La marche au désert.4

La marche au désert.4

Dans le livre des nombres, l’accent est mis sur la responsabilité du peuple, en marche dans le désert. Dieu a pourvu à tout ; mais comment le peuple va-t-il se comporter ?

La foi.

Sans la foi, il était impossible de se rendre d’Égypte en Canaan. Nous l’avons vu au chapitre de l’incrédulité, c’est elle qui a tant manqué au peuple. Deux hommes s’en détachent, Josué et Caleb (13 v. 31 ; 14 v. 6 à 9), dont la foi, et l’énergie qui en découle, les amènera à tenir ferme au long de ces années errantes, les soutiendra au Jourdain et devant Jéricho, et durant toute la conquête. De Caleb il sera dit et répété : « Il suivit pleinement l’Éternel  (14 v. 24 ; Josué 14 v. 8, 9, 14) ». Pour ces hommes, une seule chose comptait : « L’Éternel est avec nous ».

La foi quant au salut n’est pas en question ici, mais celle qui nous fait marcher dans le chemin et doit chaque jour être en activité : « Nous marchons par la foi, non par la vue  (2 Corinthiens 5 v. 7) ». La « houppe de bleu » devait constamment le rappeler aux fils d’Israël (15 v. 37 à 41). Au coin de leurs vêtements, ces franges bordées d’un cordon de bleu, comme une fleur attirant l’attention, devaient leur remettre en mémoire de ne pas rechercher les pensées de leur cœur, ni les désirs de leurs yeux, mais ce qui plaisait au Seigneur. Une difficulté, un problème, se présentent : La foi regarde en haut et ne recherche pas ses propres pensées. Une tentation survient-elle, le regard de la foi se dirige vers le Seigneur et ne suit pas les désirs de nos yeux.

Aujourd’hui, Colossiens 3 v. 1 et 2 nous dit : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez aux choses qui sont en haut et non pas à celles qui sont sur la terre » ; « Le principe céleste doit pénétrer dans les plus petits détails de notre vie, dans ceux qui sont même le plus près de la terre, si nous voulons éviter des maux sérieux qui attirent le jugement de Dieu » (Darby).

La sacrificature (Nombres 17 v. 1 à 11).

Le chapitre central, au cœur de la Genèse, nous parle du Père et du Fils à Morija (22). Au centre de l’Exode nous retrouvons le serviteur hébreu qui déclare : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre  (21) ». Au milieu du Lévitique et partant des livres de Moïse, le grand jour des propitiations forme la base selon laquelle Dieu pouvait demeurer au milieu de son peuple (16). Notre chapitre, au cœur des Nombres, montre le seul fondement sur lequel Dieu pourra introduire Israël dans le pays : La sacrificature, confirmée, comme à nouveau, sur base de la vie.

Lors de la révolte de Coré, de Dathan et d’Abiram, l’autorité de Moïse et la place d’Aaron avaient été rétablies par le châtiment et la mort, mais le peuple avait perdu tout droit au pays. Si les choses continuaient ainsi, il serait bientôt consumé sous le jugement de Dieu. Seule la grâce pouvait le faire entrer en Canaan, la grâce fondée sur la sacrificature, telle que notre chapitre la présente. La verge de Moïse, pourtant si souvent utilisée, n’était pas suffisante. Symbole de l’autorité et de la puissance, elle n’était pas à même d’amener au but des tribus si pleines de faiblesses et de misères. Elle pouvait frapper les murmurateurs, mais non mettre fin aux murmures. Dans la marche au désert, la sacrificature ne pouvait être efficace qu’accompagnée de la pure grâce de Dieu.

Il en est de même en Hébreux 4 : Personne, aucun croyant, n’arriverait au bout de la course sans l’intercession du Seigneur Jésus « toujours vivant pour intercéder pour ceux qui s’approchent de Dieu par lui  (7 v. 25) ».

Dans l’affaire de Coré, pour désigner « l’homme que l’Éternel aura choisi », Moïse avait été contraint de proposer le test des encensoirs. Qu’en était-il résulté, sinon la mort des deux cent cinquante hommes qui présentaient l’encens. Mais Dieu avait en réserve un autre test que la mort, celui de la vie. Chaque chef de tribu doit apporter sa verge, son sceptre, au sanctuaire, douze verges « et la verge d’Aaron au milieu de ces verges ».

Pour désigner l’homme qu’Il avait choisi, l’Éternel ferait bourgeonner sa verge. Autrement dit, la vie qu’allait manifester ce bâton de bois mort désignerait le sacrificateur selon le cœur de Dieu : « Et il arriva le lendemain, que Moïse entra dans la tente du témoignage, et voici la verge d’Aaron avait bourgeonné, et avait poussé des boutons, et avait produit des fleurs, et avait mûri des amandes  (17 v. 8) ». Type remarquable du Seigneur Jésus, sacrificateur « qui n’a pas été établi selon la loi d’un commandement charnel, mais selon la puissance d’une vie impérissable  (Hébreux 7 v. 16) ». « S’il était sur la terre, il ne serait pas sacrificateur, puisqu’il y a ceux qui offrent des dons selon la loi  (8 v. 4) ». Mort, ressuscité et élevé dans la gloire, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur du salut éternel, étant salué par Dieu souverain sacrificateur, selon l’ordre de Melchisédec (5 v. 10).

Ainsi reste devant nos yeux et devant nos cœurs aujourd’hui, non un Sauveur mort, mais une Personne vivante qui intercède pour nous : « J’ai été mort, dit-il à Jean, et voici je suis vivant au siècle des siècles  (Apocalypse 1 v. 18) ». La verge d’Aaron demeurait devant le témoignage, dans l’arche, garant que la grâce de Dieu ne manquerait jamais.

L’institution des sacrifices se trouve fondamentalement dans les premiers chapitres du Lévitique. Dans les Nombres nous en trouvons deux, caractéristiques du désert, que l’on ne trouve nulle part ailleurs : la génisse rousse (19) et le serpent d’airain (21).

La génisse rousse (Nombres 19).

Le péché nous est présenté dans la Parole sous un double aspect : Celui de la culpabilité, de la dette, au regard de la justice de Dieu, auquel répond le pardon (Lévitique 4 à 5) ; d’autre part, au regard de la sainteté de Dieu, celui de la souillure, qui nécessite une purification. C’est ce dernier cas que présente notre chapitre, comme dans Jean 13. À relever que sous la grâce, et quant à la marche du croyant : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité  (1 Jean 1 v. 9) ».

Il ne s’agit pas ici de la base fondamentale des relations avec Dieu comme en Lévitique 16, afin que le Seigneur puisse demeurer au milieu de son peuple, mais des fautes, hélas  si fréquentes dans la marche au désert, représentées ici par le contact avec la mort. La pensée de la chair est la mort ; le salaire du péché, c’est la mort ; si vous vivez selon la chair vous mourrez : Toute manifestation de la chair, au lieu de celle de la vie de Christ en nous, est pour ainsi dire un contact avec la mort. Les péchés ne nous sont plus imputés, à nous croyants dont Dieu peut dire, à cause de « l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés  (Hébreux 10 v. 10 à 17) » ; mais la communion avec le Seigneur en est interrompue ; et, si nous ne les jugeons pas, nous nous exposons, par nos manquements, au gouvernement de Dieu en discipline (1 Corinthiens 11 v. 31 et 32).

La chair se manifeste dans notre comportement personnel (v. 11) ; dans la famille, « la tente  (v. 14) » ; dans notre travail et nos relations au dehors, « aux champs  (v. 16) ». Elle garde toujours son caractère de violence, plus ou moins marqué (amertume, courroux, colère, crierie, injures (Éphésiens 4 v. 31), ou de souillure, de corruption (fornication, impureté, affections déréglées, mauvaise convoitise... (Colossiens 3 v. 5). La faute ne sera peut-être qu’un simple « ossement  (v. 16) » : Ces petites choses auxquelles on ne prend pas assez garde, manque de droiture, d’honnêteté, paroles déplacées ; elle peut prendre l’allure du sépulcre : L’hypocrisie qui revêt le péché d’une sorte de manteau honorable.

Rappelons au sujet de « la tente » que l’impureté entachait tout ce qui s’y trouvait, en particulier « tout vase découvert ». Sérieuse leçon pour nous, parents, ou frères ou sœurs plus âgés. Si nous nous disputons, si nous médisons et parlons mal de nos proches ou de l’assemblée, d’autres plus jeunes, les enfants, les jeunes croyants dans la famille, nous entendent, et eux aussi, vases découverts, sont contaminés.

Toutes ces choses souillent, interrompent la communion avec le Seigneur, et demandent que l’âme soit purifiée et restaurée sans retard. C’est à cela que pourvoient, en type, les cendres de la victime : le souvenir des souffrances expiatoires de Christ. Elle nous est présentée comme ayant été faite « une fois pour toutes », expression que nous retrouvons sept fois dans les épîtres en rapport avec la mort de Christ. Les cendres formaient ensuite le témoignage d’une œuvre accomplie, dont l’application à la conscience et au cœur était nécessaire et suffisante pour la purification.

La génisse elle-même devait être sans tare, n’avoir aucun défaut corporel et n’avoir pas porté le joug : Type évident de Christ qui n’a pas commis de péché, en qui il n’y a point de péché, qui n’a pas connu le péché. Elle était menée hors du camp, comme Jésus sortira, portant sa croix, pour être crucifié hors de la porte. Son sang était aspergé sept fois droit devant la tente d’assignation, c’est-à-dire en témoignage pour l’homme qui s’approche, et non devant Dieu dans le saint des saints, comme au jour des propitiations.

Le sacrificateur, Éléazar, n’offre pas lui-même l’offrande : « On l’égorgera devant lui.. on brûlera la génisse devant ses yeux ». Le feu du jugement consume tout : La peau, la chair, le sang, la fiente. Le sacrificateur prend du bois de cèdre, de l’hysope et de l’écarlate, et les jette au milieu du feu où brûle la victime : le croyant est amené à considérer comme placé sous la mort de Christ tout ce que le monde peut offrir de plus grand ou de plus humble, toute la gloire humaine, tout ce que l’homme naturel pourrait désirer sur cette terre de péché (Galates 6 v. 14). La gloire de ce monde disparaît, pour la foi, dans le jugement de la croix.

La cendre est alors ramassée et déposée hors du camp en un lieu pur, pour être gardée comme eau de séparation, une purification pour le péché. Le sacrifice de la génisse ne sera pas renouvelé, mais l’eau vive, le Saint Esprit, appliquera les cendres, c'est à dire le souvenir des souffrances de Christ et le témoignage d’une œuvre efficace, sur celui qui sera impur.

Le coupable, une fois conscient de sa faute, avait recours à un homme pur qui, le troisième jour (pas tout de suite : Le sentiment de la faute devait être approfondi), faisait aspersion sur lui, impur, avec l’eau contenant les cendres.

Comme nous l’avons vu, l’impureté dans ce chapitre, tout en s’appliquant à tout péché, a en vue les souillures du désert, en pratique pour nous, avant tout, les défauts de caractère et de comportement, ces manifestations si fréquentes de la chair dans notre marche, sur lesquelles nous passons souvent trop facilement, sans même les remarquer. Pourtant il importe de s’en rendre compte, de s’en repentir et de les confesser, exercice de conscience qui aboutit au troisième jour, où le Saint Esprit fait comme revivre pour l’âme le souvenir des souffrances de Christ, afin de lui faire saisir comme tout à nouveau que pour ce péché-là aussi, Jésus a dû mourir.

L’exercice doit aller plus loin. L’homme impur en Israël devait attendre jusqu’au septième jour pour qu’une seconde fois l’homme pur fasse sur lui aspersion des cendres. Puis il lavait ses vêtements et se lavait dans l’eau, « et le soir il sera pur ». Ce travail de conscience du troisième au septième jours correspond au jugement de soi-même, à cette recherche dans la lumière divine des causes profondes de nos manquements. Le souvenir de l’œuvre parfaite de Christ s’applique alors non seulement à une faute spécifique, mais à la racine même du mal, qui a rendu nécessaire qu’Il fût fait péché pour nous.

Si, par exemple, j’ai mal parlé à quelqu’un, dès que je m’en rends compte, il convient de confesser la chose au Seigneur. Puis, dans le particulier, seul avec Dieu, il importe de juger vraiment la faute commise, d’être exercé devant Lui non seulement quant aux paroles prononcées, mais à ce qui y a donné occasion : les pensées que j’ai longtemps peut-être entretenues dans mon cœur contre la personne en question. On sera ainsi amené, dans le sentiment de ce qu’il en a coûté au Seigneur de souffrir à notre place, à juger non seulement les paroles, mais l’état d’esprit et de cœur qui y a conduit. On pourra alors reconnaître envers le lésé son manquement et tâcher de le réparer.

La Parole doit mettre ensuite en ordre le témoignage extérieur (vêtements), et la personne même (se laver dans l’eau). Il nous est dit dans les Proverbes : Celui qui confesse ses transgressions et les abandonne, obtiendra miséricorde (28 v. 13). Il y faut vigilance et sobriété (litt. contrôle de soi), sans parler de la main ou du pied qu’il peut être nécessaire de « couper », selon Matthieu 18 v. 8.

Un homme de la famille sacerdotale, une fois impur, le restait « jusqu’au soir ». Pendant tout ce temps il ne devait pas manger des choses saintes, jusqu’à ce que le soleil soit couché. Alors seulement il pouvait cesser son jeûne (Lévitique 22 v. 6 et 7). N’y a-t-il pas là aussi un enseignement pour nous, soit dans le domaine spirituel, soit quant à la vie courante ? La communion avec le Seigneur ne peut être rétablie, on ne peut vraiment se nourrir des « choses saintes », sans que la purification soit accomplie ; et le jeûne que devait observer le fautif, ne nous parle-t-il pas, dans le domaine tout pratique, d’une certaine discipline personnelle, allant de pair avec une vraie restauration ?

« L’homme pur » qui fait aspersion de l’eau vive contenant les cendres, rappelle celui qui, à l’exemple du Maître, lave les pieds de ses frères (Jean 13 v. 14). Il en était lui-même impur jusqu’au soir (v. 21). Un homme, si pieux soit-il, ne saurait s’occuper du mal, même chez autrui, sans en subir quelque conséquence. La confession réciproque de Jacques 5 v. 16, afin de prier l’un pour l’autre, s’en rapproche. À noter qu’une telle confession implique une discrétion totale : celui qui a ramené un pécheur de son égarement « couvre une multitude de péchés », c’est-à-dire conserve à leur égard un silence complet (Jacques 5 v. 20).

Rappelons encore Galates 6 v. 1 : « Quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même de peur que toi aussi tu ne sois tenté ». Celui qui est spirituel, appelé à redresser son frère dans un esprit de douceur, doit pourtant prendre garde à lui-même, de peur de tomber à son tour. Cela ne fait-il pas partie de l’exercice de l’homme qui a fait aspersion des cendres sur son frère impur ?

Soulignons cependant que dans le Nouveau Testament tout croyant a l’accès direct à Dieu et ne saurait avoir besoin d’un intermédiaire sur la terre, ni pour Lui confesser ses péchés, ni pour Le prier ou L’adorer. Mais cette vérité fondamentale n’exclut pas cette assistance fraternelle selon la grâce que, dans la crainte du Seigneur et dans la douceur de l’amour, des frères peuvent se prêter les uns aux autres.

Remarquons finalement la solennité du verset 20 : « L’homme qui sera impur, et qui ne se sera pas purifié, cet homme-là sera retranché du milieu de la congrégation, car il a rendu impur le sanctuaire de l’Éternel ». Accumuler sur sa conscience des fautes non jugées, non confessées, voile la communion avec le Seigneur, fait baisser la tonalité de la vie spirituelle, et, de chute en chute, peut conduire le coupable jusqu’au « retranchement », rendu indispensable parce que le Seigneur habite au milieu de son peuple (cf. Nombres 5 v. 2 ; 1 Corinthiens 5 v. 11 et 13).

Le serpent d’airain (Nombres 21 v. 7 à 9 ; Jean 3 v. 14 et 15).

Pour la première fois dans la sombre histoire des Nombres, le peuple dit avec sincérité : « Nous avons péché, car nous avons parlé contre l’Éternel et contre toi  (21 v. 7) ». Il a fallu la morsure du serpent, la réalisation de toute la méchanceté de l’ennemi, du poison qu’est la chair en nous, avec son origine satanique, pour que le peuple en soit amené là. Moïse prie pour le peuple ; l’Éternel lui ordonne de mettre sur une perche un serpent d’airain que quiconque regarderait, vivrait.

« Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé...  (Jean 3 v. 14) », disait le Seigneur Jésus dans la nuit mémorable où Nicodème était venu à lui. De la bouche même du Sauveur nous avons l’assurance que c’est bien Lui que le serpent désigne. Comment cela est-il possible qu’un serpent, et non un agneau, soit ici une figure du Seigneur Jésus ?

Dans toute l’Écriture le serpent représente le diable (Apocalypse 20 v. 2). Le taureau, le bélier, la tourterelle, animaux purs, sont une figure de la Victime sans tache offerte pour nos péchés. Il est un abîme où le Seigneur de gloire a dû descendre, plus profond que ses souffrances physiques ou l’humiliation éprouvée dans sa vie : « Celui qui n’a pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous  (2 Corinthiens 5 v. 21) » ; « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous  (Galates 3 v. 13) ». Dans les trois heures de ténèbres, inscrutable mystère, le Fils de Dieu, l’Homme parfait, la victime sans tache, était faite comme un « serpent », traité comme le péché même, sous le poids infini de la malédiction divine. C’est à un tel Christ qu’il faut regarder pour être sauvé. Non seulement au modèle qu’il fut, dans sa vie ou même dans son dévouement jusqu’à la mort : « ... ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».

Le rocher et le puits (Nombres 20 v. 7 à 11 ; 21 v. 16 à 18).

1 Corinthiens 10 v. 4 nous dit : « Ils buvaient d’un rocher spirituel qui les suivait : Et le rocher était le Christ ». Au début de la traversée du désert, le rocher avait été frappé, figure de Christ à la croix, d’où découle toute bénédiction pour son peuple (Exode 17 v. 6). Dans notre chapitre, il suffisait, selon les instructions de l’Éternel, de parler au rocher en prenant en main la verge d’Aaron, celle qui avait bourgeonné. Quelle merveille ! L’accès nous est toujours ouvert, pour parler à Celui qui a été frappé, dans une prière sentie, courte, précise. La verge rappelle la sacrificature fondée sur la vie et la grâce, la seule base sur laquelle Dieu pouvait encore introduire le peuple en Canaan. La verge de l’autorité, celle du conducteur, en raison de l’infirmité du peuple et de son incrédulité, ne conduisait finalement qu’au châtiment. Il fallait que la nouvelle génération saisisse qu’elle n’entrerait dans le pays que par la grâce.

Malgré la faute de Moïse, qui frappe le rocher de sa propre verge deux fois : « il en sortit des eaux en abondance  (v. 11) ». Ces eaux nous parlent de la grâce qui vient « gratuitement » vers celui qui a soif (Romains 3 v. 24 ; Apocalypse 22 v. 17) ; grâce qui « surabonde  (Romains 5 v. 20 ; Ésaïe 44 v. 3 à 4) », qui est toujours à disposition, « près » de nous (Romains 10 v. 8), pour celui qui a « soif  (Jean 7 v. 37 ; Ésaïe 55 v. 1) ». La rivière d’Ézéchiel 47 allait s’approfondissant à mesure que l’on avançait sur ses bords. Ce sont les eaux du sanctuaire, la grâce que l’on connaît toujours mieux dans le cours de la vie, cette « vraie grâce de Dieu dans laquelle vous êtes  (1 Pierre 5 v. 12) ». Cette grâce dans le chemin, nous « enseigne » à renier l’impiété, à vivre sobrement, et justement, et pieusement, à attendre la bienheureuse espérance (Tite 2 v. 12 et 13).

Le peuple, abreuvé des eaux du rocher, peut dire au roi d’Édom : « Nous ne boirons pas de l’eau des puits », figure des ressources humaines, mises à notre disposition par le monde (20 v. 17). Après avoir été désaltéré au « puits » de Beër, il pourra de même refuser l’eau de Sihon, roi des Amoréens (21 v. 22).

À propos du puits, l’Éternel dit à Moïse : « Assemble le peuple, et je leur donnerai de l’eau  (21 v. 16) ». Ce n’est plus seulement l’eau que chacun boit pour lui-même à la Source, mais ce rafraîchissement collectif que l’on trouve dans la communion autour du Seigneur. Dieu lui-même en prend l’initiative ; il ne répond pas ici à une prière ou à des murmures, mais dit : « Je donnerai ». C’est, tout à la fin du désert, le dernier don de Dieu avant Canaan, l’eau qui jaillit en vie éternelle.

Les « princes » ont creusé le puits (v. 18). Pensons à tous ceux dont Dieu s’est servi à travers les âges pour libérer l’eau de la Parole divine, parfois au péril de leur vie. De nos jours, les « nobles » peuvent représenter les éléments spirituels d’une assemblée, comme aussi les conducteurs dont le ministère écrit reste à notre disposition pour nous faire mieux saisir les richesses de la Parole. Les princes, les hommes nobles du peuple ont creusé ; ils l’ont fait « avec le législateur », c’est-à-dire avec Christ. Le peuple bénéficie du ministère ainsi mis à sa disposition et l’apprécie comme un don divin ; pour la seconde fois il va, dans sa joie, chanter un cantique, le deuxième de la Bible (cf. Exode 15 et relire Jacques 5 v. 13). L’eau jaillit, et l’adoration s’élève vers le Dieu de grâce (Jean 4 v. 14 et 23).

Au « puits du Vivant qui se révèle », Isaac méditait avant son mariage (Genèse 24 v. 63) ; après avoir épousé Rebecca, il y « habitait  (Genèse 25 v. 11) » : Bel exemple pour nous, encouragement, une fois le foyer fondé, à y demeurer comme étant « ensemble héritiers de la grâce de la vie ». Après l’expérience du serpent d’airain, le peuple s’est tourné « vers le soleil levant  (21 v. 11) », vers Christ la vraie lumière. Après le rafraîchissement spirituel goûté au puits, ils ont la puissance de combattre, et obtiennent la victoire sur les Amoréens.

Toute la valeur de la nuée provenait de l’assurance que Dieu y donnait de sa présence : « L’Éternel descendit dans la nuée  (Nombres 11 v. 25 ; 12 v. 5) ». À sept occasions particulières, dont quatre dans les Nombres, l’Éternel y manifeste sa gloire. En Exode 16 v. 10, toute l’assemblée d’Israël, le dos tourné à l’Égypte, contemple le désert qu’ils vont avoir à traverser : « Et voici la gloire de l’Éternel parut dans la nuée ». Jusqu’ici la nuée les avait guidés, les avait protégés, maintenant la gloire leur est révélée en relation avec la marche au désert.

La même gloire va remplir le tabernacle (Exode 40 v. 34), comme elle paraîtra à tout le peuple lors de la consécration des sacrificateurs (Lévitique 9 v. 23). C’est la gloire en rapport avec le rassemblement, le sanctuaire et le culte, la preuve merveilleuse que Dieu est au milieu des siens.

Dans les Nombres, l’apparition de la gloire prend un autre caractère. Lorsque tout semble perdu, qu’il n’y a, ni pour Moïse, ni pour Aaron, plus aucune ressource devant ce peuple rebelle, qui veut même lapider Josué et Caleb, « la gloire de l’Éternel apparut à tous les fils d’Israël à la tente d’assignation  (14 v. 10) ». De même, quand Coré a réuni toute son assemblée pour imposer à Moïse sa volonté et celle de ses comparses : « la gloire de l’Éternel apparut à toute l’assemblée  (16 v. 19) ».

Le lendemain le peuple se rebelle de nouveau ; Moïse et Aaron, au bout de leurs ressources, regardent vers la tente d’assignation, « et voici, la nuée la couvrit, et la gloire de l’Éternel apparut  (16 v. 42) ». Enfin, devant les murmures de la génération élevée au désert, ses protestations et ses pourquoi, Moïse et Aaron vinrent de devant la congrégation à l’entrée de la tente d’assignation et tombèrent sur leurs faces, « et la gloire de l’Éternel leur apparut  (20 v. 6) ». Dans tous ces cas, quand tout semblait définitivement compromis, la manifestation de la présence de Dieu a préservé Israël de la ruine totale. Il se montrait dans sa lumière, mais aussi dans sa sainteté : Il délivrait ses serviteurs ; mais le jugement, qui, sans la triple intercession de Moïse, serait tombé sur tout le peuple, châtiait les coupables.

En Jean 18 v. 6, la même gloire brille en Jésus lui- même : Les hommes venus pour le prendre reculent lorsqu’il se déclare ; ensuite, intercédant pour les siens, il se place entre eux et les ennemis.

Pensons aussi aux sept apparitions du Seigneur à Paul au long de sa carrière agitée, et gardons l’assurance que dans les diverses situations, même les plus désespérées de la vie, il est encore puissant pour se manifester en grâce et en gloire en faveur des siens.

La grâce (Nombres 23 v. 8 et 9, 20 et 23 ; 24 v. 5 à 7).

Arrivé à la fin de la traversée du désert, Israël rebelle ne méritait certes que la malédiction de Dieu et son châtiment. En ayant recours au prophète Balaam pour le maudire, le roi Balak, à l’instigation de l’ennemi, ne paraissait que souhaiter au peuple ce qu’il s’était attiré. Pourquoi Dieu changea-t-il la malédiction en bénédiction ? Une seule réponse est possible ; à cause de sa grâce, grâce souveraine, imméritée, inexplicable.

La grâce nous sauve ; et durant toute notre course chrétienne, elle est là pour nous enseigner, nous restaurer, nous amener au but. Balaam doit s’écrier : « Comment maudirai-je ce que Dieu n’a pas maudit ?... Car du sommet des rochers je le vois... voici, c’est un peuple qui habitera seul  (23 v. 8 et 9) ». Apprenons, nous aussi, à voir les bien-aimés du Seigneur « du sommet des rochers », tels que Dieu les voit en Christ, séparés du monde, mis à part pour Lui et non pour Satan.

« Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni vu d’injustice en Israël  (v. 21) ». En Christ nous sommes lavés, purifiés, justifiés ; Dieu ne se souviendra plus jamais de nos péchés, ni de nos iniquités ; nous pouvons entrer dans le sanctuaire « sans conscience de péché ». Seule la grâce peut s’exprimer en de telles paroles : « Il n’y a pas d’enchantement contre Jacob, ni de divination contre Israël  (v. 23) » ; « Qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ?... Aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur  (Romains 8 v. 35 à 39) ».

« Que tes tentes sont belles, ô Jacob ! Et tes demeures, ô Israël !  (24 v. 5) ». En Christ, toutes choses sont faites nouvelles, c’est une nouvelle création : Dieu voit dans les siens un reflet de la beauté de Christ (Psaume 45 v. 11). Il nous a rendus « agréables dans le Bien-Aimé  (Éphésiens 1) ».

Un esprit légal ne saisit pas la grâce. D’autre part, on peut, hélas, changer la grâce de Dieu en dissolution : « Ceux qui regardent aux vanités mensongères, abandonnent la grâce qui est à eux  (Jonas 2 v. 9) ».

Pour garder l’équilibre, il importe que la grâce ne soit pas une théorie, ni un enseignement intéressant, mais que les yeux de nos cœurs considèrent toujours devant nous Celui qui est la grâce. La grâce de Dieu n’est pas seulement une faveur, mais « de sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce  (Jean 1) ». Il s’agit de « croître dans la grâce et dans la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus Christ ». L’apôtre pouvait écrire : « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis ; et sa grâce envers moi n’a pas été vaine (1 Corinthiens 15 v. 10) ».

Considérant le peuple à la fin de la traversée du désert, le prophète déclare : « Selon ce temps, il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que Dieu a fait ?  (23 v. 23) ». Nous aurions dit : Qu’est-ce que le peuple a fait ? Pourtant le souvenir qui subsiste à la fin d’une longue carrière, n’est-il pas celui de la grâce et de la miséricorde de Dieu ? Que cela soit dit d’Israël (le nouveau nom du vainqueur (Genèse 32 v. 28), peut encore se comprendre ; mais que la Parole souligne qu’il est dit de Jacob (le trompeur) : Qu’est-ce que Dieu a fait ? Nous fait toucher du doigt l’immensité de la grâce qui couvre notre misère.

Malgré toutes ses fautes et ses défaillances, « il reste un repos pour le peuple de Dieu  (Hébreux 4 v. 9) » ; « Celui qui a commencé en vous une bonne œuvre, l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ  (Philippiens 1 v. 6) ».

Là-haut, joyeux, dans l’immense avenir,
J’exalterai ton amour qui déborde,
Car, dans le ciel, il n’est qu’un souvenir,
Le souvenir de ta miséricorde !

Y aurait-il clôture plus belle à nos entretiens que la bénédiction dont Aaron le sacrificateur devait bénir le peuple : « L’Éternel te bénisse, et te garde ! L’Éternel fasse lever la lumière de sa face sur toi et use de grâce envers toi ! L’Éternel lève sa face sur toi et te donne la paix ! »

La triple répétition du nom de l’Éternel ne serait-elle pas une allusion voilée à la trinité ? Le cœur du Père s’ouvre pour bénir ; Lui seul peut « garder » ceux que le Fils lui confie (Jean 17 v. 11). Christ, dans la face duquel a lui la connaissance de la gloire de Dieu, fait lever sa lumière sur nous ; chacun peut recevoir de lui cette grâce qu’il a apportée dans sa plénitude. Le Saint Esprit révèle « les choses profondes de Dieu  (1 Corinthiens 2 v. 10) » ; Il glorifie Christ, et prend de ce qui est à Lui pour nous l’annoncer (Jean 16 v. 14) ; par lui, nous avons l’assurance du salut, la paix, fruit qu’il produit.

« Et ils mettront mon nom sur les fils d’Israël » : Ils sont marqués pour Lui ; « et moi, je les bénirai ». « Il est le Rocher, Son œuvre est parfaite. C’est un Dieu fidèle »

 

Arthur KatzUn message de Georges André
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- H.J. Stanley

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