
3. Chrétien et heureux ?
Chap: 3 - La vraie connaissance chrétienne - À la question : Comment pouvons-nous vivre heureux comme chrétiens ? Nous trouvons ici encore une réponse : en vivant dans la grâce et la paix de Dieu.
Après s’être présenté lui-même, et s’être adressé aux destinataires de l’épître en les caractérisant d’une manière si belle, l’apôtre exprime une salutation : « Que la grâce et la paix vous soient multipliées dans la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur ! » (v. 2).
Comment pouvons-nous vivre heureux comme chrétiens ? nous trouvons ici encore une réponse : en vivant dans la grâce et la paix de Dieu. La grâce est l’amour immérité. Elle constitue la source, l’origine des voies de Dieu envers nous. La paix en découle, en est le résultat. Tant la grâce que la paix peuvent être expérimentées de deux façons : soit fondamentalement, soit d’une manière plus pratique. Dans le premier cas, elles sont liées à la conscience, dans le second, au cœur ou à l’âme.
Lorsque nous étions dans nos péchés et que nous nous sommes tournés vers Dieu avec repentance et foi, il nous sauva par la grâce, par la foi (Éphésiens 2 v. 8). Et maintenant que nous avons été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ (Romains 5 v. 1).
Il s’agit de la paix de la conscience, l’heureuse assurance que la question de nos péchés et de notre culpabilité est parfaitement réglée devant Dieu. Nous avons la paix avec Dieu, aussi réellement aujourd’hui que plus tard dans la gloire du ciel. C’est un fait établi, inébranlable.
Mais en plus de cet aspect fondamental, il y a un côté plus pratique. Il concerne notre marche et c’est celui-ci que mentionne la salutation. Dans ce sens pratique, la grâce nous est chaque jour à nouveau nécessaire, nous avons souvent besoin que la paix du cœur soit retrouvée ou affermie. Nous rencontrons beaucoup de difficultés (pour ne pas parler du péché) sur notre chemin au travers de ce monde, et sans le recours continuel à la grâce de Dieu, nous ne pouvons pas y jouir de la paix du cœur.
Aussi est-il parlé ici d’une multiplication de la grâce et de la paix : « Que la grâce et la paix vous soient multipliées ». Dieu désire que nous nous appuyions toujours plus sur sa grâce, que nous en fassions toujours davantage usage, que nous prenions plus conscience de notre entière dépendance de sa grâce. Le fleuve de sa grâce est assurément toujours « plein d’eau » (Psaume 65 v. 9), mais souvent, nous le laissons couler près de nous sans y puiser.
Aussi parfois Dieu nous force-t-il par les circonstances à compter de nouveau davantage sur sa grâce. Il sait que de cette manière seulement, nous pouvons jouir de la paix précieuse : cette harmonie du cœur avec lui et ses pensées, que rien ne saurait remplacer. Alors la paix aussi devient profonde « comme un fleuve » (Ésaïe 48 v. 18), parce qu’elle repose sur la grâce de Dieu et sur rien d’autre.
Nous qui vivons dans des jours de mécontentement, de déchirement et de dissolution, n’éprouvons-nous pas tous le besoin de cette paix ? La salutation de l’apôtre agit alors comme un baume pour nos cœurs.
À part notre passage et la première épître de Pierre, l’expression « vous soient multipliées » ne se trouve que dans l’épître de Jude (1 Pierre 1 v. 2 ; Jude 2).
Il ne s’agit certainement pas d’un hasard. Pierre a écrit sa première lettre à des enfants de Dieu dans la souffrance. Combien précisément de tels croyants ont besoin de compter davantage sur Dieu et de recourir à sa grâce !
Mais la seconde épître de Pierre et celle de Jude ont en vue les derniers jours, la fin des temps avec l’apostasie annoncée ; et Dieu promet la multiplication de la grâce et de la paix pour ces jours aussi. N’est-ce pas bien propre à nous consoler ?
Mais une adjonction remarquable est apportée, qui ne se trouve que dans la seconde épître de Pierre : « … Dans la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur » (v. 2). Dieu ne peut nous multiplier sa grâce et sa paix que d’une certaine façon : dans une véritable intimité de cœur avec lui-même et son Fils, notre Seigneur. Nous l’oublions facilement. Souvent, nous nous tenons à une certaine distance de lui, ou nous nous satisfaisons d’une connaissance intellectuelle de Dieu et de Christ. Il en est parlé au chapitre 2, versets 20 à 22.
Les conditions pour porter du fruit ne sont ainsi pas réunies. Dieu ne se révélera à nous que si nous marchons avec lui. Le Seigneur Jésus en a parlé dans ses paroles d’adieu : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai et je me manifesterai à lui » (Jean 14 v. 21).
Aimons-nous réellement le Seigneur Jésus, avons-nous le désir qu’il se révèle davantage à nous ? Si tel est le cas, obéissons-lui et il honorera sa parole. Sa Personne bénie nous deviendra de plus en plus familière, et la grâce et la paix découleront tout naturellement. Existe-t-il quelque chose qui puisse nous rendre plus heureux, dans le temps présent déjà ?
La connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur, occupe une place centrale dans la seconde épître de Pierre. Pour en parler, l’apôtre emploie quatre fois le mot signifiant une « pleine connaissance » : « epignôsis » (1 v. 2, 3, 8 ; 2 v. 20).
Effectivement, la connaissance du Seigneur est la clé de voûte de notre foi. Sans elle, notre vie de foi est vide, la foi entière est vide. D’où l’importance que nous croissions dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (3 v. 18), de celui qui est l’image du Dieu invisible. C’est dans le Fils que le Père se révèle, et cela, dans la puissance du Saint-Esprit. « En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous », a dit le Seigneur Jésus (Jean 14 v. 20). Ce « jour » est aujourd’hui.
Nous avons l’immense privilège de connaître Dieu dans la pleine révélation qu’il a donnée de lui dans son Fils. Telle est la véritable connaissance chrétienne.
À l’époque de l’Ancien Testament, Dieu ne s’était révélé que d’une manière fragmentaire ; il habitait pour ainsi dire « dans l’obscurité » (1 Rois 8 v. 12) ; et il était important que les croyants d’entre les Juifs, à qui Pierre écrivait, le reconnaissent.
Ils étaient trop profondément enracinés dans les traditions des pères pour que n’existe pas le danger de négliger la lumière éclatante de l’Évangile à ce sujet.
Les révélations de Dieu au cours des temps passés, moins précises, étaient certes bénies, mais la lumière « de la connaissance de la gloire de Dieu » n’est visible que « dans la face de Christ » (2 Corinthiens 4 v. 6).
Seul le Seigneur Jésus nous a apporté la pleine connaissance de Dieu, son Père, et cela, dans la mesure où lui le connaît. Cette révélation de Dieu, son Père, a eu lieu pendant les jours de sa vie ici-bas et aussi après sa résurrection ; ainsi, il pouvait dire : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jean 14 v. 9 ; comp. aussi 1 v. 18).
Dans sa première épître, Jean exprime la même vérité en ces termes : « Nous savons que le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le véritable » (1 Jean 5 v. 20).
Connaître le Véritable, quelle grâce merveilleuse ! N’est-il pas étrange, humiliant même, que nous manifestions souvent si peu d’intérêt pour ce qu’il y a de plus précieux ?
Si nous connaissons Dieu, nous savons aussi ce que son cœur tient en réserve pour nous. Et à cette connaissance se rattache la force morale pour une marche de piété, comme nous allons le voir.
Mais avant de développer cette pensée, relevons encore un point : Au verset 1, il est parlé du Seigneur Jésus comme Sauveur ; dans le verset 2, il est présenté comme Seigneur. Tel est le chemin que Dieu nous fait toujours suivre, et cet ordre correspond également à notre expérience.
Nous avons d’abord appris à connaître Christ comme Sauveur. Sans ce premier pas, nous serions encore dans nos péchés, nous serions perdus pour l’éternité.
Mais bien que cette expérience ou connaissance soit fondamentale, Dieu ne veut pas que nous en demeurions là. Son intention est de nous conduire plus loin, à la connaissance du Seigneur, de celui qui a tous les droits sur nous.
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