La vie de Job.4
Écoutez, écoutez mes paroles demande alors Job, donnez-moi seulement cette consolation : laissez-moi parler, je vous prie. Et quand j'aurai parlé, tu pourras te moquer.
➲ Interruption de Tsophar et réponse de Job (Chapitre 9 v. 20 et 21).
« L' Éternel a son feu dans Sion, et sa fournaise à Jérusalem (Esaïe 31 v. 9) ». « Mes pensées me forcent à répondre, proteste Tsophar, et mon agitation ne peut se contenir. J'ai entendu des reproches qui m'outragent ». Job a parlé avec une pleine assurance d'un Rédempteur vivant qui prendra sa défense, qui soutiendra sa cause, lorsqu'il viendra pour juger le monde. « Et craignez son jugement » a-t-il dit à ceux qui le condamnent. Tsophar en est indigné et n'attend même pas que Job achève ce qu'il a à dire. « Ne sais-tu pas que le triomphe des méchants est de courte durée et la joie de l'impie momentanée ? » dit-il.
Il a probablement discerné la note de victoire dans la voix de Job, ainsi que la joie qui a inondé son âme, même au sein de la souffrance, quand la lumière céleste y a brillé. Est-ce possible que Tsophar se soit mépris à ce point sur la pensée de Job, jusqu'à ne voir ici, qu'une émotion ou une exaltation passagère ?
Job avait donné libre à sa douleur, à ses plaintes. Bildad lui avait dit : « Tu te déchires dans ta fureur ». Mais Dieu a répondu à Job en versant un peu de lumière dans son cœur, et ce qu'il a dit maintenant a un accent de triomphe. Alors Tsophar proteste et dit que la joie du méchant est de courte durée, momentanée. Il prétend que ses pensées, son bon sens, l'obligent à parler. Or, le seul bon sens devrait suffire pour faire comprendre à Tsophar, l'innocence de celui qui se réjouit à la pensée de voir Dieu, à la pensée de son jugement.
Nous disons de ceux qui manquent de sens pratique qu'ils ont la tête dans les nuages. Tsophar semble faire ce reproche à son ami, lorsqu'il dit : « Quand il s'élèverait jusqu'aux cieux, et que sa tête toucherait aux nues, il périra pour toujours (v. 1 à 7) ». Est-ce que déjà, avant son épreuve, considérait-il Job comme un illuminé ? Il n'est pas nécessaire de suivre Tsophar dans sa description du lot des méchants et de l'héritage que Dieu leur destine. C'est toujours le même thème qu'a introduit Bildad (ch. 8 v. 13) et sur lequel Eliphaz et Tsophar brodent de leur mieux.
Retenons seulement que d'après Tsophar, le méchant reçoit un châtiment dès ici-bas. Il s'évanouit comme une vision dans la nuit, ses enfants sont opprimés. A-t-il des richesses ? Il en sera dépouillé. Il ne gardera pas ce qu'il a de plus cher. Sa prospérité ne durera pas. Tous se dresseront contre lui. Il est en proie aux terreurs de la mort. Il sera dévoré par un feu que n'allume point l'homme. Les cieux, même, dévoileront son iniquité, et la terre s'élèvera contre lui (v. 8 à 27).
« Écoutez, écoutez mes paroles demande alors Job, donnez-moi seulement cette consolation : Laissez-moi parler, je vous prie. Et quand j'aurai parlé, tu pourras te moquer ».
Il semble bien que l'aiguillon de l'angoisse ait disparu du cœur de Job. Par la foi en la résurrection, son esprit a passé dans une sphère où les pauvres raisonnements de ses amis ne l'atteignent plus. Et dans ce qu'il dit, apparaissent de nouveau la courtoisie et la mesure de l'homme qui marche avec Dieu. Certes, il avait regimbé contre les accusations de Tsophar, mais le calme est revenu dans son cœur dès l'instant qu'il a discerné la main de Dieu derrière la conduite de ses amis (19 à 13). Puisqu'il a au ciel pour défendre sa cause, un Rédempteur vivant, il peut bien tout lui remettre avec une tranquille assurance.
Désormais, son discours laisse apparaître de la considération pour ses visiteurs. Il est comme marqué d'un sceau d'une tranquille dignité. Job n'implore plus leur pitié et il ne leur demande pas de s'en aller. Ils sont venus avec l'intention de l'aider. Aussi longtemps qu'ils resteront, il leur parlera.
Peut-être bien, aussi, que dans son for intérieur, Job se reprochait d'avoir discuter avec ceux qui, manifestement, ne comprenaient rien à son épreuve, ceux qui ne pouvaient soupçonner ni discerner la fournaise dans laquelle Dieu avait plongé son serviteur. Si seulement il avait gardé le silence, et remis sa cause à Dieu. « Dans le passé, mes amis regardaient à moi. Ils croyaient que je marchais si fidèlement avec Dieu, que l'épreuve ne m'atteindrait jamais. Pourquoi ai-je permis à leurs discours de me toucher ? Pourquoi ai-je laissé mon esprit s'aigrir, et ai-je essayé de les amener à comprendre mon cas ? »
Cependant, il est maintenant engagé dans ce tournoi de paroles. La courtoisie veut qu'il réponde à Tsophar qui s'est tu. Mais il le fera sans aigreur. « Souffre que je parle, lui dit-il. Et il se met à examiner les affirmations de son ami, comme si lui, Job, n'était pas en cause. Pour moi, est-ce contre un homme que se dirige ma plainte ? Et s'il en était ainsi, pourquoi mon esprit n'en serait pas troublé ? (v. 3 et 4) ». Mais il veut oublier son cas. Il s'attache à dresser un tableau du méchant, dans lequel il démontre que le châtiment ne l'atteint pas toujours dès cette vie. « Les méchants vivent, ils vieillissent et accroissent leurs forces. Leur postérité s'affermit avec eux, en leur présence. Leur bétail augmente. Leurs enfants prennent leurs ébats, dansent et chantent. Ils passent leurs jours dans le bonheur, sans grandes souffrances, bien qu'ils aient dit à Dieu délibérément: Retire-toi de nous. Nous ne voulons pas connaître tes voies. Qu'est-ce que le Tout-Puissant pour que nous le servions ? (Chapitre 21 v. 7 à 15) ».
Vous dites que le bonheur est incertain ? Mais, arrive-t-il souvent que leur lampe s'éteignent ? Que la misère fonde sur eux ? Il est vrai que Dieu distribue l'affliction dans sa colère... et punit le péché jusqu'à la troisième et quatrième génération. Cependant, pour ce qui est des choses de cette vie, le méchant en jouit souvent à satiété, autant que son cœur le désire... Mais l'homme mortel pourra-t-il donner des conseils dans le gouvernement du monde, à celui qui juge les esprits célestes : les anges ? ( v. 16 à 22)
« De fait, nous ne pouvons discerner les voies de Dieu, ou les comprendre. Certains hommes meurent paisiblement, encore pleins de force, d'autres meurent abreuvés d'amertume, sans avoir jamais joui d'aucun bien. Tous deux reposent dans la poussière. Tous deux deviennent la pâture des vers. Impossible d'expliquer ces choses, d'affirmer que le juste prospère toujours et que le méchant est invariablement châtié en ce monde : à la face de faits qui donnent le démenti à cette affirmation (v. 26) ».
Après cette réponse à Tsophar, sur le sort du méchant en cette vie, Job en revient à son cas en particulier et à la condamnation de ses amis : « Je sais quelles sont vos pensées à mon endroit. Je sais qu'à présent, je n'ai plus de tente. Celui qui était, autrefois, un prince puissant n'a point d'autres lieux où se reposer que ce tas d'immondices. Mais comment ne discernez-vous pas, vous des sages, que le méchant est épargné au jour du malheur, et réservé pour le jour de la colère ? »
« Vous avez essayé de me consoler avec des raisonnements qui ne sont basés ni sur des faits, ni sur l'expérience. Ce qui reste de vos réponses, c'est un manque de foi, infidélité vis-à-vis de Dieu pour ses enfants, et manque de confiance dans l'intégrité de ma vie avec Dieu. C'est pourquoi vous ne m'avez été d'aucun réconfort et vous ne m'avez apporté aucune consolation ».
Le Christ a porté nos douleurs, il est vrai, mais c'est afin que nous puissions rentrer dans sa douleur concernant le monde et son peuple. Il a porté la Croix, c'est pour nous amener avec Lui dans la communion de ses souffrances, jusqu'à la Croix. Il nous a délivrés de nos propres fardeaux, pour que nous puissions partager avec Lui, selon notre mesure, le fardeau des âmes et achever les souffrances de Christ pour l'amour de l’Église qui est son Corps.
➲ Dernière exhortation d'Eliphaz
(Chapitre 10 v. 22, 23, 24).
« Je mettrais ce tiers dans le feu et le purifierai, comme on purifie l'argent ; je l'éprouverai comme on éprouve l'or (Zacharie 13 v.9) ».
Alors, Eliphaz de Théman prit la parole pour une troisième censure. Il n'a pas dit son dernier mot et prétend convaincre son ami de transgression. Puisque celui-ci continue de se draper dans son intégrité, il peut être utile de lui parler plus ouvertement, d'exposer devant lui quelques-unes des manières dont il est possible d'offenser Dieu.
Ces pauvres consolateurs exhibent leur lamentable ignorance des voies de Dieu et de son caractère. Ils pensent l'honorer en glorifiant sa grandeur et sa sainteté. Et voici Eliphaz qui conseille à Job de chercher une connaissance personnelle de Dieu, connaissance qu'il n'a manifestement pas lui-même.
« Un homme peut-il être utile à Dieu ? » dit-il. « Si tu es intègre dans tes voies qu'y gagnera-t-il ? » Eliphaz ignorait que Dieu prend son plaisir en ceux qui le craignent.
« Est-ce que c'est parce que tu le crains qu'il te châtie ? » Demande-t-il, non sans ironie : « Si l'on juge par la grandeur du châtiment, tes iniquités doivent être bien grandes ».
L'arme favorite d'Eliphaz est le sarcasme. Il apparaît presque avec les premiers mots prononcés. Voyant que les feintes sont inutiles, il a décidé d'employer l'attaque directe pour convaincre Job de péché. D'ailleurs, celui-ci ne vient-il pas de dire que leurs discours sur le sort des méchants le visaient, de façon plus ou moins déguisée ? Ainsi donc, autant parler franc.
« Job, ta méchanceté n'est-elle pas grande ? Après tout, tu récoltes seulement ce que tu mérites. La souffrance qui t'atteint est un châtiment de tes péchés ».
Tu as probablement volé tes frères, tu dépouillais les pauvres, tu refusais de l'eau à celui qui était altéré et du pain à l'affamé, tu renvoyais les veuves à vide, les bras de l'orphelin étaient brisés. C'est pour cela que tu es entouré de pièges et que la terreur t'a saisi tout à coup. Ne vois-tu donc pas ces ténèbres ? Ces eaux débordées qui menacent de te submerger ?
Ce qui est encore plus grave, c'est que tu t'imagines que Dieu ignore tout cela. Dieu est élevé, les nuées l'environnent, il parcourt la voûte céleste. Et tu dis : « Comment s'inquièterait-t-il de ce que fait Job ? » Telles sont tes pensées ! Ainsi, plein de lui-même et s'imaginant qu'il connaît Dieu, Eliphaz prend Job en pitié et il n'hésite pas à l'accuser de péché. Eh quoi, dit-il encore, tu voudrais prendre l'ancienne route qu'ont pris les hommes d'iniquité ? Que la fin de ceux qui disaient à Dieu : « Retire-toi de nous », te serve d'avertissement.
Eliphaz termine en suppliant son ami affligé de retourner à Dieu, car il veut sincèrement son bien : « Attache-toi donc à Dieu et tu auras la paix et tu jouiras du bonheur (v. 21 et 22) ». « Reçois de sa bouche instruction et mets dans ton cœur ses paroles. Tu seras rétabli, si tu reviens au Tout-Puissant. Quelle douleur que de constater les ruines accumulées dans la vie de Job, parce qu'il persévère dans son endurcissement et refuse d'écouter les conseils de ses amis. Qu'il éloigne l'iniquité de sa tente et qu'il jette l'or dans la poussière. Alors El-Shaddaï sera son or, son argent, sa richesse. Job fera de Dieu ses délices, il élèvera vers lui sa face sans éprouver ces terreurs dont il a parlé. Dieu l'exaucera. Job accomplira ses vœux et Dieu lui rendra la puissance et l'autorité. Ce qu'il décrétera s'accomplira. La lumière brillera sur son sentier. Alors, Dieu t'emploiera encore pour que tu puisses secourir les autres et leur être en bénédiction. Oui, des âme seront sauvées, lorsqu'il aura éloigné l'injustice, confessé ses transgressions et purifié ses mains (v. 22 à 30) ».
Quand Eliphaz se tait et arrête ce flot de paroles cruelles, c'est à Dieu que Job regarde : « Encore maintenant, dit-il, ma plainte est considéré comme une révolte. Sa mais sur moi est plus lourde que mon gémissement. Oh ! Si je savais où le trouver ! (23 v. 1 à 3) ».
Cette brutale accusation, cette exhortation à rejeter tout péché pour chercher Dieu, l'ont accablé momentanément. Le fer est entré dans son âme. C'est en Dieu qu'il déverse le trop-plein de son cœur. Oh ! Voir Dieu ! Exposer sa cause devant lui ! Entendre son verdict, ce qu'il aurait à dire, comprendre sa volonté, cela lui suffirait et lui donnerait entière satisfaction. Dieu l'écouterait malgré la grandeur de sa Puissance. Il le blanchirait des cruelles accusations de ses amis. « Je serai pour toujours absous par mon Juge (v. 7) ».
L'épreuve de la foi.
« Mais si je vais à l'orient, il n'y est pas, si je vais à l'occident, je ne le trouve pas, Se cache-t-il au Midi, je ne puis le découvrir (versets 8 et 9) ».
Job est obligé de confesser qu'il n'a point de message, point de consolations de Dieu, en sa grande affliction. Où qu'il cherche, en avant, en arrière, à gauche, à droite, il ne peut trouver trace de sa Présence.
Certes, c'est bien lorsque Dieu se cache, que l'âme connaît la souffrance la plus amère. Mais combien inutile de vouloir le chercher, lorsque, pour quelque raison, il s'est retiré. Ni la prière ardente qui côtoie l'agonie, ni aucun effort humain ne l'amèneront à ôter le voile qui couvre sa Face, lorsqu'il s'entoure d'épaisses ténèbres. Bien que dise Eliphaz, qu'il nomme ou non rébellion la plainte de Job, celui-ci est bien obligé de reconnaître le silence de Dieu à son endroit. Or, Dieu l'a brisé de toutes parts : « Il a brisé mon courage. Sa toute Puissance m'a rempli d'effroi ».
L'ancre de la foi.
« Mais, il connaît le chemin que j'ai suivi. Quand j'aurai été éprouvé, j'en sortirai pur comme l'or (verset 10) ».
En dépit de ses souffrances, en dépit de ses jugements, et bien qu'il endure une souffrance physique qui dépasse presque ce qui est supportable, nous voyons, à nouveau, Job discerner sa position devant Dieu, sous l'influence du Saint-Esprit. Nous pouvons différencier dans ses discours, ce qui provient de l'homme naturel de ce qui procède de l'homme intérieur, influencé par l'Esprit de Dieu.
Lorsque nous l'entendons décrire ses souffrances, les souffrances de son corps périssable, il semble presque que l'homme intérieur en soit détruit ! Mais à nouveau, l'esprit jaillit, manifeste la persévérance de sa foi, la ténacité de la foi. Celle-ci : C'est qu'en dépit des apparences, il est toujours dans les mains de Dieu.
Lorsqu'il semblait toucher au fond du désespoir et qu'il implorait la pitié de ses amis, c'est alors que sa foi s'éleva triomphante, en un Rédempteur vivant. Il est, comme à nouveau, ancré sur le Rocher des siècles. Quand Eliphaz l'accuse en face, d'être un transgresseur, s'il reste muet en songeant à l'impossibilité de lui répondre utilement, il n'en demeure pas moins comme enraciné dans la fidélité de Dieu. Il a compris qu'il était entre les mains du Tout-Puissant.
Job se souviens maintenant que l'or a besoin de passer au creuset pour être purifié. Autrefois, il puisait son assurance dans le sacrifice, pour la rémission des péchés. A présent, la pensée qu'il y a une épreuve par le feu pour l'or, les élus de Dieu, celle-ci a abordé son esprit. L'or supporte l'épreuve du feu, celui-ci n'enlève que les scories. Job a discerné que Dieu le mettait à l'épreuve, une épreuve et non un châtiment, comme l'affirmaient ses amis. Son esprit demeure donc dans une calme assurance, et dans la dépendance de Dieu.
L'assurance de la foi.
« Mon pied s'est attaché à ses pas ; j'ai gardé ses voies et ne m'en suis pas détourné. Je n'ai pas abandonné les commandements de ses lèvres. J'ai fais plié ma volonté aux paroles de sa bouche (chapitre 23 v. 11 et 12) ».
« Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l'assurance devant Dieu (1 Jean 3 v. 21) ».
Job sait qu'il a marché avec Dieu sans se détourner. Sa foi l'a mené dans le sentier où l'Éternel le conduisait, car l'Éternel a été sa force. Il a rendu ses pieds semblables à ceux des biches, pour le rendre capable de marcher dans les lieux élevés. Bien plus, en toute conscience, il pouvait dire qu'il ne s'était point détourné de ce qu'il avait connu de la volonté de Dieu. Il avait serré dans son cœur ses paroles, les estimant bien plus que la nourriture du corps (version autorisée anglaise).
Nous avons, ici, le secret de la vie intègre de Job et nous comprenons pourquoi il redoutait à ce point de pécher. Il savait ce que c'était que de recevoir des paroles de la bouche de Dieu. Ces paroles demeurent dans le cœur. Elles y sont comme gravées en lettres de feu. Rien ne peut les effacer. Elles ont pour l'esprit, l'âme et le corps, une valeur bien supérieure à celle de la nourriture périssable.
« L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Matthieu 4 v. 4) », répond Jésus au tentateur, lorsque celui-ci lui conseille de satisfaire sa faim en changeant des pierres en pain. Ceci peut-il aussi s'appliquer aux Écritures ? Certainement, ce sont elles que cite le Seigneur. Lorsque l'Esprit de Dieu nous parle par elles, il les grave en notre cœur, comme si elles procédaient, tout à nouveau, et pour nous spécialement, de la bouche même de Dieu. Hors cela, la lettre tue. Seul le Saint-Esprit, qui parle par la lettre, vivifie et donne la vie.
Le discernement de la foi.
« Mais sa résolution est arrêtée, qui s'y opposera ? Ce que son âme désire, il l'exécute. Il accomplira donc ses desseins à mon égard, et il en concevra bien d'autres encore (chapitre 23 v. 13 et 14) ».
Ces paroles de Job nous montrent qu'il connaît Dieu comme celui qui ne change pas, celui en qui il n'y a ni variation, ni ombre de changement. Ce que l'Éternel a résolu en son cœur pour Job, pensées de bénédictions, il l'accomplira.
Oh ! Repos béni en Dieu ! En celui qui est immuable, celui qui ne change pas. Depuis qu'il s'est réfugié en l'Éternel, Job a vraiment jeté l'ancre à l'intérieur du voile, car il a reçu que son Rédempteur est vivant, et que celui-ci le justifiera au jour de son Avènement.
La crainte de la foi.
« Voilà pourquoi sa présence m'épouvante, quand j'y pense, j'ai peur de lui. Dieu a brisé mon cœur, le Tout-Puissant m'a rempli d'effroi (Chapitre 23 v. 15 et 16) ».
Ces paroles peuvent sembler étranges, après ce que Job vient de déclarer. Mais, dans l'expérience, elles sont facilement comprises. Les hauts et les bas de la foi ! L'homme extérieur, ce corps périssable, a été brisé jusqu'à l'extrême limite de ce qu'il peut endurer. De sorte que Job n'a pas pu cacher sa souffrance derrière les barrières qu'élève une certaine réserve. Il a connu l'humiliation jusqu'à implorer la pitié d'amis qui le croient coupable. Il a pleuré comme un enfant.
Il sait que Dieu l'a mis dans la fournaise pour le purifier comme l'or et que l'épreuve du temps présent est en vue de bénédictions futures. Mais, l'angoisse de son âme et l'amertume des jours passés reviennent en lui, quand il dit que l'Éternel concevra à son endroit bien d'autres choses. D'y penser l'épouvante. Que sera-ce encore ? « Dieu a brisé mon cœur, dit-il. Ce ne sont pas les ténèbres qui m'anéantissent, ce n'est pas l'obscurité dont je suis couvert (17) ».
Job n'a pas encore compris l'action du feu. Un cœur brisé, humble, malléable ne s'obtient que sous l'action du feu : « Je vous rassemblerai, je soufflerai sur vous avec du feu... et vous serez fondus (Ézéchiel 22 v. 21) ». Tel est le message de Dieu pour Israël. Le prophète Esaïe nous dit aussi que la présence manifestée de Dieu est comme un feu qui fond, qui transforme.
Un cœur brisé est malléable entre les mains de Dieu, il est doux. Il ne s'agit pas seulement , ici,de la volonté, car celle-ci peut avoir été donnée depuis longtemps. Il existe une certaine dureté involontaire qui diminue le cœur, et produit l'étroitesse. « Élargissez vos cœurs », écrit l'apôtre Paul aux Corinthiens. Le cœur ne peut être élargi que lorsqu'il a été fondu, transformé, amolli par le feu.
Job a conscience que son cœur se brise en la présence de Dieu. Il sait aussi qu'il ne redoute plus les épaisses ténèbres par lesquelles Dieu le fait passer. Il ne s'explique pas cependant, l'expérience qu'il est amené à faire, et il sent que son cœur défaille.
Le miracle de la foi.
« Pourquoi, puisque les temps ne sont point cachés à El-Shaddaï, pourquoi ceux qui le connaissent ne discernent-ils pas ses jours ? (chapitre 24 v. 1) ».
Si mes amis connaissent Dieu, pense Job, comment se fait-il qu'ils ne sachent pas que l'Éternel a son heure pour besogner dans les âmes, et les affiner au creuset de l'épreuve ? Pour toutes ces choses, il a son heure.
Ainsi, il laissera longtemps subsister les méchants, les égoïstes, qui ignorent la misère et les besoins des autres, qui dépouillent, même, la veuve et l'orphelin et renvoient à vide les indigents. Il semblera ignorer que des malheureux sont opprimés et affamés tout en portant les gerbes de l'impie, qu'ils font l'huile et le vin, et cependant ils ont soif... et que malgré leur travail, ils n'ont pas de couvertures pour le froid. Dans les cités, on entend le gémissements et les cris des âmes opprimées. Dieu semble-t-il, ne prend pas garde à ces infamies, car l'heure de l'action n'est pas encore là. Son temps n'est point venu (versets 1 à 12).
Voici les assassins, les voleurs, les adultères, amis des ténèbres et qui détestent la lumière, vous affirmez qu'ici bas leur héritage est maudit (v. 18), et que le séjour des morts engloutit soudainement ceux qui pèchent (v. 19). Mais en réalité, Dieu prolonge les jours des violents... il leur donne de la sécurité et de la confiance (v; 23), car l'heure de leur jugement n'a pas sonné.
Cependant, elle viendra. Alors, en un instant les méchants ne sont plus. Ils sont retranchés comme la tête des épis. N'en est-il pas ainsi, Eliphaz ? Dieu n'a-t-il pas un temps en réserve pour toutes choses ? Et ceux qui le connaissent devraient aussi discerner ses jours (v. 25).
Un message de Jessie Penn-Lewis
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