La première prière de Paul (1)

La première prière de Paul (1)

« Et il a vu en vision un homme du nom d'Ananias, qui entrait, et qui lui imposait les mains, afin qu'il recouvrât la vue (Actes 9 v. 12) ». Le Seigneur a bien des manières d'éteindre la persécution.

Jamais il ne souffrira que son Église soit vaincue par ses ennemis ou anéantie par ses adversaires ; et les moyens ne lui manquent pas pour détourner les coups des méchants, ou même, au besoin, pour renverser leurs desseins de fond en comble. « Ils ouvrent contre moi leur bouche, Ils disent : Ah ! Ah ! Nos yeux regardent ! (Psaumes 35 v. 21) ». Parmi ces moyens, il en est deux qu'il emploie d'ordinaire : Il confond le persécuteur, ou bien, dans sa miséricorde, il le convertit. Parfois, le Dieu fort sème le trouble et la confusion dans le camp de ses ennemis, il frappe de vertige les enchanteurs et d'impuissance les magiciens. À celui qui ose lui faire la guerre, il permet de courir à sa perte, puis il jette un regard de triomphante dérision sur le misérable insensé qui avait espéré dire « Ah, Ah », à l'Église de Dieu.

Mais parfois aussi, il convertit le persécuteur ; d'un antagoniste déclaré, il se fait un ami ; d'un fougueux adversaire de l'Évangile, il fait un ardent soldat de la croix. Du sein des ténèbres, il tire la lumière ; de celui qui dévorait, il fait sortir le miel ; des cœurs les plus durs, il suscite des enfants à Abraham. Tel fut le cas de Saul de Tarse. Un fanatique plus exalté ne saurait se concevoir. Le sang du fidèle Etienne avait rejailli sur lui ; car, si complaisante, si officieuse était sa cruauté, que tandis qu'on lapidait le premier martyr, il gardait les vêtements de ses bourreaux.

Élève dans la savante école de Gamaliel

Vivant à Jérusalem, Saul se trouvait journellement en contact avec les disciples de l'Homme de Nazareth. En rencontrait-il dans les rues, il les insultait et les couvrait d'injures ; bien plus, il obtint contre eux des mandats d'arrêt et les fit mettre à mort. Et maintenant, pareil à une bête féroce qui a goûté le sang, le jeune Pharisien ne respire plus que carnage ; sa fureur est à son comble, et, pour couronner dignement son œuvre homicide, il part pour Damas, afin de se saisir de tous les chrétiens, soit hommes, soit femmes, qu'il trouvera dans cette ville.

Il les amènera liés à Jérusalem, et assouvira la soif sanguinaire qui le dévore, en leur faisant subir la peine due, suivant lui, à leur abominable hérésie. Mais, ô merveille de la puissance de Dieu ! Jésus arrête ce forcené dans sa course insensée. Juste au moment où, la lance en arrêt, il va fondre sur Christ, Christ le rencontre, le terrasse, le renverse, puis lui adresse cette question : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »

Ensuite, ce charitable Sauveur daigne lui ôter son cœur rebelle ; il lui donne un nouveau cœur et un esprit droit, - change complètement ses vues et ses projets, - le conduit à Damas, - le tient prosterné à ses pieds pendant trois nuits et trois jours, - parle à son âme, - lui fait entendre des sons mystiques, des paroles ineffables, embrase son cœur tout entier de la sainte flamme de l'amour ; et, lorsqu'enfin le futur Apôtre des Gentils, sortant de sa longue extase, commence à prier, Jésus descend aussitôt du ciel, apparaît en vision à Ananias, et lui dit : « Et il a vu en vision un homme du nom d'Ananias, qui entrait, et qui lui imposait les mains, afin qu'il recouvrât la vue (Actes 9 v. 12) ».

Ces dernières paroles, mes frères, sont d'abord L'ANNONCE D'UN FAIT DE HAUTE IMPORTANCE : « Voilà, il prie ! » Et, en second lieu, UN ARGUMENT présenté par le Seigneur à Ananias : « Car voilà, il prie. » - Je me propose de considérer tour à tour mon texte sous ces deux aspects ; ensuite, j'essaierai d'en faire L'APPLICATION à vos cœurs : Il est vrai, qu'à bien parler, Dieu seul peut accomplir cette dernière tâche ; toutefois, j'ose espérer qu'il voudra bien se servir de la prédication de ce jour, pour vous disposer à recevoir les instructions que sa Parole va vous donner.

Je le répète, ces mots du seigneur à Ananias « Va et cherche un nommé Saul de Tarse, car voilà, il prie », étaient L'ANNONCE D'UN FAIT DE HAUTE IMPORTANCE. Et remarquez, en premier lieu, que ce fait était connu de Dieu lui-même. Saul fut conduit par l'influence de l'Esprit saint à désirer la grâce divine ; et du moment qu'il commença à prier, Dieu commença à écouter sa voix.

« Voilà, il prie »

N'avez-vous point été frappés, mes chers amis, en lisant les paroles du Seigneur à Ananias, des détails si minutieux dans lesquels il entre, relativement à Saul ? Évidemment, celui-ci était l'objet de son intérêt tout particulier. Jésus connaît la rue où il loge : « Va dans la rue appelée la Droite. » Il connaît la maison où il habite : « Cherche dans la maison de Judas. » Il sait son nom, il sait même de quel pays il est originaire : « Cherche un nommé Saul de Tarse. » Enfin, il sait qu'il est présentement en prière : « Voilà, il prie. »

Oh ! Qu'elle est réjouissante la pensée que Dieu s'occupe ainsi, avec la plus tendre sollicitude, de toute âme qui s'approche de lui ! Voici un pauvre pécheur, contrit et humilié ; il se retire dans la solitude de sa chambre, il fléchit le genou devant Dieu ; l'angoisse de son cœur brisé ne se traduit peut-être que par des larmes et des soupirs... Mais, ô prodige ! Ces soupirs de contrition ont fait vibrer toutes les harpes du paradis ! Ces larmes de repentir ont été recueillies par le Seigneur, et seront conservées à toujours dans l'urne lacrymatoire du ciel !

Le plus humble suppliant, celui-là même qui n'ose formuler une requête, est compris par le Très-Haut. Il peut n'offrir à Dieu qu'une larme furtive, qu'une larme timide, mais qu'importe ! Une larme n'est-elle pas souvent la plus éloquente des prières ? Les larmes d'une sincère pénitence sont les diamants du ciel. Les gémissements de cœurs humiliés viennent se joindre, comme autant de notes mélodieuses, à la sublime harmonie qui retentit nuit et jour devant le trône de Dieu. Oh ! Mes bien-aimés, ne comprenez-vous pas tout ce qu'il y a de doux et d'encourageant dans la pensée que Dieu prend garde aux prières des fils des hommes ? Peut-être quelques-uns de vous se sont-ils dits plus d'une fois :

« Sûrement, je suis un être trop insignifiant, trop coupable et trop vil pour que Dieu daigne faire attention à moi, alors même que j'essaierais de chercher sa face. » Mes amis, chassez loin de vous des idées aussi impies, - aussi païennes, dirai-je. Notre Dieu n'est pas un Dieu qui vit plongé dans un songe perpétuel, ou qui s'enveloppe d'épaisses ténèbres, en sorte qu'il ne puisse voir. Il n'est pas comme Bahal, qui n'entend point. « Il se peut, il est vrai, que les batailles, le tumulte de ce monde le laissent indifférent ; il ne se soucie ni de la pompe ni du fastueux étalage des rois ; il ne prête point l'oreille aux bruyantes fanfares de la musique guerrière, et détourne ses yeux des scènes de triomphe et de gloire humaine.

Mais, partout où un cœur souffre et gémit, partout où un œil s'élève au ciel, voilé de pleurs, partout où des lèvres tremblantes murmurent une prière, partout où retentit un amer soupir ou un sanglot de componction, là Dieu prend plaisir à regarder. Il s'approche, il prête l'oreille, il inscrit les prières de l'âme pénitente dans un registre, il les dépose, comme des fleurs sèches, dans son livre de mémoire, et quand, au dernier jour, le livre sera ouvert, il s'en exhalera un suave parfum. Aie donc bon courage, pauvre pécheur qui te repens ! Fusses-tu même le plus indigne, le plus vil des criminels, le Seigneur entend ta requête ; et il dit de toi ce qu'autrefois il disait de Saul de Tarse : « Voilà, il prie ! »

Où as-tu prié ce matin, mon frère ? Est-ce dans une grange ? Ou dans ton cabinet ? Ou à côté de ton lit ? Ou bien peut-être dans ce lieu de culte ? Je ne sais, mais Dieu le sait ! Et à présent encore, ton œil humide ne s'élève-t-il pas vers le ciel ? Dis, pauvre cœur troublé, est-ce que je n'entends pas sortir de tes lèvres, en cet instant même, ce cri d'angoisse : « O Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur ? » S'il en est ainsi, mon frère, sois en certain, Dieu a déjà ouï ta voix.

Qui n'admirerait la merveilleuse célérité avec laquelle le fluide électrique transmet les messages que l'homme lui confie ? Et pourtant, la Parole de mon Dieu me fait connaître un moyen de communication qui dépasse infiniment en vitesse l'électricité même, c'est la prière :

« Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n'a pas d'argent ! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer ! Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui ne nourrit pas ? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui est bon, et votre âme se délectera de mets succulents (Esaïe chapitre 55 v. 1) ».

Paul éprouva la vérité de cette glorieuse promesse ; et toi de même, n'en doute pas, ô pécheur, tu es entendu par Celui qui est assis sur le trône.

Un cri d'allégresse

Mais le fait annoncé dans mon texte n'était pas seulement connu de Dieu ; il était encore, sans nul doute, le sujet d'une grande joie dans le ciel. « Voilà ! dit Jésus, il prie ! » Ne sent-on pas que cette parole du Sauveur était un cri d'allégresse ? Une seule fois nous lisons dans l'Évangile que Jésus tressaillit de joie dans son esprit. Ce fut lorsque, élevant les yeux, il dit : « Je te loue, ô père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les a révélées aux enfants ! Oui, mon Père, cela est ainsi parce que tu l'as trouvé bon. »

Et à présent encore, rien ne réjouit le Pasteur de nos âmes comme de voir ses brebis entrer dans son paisible bercail ; il triomphe en esprit, lorsqu'une pauvre âme égarée en franchit le seuil. Oh ! Sûrement un sourire, tel qu'il n'en existe qu'en paradis, dut illuminer le visage de Jésus, quand il put dire à Ananias : « Voilà, j'ai gagné le cœur de mon ennemi, j'ai sauvé mon persécuteur ; dans ce moment même, il fléchit le genou devant mon marchepied : Voilà, il prie ! » Jésus avait plus de joie pour cette brebis perdue et retrouvée que pour quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne s'étaient point égarées. Mais il n'était pas le seul à se réjouir ; les anges partageaient son allégresse. Si la voix de Jésus dirigeait le chant, tous les esprits célestes s'y joignaient d'un même cœur.

Lorsqu'un élu de Dieu naît sur la terre, aussitôt les anges entourent son berceau. Il grandit, il se développe, et le péché se développe avec lui. Il s'engage dans les sentiers de l'iniquité ; son ange l'y suit ; il s'attache à ses pas, il contemple avec tristesse ses égarements ; une larme brille dans son regard, quand celui qu'il aime offense Dieu. Mais finalement cette âme est conduite à écouter l'Évangile. L'ange l'observe avec bonheur ; il veille, il attend.

Bientôt, la Parole de Dieu pénètre dans la conscience du pécheur ; le voilà qui pleure et qui enfin murmure : « Seigneur, prends compassion de moi ! » Et soudain, l'ange déploie ses ailes , il remonte en hâte vers les cieux. « Anges frères, écoutez tous ! S'écrie-t-il avec transport ; je vous apporte une bonne nouvelle : Voilà, il prie, il prie ! Alors l'armée céleste éclate en chants de louanges ; il y a fête dans le séjour de la gloire ; les voûtes du ciel retentissent de cris de triomphe, car en vérité : « De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent (Luc 15 v. 10) ».

Et outre les anges, mes chers amis, il se peut qu'il y ait dans le ciel d'autres esprits qui se réjouissent de la conversion des pécheurs. Je veux parler des esprits des justes arrivés à la perfection, de ceux qui nous ont aimés ici-bas, et qui nous ont devancés dans l'éternel repos. Pour ma part, je ne compte que peu de parents dans le ciel, mais j'y ai une vénérable aïeule que je chéris tendrement, et qui m'entoura de soins et d'affection pendant une partie de mon enfance.

Quand elle était sur la terre, elle priait pour moi ; et il me semble que des demeures éternelles où elle fut soudainement introduite, elle a dû suivre du regard son petit-fils bien-aimé, à mesure qu'il avançait dans la vie. Lorsqu'elle l'a vu cheminant dans les voies du péché et de la folie, assurément elle n'a pu éprouver de la douleur car il n'y a point de larmes dans les yeux des saints glorifiés, ni même du regret, car un tel sentiment est inconnu devant le trône de Dieu. Toutefois, quand vint l'heure bénie, où, par un effet de la grâce souveraine, je fus contraint à prier, où, seul en face de Dieu, je me prosternai et luttai avec lui, alors, oh ! Alors, ne passa-t-il pas sur son visage béatifié comme un éclair d'une joie nouvelle, et ne dut-elle pas, elle aussi, s'écrier avec ravissement : « Voilà, il prie, il prie ? » Il lui sembla en cet instant, j'imagine, qu'elle jouissait d'une double portion de félicité ; elle crut posséder deux ciels : Un en moi et un en elle-même.

Et toi, mon jeune auditeur, n'as-tu pas aussi un être aimé dans la gloire ? Ta mère, peut-être, parcourt à cette heure les rues pavées d'or du paradis ; peut-être te regarde-t-elle à l'instant où je te parle. Enfant, elle t'a nourri de son lait, elle t'a porté sur son sein, elle t'a consacré à Jésus-Christ. Du ciel où elle est maintenant, elle te contemple avec ce degré d'intense anxiété qui est compatible avec le bonheur. Parle, jeune homme, que se passe-t-il dans ton âme ?

Entends-tu la voix de Christ, qui te dit au moyen de son Esprit : « Venez à moi ? » Verses-tu des larmes d'une vraie repentance ? Oh ! S'il en est ainsi, je me représente ta mère répétant, à son tour, le cœur débordant de béatitude : « Il prie, il prie ! » Je la vois qui s'incline une fois de plus devant le trône de Dieu, en lui disant, avec l'accent d'une indicible reconnaissance : « Je te rends grâces, ô toi, Être tout bon, de ce que l'enfant que tu m'avais donné sur la terre, est devenu ton enfant pour l'éternité ! »

L’amour des prédicateurs

Mais, s'il est dans le ciel des saints glorifiés qui plus que tous les autres saluent avec joie la conversion des pécheurs, sans contredit ce doit être ceux qui furent ici-bas de fidèles, de véritables ministres du Seigneur. Oh ! Mes chers amis, vous ne pouvez savoir combien un véritable ministre de Dieu aime vos âmes ! Peut-être pensez-vous que c'est chose facile de monter en chaire et de prononcer un sermon.

Si c'était là tout, Dieu sait qu'en effet notre tâche nous semblerait bien aisée ; mais, lorsque nous vous voyons devant nous, et que nous songeons que de nos paroles dépendent en quelque mesure votre salut ou votre perdition éternelle, lorsque nous réfléchissons que, si nous sommes des sentinelles infidèles, Dieu redemandera votre sang de nos mains, lorsque nous pensons aux centaines, aux milliers d'âmes qui nous ont déjà entendus, et auxquelles peut-être nous avons souvent parlé comme nous n'aurions pas dû le faire, quand, dis-je, nous nous souvenons de ces choses, oh ! Dieu ! Notre âme est saisie de frayeur, nous frémissons et nous tremblons !...

Luther avait coutume de dire qu'il pouvait affronter sans crainte ses ennemis, mais que jamais il ne montait en chaire sans que ses genoux se heurtassent l'un contre l'autre. Ah ! Mes frères, sachez-le, la prédication de l'Évangile n'est pas un jeu d'enfant. Ce n'est point une chose qui se puisse accomplir sans préparation ou sans anxiété ; c'est au contraire une tâche solennelle, une tâche terrible, lorsqu'on l'envisage dans ses rapports avec l'éternité. Si vous saviez comme le serviteur de Christ prie pour vous ! Allez écouter le dimanche soir sous la fenêtre de son cabinet ; vous l'entendrez gémir amèrement, parce que sa parole n'a pas été plus fidèle ; vous l'entendrez criant à Dieu, dans l'angoisse de son cœur : « Qui a cru à notre prédication, et à qui le bras de l'Éternel a-t-il été révélé ?... »

Mes bien-aimés, quand nous voyons une âme parvenir à la connaissance du Seigneur, nous éprouvons un sentiment que je ne saurais mieux comparer qu'à celui d'une personne qui aurait sauvé un de ses semblables sur le point de se noyer. Voyez ce malheureux qui se débat contre les flots ; il enfonce, il disparaît, il va périr ! Mais à ce moment, je m'élance à son secours, je le saisis d'une main ferme, je nage avec lui vers la terre, je le dépose sur le rivage. Le médecin arrive ; il l'examine, le touche, mais il secoue la tête et dit : « Je crains qu'il n'ait cessé de vivre. » Oh ! Alors, avec quelle anxiété je me penche sur cet homme que j'ai essayé d'arracher à la mort ! Comme mon cœur bat avec force, tandis que je place mon oreille sur sa poitrine et devant sa bouche !... À la fin, je m'écrie : « Il respire ! Il respire ! Il est sauvé ! »

Quelle douceur dans cette pensée ! Combien je me sens heureux. Ainsi en est-il de tout fidèle ministre de Christ. Dès qu'il s'aperçoit qu'une âme de son troupeau commence à prier, il se dit avec une sainte émotion : « Elle respire, elle n'est pas morte ; elle est vivante ! » Et il peut tenir ce langage en toute assurance, car une âme qui prie réellement montre par là qu'elle n'est plus morte dans ses fautes et dans ses péchés, mais qu'elle a été vivifiée par la puissance de l'Esprit.

Or, si le salut des pécheurs cause dès ici-bas au prédicateur de l'Évangile une joie à nulle autre pareille, que sera-ce, je le demande, si des tabernacles célestes il lui est donné de voir une âme qu'il a disputée à la mort éternelle prosternée devant Dieu ? Oh ! Sûrement son cœur bondira au-dedans de lui ; il frappera des mains en signe de réjouissance, quand il pourra s'écrier : « Voilà, le Seigneur me donne un fils ! Voilà, il prie ! »

Observez encore, mes frères, que l'événement dont parle mon texte, sujet de joie auprès de Dieu, était un sujet d'étonnement sur la terre. Je me représente Ananias élevant ses mains jointes vers le ciel, au comble de la stupéfaction. « Oh ! Mon Seigneur, dit-il : Est-ce bien possible ? Saul de Tarse serait-il en prière ? Il n'est pas un homme dans le monde que je me fusse moins attendu à voir invoquer ton nom. »

Je ne sais ce qui en est de mes collègues dans le ministère. Quant à moi, je l'avoue, j'éprouve fort souvent des impressions analogues à celles que ressentit Ananias dans cette circonstance. Ainsi, par exemple, il m'arrive quelquefois de regarder avec satisfaction tels ou tels de mes auditeurs, et de me dire : « Voilà des personnes bien disposées ; je crois que je les gagnerai ; certainement une bonne œuvre se poursuit en elles, et bientôt je les entendrai raconter ce que le Seigneur a fait pour leurs âmes. »

Toutefois, au bout de quelque temps, je ne vois plus ces personnes ; elles disparaissent de nos saintes assemblées, elles retournent vers le monde. Que fait alors mon bon Maître ? Au lieu de ces âmes sur lesquelles je comptais, il m'en envoie dont je n'espérais rien ; il convertit un homme perdu de mœurs, un pécheur scandaleux peut-être, à la louange de la gloire de sa grâce. Alors, c'est à mon tour de lever mes mains en haut, disant comme Ananias : « Seigneur, est-il bien possible ?... »

Je me rappelle un fait de cette nature qui s'est accompli il y a peu de temps. Un marin d'une soixantaine d'années entra un dimanche dans une chapelle. C'était un homme qui avait vieilli dans le vice ; il était adonné à la boisson, et semblait trouver une jouissance particulière à prononcer des imprécations et des blasphèmes. Le prédicateur avait choisi, pour texte de son discours, cette portion de l'Évangile qui nous montre Jésus pleurant sur Jérusalem. Le marin écoute, et bientôt il se demande : « Quoi, se pourrait-il que Jésus-Christ eût pleuré sur un misérable tel que moi ? » Il se sentait si indigne qu'il n'osait croire à tant d'amour. Cependant, à l'issue du service, il va trouver le ministre : « Monsieur, lui dit-il, voilà soixante ans que je navigue sous le pavillon du diable, il est temps que je change de patron. Je voudrais couler bas le vieux navire et m'embarquer à bord d'un nouveau, où j'arborerai pour toujours les couleurs du Prince Emmanuel. »

Et à partir de ce moment, cet homme devint un homme de prières, marchant en toute intégrité devant Dieu !

Des enfants à Abraham

C'est ainsi, mes frères, que Dieu choisit souvent les derniers des pécheurs pour en faire des monuments de sa grâce. II semble se plaire à déjouer nos prévisions. Parfois, il passe à côté d'un diamant sans y prendre garde, et il ramasse le caillou du chemin. De pierres de nulle valeur, il fait naître des enfants à Abraham. Le Seigneur est plus habile que le plus habile chimiste ; car, non seulement il sait raffiner l'or, mais il transforme en or fin un vil métal. Il prend les êtres les plus souillés, les plus méprisables, et les façonne en héritiers du ciel. Ils sont pécheurs, et il les nettoie ; ils sont impurs, et il les sanctifie.

Oui, étonnante, merveilleuse, était la conversion de Saul de Tarse ; mais à tout prendre, mes bien-aimés, votre conversion ou la mienne sont-elles donc moins étonnantes ? Si on vous eût dit, il y a quelques années, que vous vous joindriez à une Église, et que vous seriez comptés au nombre des enfants de Dieu, qu'auriez-vous répondu, je vous le demande ? « Impossible ! Absurde ! Vous seriez-vous écriés ; nous, devenir méthodistes ?

Non, jamais ! Qu'avons-nous à faire de la religion ? Nous voulons continuer à penser et à agir, comme bon nous semble. « N'est-ce pas là, mes amis, le langage que vous et moi aurions tenu ? Comment donc se fait-il que nous soyons aujourd'hui ce que nous sommes ? Lorsque nous réfléchissons à la transformation complète qui s'est opérée en nous, ne nous paraît-il pas que nous rêvons ? Dieu a laissé bien des membres de nos familles qui valaient mieux que nous, et pourquoi nous a-t-il choisis ? Oh ! N'est-ce pas une chose étrange, une chose inouïe ? Et ne pourrions-nous pas, comme Ananias, nous écrier, avec un geste d'étonnement : « Voilà, c'est un miracle sur la terre ! C'est un prodige dans le ciel ! »

Enfin remarquez, mes chers auditeurs, que le fait exprimé par ces simples mots : « Voilà, il prie », était sans précédent dans la vie de saint Paul. Il est vrai que le jeune Pharisien avait eu coutume de monter régulièrement au temple deux fois le jour, à l'heure de la prière. Si vous l’aviez accompagné, vous l'auriez entendu très certainement prononcer d'éloquentes oraisons, dans le genre de celles-ci :

« Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain ; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus (Luc 18 v. 11 et 12) ».

Oh ! Oui, sans nul doute, vous l'auriez entendu haranguer le Seigneur en termes pompeux et magnifiques. Néanmoins, il est dit expressément dans mon texte : « Voilà, il prie ». Eh quoi ! Saul n'avait-il donc jamais prié auparavant ? Non, mes frères, jamais. Le culte qu'il avait offert à Dieu pendant toute sa vie ne comptait pour rien. Par le fait, ce n'était pas un culte.

J'ai ouï raconter qu'un vieillard, auquel on avait enseigné dans son enfance à dire à Dieu : « Seigneur, je te prie de bénir mon père et ma mère », continua à répéter machinalement ces mêmes paroles pendant soixante-dix années de sa vie, c'est-à-dire bien longtemps après que ses parents furent morts. Au bout de ce temps, il plut à Dieu, dans son infinie miséricorde, de toucher le cœur de ce vieillard. Il reconnut son inconcevable aveuglement ; il comprit que, malgré son attachement routinier à certaines formes, il ne s'était jamais sérieusement approché de Dieu ; il avait récité prières sur prières, mais jamais il n'avait prié.

Il en était de même de Saul. Le culte qu'il avait rendu à Dieu n'avait été qu'une dérision ; ses longues prières que vaines redites. Mais enfin, de son cœur humilié s'échappe une sincère invocation, et c'est alors que Jésus lui rend ce témoignage : « Voilà, il prie ! »

Voyez-vous cet homme qui essaie d'obtenir une audience de son Créateur ? Il dépose une pétition en vers latins au pied du trône du Tout-Puissant ; mais Dieu reste impassible, il s'enveloppe dans une calme indifférence. Alors, le suppliant s'y prend d'une autre manière ; il se procure un livre, et, s'agenouillant de nouveau, il lit la plus belle, la plus vénérable, la meilleure des prières qui ait jamais été composée ; mais le Très-Haut ne prend point garde à ce froid et creux formalisme. À la fin, le pauvre pécheur jette le livre de côté, oublie son latin, et s'écrie avec larmes : « O Seigneur, écoute-moi pour l'amour de Christ ! » Aussitôt, Dieu répond : « Je t'écoute, pauvre âme angoissée ; j'ai entendu ta voix ; voilà la grâce que tu cherchais ».

Mieux vaut une seule prière sentie que dix mille prières formalistes ; mieux vaut un simple élan de l'âme que les plus sublimes formules des livres. Toute prière qui ne part que des lèvres ou de l'intelligence est en abomination devant Dieu ; celles-là seules qui jaillissent du plus profond du cœur lui sont agréables. Ah ! Mes chers auditeurs, vous le dirai-je, au risque de vous scandaliser ?

Je crains qu'il n'y ait parmi vous des centaines d'âmes qui n'ont pas réellement prié une seule fois dans leur vie…. Et que comptez-vous faire, je vous le demande, quand il vous faudra mourir ? Pensez-vous entrer au ciel sans prière ? Funeste illusion ! On l'a dit : « La prière est le mot d'ordre du chrétien mourant »; si donc, ce mot d'ordre, vous ne le possédez pas, vous serez bannis pour toujours de la présence de Dieu.

 

Arthur KatzUn message de Charles Spurgeon
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