3.Chrétien et heureux ?
Avec l’aide de Dieu, nous désirons considérer un à un les versets de ce chapitre (2 Pierre 1) pour voir ce qu’ils ont à nous dire en relation avec notre question. Nous serons peut-être surpris de découvrir des indications pratiques absolument fondamentales.
Participants de la nature divine
Dieu nous a appelés par la gloire et par la vertu. En relation avec cela, un autre grand don nous a été fait, comme nous le montre le verset qui suit : « Lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine » (v. 4).
L’expression « afin que par elles » se rattache à « la gloire et la vertu ». L’auteur dit en quelque sorte : En relation avec la « gloire » et avec la « vertu », Dieu nous a donné les très grandes et précieuses promesses. Pierre ne présente pas ici les promesses elles-mêmes, mais il les qualifie de très grandes et précieuses. Plus loin dans son épître, il mentionnera la promesse de la venue du Seigneur et la promesse de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre (3 v. 4 à 13), mais le sens paraît ici plus général, plus vaste. Quoi qu’il en soit, ces promesses sont en contraste avec les promesses et espérances terrestres du peuple d’Israël, comme nous le voyons par exemple en 1 Pierre 1 v. 3 à 5. Ce point revêtait une importance particulière pour les saints issus de ce peuple. Mais si les promesses qui nous sont données ici en Christ sont mises en relation avec la gloire et la vertu, c’est bien parce que, d’une part, elles se réaliseront dans la gloire, mais que, d’autre part, elles déploient leur puissance déjà maintenant sur le chemin qui y conduit.
Nous avons là une chose propre à nous réjouir profondément. Les bénédictions véritables du chrétien ne sont pas rattachées à cette terre — elles sont intangibles et ne peuvent être perdues. Elles trouveront leur plein accomplissement dans la gloire. Mais le fait d’en avoir connaissance produit en nous — si la « vertu » est présente — la force morale. Certes, nous ne sommes encore qu’en chemin vers la gloire, mais celle-ci jette déjà sa lumière sur notre chemin. Avec les très grandes et précieuses promesses, Dieu est du côté de ceux qui manifestent de la détermination spirituelle. Fortifiés et encouragés par ces promesses, nous « participons de la nature divine ».
En arrivant à ce passage, nous nous apercevons, si nous ne l’avons pas fait auparavant, que cette expression a une signification différente de celle que nous lui donnons habituellement. Lorsque nous parlons de la « nature divine en nous », nous pensons à la vie divine que nous avons reçue par la nouvelle naissance. Et il est incontestable qu’à notre conversion nous avons reçu la nouvelle vie, divine, et que, dans ce sens, nous sommes devenus participants de la nature divine. Car : « Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu » (1 Jean 5 v. 1). Mais Pierre ne parle manifestement pas de cela ici. Sinon il aurait dû dire que, par les promesses, ils étaient devenus participants de la nature divine. Or il écrit : « afin que… vous participiez ». Il s’agit donc d’une intention, non pas d’un fait accompli. Là encore, comme nous l’avons déjà vu plusieurs fois, il est occupé des résultats moraux souhaités, non pas de la chose elle-même.
Si nous avons goûté que le Seigneur est bon, si nous vivons notre vie en communion avec lui, nous participerons, dans un sens moral, de la nature divine. Voilà ce qui nous est présenté dans notre verset. Nous sommes introduits — si nous osons nous exprimer ainsi — dans une atmosphère qui correspond à Dieu ; nous respirons dans la même atmosphère que celle où Dieu se trouve. Et quel est le résultat ? Notre cœur s’élargit dans la joie de ce qu’Il est ; nous partageons ses pensées et ses sentiments. Dans le sens le plus vrai du mot, nous devenons « spirituels » et manifestons même les caractères de Dieu.
Ce n’est de loin pas peu de chose ; cela constitue plutôt la vraie conclusion ou le vrai sommet de tout ce qui a été présenté dans ces versets. D’abord nous recevons la capacité de nous réjouir en Dieu. Et dans la mesure où nous faisons usage de cette capacité et marchons en communion avec Dieu, la joie en lui s’approfondit. Ainsi nous sommes rendus capables de participer d’une manière pratique aux caractères divins et de les manifester dans la vie quotidienne. Ce sujet revêt une importance telle pour le Saint Esprit qu’il va nous montrer dans la suite, par toute une chaîne de vertus spirituelles, comment la nature divine doit se développer en nous (v. 5 à 7). Nous allons nous en occuper un peu plus loin.
Ayant échappé à la convoitise
Mais auparavant, un autre résultat de la puissance divine nous est présenté dans la seconde moitié du verset 4 : « en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise » (v. 4).
Quand le cœur est rempli de Christ et de la gloire à laquelle nous sommes appelés, le Saint Esprit opère en nous et nous conduit à la victoire sur le péché. C’est la seule manière de remporter la victoire sur les désirs coupables : en étant occupés de quelque chose d’autre, de meilleur !
Les hommes de ce monde sont sans cesse entraînés et poursuivis par leurs désirs et convoitises, mais leur chemin aboutit à la corruption. Déjà maintenant la corruption est dans le monde — par la convoitise. Avons-nous déjà réfléchi à ce qui se cache, quant au principe, derrière la convoitise, derrière les désirs charnels ? Rien d’autre que la volonté de l’homme déchu. La convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie ne sont « pas du Père » (1 Jean 2 v. 16). Ils caractérisent bien plutôt la création déchue. Ne cherchant ni ne trouvant sa satisfaction en Dieu, l’homme la cherche partout et ne la trouve nulle part ; il s’ensuit que l’âme est toujours plus profondément rabaissée et empêtrée dans le péché. Et ainsi l’homme devient le jouet de ses propres convoitises et se trouve déjà maintenant dans la corruption.
Nous étions autrefois nous aussi dans le monde, accomplissant notre volonté propre. Mais, grâce in nie, maintenant nous sommes délivrés de notre volonté propre et, dans un certain sens, nous sommes devenus maîtres de nous-mêmes et de nos désirs ! Car nous respirons l’atmosphère sainte et pure de la présence de Dieu — une atmosphère dans laquelle le cœur trouve sa joie à faire la volonté de Dieu. Lorsque nous serons introduits dans la gloire céleste, toute convoitise impure, toute tache, toute souillure par le péché, auront passé pour toujours : voilà une pensée bien propre à nous remplir de bonheur ! Mais ici Pierre semble vouloir nous dire : « N’attendez pas pour cela d’être au ciel : vous pouvez en avoir une grande partie ici-bas déjà sur la terre. Vous possédez la nouvelle nature qui se réjouit en Dieu ; et si cette nouvelle nature trouve de la place pour se développer, la grâce et la paix se multiplient et vous échappez à la corruption qui est dans le monde par la convoitise ». Paul donne le même enseignement : « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit » (Galates 5 v. 25).
Être participants de la nature divine, quel privilège inestimable ! Quelle grandeur admirable dans ce que Dieu a opéré ! De pécheurs nés dans la poussière, il a fait des êtres capables de jouir de la communion avec lui, de partager ses pensées et de l’adorer. Et si même, aujourd’hui d’une manière plus manifeste que jamais, la corruption est dans le monde ou, comme Jean l’exprime, le monde « gît dans le méchant » (1 Jean 5 v. 19), nous avons déjà échappé à cette scène souillée dans la mesure où nous réalisons la communion avec Dieu. Nous anticipons alors effectivement quelque chose du ciel et c’est à cela que Dieu aimerait nous encourager par ces paroles.
Caractères d’une vie de foi
L’apôtre Pierre avait qualifié les croyants de « participants de la nature divine » dans un sens moral, pratique (v. 4). Nous avons vu qu’ils sont appelés à manifester les caractères de Dieu dans la vie journalière. Sans la possession de la vie éternelle, ce serait impossible. Toutefois, bien qu’en elle-même la vie éternelle soit parfaite et ne puisse pas être perdue, dans ses manifestations pratiques, elle peut croître. Elle demande, par la puissance de l’Esprit, des soins, de l’épanouissement. Il n’en va pas autrement de la vie naturelle. Un enfant nouveau-né possède la vie exactement comme un adulte. On a la vie ou on ne l’a pas. Néanmoins, chez un petit enfant, les manifestations de la vie ne sont de loin pas aussi développées que chez un adulte. La croissance doit se produire dans le domaine spirituel également. Croître et porter du fruit sont des principes divins que l’on trouve aussi bien dans la création visible que dans la nouvelle création.
Aussi, dans les versets 5 à 7, Pierre nous montre une chaîne de vertus spirituelles dans lesquelles le caractère chrétien des croyants doit se développer. Il leur avait présenté ce qui était propre à les consoler et à rafraîchir leurs cœurs. Mais maintenant, il va parler de leur état pratique. Et ainsi, il rattache les exhortations qui vont suivre à ce qu’il a dit précédemment par les mots : « A cause de cela même ».
« A cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité » (v. 5-7).
Empressement et salut
L’apôtre parle d’abord de l’empressement ou du zèle que les croyants devraient apporter. Nous pourrions être surpris que notre empressement soit considéré comme étant la première condition pour la réalisation de vertus spirituelles aussi élevées que celles mentionnées dans la suite. Mais Dieu sait combien rapidement nous nous relâchons dans la jouissance des privilèges qui nous sont conférés. Aussi nous exhorte-t-il à apporter tout empressement, du zèle de toute manière, en joignant ou en « fournissant » les caractères chrétiens. Mais une telle exhortation ne nous « accable » pas, ne nous décourage pas. Car le « à cause de cela même » indique la relation bénie entre nos privilèges (v. 1 à 4) et leur réalisation (v. 5 à 11) : nous connaissons déjà ce qui nous appartient ; et c’est la croissance dans cette connaissance qui stimulera en nous l’empressement, afin qu’il en résulte du fruit pour Dieu.
D’un autre côté, n’est-il pas terrible de penser que la certitude de parvenir finalement au ciel nous amène souvent à relâcher notre zèle ? Nous sommes alors bien peu conscients des conséquences durables qui résulteront du manque de diligence ici-bas sur la terre. Le présent et le futur ne sont pas du tout aussi éloignés l’un de l’autre que nous sommes enclins à le croire. Or, se satisfaire d’aller au ciel, sans avoir vécu pour Christ ou sans l’avoir honoré dans notre marche ici-bas ne reflète pas une juste appréciation de la grâce de Dieu. Le ciel sera merveilleux ; mais, dans un certain sens, il sera aussi un re et de la délité que nous aurons manifestée pour son nom sur la terre.
Remarquons encore un point clairement établi ici : Nous ne sommes pas encore arrivés au but de notre foi, la gloire de Dieu. Nous sommes certes sur le chemin qui y conduit, mais celui-ci est plein de dangers. Il y a le monde qui nous entoure et la chair en nous — et le diable qui sait se servir de l’un et de l’autre pour nous nuire. Face à ces menaces, nous avons besoin de tout empressement afin de ne pas succomber. C’est de cette manière que Pierre considère en général le salut : comme un processus, une délivrance continue qui se poursuit jusqu’à la n de la marche ici-bas et aboutit finalement dans la gloire (comparer 1 Pierre 1 v. 5).
L’apôtre Paul parle aussi du « salut » sous cet aspect. Par exemple en Philippiens 2 : « Travaillez à votre propre salut (en note : dans le sens de : amener à bonne fin en travaillant) avec crainte et tremblement » (v. 12). En 1 Corinthiens 15, nous trouvons également le salut en cours de réalisation : Par l’évangile, nous sommes sauvés (littéralement : en train d’être sauvés) (v. 2 ; comparer aussi 1 v. 18). Le Seigneur Jésus a une sacrificature qui ne se transmet pas, qu’il exerce en notre faveur, afin de « sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui » (Hébreux 7 v. 25). Dans ce sens, le salut trouve son achèvement à la fin du chemin et inclut le salut du corps, la délivrance de toutes les circonstances, la délivrance totale de la puissance, même de la présence du péché.
En revanche, d’autres passages montrent que, pour ce qui concerne son âme, le chrétien qui a cru possède déjà le plein salut dans le Christ Jésus. Telle est sa position fondée sur l’œuvre de Christ : il est sauvé, Dieu l’a sauvé et il reçoit le salut de l’âme (Éphésiens 2 v. 8 ; 2 Timothée 1 v. 9 ; Tite 3 v. 5 ; 1 Pierre 1 v. 9). Il s’agit de différents aspects d’une seule et même chose. Toutefois dans notre passage, il est question de notre pratique, de notre progression sur le chemin de l’expérience chrétienne. Et alors les exhortations à la vigilance, au zèle et à d’autres caractères semblables, sont à leur place (comparer aussi Hébreux 6 v. 11). Dans ce sens, la réalisation de progrès en dépit de tous les obstacles dépend de notre responsabilité. Certes, nous sommes gardés par la « puissance de Dieu », mais, comme nous l’avons déjà vu, cela se produit « par la foi ».
A SUIVRE...
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