La vie de Job.3
Job a parlé avec une pleine assurance d'un Rédempteur vivant qui prendra sa défense, qui soutiendra sa cause, lorsqu'il viendra pour juger le monde.
➲ Tsophar prend la parole
(Chapitre 6 v. 11 à 14).
« L'épreuve de votre foi, bien plus précieuse que l'or périssable, qui cependant est éprouvé par le feu (1Pierre 1 v. 7) ». « Suffit-il d'être un discoureur pour avoir raison ? » a demandé Tsophar. On suppose que cet homme était fort avancé en âge, le plus âgé des trois amis. Ce qui expliquerait la rudesse de ses paroles. Que Job ait osé plaider avec Dieu, provoque chez lui une vive irritation. « Oh ! Si Dieu voulait parler, dit-il, tu constaterais qu'il ne te traite pas selon ton iniquité (11 v. 1 à 12) ».
Tsophar ne peut admettre que l'on parle à Dieu avec une telle hardiesse ! Job pourrait-il sonder les profondeurs de Dieu ? Concevoir la perfection de connaissance du Tout-Puissant ? Elle est plus haute que les cieux, plus profonde que le sépulcre, plus longue que la terre, plus large que la mer. Il connaît les hommes vicieux et discerne l'iniquité, même quand il ne la châtie pas immédiatement.
Quelles dures paroles ! Et pourquoi les dire à son ami ? Puisqu'il prétend que l'homme sera intelligent quand le petit de l'âne naîtra homme : « Pour toi, dirige ton cœur vers Dieu. Étends vers lui tes mains, éloigne de toi l'iniquité, et ne laisse pas l'injustice habiter sous ta tente. Alors tu lèveras ton front sans taches, tu seras ferme et sans crainte ».
Comme Bildad, Tsophar suppose qu'il y a de l'iniquité dans le cœur de Job : « Examines-toi, fais le compte de tes voies, rejette le mal, alors tu oublieras tes souffrances. Elles seront comme l'eau qui s'écoule. Tes jours auront plus d'éclat que le soleil à son midi. Tes ténèbres seront comme la lumière du matin. Rien ne troublera ton repos ». «Tu n'auras plus ces effroyables visions dont tu nous a parlé. Comme autrefois, tu seras encore le premier parmi ton peuple ».
Cette rude admonestation paraît mettre Job sur ses pieds et il y répond avec vigueur : « Vraiment ! On pourrait croire que le genre humain, c'est vous, et qu'avec vous périra la sagesse ! » dit-il. Il arrive souvent que l'ami qui parle sans ménagements soit en bénédiction.
Job a été blessé par les paroles sans bonté, sans mansuétude, d'Eliphaz. Il a laissé voir l'amertume de son cœur à l'écoute de ce discours. C'est l'amertume d'un homme qu'a déjà frôlé l'ange de la mort. Les aimables raisonnements de Bildad et son désir manifeste d'encourager Job, ont presque plongé celui-ci dans le désespoir, en le plaçant devant la toute puissance de Dieu, pour lequel aucun homme n'est juste. Alors Job, avait encore répandu son cœur devant Dieu et dit sa plainte, lui rappelant que ses jours étaient comptés et qu'il allait mourir.
Mais le rude langage de Tsophar agit comme un tonique. Il provoque une vigoureuse réplique et réveille la foi qui semblait endormie. Il ranime en Job, la confiance que Dieu le portera, pendant tout le temps que durera l’épreuve.
L'homme qui se croyait mourant, a plus de vigueur dans son âme qu'il ne le pensait lui-même. Le voici répondant à Tsophar avec la même rudesse que celui-ci a employée : « Vraiment, vous êtes le monde. A vous entendre, on pourrait le croire. Mais j'ai moi aussi de l’intelligence. Je ne vous suis pas inférieur. Et qui ne sait ces choses que vous dites ? Tsophar, tu fais de moi un objet de raillerie, moi qui, autrefois, en appelais à Dieu et à qui Dieu répondait. Le juste, l'innocent, un objet de raillerie ! Au malheur, le mépris ! C'est la devise des heureux (12 v. 1 à 5) ».
« Interroge les bêtes, Tsophar, elles t'instruiront. Qui parmi elles ne sait que l’Éternel tient en sa main l'âme de tout ce qui a vie ? (7 à 10) ».
Tsophar a évoqué la grandeur de Dieu, mais la nature entière rend témoignage à cette grandeur. Comme l’oreille goûte les paroles et le palais les mets, ainsi Job, après avoir écouté son ami, n'a rien discerné qui s’appliquât à son épreuve dans le discours de celui-ci.
« Vous dites que la sagesse est avec les vieillards, mais moi je vous dis que sagesse et puissance résident en Dieu ». Le Dieu avec qui il a plaidé est celui qui fait toutes ces choses, selon sa propre volonté. Lui seul a de l’intelligence. Ce qu'il brise ne sera pas relevé. Ce qu'il enferme ne sera pas délivré. «Il retient les eaux et tout se dessèche, il les lâche et la terre est dévastée.» En lui la force, en lui l'action. L’Éternel domine. Il maîtrise celui qui s'égare, ou fait s'égarer les autres. Il délie la ceinture des rois, il reverse les puissants, il prive de jugement les vieillards, il verse le mépris sur les grands. Il met à découvert les richesses cachées dans les ténèbres. Il donne de l'accroissement aux nations et il les anéantit (10 à 5).
« Certainement, je veux parler au Tout-Puissant, je veux plaider ma cause devant Dieu (13 v. 3) ».
Tsophar aurait voulu que Dieu parlât pour le confondre. Mais loin d'être effrayé par cette perspective, il désire de tout son cœur parler à Dieu. A nouveau, il dit à Tsophar qu'il ne lui est pas inférieur en connaissance de l’Éternel (v. 2). Ses amis sont venus pour le consoler, mais ils sont, en définitive, des médecins du néant. Que n'ont-il gardé le silence ! « Vous ne forgez que des mensonges », leur reproche-t-il. Car ses amis l'accusent injustement, et de quelle utilité peut être le médecin qui n'est pas capable d'établir un diagnostic ?
Que n'ont-ils avoué leur ignorance et gardé le silence. Je vous ai écoutés, leur dit Job, écoutez-moi, maintenant : « Direz-vous ce qui est injuste en faveur de Dieu, et pour le soutenir, allégueriez-vous des faussetés ? S'il vous sonde, vous approuvera-t-il ? » Ses amis ne lui auraient pas parlé aux jours de sa prospérité comme ils le font maintenant alors qu'il est assis sur un tas de fumier et rejeté des hommes. Ne craignent-t-ils pas de tenir une telle conduite vis-à-vis d'un serviteur de Dieu ? « Vos sentences sont des sentences de cendre, vos retranchements, des retranchements de boue ». Qu'ils se taisent donc, et lui, il parlera, quoi qu'il en puisse advenir (13 v. 1 à 13).
Job, soutenu par sa foi, prend une résolution désespérée. Il prendra sa chair entre ses dents (expression encore employée aujourd'hui dans les pays où l'on parle arabe et qui signifie : Se jeter au sein du danger) et il s'en remettra à Dieu. « J'exposerai ma vie, même s'il me tue, je ne cesserai pas d'espérer en lui. Je défendrai ma conduite devant lui, il sera mon salut (13 v. 14 à 16) ».
Un impie n'oserait paraître en sa présence. Devant ses visiteurs, il va plaider sa cause. Bien qu'il ne puisse expliquer comment un homme peut paraître juste devant Dieu, cependant, il assure qu'il sera justifié. Et regardant ceux qui sont venus pour le consoler, il demande : « Quelqu'un oserait-il protester ? En ce cas, dans l'état où je suis, plutôt que de garder le silence, je préfère mourir (17 à 19) ».
Et il dit à Dieu : « Seulement accorde-moi deux choses et je ne me cacherai pas loin de ta face : Retire ta main de dessus moi, et que la terreur ne me trouble plus. Puis, appelle et je répondrai, ou si je parle, répond-moi (20 à 23) ».
Déjà, Job a parlé de cette terreur de Dieu. « Connaissant la crainte que l'on doit avoir de Dieu (la terreur de Dieu) dit l'apôtre dans sa lettre aux Corinthiens, nous essayons de persuader les hommes (2 Corinthiens 5 v. 11) ». Sans nul doute, il y a une révélation de Dieu, comme celui qui est terrible, dans sa Sainteté même pour les rachetés, afin que ceux-ci connaissent combien est haïssable le péché, et quelle pieuse crainte il faut avoir de Lui : « Quand tes terreurs sont sur moi, je suis troublé (Psaume 88 v. 16) », s'écrit David dans la fournaise de l'affliction.
« Quel est le nombre de mes iniquités et de mes péchés ? Fais moi connaître mes transgressions et mon péché (ch. 13 v. 23) ».
Ses amis ont accusé Job d'avoir récolté ce qu'il a semé. Ils lui ont dit que son péché méritait bien plus que le châtiment qui l'atteignait. Et Job répand son âme devant Dieu, lui demandant qu'il lui fasse connaître quelles sont ses iniquités. Lui-même ne les découvre pas. Pourquoi cache-t-il sa Face ? Pourquoi le traite-t-il en ennemi ? Pourquoi le frapper comme une feuille agitée ? Ou le poursuivre comme la paille desséchée qui tourbillonne et que le moindre souffle jette de ci delà.
Dans cette recherche de son péché, Job retourne au temps de sa jeunesse. Dieu le punirait-il pour ses fautes d'autrefois ? « Pourquoi mettre mes pieds dans les ceps et surveiller tous mes mouvements, prendre l'empreinte de mes pas ? alors que mon corps tombe en pourriture, comme un vêtement que dévore la teigne ! » Cependant, Job ne trouva point dans sa vie de transgressions, de péchés, qui aient provoqué les terribles châtiments dont il est l'objet.
« L'homme, une fois mort, revivra-t-il ? (ch. 14 v. 14) ».
La pensée de Job s'absorbe maintenant dans la fragilité de la vie humaine. Les mots qu'il emploie montre qu'il n'a pas « de ferme assurance » concernant la vie à venir. Pour lui, il est au bord de la tombe : « Tes yeux seront sur moi, mais je ne serai plus ». Le pays de l'ombre de la mort est pour lui un lieu d'épaisses ténèbres, les ténèbres même. « L'homme se couche et ne se relèvera plus...tant que les cieux subsisteront ».
Job avait marché avec Dieu et Dieu l'avait abondamment béni de biens temporels, mais c'est dans l'affliction qu'il apprendra ce que la prospérité ne lui avait pas enseigné. Car il semble bien que les vérités éternelles ne nous sont révélées qu'au moment où les choses de la terre nous échappent.
« L'homme, sa vie est courte, comme la fleur, il est coupé, et c'est sur lui que tu as l’œil ouvert. Et tu m'appellerais en jugement avec toi ! Comment d'un être souillé sortirait-il un être pur ? »
Ainsi, Job reconnaît que l'homme, par sa nature même est impur. Ce que fait aussi David : « Tous sont égarés, tous sont pervertis, il n'est aucun qui fasse le bien, non pas même un seul ! (Psaume 14 v. 3 ; lire aussi Romains 3 v. 9 à 12) ». « Ce qui est né de la chair est chair ». Point d'espérance pour l'homme naturel. Il lui faut naître de nouveau.
« Oh ! Si tu voulais me cacher dans le séjour des morts, m'y tenir à couvert jusqu'à ce que ta colère fût passée, et me fixer un terme auquel tu te souviendrais de moi ! Mais si l'homme meurt, revivra-t-il ? » S'il avait l'absolue certitude d'une autre vie, c'est bien volontiers que Job supporterait les jours d'épreuves, jusqu'au moment de la délivrance. « Tu appellerais et alors je te répondrais, je saurais que tu languis après l'ouvrage de tes mains... Mais tu comptes mes pas, mes transgressions sont scellées en un faisceau... (v. 14 à 17) ».
« Les eaux courantes usent même la pierre », et lui, Job, est exténué par une épreuve accablante qui ne lui laisse aucun répit, aucune espérance. En une telle extrémité, un homme ne peut rien voir au-delà de sa peine : « Que ses fils soient honorés, il n'en sait rien ! Qu'ils soient dans l'abaissement, il l'ignore ! » Il ne voit rien au-delà de sa douleur, et du deuil de son âme (v. 17 à 20).
➲ Humiliation de Job (Chapitre 7 v. 15, 16, 17).
« Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu afin qu'il vous élève quand il en sera le temps (1 Pierre 5 v. 6) ».
Eliphaz prend à nouveau la parole, et c'est pour accuser Job de ne pas avoir de crainte de Dieu et d'anéantir la piété : « Ses paroles même le condamnent, ses lèvres déposent contre lui (1 à 6) ». Eliphaz emploie même le sarcasme, avec le malheureux que l'épreuve accable.
« Es-tu le premier des hommes ? »
« As-tu enfanté avant les collines ? »
« As-tu reçu les confidences de Dieu ? »
« As-tu dérobé la sagesse à ton profit ? »
« Que sais-tu que nous ne sachions pas ? »
« Quelle connaissance as-tu que nous n'ayons pas ? »
« Il y a parmi nous des cheveux blancs, des vieillards (7 à 10) ».
Eliphaz paraît croire que la vieillesse implique nécessairement la sagesse. Job s'imaginerait-il qu'il en sait plus que ses amis ; plus que nous ? Ce « nous » se trouve dans toutes les histoires humaines. « Il ne nous suis pas » disent les disciples à Jésus, bien des années plus tard.
La tradition, l'âge, la majorité ! Cela a bien quelque valeur, quelque poids. « T'imaginerais-tu prévaloir contre nous tous ? » Où ton cœur t'entraîne-t-il ?...Quoi ! C'est contre Dieu que tu tournes ta colère ? Car Dieu est avec nous. Les consolations de Dieu que nous t'offrons te paraissent-elles peu de chose, ainsi que les paroles qui, doucement se font entendre ? »
Puis Eliphaz répète ce qu'il a déjà dit : C'est que l'homme ne saurait être juste devant Dieu, pour qui, même les cieux ne sont pas purs. A combien plus forte raison l'être abominable et pervers, l'homme, qui boit l'iniquité comme l'eau. C'est ici l'écho des parles déjà dites, suggérées à Eliphaz par un esprit au cours d'une vision nocturne. Nous avons ici la preuve que les visions d'origine satanique n'entraînent pas l'affranchissement de la puissance du péché. Mais lorsque le Saint-Esprit révèle la vérité, c'est dans le but de délivrer le pécheur de cette servitude.
De plus, remarquons que Satan emploiera volontiers une demi-vérité pour aveugler ceux qu'il retient captifs. Il est tout-à-fait satisfait qu'Eliphaz croie à l'entière corruption de l'homme tombé, si cela peut l'en gagner à y demeurer, et à continuer de « boire l'iniquité comme de l'eau ».
Le message de l'évangile, ce qu'il offre pour l'homme déchu, c'est de faire de lui une nouvelle créature. L'homme est invité à prendre sa place en Christ sur la croix, à dépouiller le vieil homme qui est corrompu, et à revêtir l’homme nouveau... créé dans la justice et la sainteté.
En obéissance à l'enseignement qu'il avait reçu de Dieu, Job avait offert des holocaustes, des sacrifices. Il savait de quelle manière il pouvait s'approcher de Dieu, bien qu'il aurait été incapable de le dire dans le langage du Nouveau Testament. Ce que Job dit prouve qu'il sait bien ce qu'il de part sa nature. Mais il sait aussi qu'il avait accès auprès de Dieu. Il a en son cœur le témoignage d'avoir marché devant Dieu dans l'intégrité et la vérité. Il sait enfin que l’Éternel l'a gardé de tomber dans le mal.
C'est cette confiance de Job que ses amis ne peuvent comprendre ni accepter, car son expérience et sa connaissance dépassent les leurs. Eliphaz va donc répéter à nouveau, d'après la tradition, quel est le partage du méchant, celui qui lève sa main contre Dieu : « Le méchant passe dans l'angoisse tous les jours de sa vie. La voix de la terreur retentit à ses oreilles. Il ne connaît pas le bonheur : Il manque de pain. Il n'habite point une demeure paisible, il n'a point de richesses, il est comme ces arbustes dépouillés avant l'heure de la récolte. Bref, il n'y a pour lui que détresse, angoisse et ténèbres, parce qu'il a bravé le Tout-Puissant ».
Alors Job répondit : « J'ai souvent entendu pareilles choses, vous êtes tous des consolateurs fâcheux (16 v. 2) ».
Pauvres consolateurs en vérité, que ces hommes pour leur ami dans la fournaise de l'affliction ! « Si vous étiez à ma place et si j'avais votre âme à la place de la mienne, moi aussi je pourrai parler comme vous, et secouer la tête contre vous », dit Job. Il est facile, lorsqu'on n'est pas soi-même dans la fournaise, de discourir sur les souffrances des malheureux ! (Psaume 69 v. 27).
Ne peut donner les consolations de Dieu que celui qui les a expérimentées. C'est là le secret de la délicatesse pleine de tact de l'apôtre Paul, auprès des âmes dans l'affliction. Parce qu'il souffrait, il était capable de comprendre les souffrances des autres. « Si nous sommes affligés, c'est pour votre consolation et votre salut » écrit-il aux Corinthiens. Si nous sommes consolés, c'est pour votre consolation qui se réalise par la patience à endurer les mêmes souffrances que nous endurons (2 Corinthiens 1 v. 6).
« Cependant, si vous étiez à ma place, ajoute Job, j'essaierais de vous fortifier par mes paroles, je remuerais les lèvres pour vous consoler, non pas pour vous accabler et vous condamner. Je ne vous servirais point de lieux communs sur la grandeur de Dieu et la corruption de l'homme. Je ne vous dirais point que votre calamité est méritée ».
Et nous, en ce siècle ! Ne sommes-nous pas nous aussi des consolateurs fâcheux ? Bien que nous vivions à la lumière de l’Évangile, et que nous connaissions Celui qui a été rendu parfait par les choses qu'il a souffertes. Ils sont nombreux, ceux qui nourrissent au fond de leur cœur les mêmes pensées que les amis de Job. Le fait d'être indemne de la souffrance donne, pour eux, la preuve d'être en règle avec Dieu, puisque eux-mêmes sont gardés de l'épreuve. On entend dire : « Christ a porté nos douleurs...il a porté la croix pour que nous n'ayons pas à la porter...». Combien peu ont compris les desseins de Dieu, ses pensées profondes concernant l'extraordinaire sacrifice de son Fils bien-aimé sur le bois de la Croix.
Le Christ a porté nos douleurs, il est vrai, mais c'est afin que nous puissions rentrer dans sa douleur concernant le monde et son peuple. Il a porté la Croix, c'est pour nous amener avec Lui dans la communion de ses souffrances, jusqu'à la Croix. Il nous a délivrés de nos propres fardeaux, pour que nous puissions partager avec Lui, selon notre mesure, le fardeau des âmes et achever les souffrances de Christ pour l'amour de l’Église qui est son Corps.
Or pour ce service, il faut que nous soyons comme broyés, comme brisés, pour être débarrassés de notre dureté naturelle. Autrement, comment pourrions-nous travailler à relever et à fortifier ceux avec nous sommes en contact ?
« Hélas ! Il m'a épuisé...» dit Job.
« Tu a ravagé toute ma maison ».
« TU m'as saisi (chapitre 16 v. 7 et 8) pour témoigner contre moi...»
Job affirme à nouveau sa certitude d'être entre les mains de Dieu. « Que je parle ou non, mes souffrances ne seront point calmées »,dit-il. Oui, c'est, en dernière analyse, Dieu lui-même qui permet que mes amis me traitent ainsi, que je reste désolé, sans sympathie à l'heure de l'affliction. « Mon adversaire me transperce de son regard ». Ici, Job désigne le grand adversaire, lequel se sert de ses amis pour l'accabler, car il ajoute : « Ils s'acharnent tous après moi (v. 10) ».
Il est certain que l'adversaire fixe tout particulièrement ses regards sur l'âme qui est dans le creuset de la douleur. Il rend les yeux des autres plus perçants pour que ceux-ci constatent la moindre défaillance. C'est ce que dit le prophète Jérémie : « J'apprends les mauvais propos de plusieurs, l'épouvante est tout à l'entour. Accusez-le et nous l'accuserons ! Tous ceux qui étaient en paix avec moi, observent si je chancelle (Jérémie 20 v. 10) ».
Aucun serviteur de Dieu, s'il est fidèle, n'a encore échappé à cet aspect spécial de la fournaise ardente. « Tout le long du jour, ils tordent mes paroles », dit David, le chantre merveilleux du peuple d'Israël. C'est ainsi que nous apprenons ce qu'est la communion avec Christ, l'Homme de douleur. C'est de la sorte que nous sommes conduits en la ressemblance de l'Agneau.
« Dieu me livre à la merci des impies ».
« Il me précipite entre les mains des méchants ».
« J'étais tranquille et il m'a secoué ».
« Il m'a saisi par la nuque et il m'a brisé ».
« Il a tiré sur moi comme sur une cible ».
« Ses traits m'environnent de toutes parts ».
« Il me perce les reins sans pitié....».
« J'avais dit : Qu'il n'épargne pas ! Il m'a pris au mot. Il me fait brèche sur brèche, et fond sur moi comme un guerrier (v. 1 à 14) ».
« J'ai cousu un sac sur ma peau ».
« J'ai roulé pas tête dans la poussière (16 v. 15) ». Littéralement : « J'ai roulé ma corne ». La corne, symbole d'autorité, de puissance, de dignité, je l'ai roulée dans la poussière. Les pleurs ont altéré mon visage, l'ombre de la mort est sur mes paupières. Je n'ai cependant commis aucune violence, et ma prière est pure. Dès maintenant mon témoin est dans le ciel, mon témoin est dans les lieux élevés ».
Job garde cette constante assurance que Dieu connaît l'intégrité de sa vie, et qu'il le justifiera. Cette assurance provoque l'indignation des amis de Job. Oui mais que pouvait-il dire d'autre, sinon la vérité ?
Job se détourne à présent de ses amis. Après tout, qu'importe ce qu'ils pensent ! Son esprit est épuisé, ses jours s'éteignent, le sépulcre l'attend. Quelle folie que de continuer à discuter avec eux. Il doit regarder à Dieu comme la cause première. C'est lui qui a fermé le cœur à l’intelligence. D'ailleurs, il a la certitude que Dieu ne les laissera pas triompher, triompher dans leur injuste condamnation !
Mieux vaut encore qu'ils aient dit ce qu'ils pensaient, que d'avoir usé de flatteries (v. 5 version autorisée anglaise). C'est Dieu qui a permis, qu'un homme marchant avec lui, soit devenu l'objet du mépris. Les hommes droits en sont stupéfaits. Cependant, le juste reste, demeure ferme dans sa voie. Même si le corps s'affaiblit, celui qui a les mains pures, se fortifie de plus en plus.
« Quant à vous, mes amis, je ne trouve pas un sage parmi vous. Mes jours s'éteignent, mes projets sont anéantis, tout ce que mon cœur aimait ! Plus rien devant moi que la tombe, c'est dans les ténèbres que je dresserai ma couche. Je crie à la fosse : Tu es mon père ! Et aux vers, vous êtes ma mère et mes sœurs ! Mon espérance descendra vers les portes du séjour des morts, quand nous irons ensemble reposer dans la poussière ».
Peu à peu, Job cesse de se débattre pour désirer le repos. Aussi longtemps que nous nous débattons dans l'affliction, nous la prolongeons. Dieu désire que nous dressions notre couche dans les ténèbres. C'est-à-dire que nous reposions dans les ténèbres en comptant sur sa fidélité. Oh ! Âme qui te débats dans la douleur sous la puissante main de Dieu, prends ta place dans la poussière, et reconnais, que par ta nature, tu es corrompu.
Dieu veille sur toi dans ces épaisses ténèbres où il t'a conduite. Là, demeure dans le repos et le calme. Toi qui craint Dieu, et marche dans l'obscurité, assure-toi en Lui, n'essaie pas d'allumer un feu par tes propres efforts, attends ! Et tu seras bénie des bénédictions « des meilleures eaux qui sont en bas...bénédictions qui prévaudront jusqu'aux extrêmes limites des collines éternelles (Deutéronome 33 v. 14,15,16) ».
➲ Second discours de Bildad - Accents prophétiques de Job
(Chapitre 8 v. 18 et 19).
« Je le vis... et il me dit : Ne craint point (Apocalypse 1 v. 17 et 18) ».
Bildad ne peut dissimuler sa mauvaise humeur à l'ouïe du langage énergique de Job ! Vraiment, celui-ci ne garde plus aucune mesure : Il compare ses amis à des bêtes, à des brutes, alors que lui-même se laisse aller à la colère ! « Mais la lumière du méchant s'éteindra » assure-t-il sans bien réaliser en son cœur, peut-être, les paroles prononcées.
A nouveau, il décrit le sort du méchant. Les images de son discours montre la pauvreté de ses expériences : « La lumière du méchant s'éteint ; il est pris au piège par le talon, le filet le saisit, cordeau et trappe sont sur son sentier, les terreurs l'assiègent, la faim le consume. Nul des siens n'habitera sa tente, et le soufre sera répandu sur sa demeure. Il sera oublié, son nom ne passera pas à la postérité. Il n'aura point d'influence sur ses contemporains, on le chassera, il ne laissera pas de postérité. Point d'autre sort pour qui ne connaît pas Dieu (v. 1 à 19) ». Bref, les générations à venir seront épouvantées de sa ruine, comme le sont aussi ses contemporains, devant les malheurs qui le frappent.
Il est évident que, pour Bildad, c'est la prospérité qui donne la preuve de la bénédiction de Dieu et de lui être agréable. Le bonheur dans la famille, un nom dans le village ou la ville que l'on habite, une vie heureuse. Il est donc inévitable qu'il se méprît sur les causes du malheur qui avait atteint Job. Il lui était impossible de comprendre comment Dieu pouvait permettre de si terribles épreuves pour un serviteur fidèle.
Job dit alors : « Jusques à quand, Bildad, affligeras-tu mon âme ? » Il a discerné que tous les discours sur le méchant s'adressent à lui, en définitive. Il s'étonne que ses amis n'aient point de honte à le traiter comme ils le font. « Si j'avais péché, j'en serai seul responsable. Pensez-vous faire la preuve de ma culpabilité en me traitant ainsi ? »
Toutefois, comme il a manifestement blessé Bildad, il va essayer à nouveau d'exposer son cas, afin que ses amis jugent eux-mêmes s'ils le traitent avec droiture et bonté (Chapitre 19).
Bildad dit que le méchant est pris par le filet de sa méchanceté. Eh bien, ce n'est pas mon cas ! « Sachez que c'est Dieu qui me poursuit et m'enveloppe de son filet. Vous m'exhortez à chercher Dieu. Je le fait sans résultat. J'implore justice et point de justice ! C'est Dieu qui m'a fermé toute issue, et a répandu les ténèbres sur mes pas. C'est Dieu qui m'a dépouillé de ma gloire et qui a ôté la couronne de ma tête... Il m'a brisé de toutes parts. Il m'a arraché comme un arbre. C'est lui qui éloigne de moi mes frères, mes amis, de sorte que je suis laissé seul avec ma douleur (6 à 13) ».
« Je suis abandonné de mes proches ; je suis oublié de mes intimes..., eux qui étaient si heureux de venir ma voir aux jours de ma prospérité, de manger mon pain, de séjourner chez moi ! Même mes serviteurs me traitent en étranger ! Si je les appelle, ils ne répondent pas. Mon humeur est odieuse à ma femme, et ma plainte aux fils de mes entrailles. Même des jeunes enfants me méprisent. Si je me lève, ils parlent contre moi
Bien plus douloureux encore ! Les gens de mon conseil, mes confidents, m'ont en horreur ! Ceux qui, je le pensais, me seraient fidèles et ne m'abandonneraient jamais quoi qu'il arrive, ceux-là même se sont tournés contre moi ! Y a-t-il un homme dont l'état soit aussi pitoyable que le mien ? Qu'ai-je encore ? Mes amis, regardez-moi ! Il ne me reste que la peau des dents ! ».
« Ayez pitié, ayez pitié de moi, vous mes amis ! Car la main de Dieu m'a frappé ».
La main de Dieu ! Job était loin de soupçonner ce qui c'était passé dans le ciel. Il ne savait rien du défi de Satan, disant à l'Éternel : « Étends ta main, touche à ses os et à sa chair et je suis sûr qu'il te maudira en face ».
Dieu avait accepté le défi. Il avait comme livré entre les mains de l'adversaire, son fidèle serviteur. Malgré cela, Job n'a pas renié son Dieu. Il a pleuré, il a gémi, il s'est débattu dans la douleur et sous les coups de l'affliction. Mais sa loyauté vis-à-vis de Dieu n'a pas été atteinte , elle est restée intacte, bien qu'il croit que c'est Dieu qui le frappe. Il ne comprend pas les dispensations de l'Éternel à son endroit, et pourquoi Dieu semble le juger. Ce qu'il sait bien, c'est que sa conscience est claire, nette. Il devrait donc trouver pitié et sympathie auprès de ses amis
Vision prophétique de Job.
« Mais je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu'il se lèvera au dernier jour sur la terre, après, je me réveillerai, bien que ce corps soit détruit, quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu, je le verrai et il me sera favorable (19 v. 25 et 26) ».
Job est sur le tas d'immondices en dehors de la ville, en apparence oublié de Dieu. Les hommes méprisent cette pauvre épave, ce misérable squelette que dévore la maladie, cet homme, qui était il y a encore peu de temps, prince et chef parmi son peuple. Persécuté, il le supporte, calomnié, il supplie. Devenu comme les balayures du monde et le rebut de tous, voici ce misérable qui éclate en un cantique de foi triomphante : Il a maintenant la glorieuse assurance que, même si son corps est détruit, il verra Dieu.
L'esprit de Job brise enfin ses chaînes, et il émerge en pleine lumière. Son Rédempteur (son Vengeur) est vivant. Au dernier jour il se lèvera sur la terre : « Qu'importe si les vers détruisent ce corps, je verrai Dieu », s'écrie Job. Je verrai qu'il est pour moi et qu'il me sera favorable. « Oh ! Combien mon âme se consume au dedans de moi, dans l'ardente espérance de ce jour ! (27) ».
Peu auparavant Job avait dit : « L'homme revivra-t-il ? » Et voici que ses lèvres viennent de formuler la réponse. Non seulement, il a discerné les choses à venir pour sa propre consolation, mais poussé par le Saint-Esprit, il a prophétisé la résurrection, et annoncé le retour glorieux du Rédempteur crucifié.
L'apôtre Paul a souvent parlé de l'Évangile, comme manifestant les desseins éternels (Ephésiens 3 v. 11), ou révélant le mystère caché pendant les siècles (Romains 16 v. 25). Il a annoncé la sagesse mystérieuse et cachée, destinée pour notre gloire avant les siècles (1 Corinthiens 2 v. 7), et enfin manifestée par l'apparition de notre Sauveur Jésus-Christ... qui a mis en évidence la vie et l'immortalité par l'Évangile (2 Timothée 1 v. 10).
Toutefois, déjà sous l'Ancienne Alliance, il était arrivé que le voile fût momentanément levé, et le silence rompu sur les desseins de Dieu, en faveur de quelques saints vivant tout près de Lui. Car il y a eu des saints prophètes depuis le commencement du monde. Il est écrit que l'Évangile fût prêché à l'avance à Abraham. L' Esprit l'a aussi révélé à Job. Pas aussi clairement qu'il fût révélé à Paul, mais assez clairement, cependant, dans la mesure de sa communion avec Dieu.
Il semble que ces anciens prophètes furent enseignés de Dieu, surtout par les expériences et les circonstances de leurs vies. Très probablement, Job n'aurait pu expliquer toute la signification du sacrifice par lequel l'homme pouvait s'approcher de Dieu. Il en avait vu les effets dans sa vie. A présent, dans la fournaise de l'épreuve, réduit à l'extrémité, il saisit de façon expérimentale la foi en la résurrection.
C'est aussi à l'heure tragique de l'épreuve suprême que la foi d'Abraham gravit ce nouveau degré vers Dieu : « Il offrit Isaac... il offrit son fils unique, lui qui avait reçu les promesses... pensant que Dieu est puissant, même pour ressusciter les morts (Hébreux 11 v. 8 à 17) ».
C'est encore cette foi communiquée par Dieu qui rendit capables des faibles femmes de supporter les moqueries, le fouet, les chaînes, la prison et de ne point accepter la délivrance, afin d'obtenir une meilleure résurrection (Hébreux 11 v. 35 et 36). C'est cette foi en la résurrection que le Seigneur veut éveille dans le cœur de Marthe, auprès du tombeau de son frère Lazare. C'est cette foi qui se grave plus profondément dans le cœur de Paul, quand, lapidé, il désespère même de la vie, lors de la persécution en Asie.
Ainsi, au cours des âges, nous trouvons la foi en la résurrection, aux heures de soumission entière et de sacrifice total à la volonté de Dieu. L'heure de l'angoisse et de la souffrance suprême paraît être celle où l'esprit humain peut briser ses chaînes et pénétrer dans le royaume de la lumière et de la connaissance de Dieu, d'une manière impossible jusque là.
Il en fut ainsi pour Job. Dans le creuset d'une épreuve sans parallèle, au sein d'une épouvantable souffrance, n'ayant plus que la peau des dents, comme il le dit lui-même, c'est en cette extrémité qu'il s'écrit : « Je sais que mon Rédempteur est vivant ». Et voici, son âme est remplie de l'ardent désir de rencontrer son Sauveur, de le voir face à face. Il sera son Ami, il lui sera favorable.
Puis, ses yeux se reportant sur ceux qui l'entourent, il dit qu'il y aura un jugement. La justice de sa cause sera reconnue. « Vous direz alors, pourquoi le poursuivions-nous ? Craignez pour vous le glaive. Les châtiments par le glaive sont terribles ! (28 et 29) ».
Un message de Jessie Penn-Lewis
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