Le scandale de la croix
Si Paul avait seulement continué à annoncer la circoncision, il aurait pu éviter la persécution et être libéré de l'inévitable scandale généré par le message de la croix.
Il est évident que, quel que soit le lieu où la croix du Seigneur Jésus-Christ ait été annoncée avec fidélité, cela n'a pas seulement engendré de l'espérance et une vie nouvelle à quelques-uns, cela a apporté aussi beaucoup de troubles à bien d'autres. Où que ce message ait été annoncé, il a provoqué de l'antagonisme. Comme ce message était une pierre d'achoppement pour les juifs et une absurdité pour les grecs au début, il est demeuré, depuis ces premiers jours, inacceptable, non seulement aux impies, mais également aux gens religieux.
Cela est vrai, bien que la croix soit le symbole le plus populaire. Il n'existe pratiquement aucune ville dans la chrétienté où l'architecture, les galeries d'art, les collections de littérature et les conservatoires de musique, ne donnent au signe sacré de la croix une place prééminente. Il est donc regrettable qu'autant de prédications et d'enseignements dans l'Église chrétienne se limitent au « Jésus de l'histoire » qui présente un Christ sans croix, ou à une interprétation de la croix qui est bien inférieure à celle des Écritures.
Malgré cela, le message consistant de toute la Bible, c'est que la croix est l'instrument de Dieu pour le salut, elle en est son moyen unique et pleinement suffisant. Il est tout aussi clair que cela a été le message béni de Dieu pour le salut des hommes. Il prédominait au temps du Nouveau Testament, et le recouvrement, et la remise en valeur de certains aspects essentiels et vitaux de cette croix, ont provoqué certains mouvements caractérisés par des noms tels que Luther, les Wesleys, Whitefield, Moody, Spurgeon, et beaucoup d'autres hommes encore, honorés par Dieu lui-même.
Avant que nous n'expliquions pourquoi la croix a toujours été la source de troubles et de scandales, nous devons affirmer qu'aucune place n'est accordée au côté héroïque et esthétique de la croix. Le sacrifice, la souffrance, la dévotion dénuée de tout égoïsme, le service sacrificiel pour le bien des autres, le fait d'endurer le tort en se positionnant contre les choses mauvaises actuelles ; tout cela, ce sont des éléments romantiques qui sont populairement appréciés. Mais c'est la plus profonde signification de la croix qu'en donne la Bible qui provoque l'opposition des hommes ; et il serait profitable d'examiner quelques-uns de ces aspects plus minutieusement.
La croix condamne le monde.
En la croix, Christ a créé un grand gouffre entre l'ancien monde et le nouveau, un gouffre qui ne peut pas être comblé. Deux systèmes distinctement différents, deux échelles de valeur, deux critères de jugement, deux codes de lois, se tiennent en contraste total de chaque côté de la croix. Chaque système n'est pas seulement entièrement différent l'un de l'autre, mais ils sont irréconciliables, et pour toujours mutuellement antagonistes. La croix exige, en ce qui concerne les intérêts et les objectifs, les relations et les ressources, une distinction absolue. Elle impose la distinction finale entre ceux qui sont sauvés et ceux qui ne le sont pas, entre les vivants et les morts.
L'apôtre Paul a dit que par la croix : « le monde m'est crucifié, et moi au monde ». La Parole de Dieu déclare, sans ambiguïté aucune, que ce siècle est mauvais, et que « le monde entier gît dans le méchant ». Elle dit aussi que les voies du monde, ainsi que ses motivations, ses buts, ses idées et imaginations, sont tous opposés à Dieu. Elle assure également que le monde est rendu totalement incapable de recevoir la révélation de la pensée divine, de ressembler à l'image divine, de jouir d'une vraie communion avec Dieu et de l'apprécier, ou même d'être investi des privilèges de co-opération avec Dieu.
De telles capacités et de telles relations n'appartiennent qu'à ceux que la nouvelle naissance a délivrés de ce monde présent. Il est compréhensible que le monde trouve la condamnation de la croix abrasive et inacceptable, et il est à craindre que la présence de « mondanité » dans la vie chrétienne individuelle et dans l'Église ne soit directement en contradiction avec les buts essentiels de la croix. Le seigneur Jésus a décrit sa croix comme étant « le jugement du monde » (Jean 12 v. 31). Ceux qui le suivent doivent accepter ce verdict, et devront, en conséquence, souffrir du scandale de la croix.
La croix crucifie la chair.
« Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché » (Romains 6 v. 6).
« Car l'amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Corinthiens 5 v. 14 et 15).
En ce qui concerne Dieu, la race déchue s'est terminée au calvaire. À partir de ce point, l'attention tout entière de Dieu a été pour la nouvelle création. Il n'y a aucune utilité à ce que nous essayions d'apporter quoi que ce soit de l'ancienne création dans la nouvelle, car Dieu ne l'acceptera pas. Nos capacités humaines ainsi que nos infirmités, ce que nous appelons notre bon côté ainsi que ce que nous reconnaissons comme étant notre plus mauvais côté, notre bonté ainsi que notre méchanceté, tout a été inclus dans cette mort. Ainsi, nous sommes appelés à vivre, non pas selon un critère humain, mais en accord avec ce qui est divin. En nous-mêmes, nous ne possédons rien qui ne soit acceptable à Dieu.
Bien souvent, c'est la présence d'un élément humain, d'un goût pour une chose ou une autre, d'une ambition ou d'un intérêt tout personnel, qui paralyse l'œuvre de Dieu en nous et à travers nous. Considérer, non pas seulement nos péchés, mais nous-mêmes, comme ayant été portés à la croix par Christ, voilà le seul moyen par lequel les propos de Dieu peuvent être accomplis à travers nos vies. Il peut sembler étrange, qu'alors que nous déplorons si souvent notre manque de spiritualité, nous soyons si lents à accepter le verdict de la croix sur nos vies naturelles. Nous trouvons humiliant d'accepter le même jugement sur nous-mêmes que celui qui a été prononcé sur le monde, c'est-à- dire la mort par crucifixion.
Néanmoins, il n'y a pas d'autre base pour une véritable vie spirituelle et le témoignage : La croix doit produire la mort en nous, afin que la vie de Christ soit libérée pour se manifester pleinement à travers nous. Ainsi, il peut y avoir un sens par lequel le chrétien aussi doit faire face au scandale de la croix. Il ne peut connaître la bénédiction de la nouvelle vie, uniquement en réalisant tout ce que signifie la réalité de sa crucifixion avec Christ. Lorsque c'est véritablement « je ne vis plus, moi », alors la voie est ouverte pour affirmer : « mais Christ vit en moi ». L'issue est glorieuse, mais le chemin qui y mène est le douloureux chemin de la croix.
La croix exclut le diable.
Ici, nous touchons la cause la plus profonde du scandale, car le monde et la chair ne sont que les instruments et les armes, par lesquels la grande hiérarchie de Satan maintient son emprise et son existence en tant que force dominatrice. En arrivant à la croix, Christ dit : « Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors » (Jean 12 v. 31) ».
Alors que Paul méditait sur la signification profonde de la croix, il dit que par elle Christ : « Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix » (Colossiens 2 v. 15).
Il est donc parfaitement normal que la grande hiérarchie du mal cherche tous les moyens et utilise toutes les ressources, afin de rendre la croix inefficace. Par « l'imagination des pensées », l'ennemi diluera le message de la croix ; en imposant les méthodes et l'esprit du monde, il assèchera la vitalité spirituelle de l'Église.
En excitant la chair, le moi et le vieil Adam, il provoquera des divisions, des tensions et des destructions ; ou en mettant en avant les éléments humains dans leurs aspects artistiques, esthétiques, héroïques, il aveuglera ceux qui ont besoin de la régénération. La réputation, la popularité, les critères mondains du succès, sont tous contraires à l'esprit de Christ, mais ils sont les instruments que l'ennemi utilise, afin de confondre les pensées de beaucoup ; parfois même, celles des serviteurs du Seigneur.
Ainsi, si la croix est annoncée selon la pleine victoire qui est la sienne sur le monde, la chair et le Diable, nous devons nous attendre à ce que les forces intelligentes du mal fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à cette proclamation, tout en provoquant toutes causes de scandales qui puissent être imputées à la croix.
Il n'est pas surprenant que ce message soit rejeté ou discrédité, puisqu'il est la solution divine aux problèmes de l'homme déchu. La crucifixion est une brusque fin, car elle révèle la plus totale répudiation divine de tout ce qui appartient à l'ancienne création. Néanmoins, pour le croyant, la croix, telle qu'elle est présentée dans l'Évangile, est la puissance de Dieu pour le salut.
En conclusion, n'oublions pas que la félicité de l'entier propos de Dieu, l'expérience de la victoire et de l'association en vie avec Celui qui est assis sur le trône dans la gloire, sont nôtres aussi longtemps que nous sommes un avec la réalité de la croix telle qu'elle est présentée dans la Parole de Dieu. Peut-être cela est-il résumé au mieux dans ce passage : « Ils l'ont vaincu à cause du sang de l'agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort ».