envers son peuple autrefois : « Et il t’a humilié, et t’a fait avoir faim » (Deutéronome 8 v. 2 et 3). Les épreuves du chemin ont notamment ce but : produire la faim dans nos âmes, nous faire désirer « la manne », « tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel », cette nourriture de laquelle « l’homme vivra ». Si cette faim de la nourriture spirituelle n’est pas produite par une vie de communion avec le Seigneur, « goûtant » ainsi toute sa bonté, Dieu la produira dans nos âmes par le moyen d’épreuves et d’humiliations ! Et c’est encore dans sa bonté qu’Il le fait.

Abondamment nourris, la Parole habitant en nous, nous serons forts de la force que Dieu donne (cf. 1 Jean 2 v. 14). C’est seulement ainsi que nous pourrons recevoir avec profit les instructions utiles pour la marche. Ces instructions sont souvent pour nous lettre morte parce que, n’étant pas nourris du « pur lait intellectuel », nous demeurons affaiblis et par suite, peu capables de mettre la Parole en pratique. Étant des « auditeurs oublieux », nous ne pouvons être ensuite des faiseurs d’œuvres (Jacques 1 v. 25). Le Psalmiste, tout au contraire, se nourrissait de la Parole, il en jouissait dans son âme et en découvrait les beautés : « Tes témoignages sont merveilleux... L’entrée de tes paroles illumine, donnant de l’intelligence aux simples », aussi y a-t-il chez lui un ardent désir : « j’ai un ardent désir de tes commandements » (Psaume 119 v. 129 à 131). Il éprouve le besoin d’être conduit, dirigé dans le chemin et il sait que les directions nécessaires pour la marche sont dans l’Écriture. Elles doivent s’imposer à nous avec toute leur autorité, tels des commandements » auxquels nous devons nous soumettre si nous voulons être heureux et bénis dans le sentier qui nous est tracé et, par-dessus tout, si nous désirons glorifier le Seigneur. Puissions-nous avoir un « ardent désir » des instructions, des enseignements que contient la Parole inspirée et, les connaissant, y conformer nos voies !

Cet ardent désir du « pur lait intellectuel » d’abord, des « commandements » ensuite, nous fait hélas ! trop souvent défaut. Que cela nous humilie et nous exerce profondément ! La Parole est si riche, si pleine des merveilles que Dieu se plaît à nous communiquer pour notre accroissement spirituel, pour la nourriture et la joie de nos âmes, et nous n’aurions pas le désir ardent de la lire pour y trouver tout ce qui nous est bon et utile, indispensable pour le temps du voyage ? Les prophètes se sont « enquis avec soin » des choses qu’ils administraient et qui cependant n’étaient pas pour eux mais pour nous ; « des anges désirent de regarder de près » dans ce qui n’est pas non plus pour eux (cf. 1 Pierre 1 v. 10 à 12). Ces choses sont pour nous ! Et nous ne désirerions pas les considérer « de près » ? Nous n’en aurions pas « l’ardent désir » ? Elles auraient donc si peu d’intérêt pour nos cœurs ? Ah ! que Dieu veuille nous réveiller du sommeil spirituel et nous accorder la grâce de désirer ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel », d’avoir aussi « un ardent désir de ses commandements » !

Dieu veut nourrir nos âmes de sa Parole, nous instruire par son moyen afin que nous marchions dans un sentier d’obéissance et de fidélité. Il veut aussi que, dans ce chemin, nous le servions, que nous servions le Seigneur dans l’assemblée. Une confession d’incapacité dissimule bien souvent une paresse inavouée. On dira volontiers : je n’ai aucun don, toute activité de ma part serait donc déplacée. Ce que plusieurs appelleraient de l’humilité ! En fait, c’est oublier l’exhortation des chapitres de la première Épître aux Corinthiens qui nous occupent des dons et de leur exercice dans l’assemblée. Il est remarquable que nous trouvions là, à quatre reprises, l’expression « désirez avec ardeur » (1 Corinthiens 12 v. 31 ; 14 v. 1, 12 et 39). Il s’agit non d’un désir éprouvé avec plus ou moins de conviction mais d’un désir profondément senti, d’un désir « brûlant ».

« Or désirez avec ardeur les dons de grâce plus grands » (12 v. 31), ceux qui sont exercés pour l’édification de l’assemblée, parce qu’ils le sont par amour et non pour la recherche de quelque gloire personnelle. « Poursuivez l’amour, et désirez avec ardeur les dons spirituels, mais surtout de prophétiser » (14 v. 1). À celui qui croit pouvoir justifier son inactivité par le fait qu’il n’a aucun don particulier, ce passage nous autorise à poser ces questions : mais est-ce qu’en vérité vous « poursuivez l’amour » dans l’assemblée et est-ce que vous « désirez avec ardeur des dons spirituels » ? L’apôtre Jacques après avoir dit, parlant des convoitises du cœur naturel : « vous avez d’ardents désirs », ajoute : « vous n’avez pas, parce que vous ne demandez pas » (Jacques 4 v. 2). Nous n’avons pas tels privilèges, telles bénédictions, parce que nous ne les demandons pas ! Bien des dons spirituels seraient sans doute dispensés s’ils étaient vraiment « désirés avec ardeur », demandés à Dieu avec instance et persévérance en vue de l’édification et de la prospérité de l’assemblée. L’assemblée elle-même en fait-elle un pressant et constant sujet de prières ?

Au lieu de cela, on se contentera peut-être de gémir sur l’état du ou des rassemblements, sur le manque de dons, on se plaindra de la sécheresse, on estimera regrettable et lassante la répétition des mêmes vérités dimanche après dimanche... Tout cela est-il selon Dieu ? En aucune manière. Vous avez soif, vous venez dans le rassemblement et vous n’y trouvez aucun rafraîchissement pour votre cœur, aucune nourriture pour votre âme ? Certes, il ne devrait jamais en être ainsi, mais avez-vous écouté le conseil que nous donne le Seigneur Lui-même : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (Jean 7 v. 37 et 38 - Darby Bible).

Aller à Jésus, boire, tel est le secret d’une vie spirituelle enrichie et enrichissante, pour soi-même et pour l’assemblée. Le ministère prophétique pourra être exercé avec fruit, les âmes seront placées devant Dieu, il y aura édification et bénédiction. « Ainsi vous aussi, puisque vous désirez avec ardeur des dons de l’Esprit, cherchez à en être abondamment doués pour l’édification de l’assemblée » (14 v. 12). Et encore : « Ainsi, frères, désirez avec ardeur de prophétiser » (14 v. 39).

Prophétiser, c’est mettre les âmes en contact avec Dieu, c’est présenter la parole à propos, celle qui répond aux besoins du moment. Un frère peut n’avoir ni le don de docteur, ni celui de pasteur, qu’il ne pense pas pour autant que, dans l’assemblée, il n’a pas autre chose à faire qu’à s’asseoir et recevoir ce que Dieu peut donner par le moyen d’autres instruments. Si vraiment il réalise Jean 7 v. 37 et 38, s’il « désire avec ardeur de prophétiser » pour l’édification de l’assemblée, Dieu lui donnera, n’en doutons pas, ne serait-ce que « cinq paroles » qui, venant de Lui, seront comme une ondée bienfaisante pour les saints réunis. Il y aurait certainement plus de vie, plus de simplicité, plus de fraîcheur dans nos réunions si les frères avaient cet « ardent désir ».

Au lieu de cela, n’est-il pas vrai que nous comptons trop souvent sur tel don justement apprécié de pasteur ou de docteur, estimant que la réunion serait pour ainsi dire perdue s’il n’agissait pas ? Cette tendance, poussée à l’extrême, conduirait à l’établissement d’une sorte de clergé. Certes, des dons de pasteur, de docteur sont utiles et précieux ; le Seigneur les dispensera à son assemblée jusqu’à la fin, mais ils ne peuvent et ne prétendent en aucune manière se substituer, dans l’activité qu’ils ont à exercer, au travail de cœur qui, chez chacun, doit déjà précéder les réunions et ensuite se poursuivre pendant la réunion, le Saint Esprit pouvant alors agir, sans rien qui l’entrave, par le moyen de l’instrument, ou des instruments dont le Seigneur voudra se servir pour édifier son assemblée. Lorsqu’il en est ainsi — et l’expérience, grâce à Dieu, en a été faite tant de fois — il y a une riche bénédiction, même si dans le rassemblement il ne se trouve aucun don particulier de pasteur ou de docteur ; tandis que la réunion pourra être sans grand profit si les frères et sœurs, sans réel exercice de cœur, se bornent à compter sur tel ou tel don marquant. Que le Seigneur nous donne plus de dépendance de Lui et plus de confiance en Lui, plus de simplicité aussi et qu’Il nous accorde de « désirer avec ardeur des dons spirituels, mais surtout de prophétiser », nous aurons alors dans l’assemblée plus de vie, plus de fraîcheur, plus de bénédiction !

 « Cette parole est certaine, que si quelqu’un aspire à la surveillance, il désire une œuvre bonne (1 Timothée 3 v. 1) ».

Il est nécessaire que les âmes soient nourries de Christ, enseignées, exhortées, encouragées. Tel est l’objet du ministère, de l’exercice des dons dans l’assemblée. Mais il est tout aussi nécessaire que soient remplies les diverses charges locales dont il est question dans l’Écriture et tout particulièrement celle de « surveillant » ou « ancien » dont nous parle le début du chapitre 3 de la première épître à Timothée.

Sans doute n’y a-t-il plus aujourd’hui de désignation officielle d’anciens ; cette responsabilité incombait à l’autorité apostolique — l’apôtre lui-même ou son délégué. Si elle avait dû incomber à l’assemblée, ce n’est pas à Tite que l’apôtre aurait demandé d’établir des anciens mais à l’assemblée elle-même (Tite 1 v. 5). Cependant, il est à désirer que dans les assemblées locales des frères aient à cœur de remplir une telle charge, selon les enseignements de la Parole, en vue du bien de l’assemblée. Puisse-t-il y en avoir partout qui, qualifiés pour cela, « aspirent à la surveillance » ! C’est « désirer une œuvre bonne ». Qu’un tel désir soit dans le cœur de frères fidèles et pieux, attachés au Seigneur et aimant l’assemblée !

Ce désir doit être accompagné de la manifestation des caractères indiqués dans des passages comme 1 Timothée 3 v. 1 à 7 et Tite 1 v. 6 à 9. Présenter les qualités ainsi requises, avoir une conduite personnelle « irréprochable » (Tite 1 v. 6) ; d’autre part, connaître les Écritures, manifester un réel attachement à la Parole et à Celui qu’elle place devant nous, tout cela donne à l’ancien l’autorité morale nécessaire pour remplir sa charge. Et Tite 1 v. 9 nous dit quelle est la double charge qui lui incombe en vue du maintien de l’ordre dans l’assemblée : « ... qu’il soit capable, tant d’exhorter par un saint enseignement, que de réfuter les contredisants ». Il a la responsabilité de s’adresser à un frère, à une sœur dont la conduite est de nature à porter atteinte au bon ordre, ou qui est en danger de faire un faux pas ; il saura lui présenter, avec douceur mais aussi avec fermeté, les exhortations à propos, basées sur le « sain enseignement », toucher son cœur et parler à sa conscience, de telle manière que soit redressé ce qui doit l’être afin que l’ordre de l’assemblée puisse être maintenu. Si des « contredisants » viennent exercer parmi les saints leur activité subversive, le ministère aura sans doute à présenter la vérité et à l’appliquer à l’état des âmes, mais c’est principalement aux frères remplissant la charge d’anciens qu’il appartient d’intervenir directement auprès d’eux afin de leur « fermer la bouche » (Tite 1 v. 10 et 11).

Comme il est désirable que tout soit en ordre dans l’assemblée de Dieu ! Le désordre ternit le témoignage et peut même contraindre Dieu à retirer à ceux à qui Il l’avait confié le privilège d’en être les porteurs. « Dieu n’est pas un Dieu de désordre » (1 Corinthiens 14 v. 33), et Il nous donne toutes les ressources nécessaires pour que dans sa Maison soit maintenu l’ordre qui convient. Ne les négligeons pas ! Que plusieurs soient réveillés et amenés, « aspirant à la surveillance », à « désirer une œuvre bonne » ! Un tel désir est selon la pensée de Dieu. Il est lié à celui qu’exprime l’apôtre à la fin de l’épître aux Hébreux : « désirant de nous bien conduire en toutes choses » (13 v. 18), puisque cette conduite personnelle donne l’autorité morale indispensable pour l’exercice de la charge.

Que de choses étaient à juger dans l’assemblée de Corinthe ! L’apôtre cherche, dans la première épître qu’il lui adresse, à réveiller la conscience de l’assemblée afin qu’elle exerce le jugement du mal existant dans son sein. Un moment il a éprouvé quelque regret à la pensée que cette lettre allait attrister les Corinthiens (2 Corinthiens 7 v. 8). Mais en fait elle a produit chez eux « la tristesse qui est selon Dieu », celle qui « opère une repentance à salut dont on n’a pas de regret » (v. 10). Et lorsque Tite, venu de Corinthe, est arrivé auprès de l’apôtre, il a pu lui raconter, dit Paul aux Corinthiens : « votre grand désir, vos larmes... ». Plus loin, il ajoute : « Car voici, ce fait même que vous avez été attristés selon Dieu, quel empressement il a produit en vous, mais quelles excuses, mais quelle indignation, mais quelle crainte, mais quel ardent désir, mais quel zèle, mais quelle vengeance : à tous égards, vous avez montré que vous êtes purs dans l’affaire » (v.7 et 11). Pendant un temps ils avaient toléré le mal, mais ensuite il y avait eu chez eux, dans l’assemblée, le plus « ardent désir » de s’en purifier.

Il peut aussi y avoir, dans une assemblée locale, une absence de discernement du mal ou bien une coupable indifférence, ou encore une certaine indulgence pouvant conduire au support de ce qui pourtant devrait être jugé et dont l’assemblée doit se purifier pour conserver son caractère et maintenir la gloire de Celui qui est son Chef. Un semblable état peut se prolonger un certain temps car Dieu use de patience avant d’intervenir, mais vient un moment où Il doit agir dans son juste gouvernement comme Il avait dû le faire à Corinthe : « C’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment » (1 Corinthiens 11 v. 30). Bien des faiblesses, des maladies, des départs peuvent résulter de l’exercice d’un jugement gouvernemental de Dieu, aujourd’hui comme alors.

Que Dieu nous donne toute la patience nécessaire dans nos rapports les uns avec les autres, le support mutuel de tout ce qui est infirmité en chacun de nous. Qu’Il nous accorde de savoir discerner ce qui doit être supporté et ce qui doit être jugé. Et qu’Il veuille produire, dans une assemblée où il y aurait du mal non jugé, cet « ardent désir » qui animait les Corinthiens lorsque Paul leur a adressé sa première épître et dont il parle dans sa seconde !

 « Le désir de notre âme est après ton nom et après ton souvenir (Ésaïe 26 v. 8) ».

Désirer ardemment le « pur lait intellectuel (1 Pierre 2 v. 1 à 3) », nous conduira à chercher et à trouver dans la Parole la nourriture dont nos âmes ont besoin. Chaque croyant étant ainsi nourri de Christ, nous pourrons réaliser tous ensemble ce qui nous est présenté dans la suite du passage : nous nous approcherons de Lui « comme d’une pierre vivante », nous qui par grâce « comme des pierres vivantes » sommes édifiés « une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (v. 4 et 5). En d’autres termes, nous serons rendus capables d’exercer selon la pensée de Dieu le si précieux privilège de l’adoration. L’assemblée corps de Christ, maintenue pure de tout mal, dans laquelle est vu l’ordre selon Dieu, au sein de laquelle dons et charges s’exercent chacun à son moment et chacun à sa place, est dans son ensemble — pratiquement, dans ce qui en est aujourd’hui l’expression : les deux ou trois réunis au nom du Seigneur, sur le terrain de l’unité du corps — la « sainte sacrificature » de 1 Pierre 2 v. 5.

Cette fonction élevée est exercée tout spécialement lorsque nous sommes réunis autour du Seigneur le matin du premier jour de la semaine, en présence du mémorial de ses souffrances et de sa mort. Il a institué ce mémorial la nuit durant laquelle Il fut livré ; se mettant à table, et les douze apôtres avec lui, Il leur a dit : « J’ai fort désiré de manger cette pâque avec vous, avant de souffrir » (Luc 22 v. 14). Lui a « fort désiré » rassembler les siens avant d’aller à la croix, pour leur laisser pendant le temps de son absence le mémorial qui nous parle, dans son muet langage et de façon si puissante, de son corps donné, de son sang répandu. Et nous ? Demeurerions-nous indifférents ? Ne voudrions-nous pas répondre à ce désir exprimé de manière si touchante : « Faites ceci en mémoire de moi » ? Ah ! qu’aucun racheté en état de participer à ce mémorial ne reste en arrière, laissant sans réponse ce désir du cœur du Seigneur ! Qu’en vérité nous puissions dire, mieux encore que le résidu ne le fera plus tard : « le désir de notre âme est après ton nom et après ton souvenir ».

« Combien sont aimables tes demeures, ô Éternel des armées ! Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Éternel ; mon cœur et ma chair crient après le Dieu vivant » (Psaume 84 v. 1 et 2).

« Car aussi, dans cette tente, nous gémissons, désirant avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui est du ciel » (2 Corinthiens 5 v. 2).

Nous sommes en route vers la maison du Père et, dans le chemin qui y conduit, nous éprouvons quelque chose de l’aridité du désert. Le cœur du fidèle ne trouve rien ici-bas qui le satisfasse ; il en est qui s’établissent dans ce monde, ayant une « maison » pour eux-mêmes et pour les leurs — « le passereau même a trouvé une maison, et l’hirondelle un nid pour elle, où elle a mis ses petits... »  — mais lui a tous ses biens en haut, il n’a rien sur la terre, il n’y connaît de repos que dans la contemplation d’un Christ venu s’offrir Lui-même en sacrifice. Il considère les divers aspects de ce sacrifice parfait et c’est là ce qui seul le satisfait pleinement : « tes autels, ô Éternel des armées ! mon roi et mon Dieu ! » (Psaume 84 v. 3). Mais encore, il regarde en avant et, par la foi, voit déjà le terme du chemin, les « demeures » dans lesquelles il va bientôt entrer. Quel contraste entre ces « demeures » et la « maison » du passereau ou le « nid » de l’hirondelle et de ses petits ! Et la foi jouissant à l’avance de cet avenir éternel et attendant le moment où la bienheureuse espérance sera enfin réalisée, l’âme du racheté « désire », « et même elle languit après les parvis de l’Éternel ». Quel ardent désir d’être enfin là-haut ! Non pour en avoir fini avec une terre étrangère, avec la vallée de Baca, mais pour y être avec Christ, avec un Christ ressuscité : « mon cœur et ma chair crient après le Dieu vivant ».

Y a-t-il dans nos cœurs cet ardent désir d’arriver à la maison pour y voir Jésus et être à jamais avec Lui ? Pouvons-nous dire aussi, Le contemplant déjà par la foi : « Toute sa personne est désirable » (Cantique des cantiques 5 v. 16) ? Un tel désir de Le voir enfin de nos propres yeux nous détachera des « choses qui se voient » et qui ne sont que « pour un temps » et nous amènera à jouir de « celles qui ne se voient pas » et qui sont « éternelles » (2 Corinthiens 4 v. 18).

Tandis qu’il cheminait vers la maison, éprouvant l’aridité d’un sentier difficile, traversant épreuves et combats, l’apôtre tout à la fois gémissait et était animé d’un ardent désir. Il gémissait parce qu’il aurait voulu jouir plus profondément encore des choses « qui ne se voient pas », de Christ Lui-même, et il sentait combien il était limité pour cela. Nous sommes présentement dans un corps d’infirmité — « cette tente » — et ce corps est le vase dans lequel Dieu a placé la vie nouvelle, vie de résurrection que nous possédons par la foi. Dans le jour actuel, le corps n’est pas à la mesure d’une telle vie et c’est là ce qui faisait gémir l’apôtre.

Mais aussi, cela l’amenait à désirer ardemment le moment où « le corps de notre abaissement » sera « transformé » et rendu conforme au corps de gloire de notre seigneur Jésus Christ (Philippiens 3 v. 20 et 21). Alors, tout sera en parfaite harmonie, et sans aucune entrave nous pourrons jouir des choses célestes, de Christ Lui-même. « Désirant avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui est du ciel ».

Que de tels « ardents désirs » remplissent nos cœurs ! Ce sont les désirs de l’homme renouvelé aspirant à tout ce qui le rapproche de Christ, l’occupe de Lui, l’amenant ainsi à rechercher ici-bas sa gloire et ses intérêts et à attendre le moment où ce qui est présentement du domaine de la foi fera place aux réalités éternelles.

Amen

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