5.Chrétien et heureux ?
La connaissance approfondie de Dieu, de ses voies et de ses pensées, élargit notre cœur et le remplit de bonheur. En même temps, nous discernons plus clairement le chemin de la vérité et échappons aux multiples erreurs qui s’introduisent aujourd’hui dans la chrétienté.
La puissance divine
Au verset 2, l’apôtre a parlé de la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur : « que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur ! » (2 Pierre 1 v. 2). Le verset suivant nous apprend qu’à cette connaissance se rattache quelque chose d’essentiel : la puissance divine.
« Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété, par la connaissance de celui qui nous a appelés par la gloire et par la vertu » (v. 3). Remarquons que le Saint Esprit nous présente d’abord la puissance divine au verset 3, et ensuite, au verset 4, la nature divine. Nous pouvons en retirer de précieuses pensées.
Mais considérons d’abord le verset 3. Nous, les enfants de Dieu, sommes ici les objets de la puissance divine, de l’opération de Dieu en puissance. Dieu a un but avec nous, et pour atteindre ce but, il a agi et il agit à notre égard dans sa puissance divine. Ce verset nous décrit les deux choses, la manière dont il opère et le but à atteindre.
L’opération de Dieu
En ce qui concerne la nature de l’opération de Dieu : Il nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété. Il s’agit donc de la manière selon laquelle la puissance divine a opéré à notre égard : elle nous a tout donné. En revanche, pour comprendre le but que Dieu poursuit, il nous faut mettre l’accent sur une autre partie du verset : Il nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété. Et ainsi le but de l’opération de Dieu envers nous apparaît clairement : la vie et la piété.
Quand nous pensons à ce que Dieu a fait, nous ne pouvons qu’adorer. Car quelle abondance de bénédictions ne trouvons nous pas ici ! Il n’y a rien de ce qui est nécessaire à la vie et à la piété que Dieu ne nous ait donné. Selon Éphésiens 1, verset 3, en Christ nous possédons toutes les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. Fondamentalement, c’est la même vérité que celle qui est exprimée dans notre verset, mais Pierre en montre le côté moral : Je ne possède que ce que je m’approprie de lui par la foi.
En fait, l’expression « sa divine puissance » inclut aussi la pensée de la seule manière possible d’atteindre les bénédictions : la puissance de Dieu est nécessaire. Il s’agit du même mot (dynamis) qu’en 1 Pierre 1 v. 5 : « Vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé ». La puissance de Dieu opère, mais elle le fait par la foi. En d’autres termes : la puissance de Dieu n’agit pas simplement en dehors de nous pour produire quelque chose de grand, sans nous y faire participer d’une façon ou d’une autre. Elle opère beaucoup plutôt en ce qu’elle fortifie notre foi, en 1 Pierre 1, afin que nous soyons gardés, en 2 Pierre 1, pour que nous nous emparions pratiquement de tout ce qui est donné. Que la puissance de Dieu soit nécessaire pour nous mettre en possession de ce qui produira ensuite en nous la vie et la piété est déjà en soi un fait très instructif.
Le but de Dieu
Avec cela, nous touchons déjà le but que Dieu a en vue pour nous : la vie et la piété. Quant à la vie, il s’agit manifestement de la vie éternelle. La prérogative de Dieu est de vivifier des âmes mortes. En communion avec le Fils, le Père donne la vie, une vie spirituelle, éternelle (Jean 5 v. 26 ; Romains 6 v. 23). Pourtant, la vie éternelle que nous possédons par la foi au Seigneur Jésus (Jean 3 v. 16 ; 1 Jean 5 v. 13), semble être considérée ici davantage sous son aspect pratique, moral. Pierre va rarement, voire jamais, au-delà des résultats moraux. Tel est le cas ici aussi. Il ne parle pas directement de la communication de la vie nouvelle, mais indique que, relativement à cette vie, Dieu a fait et fait en nous tout ce qu’il faut pour qu’elle se développe toujours plus. La vie éternelle est une vie qui se réjouit en Dieu et lui est conforme. Et encore une fois, elle vient de Dieu, mais jamais elle ne s’occupe d’autre chose que de Dieu et de ses pensées.
En pensant à cela, ne devons-nous pas constater avec plus ou moins de honte la bien faible mesure selon laquelle Dieu a pu atteindre son but avec nous ? Et ne voyons-nous pas mieux maintenant la nécessité de la puissance divine afin de vaincre les mille obstacles aux effets de la vie éternelle en nous ? En fait, cette puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie ; nous possédons la vie éternelle elle-même. Mais la puissance divine ne s’exerce ou n’opère pour nous dans cette vie que lorsque nous saisissons par la foi ce que Dieu est pour nous et ce qu’il a fait pour nous.
Outre la vie, la piété est nommée. Dans les quatre premiers versets de notre épître, nous trouvons en tout quatre paires d’expressions et il semble que, dans chacun des cas, le second élément découle du premier. Au verset 2, il s’agissait de « la grâce et la paix » ; le verset 3 contient deux paires : « la vie et la piété », puis « la gloire et la vertu » ; et dans le verset 4, la dernière paire consiste en ceux qui, d’une part, sont « devenus participants de la vie divine » et d’autre part ont « échappé à la corruption ».
La « piété » décrit un caractère qui correspond à Dieu ; elle signifie une conformité morale à lui. Le but de Dieu est de susciter en nous cette piété pratique, cette véritable crainte de Dieu. Et ce que nous venons de dire au sujet de la « vie » s’applique également ici : La puissance divine nous a donné tout ce qui regarde la piété, ou y conduit. Mais la réalisation n’intervient que par la connaissance de Celui « qui nous a appelés par la gloire et par la vertu ».
L’appel divin
Nous avons mentionné que le but moral de Dieu pour nous est atteint quand nous saisissons par la foi ce que Dieu est pour nous. Nous voyons une fois encore ici que la connaissance de Dieu est le fondement de notre foi. Nous l’avons déjà relevé au verset 2. En cette connaissance bénie réside la force de l’âme.
Dans la mesure où nous nous réjouissons en Dieu et en ce qu’il est pour nous, nous recevons la force de faire ce qui lui plaît. Il n’existe pas d’autre chemin, bien-aimés. Nous pouvons essayer tout ce que nous voulons et déployer beaucoup d’efforts pour mener une vie de piété et combattre le mal en nous et autour de nous. Mais la force pour y parvenir, nous ne la trouvons que « par la connaissance de Celui qui nous a appelés par la gloire et par la vertu ».
La manière dont Dieu est décrit ici mérite toute notre attention. Littéralement, il est le « nous ayant appelés ». Quelle merveille ! Il existe quelqu’un qui s’intéressait à nous et qui, de ce fait, nous a appelés. Mais pourquoi devions-nous être appelés ? Il suffit de considérer un instant le premier homme, pour qu’une telle grâce nous apparaisse clairement.
Adam, innocent, n’a reçu aucun appel de Dieu dans le jardin d’Éden. Certes Dieu le visitait, mais il ne l’appelait pas. Pourquoi l’aurait-il donc fait ? Il se trouvait à la place même où Dieu l’avait établi. Il aurait simplement dû y rester, même quand un autre l’a appelé : le serpent. Mais depuis qu’il a prêté l’oreille aux insinuations du serpent, l’homme est en dehors du paradis de Dieu, dans le péché. Quel état terrible !
N’avons-nous jamais réalisé que la délivrance d’un tel état ne peut se produire que par l’appel de Dieu ? En fait, tout le principe du christianisme réside là : Par l’appel de Dieu, le croyant est sorti de tout ce en quoi il se trouve naturellement pour être introduit dans une nouvelle position. C’est à la gloire même de Dieu que nous avons été appelés (1 Thessaloniciens 2 v. 12 ; 1 Pierre 5 v. 10).
Pouvons-nous mesurer, même approximativement, la portée d’un tel appel ? Certainement pas. Mais ne devrions-nous pas au moins nous arrêter plus souvent pour nous souvenir que notre appel est « en haut », qu’il s’agit d’un appel « céleste » (Philippiens 3 v. 14 ; Hébreux 3 v. 1) ? Très certainement. Et pourtant il y a peu de choses que nous sommes plus enclins à négliger que notre appel. Nous n’oublions pas nos dons et nos bénédictions aussi vite que notre appel. Comment cela se fait-il ? Nos pensées sont souvent tournées vers les choses de la terre et l’adversaire a un intérêt diabolique à ce que cela ne change pas. Mais Dieu ne nous perd pas de vue et il dirige nos regards en haut vers Christ dans la gloire. Aussi est-il parlé ici de « Celui qui nous a appelés par la gloire et par la vertu ».
De nouveau, le Saint-Esprit met côte à côte deux éléments : « la gloire et la vertu », et ici encore, le second découle du premier. La gloire est le but en dehors de ce monde, et la vertu (ou le courage spirituel, la détermination spirituelle) est nécessaire sur le chemin qui y conduit. Nous devrions être plus conscients que notre Sauveur est déjà au but et que nous occuperons avec lui une position de gloire. Avec cette perspective devant les yeux, nous ne manquerons pas d’énergie et de détermination spirituelles pour tendre vers le but céleste. La puissance divine nous a donné tout ce qui était nécessaire à cet effet.
Dans les Saintes Écritures, lorsqu’il est parlé de vertu en relation avec Dieu, comme en 1 Pierre 2 v. 9, il s’agit de l’excellence de son être. En revanche, quand il est question des hommes, « vertu » signifie le courage moral, la détermination spirituelle. Or Pierre attribue une grande valeur à la présence de ce trait de caractère chez les croyants. Il sait que si la « vertu » fait défaut, la vie du croyant demeure en grande partie sans fruit pour Dieu et sans joie pour lui-même. La « vertu » est mentionnée encore une fois au verset 5, et là elle fait partie des éléments fondamentaux à partir desquels se développent les autres traits de la vie spirituelle.
Assurément, nous avons besoin de détermination spirituelle pour résister à la puissance de la chair en nous et à celle du monde qui nous entoure. Nous trouvons à cet égard un bel exemple en Moïse qui, par la foi, refusa d’être appelé fils de la fille du pharaon et choisit plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché (Hébreux 11 v. 24 et 25). Moïse ne voulait pas de ce monde ni de ses joies. Il dit « non » aux séductions de la chair et du monde et se mit du côté de ces esclaves méprisés qui n’en demeuraient pas moins le « peuple de Dieu ». Il faut de la vertu, de la détermination spirituelle pour agir ainsi. Moïse les possédait et ainsi il repoussa ce à quoi il aurait tendu selon sa nature humaine : le palais, le trône, la couronne d’Égypte. Il choisit plutôt ce que l’homme naturel n’aurait jamais désiré : être en communion avec ceux qui étaient juste assez bons pour faire des briques. Mais Moïse voyait en ces hommes le peuple de Dieu. Cela faisait toute la différence.
À notre époque, n’avons-nous pas également besoin de cette énergie spirituelle pour nous fermer au monde sous ses mille et une formes ? Et sommes-nous prêts à nous identifier au petit groupe de ceux qui forment aujourd’hui le « peuple de Dieu » ?
Hélas, nous cédons trop souvent aux tentations, parce que la « vertu » nous fait défaut ; et il s’ensuit que nous tombons fréquemment. Si nous ne maintenons pas cette détermination spirituelle vivante dans nos cœurs, nous reglissons tôt ou tard dans ces choses que nous avions une fois abandonnées. Tandis que si nous avons comme objet devant nos yeux la gloire dans laquelle notre Sauveur est déjà, le courage spirituel, la force morale se développera en nous sur le chemin qui y conduit.
Participants de la nature divine
Dieu nous a appelés par la gloire et par la vertu. En relation avec cela, un autre grand don nous a été fait, comme nous le montre le verset qui suit : « Par lesquelles il nous a donné les très grandes et précieuses promesses, afin que par elles vous participiez de la nature divine » (v. 4).
L’expression « par lesquelles » se rattache à « la gloire et la vertu ». L’auteur dit en quelque sorte : En relation avec la « gloire » et avec la « vertu », Dieu nous a donné les très grandes et précieuses promesses. Pierre ne présente pas ici les promesses elles-mêmes, mais il les qualifie de très grandes et précieuses. Plus loin dans son épître, il mentionnera la promesse de la venue du Seigneur et la promesse de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre (3 v. 4, 13), mais le sens paraît ici plus général, plus vaste. Quoi qu’il en soit, ces promesses sont en contraste avec les promesses et espérances terrestres du peuple d’Israël, comme nous le voyons par exemple en 1 Pierre 1 v. 3 à 5. Ce point revêtait une importance particulière pour les saints issus de ce peuple. Mais si les promesses qui nous sont données ici en Christ sont mises en relation avec la gloire et la vertu, c’est bien parce que, d’une part, elles se réaliseront dans la gloire, mais que, d’autre part, elles déploient leur puissance déjà maintenant sur le chemin qui y conduit.
Nous avons là une chose propre à nous réjouir profondément. Les bénédictions véritables du chrétien ne sont pas rattachées à cette terre, elles sont intangibles et ne peuvent être perdues. Elles trouveront leur plein accomplissement dans la gloire. Mais le fait d’en avoir connaissance produit en nous, si la « vertu » est présente, la force morale. Certes, nous ne sommes encore qu’en chemin vers la gloire, mais celle-ci jette déjà sa lumière sur notre chemin. Avec les très grandes et précieuses promesses, Dieu est du côté de ceux qui manifestent de la détermination spirituelle. Fortifiés et encouragés par ces promesses, nous « participons de la nature divine ».
En arrivant à ce passage, nous nous apercevons, si nous ne l’avons pas fait auparavant, que cette expression a une signification différente de celle que nous lui donnons habituellement. Lorsque nous parlons de la « nature divine en nous », nous pensons à la vie divine que nous avons reçue par la nouvelle naissance. Et il est incontestable qu’à notre conversion nous avons reçu la nouvelle vie, divine, et que, dans ce sens, nous sommes devenus participants de la nature divine. Car : « Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu » (1 Jean 5 v. 1). Mais Pierre ne parle manifestement pas de cela ici. Sinon il aurait dû dire que, par les promesses, ils étaient devenus participants de la nature divine. Or il écrit : « afin que… vous participiez ». Il s’agit donc d’une intention, non pas d’un fait accompli. Là encore, comme nous l’avons déjà vu plusieurs fois, il est occupé des résultats moraux souhaités, non pas de la chose elle-même.
Si nous avons goûté que le Seigneur est bon, si nous vivons notre vie en communion avec lui, nous participerons, dans un sens moral, de la nature divine. Voilà ce qui nous est présenté dans notre verset. Nous sommes introduits, si nous osons nous exprimer ainsi, dans une atmosphère qui correspond à Dieu ; nous respirons dans la même atmosphère que celle où Dieu se trouve. Et quel est le résultat ? Notre cœur s’élargit dans la joie de ce qu’Il est ; nous partageons ses pensées et ses sentiments. Dans le sens le plus vrai du mot, nous devenons « spirituels » et manifestons même les caractères de Dieu.
Ce n’est de loin pas peu de chose ; cela constitue plutôt la vraie conclusion ou le vrai sommet de tout ce qui a été présenté dans ces versets. D’abord nous recevons la capacité de nous réjouir en Dieu. Et dans la mesure où nous faisons usage de cette capacité et marchons en communion avec Dieu, la joie en lui s’approfondit. Ainsi nous sommes rendus capables de participer d’une manière pratique aux caractères divins et de les manifester dans la vie quotidienne. Ce sujet revêt une importance telle pour le Saint Esprit qu’il va nous montrer dans la suite, par toute une chaîne de vertus spirituelles, comment la nature divine doit se développer en nous (v. 5 à 7). Nous allons nous en occuper un peu plus loin.
A SUIVRE...
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