Quand on doit s’attendre à un réveil.2

Quand on doit s’attendre à un réveil.2

Quand les chrétiens se sont affaiblis et sont retournés en arrière, ils n’ont plus et ne peuvent plus avoir, les uns à l’égard des autres, le même amour et la même confiance que lorsqu’ils sont tous vivants et actifs, et qu’ils vivent saintement.

« Ne reviendras-tu pas nous rendre la vie, afin que ton peuple se réjouisse en toi ? (Psaumes 85 v. 6) ». Ce psaume paraît avoir été écrit peu de temps après que le peuple d’Israël fut revenu de sa captivité à Babylone, comme on peut l’inférer aisément des premiers versets. Le psalmiste sentait combien Dieu avait été bon pour les enfants d’Israël, en les retirant du pays où ils avaient été menés captifs ; et, pressé par la vue d’une si grande miséricorde, considérant en même temps la perspective qui s’ouvrait pour eux, il éclate en prières pour demander un réveil religieux : « Ne reviendras-tu pas nous rendre la vie, afin que ton peuple se réjouisse en toi ? » Dieu, dans sa providence, ayant rétabli au milieu d’eux les ordonnances de sa maison, le psalmiste lui demande instamment qu’un réveil vienne couronner l’œuvre.

Dans un précédent exercice, j’ai essayé de vous montrer ce qu’un réveil religieux n’est pas, ce qu’il est, et quels sont les agents qui y contribuent ; aujourd’hui, je désire appeler votre attention sur les points suivants :

I. Quand on doit sentir le besoin d’un réveil religieux.

II. Quelle est l’importance d’un réveil religieux, lorsqu’on en sent le besoin.

III. Quand on peut attendre un réveil religieux.

I. Quand on doit sentir le besoin d’un réveil religieux.

1° S’il y a manque d’amour fraternel et de confiance chrétienne parmi ceux qui professent d’être chrétiens, on doit sentir le besoin d’un réveil religieux.

C’est alors que tous sont appelés à crier à Dieu pour qu’il fasse revivre son œuvre. Quand les chrétiens se sont affaiblis et sont retournés en arrière, ils n’ont plus et ne peuvent plus avoir, les uns à l’égard des autres, le même amour et la même confiance que lorsqu’ils sont tous vivants et actifs, et qu’ils vivent saintement. L’amour de bienveillance peut être le même, mais non l’amour de jouissance. Dieu aime tous les hommes d’un amour de bienveillance, mais il ne sent un amour de jouissance que pour ceux qui vivent saintement. Les chrétiens ne s’aiment et ne peuvent s’aimer les uns les autres d’un amour de jouissance qu’en proportion de leur sainteté.

Si l’amour chrétien est l’amour de l’image de Christ dans les siens, il ne peut s’exercer que là où cette image existe réellement ou paraît exister. Un chrétien doit réfléchir l’image de Christ et montrer l’Esprit de Christ, pour que les autres chrétiens puissent l’aimer d’un amour de jouissance. C’est en vain qu’on inviterait les chrétiens à s’aimer les uns les autres d’un tel amour, quand ils sont tombés dans la tiédeur. Ils ne voient rien les uns chez les autres qui puisse produire cet amour. Il est à peu près impossible qu’ils éprouvent, les uns à l’égard des autres, des sentiments différents de ceux qu’ils éprouvent à l’égard des pécheurs en général. Ils savent qu’ils appartiennent à l’Église de Christ ; ils se voient occasionnellement à la table de la communion, mais cela ne peut produire l’amour chrétien au milieu d’eux, aussi longtemps qu’ils ne voient pas les uns chez les autres l’image de Christ.

2° Il y a grand besoin d’un réveil religieux quand il y a des dissensions, des jalousies et des médisances au milieu de ceux qui professent d’être chrétiens.

De telles choses montrent que les chrétiens se sont éloignés de Dieu ; c’est le temps de penser sérieusement à un réveil. La religion ne peut prospérer quand de tels maux existent dans l’Église, et rien n’est aussi efficace qu’un réveil pour y mettre fin.

3° Il y a besoin d’un réveil quand l’esprit de mondanité s’est glissé dans l’Église.

Si vous voyez les chrétiens se conformer au monde dans leurs vêtements, dans leur ameublement, dans leurs plaisirs ; si vous les voyez s’adonner à des amusements frivoles, lire des romans et d’autres livres que le monde recherche, il est manifeste que l’Église est affaiblie et qu’elle est retournée en arrière. Elle est alors loin de Dieu, et il y a grand besoin d’un réveil.

4° Quand des membres de l’Église sont tombés dans des péchés scandaleux.

C’est le temps de se réveiller et de crier à Dieu pour obtenir un réveil religieux. De telles choses donnent aux ennemis de la religion une occasion de blasphémer, et les chrétiens doivent dire au Seigneur : « Que deviendra ton grand nom ? »

5° On doit sentir le besoin d’un réveil, quand il y a dans l’Église ou dans le pays un esprit de controverse.

L’esprit de la religion n’est pas un esprit de controverse ; là où ce dernier prévaut, la religion ne peut prospérer.

6° Il est temps de rechercher un réveil religieux quand les méchants triomphent et se moquent de l’Église.

7° Il est temps pour les chrétiens de s’émouvoir quand les pécheurs restent dans l’indifférence et la stupidité, et qu’ils se précipitent dans l’enfer sans y prendre garde.

L’Église doit alors sentir le besoin de se réveiller et d’agir aussi fortement que les pompiers d’une grande ville quand le feu y éclate pendant la nuit. Elle doit enlever avec violence les feux de l’enfer qui sont suspendus sur les méchants. L’Église dormir... ! Si dans un incendie les pompiers restaient endormis, et que toute la ville fût consumée, que penserait-on de tels hommes ? Et cependant, quelque coupables qu’ils fussent, leur faute serait peu de chose en comparaison du péché des chrétiens qui dorment, tandis que les pécheurs tout autour d’eux, se précipitent avec stupidité dans les flammes de l’enfer.

II. Examinons quelle est l’importance d’un réveil religieux dans de telles circonstances.

1° Un réveil religieux est la seule chose qui puisse enlever l’opprobre qui pèse sur l’Église, et replacer la religion à la hauteur où elle doit être dans l’estime du public.

Sans un réveil l’Église sera de plus en plus couverte d’opprobre, jusqu’à ce qu’enfin elle tombe dans un mépris universel. Vous pouvez essayer tout ce qu’il vous plaira ; vous pouvez, à quelques égards, changer l’aspect de la société ; mais sans un réveil religieux, vous ne ferez aucun bien réel ; vous ne ferez même qu’augmenter le mal. Vous pourriez bâtir une splendide maison de culte, recouvrir vos sièges de damas, élever une chaire somptueuse, vous procurer un orgue magnifique ; vous pourriez, en étalant une belle apparence, commander une sorte de respect pour la religion parmi les méchants ; mais ils n’en recevraient aucun bien réel.

Cela les jetterait, au contraire, dans l’erreur, quant à la nature de la religion de Christ ; et, bien loin d’être convertis par ce moyen, ils seraient encore plus détournés de la voie du salut. Examinez les lieux où les hommes ont cherché à entourer de splendeur l’autel du christianisme, et vous trouverez toujours que l’impression produite a été contraire à la religion. Il faut qu’il y ait un énergique élan de la part des chrétiens, et une effusion de l’Esprit de Dieu ; sans cela le monde se moquera de l’Église.

2° Un réveil religieux est la seule chose qui puisse rétablir l’amour et la confiance entre les membres de l’Église, et rien autre ne doit pouvoir les rétablir.

Aucun autre moyen ne saurait ranimer cet amour que les chrétiens sentent quelquefois les uns pour les autres, quand il leur arrive même de ne pas trouver de termes pour l’exprimer. Vous ne pouvez avoir un tel amour sans confiance, et vous ne pouvez rétablir la confiance sang un retour à la vraie piété. Si un ministre voit qu’il a perdu, à quelque degré que ce soit, la confiance de son troupeau, il doit travailler à amener un réveil ; ce sera seulement ainsi qu’il regagnera la confiance.

Je ne veux pas dire par là que ceci doive être son motif, en travaillant à amener un réveil ; mais qu’un réveil excité par son moyen lui rendra la confiance des membres les plus spirituels de son troupeau. Si un ancien ou un membre ordinaire de l’Église trouve ses frères refroidis à son égard, il n’y a qu’un seul moyen de changer cet état de choses ; qu’il redevienne lui-même spirituel, et qu’il manifeste, par son expression et par sa vie, la splendeur de l’image de Christ. A moins que l’Église ne se révolte, cet esprit s’emparera d’elle et s’y répandra ; la confiance sera reproduite et l’amour fraternel régnera de nouveau.

3° Un réveil religieux est indispensable pour détourner de l’Église les jugements de Dieu.

Ce serait prêcher une chose étrange que de dire que les réveils sont des miracles, et que l’Église ne peut pas plus contribuer à les produire qu’elle ne peut contribuer à produire un éclat de tonnerre.

S’il en était ainsi, nous ne pourrions pas dire à l’Église qu’elle doit s’attendre à des jugements de la part de Dieu, à moins qu’il n’y ait un réveil au milieu d’elle. Nous affirmerons que les chrétiens qui ne redeviennent pas vivants, sont plus à blâmer que les pécheurs qui ne se convertissent pas, et que, s’ils ne sont pas réveillés, ils peuvent compter que Dieu les visitera de ses verges. Combien souvent Dieu ne visitât-il pas de ses jugements l’Église juive, parce qu’elle ne voulait pas se repentir et se laisser ranimer lorsqu’elle y était appelée par les prophètes ! Combien souvent n’avons-nous pas vu des églises, et même des dénominations entières, frappées d’une malédiction, parce qu’elles n’avaient pas voulu se réveiller et chercher le Seigneur, en lui disant : « Ne reviendras-tu pas nous rendre la vie, afin que ton peuple se réjouisse en toi ? »

4° Il n’y a qu’un réveil religieux qui puisse préserver une église d’être réduite à rien.

Une église qui décline de cette manière ne peut continuer d’exister sans un réveil. Si elle reçoit de nouveaux membres, ils seront pour la plupart dénués de piété. Sans un réveil, le nombre des personnes qui se convertiront dans une année, ne sera en général pas aussi considérable que le nombre des personnes qui mourront. Il y a eu dans ce pays des églises dont les membres sont morts, et comme il n’y avait point eu de réveil, et que de nouveaux convertis n’avaient par conséquent pu prendre leur place, elles se sont éteintes, et leur organisation a été dissoute.

Un ministre m’a dit qu’il avait travaillé comme missionnaire dans la Virginie, dans la localité même où le célèbre Samuel Daires brillait autrefois comme un flambeau, et que l’église dont Daires avait été le conducteur, était réduite à un si petit nombre de membres, qu’elle ne comptait plus qu’un seul frère, et encore, si je m’en souviens bien, était-ce un homme de couleur. L’église s’était enorgueillie, et elle avait été dissipée. J’ai entendu parler d’une église, en Pennsylvanie, qui était autrefois florissante, mais qui, ayant négligé de demander un réveil, avait été réduite à un si petit nombre de membres, que le pasteur devait envoyer chercher, dans une église voisine, un ancien quand il voulait administrer la communion.

5° Il n’y a qu’un réveil religieux qui puisse empêcher que les moyens de grâce ne soient une occasion de chute pour les impies.

Sans un réveil, les méchants s’endurciront de plus en plus, tout en entendant prêcher l’Évangile, et ils seront exposés à une damnation plus horrible que s’ils n’en avaient jamais rien connu. Vos enfants et vos amis seront condamnés à un sort beaucoup plus horrible dans l’enfer, après avoir eu à leur portée les moyens de grâce, s’il n’y a point eu de réveil pour les convertir à Dieu. Il vaudrait mieux pour eux qu’il n’y eût ni moyen de grâce, ni sanctuaire, ni Bible, ni prédication, et qu’ils n’eussent jamais entendu l’Évangile, que de vivre et de mourir là où il n’y a point de réveil. L’Évangile est odeur de mort à mort, s’il ne devient pas odeur de vie à vie.

6° Un réveil est le seul moyen par lequel une église puisse être sanctifiée, croître dans la grâce et être rendue propre pour les cieux.

Qu’est-ce que croître dans la grâce ? Est-ce entendre des sermons et acquérir quelques notions nouvelles sur la religion ? Non, non. Le chrétien qui fait cela et qui ne fait rien de plus, va de mal en pis, s’endurcit de plus en plus, et chaque semaine il est plus difficile de le ramener à son devoir.

III. Quand peut-on attendre un réveil religieux.

1° On peut attendre un réveil quand la providence de Dieu en donne des indices, et ces indices sont quelquefois si clairs qu’ils sont comme une révélation de sa volonté.

Les événements semblent conspirer tous ensemble pour ouvrir la voie ; les circonstances semblent tout préparer pour favoriser un réveil ; tellement, que ceux qui ont les yeux ouverts, peuvent voir qu’un réveil est proche, à peu près aussi distinctement que s’ils avaient eu une révélation du ciel. Il y a eu quelquefois dans ce pays des manifestations de la providence de Dieu tellement claires, que les personnes qui y étaient attentives, n’hésitaient pas à dire que Dieu allait répandre son Esprit et accorder un réveil religieux. Dieu fait connaître à son Église sa volonté de plusieurs manières ; quelquefois c’est en lui en fournissant des moyens particuliers, quelquefois c’est par des événements alarmants, quelquefois c’est en favorisant d’une manière remarquable l’approche d’un réveil ou les travaux des prédicateurs, au moyen du temps, des maladies, des événements publics, etc.

2° On peut attendre un réveil quand la dépravation des méchants attriste, humilie et afflige profondément les chrétiens.

Quelquefois ceux-ci ne paraissent pas s’inquiéter du tout de la méchanceté qui les entoure ; ou, s’ils en parlent, c’est avec indifférence et sans compassion, comme s’ils désespéraient de la possibilité d’un changement. Ils sont disposés à injurier les pécheurs bien plutôt qu’à sentir pour eux les compassions du Fils de Dieu. D’autres fois, au contraire, la conduite des méchants pousse les chrétiens à la prière ; elle les brise, elle les remplit de tristesse et de compassion, à tel point qu’ils peuvent pleurer jour et nuit, et qu’au lieu de s’irriter contre eux et de leur faire des reproches, ils intercèdent pour eux avec instance auprès du Seigneur.

C’est alors que vous pouvez attendre un réveil. Quand les méchants s’opposent fortement à la religion, et que cela fait tomber les chrétiens à genoux et les fait crier à Dieu avec larmes, vous pouvez être certains qu’il y aura un réveil. La méchanceté peut paraître avoir le dessus, mais il n’en faut point conclure qu’il n’y aura point de réveil religieux. C’est souvent le temps de Dieu pour opérer : C’est quand « l’ennemi vient comme un fleuve, que l’Esprit de l’Éternel lève l’enseigne contre lui  (Ésaïe 59 v. 19) ». Souvent les premiers indices d’un réveil sont les efforts du démon pour s’opposer à l’Évangile par quelque moyen nouveau. Il en résultera invariablement l’un ou l’autre de ces deux effets : Ou les chrétiens seront poussés vers Dieu, ou ils en seront éloignés encore davantage, pour chercher du secours dans quelques mesures d’une politique toute charnelle.

Fréquemment l’on voit un réveil après les manifestations les plus audacieuses de la méchanceté des impies. Si les chrétiens sentent alors qu’ils n’ont d’espérance qu’en Dieu, et s’il leur reste assez de piété pour s’occuper de la gloire du Seigneur et du salut des âmes des impénitents, il y aura certainement un réveil. Que l’enfer déborde, s’il veut, et qu’il vomisse autant de démons qu’il y a de pierres dans le pavé de la rue, il n’empêchera pas un réveil, si seulement les chrétiens sont poussés à crier à Dieu.

Que Satan s’agite et qu’il embouche sa trompe aussi fortement qu’il lui plaira, les chrétiens verront bientôt le bras du Seigneur s’étendre pour opérer un réveil, si seulement ils s’humilient et persévèrent à prier. Je connais des lieux où un réveil a éclaté dans les rangs même de l’ennemi presque aussi soudainement qu’un éclat de tonnerre, où il les a dispersés, où il a pris les chefs pour trophées, et où il a dissipé leur conseil en un instant.

3° On peut attendre un réveil quand les chrétiens sont poussés à en demander un dans leurs prières.

C’est-à-dire quand ils prient comme si leur cœur n’était occupé que de cela. Quelquefois ils ne pensent pas à un réveil, même quand ils ont le plus d’ardeur dans la prière. Leur esprit est fixé sur un autre sujet ; ils prient pour quelque autre chose, peut-être pour le salut des païens, mais non pour un réveil au milieu d’eux. Mais quand ils sentent le besoin d’un réveil, ils prient pour l’obtenir ; ils sentent ce besoin pour leurs propres familles et pour leurs voisins ; ils prient pour eux comme si Dieu ne pouvait leur refuser leur demande. Qu’est ce qui constitue un esprit de prière ?

Sont-ce beaucoup de prières et de paroles pleines de chaleur ? Pas toujours. La prière est l’état de l’âme. L’esprit de prière est un désir continuel et une anxiété habituelle de l’âme, relativement au salut des pécheurs. C’est quelque chose qui pèse sur le cœur. C’est comme quand un homme est dans l’anxiété au sujet de quelque intérêt de ce monde. Un chrétien qui a l’esprit de prière éprouve de l’anxiété pour les âmes. Ses pensées en sont toujours occupées, et il agit comme s’il avait un poids sur son cœur. Il y pense pendant le jour, et de nuit c’est le sujet de ses songes.

A proprement parler, il prie sans cesse. Ses prières semblent découler de son cœur comme de l’eau. « Ô Seigneur, fais revivre ton œuvre ! » Quelquefois ce sentiment est extrêmement profond ; on a vu des personnes tellement courbées sous ce poids, qu’elles ne pouvaient être ni debout, ni assises. Je pourrais nommer des personnes de nerfs vigoureux et d’un caractère prononcé, qui ont été absolument accablées de douleur en voyant l’état des méchants. Ce sentiment n’est pas toujours également profond, mais il est plus commun qu’on ne le suppose.

On en a vu plusieurs exemples dans les grands réveils de 1826. Ce n’est nullement de l’enthousiasme. C’est précisément ce que Paul sentait quand il dit : « Mes petits-enfants, pour lesquels je suis en travail d’enfantement ! (Galates 4 v. 19) ». J’ai entendu parler d’une personne qui priait instamment pour les pécheurs, et qui tomba enfin dans un tel état d’âme, qu’elle ne pouvait vivre sans prière. Elle ne pouvait trouver de repos ni jour, ni nuit que lorsque quelqu’un priait. Alors elle était tranquille ; mais si l’on cessait, elle était de nouveau comme en agonie, jusqu’à ce qu’on eût recommencé à prier. Cet état dura deux jours.

Elle remporta alors la victoire, et son âme fut soulagée. Ce travail de l’âme est une profonde agonie dans laquelle se trouvent certaines personnes quand elles luttent avec Dieu pour obtenir une bénédiction, et qu’elles ne veulent pas le laisser aller avant de l’avoir reçue. Je ne prétends point affirmer qu’il n’y ait vraiment un esprit de prière que là où se trouve une détresse telle que celle dont je viens de parler, mais seulement que cette sollicitude de l’âme, profonde, continuelle et ardente, relativement au salut des pécheurs, est ce qui constitue l’esprit de prière pour un réveil religieux.

Quand ce sentiment existe dans une église, on peut compter qu’il y aura un réveil, à moins que le Saint-Esprit ne soit contristé par quelque péché. Cette espèce d’anxiété et de détresse augmente jusqu’à ce que le réveil commence. Un ecclésiastique de W. N. m’a raconté les détails d’un réveil qui eut lieu dans son troupeau, et qui commença par l’influence d’une femme zélée et dévouée à la cause de Dieu. Cette sœur était en travail pour la conversion des pécheurs, et elle priait instamment pour eux ; et plus elle priait, plus sa détresse augmentait, jusqu’à ce qu’enfin elle alla parler de son état au ministre de l’église, en lui demandant de convoquer une réunion pour les personnes travaillées par le sentiment du péché et désireuses du pardon. (Notre langue ne peut, hélas ! Pas encore supporter la traduction textuelle de certaines expressions de ces chrétiens d’Amérique.

L’original porte : an anxious meeting, c’est-à-dire une assemblée pour les pécheurs inquiets, ou verbalement : une assemblée inquiète). Le ministre, qui n’éprouvait rien de semblable, la renvoya. La semaine suivante elle retourna auprès de lui pour le supplier de convoquer une telle réunion, en lui disant qu’il y viendrait assurément quelques personnes, et qu’elle sentait que Dieu allait répandre son Esprit, mais il la renvoya de nouveau. Elle lui dit enfin : « Si vous ne convoquez pas la réunion que je vous demande, je mourrai, car il se prépare certainement un réveil ». Le Dimanche suivant, le ministre convoqua une réunion extraordinaire, en disant que si quelques personnes désiraient s’entretenir avec lui touchant le salut de leurs âmes, il se trouverait au milieu d’elles un tel soir de la semaine.

Il n’en connaissait aucune qui fût inquiète sur son salut ; mais quand il arriva au lieu de la réunion, à son grand étonnement il en trouva un grand nombre qui soupiraient après la délivrance de leurs âmes. Maintenant n’est-il pas évident que cette femme savait qu’il y aurait un réveil ? Appelez cela une révélation vieille ou nouvelle, ou de tout autre nom qui vous plaira, je dis que c’était l’Esprit de Dieu qui faisait connaître à cette femme, remplie de l’esprit de prière, qu’il allait y avoir un réveil. « Le secret de l’Éternel » était avec elle, et elle le connaissait. Elle savait que Dieu avait été dans son cœur, et elle en avait été tellement remplie, qu’elle n’avait pu se contenir plus longtemps.

Quelquefois des ministres sont dans une détresse semblable au sujet de leurs congrégations, et ce sentiment devient si violent, qu’il leur semble qu’ils ne pourront pas supporter la vie s’ils ne voient pas un réveil religieux. Quelquefois aussi des anciens et des diacres, ou de simples membres d’église, hommes ou femmes, ont l’esprit de prière pour demander un réveil, et cela à un tel degré qu’ils luttent avec Dieu victorieusement jusqu’à ce qu’il répande son Esprit. Le premier rayon de lumière qui brilla au milieu des ténèbres dans lesquelles avaient été les églises d’Onéida à la fin de 1825, provint d’une femme faible de santé qui, je crois, n’avait jamais été témoin d’un véritable réveil religieux.

Son âme fut en travail au sujet des pécheurs, et comme en agonie pour le pays. Elle ne savait ce qui la troublait ; mais elle était obligée de prier toujours davantage, jusque-là que son agonie semblait devoir consumer son corps. Elle fut enfin remplie de joie, et s’écria : « Dieu est venu ! Dieu est venu ! Il n’y a point de doute à cet égard ; l’œuvre est commencée et elle va s’étendre sur tout le pays ». Bientôt après, effectivement, les membres de sa famille furent presque tous convertis, et l’œuvre commencée s’étendit sur toute cette partie de la contrée. Maintenant, pensez-vous que cette femme se fût trompée ? Non, vous dis-je. Elle savait qu’elle avait remporté la victoire en luttant avec Dieu dans la prière.

Elle avait été en travail d’enfantement pour les âmes, et cela lui était bien connu. Je pourrais citer d’autres faits semblables qui ont lieu dans ce pays. Il n’y a en général que peu de personnes chrétiennes qui connaissent quelque chose de cet esprit de prière qui lutte victorieusement avec Dieu. J’ai été étonné en lisant des détails souvent publiés sur des réveils religieux ; on aurait dit que ces réveils étaient venus sans aucune cause ; personne ne savait ni comment ni pourquoi. En examinant de tels cas, j’ai appris que dans certaines localités les membres de l’Église virent clairement un Dimanche que Dieu était au milieu de leur assemblée, que dans d’autres cas ils apercevaient quelque chose de pareil dans quelque réunion privée ou dans un service de prière, et qu’alors ils étaient étonnés de la souveraineté mystérieuse de ce Dieu qui opérait un réveil sans paraître employer aucun moyen extérieur.

Maintenant, faites attention à ceci : Si vous allez parmi les membres obscurs de l’Église, et que vous fassiez des questions, vous trouverez toujours que quelqu’un avait prié pour un réveil et l’avait attendu, que quelque homme ou quelque femme avait été en travail de prières pour le salut des pécheurs, jusqu’à ce que la bénédiction ait été obtenue. Le ministre et le corps de l’église étaient peut-être endormis, et ils ont été réveillés subitement ; ils ont été semblables à un homme qui, réveillé en sursaut, se frotte les yeux, court autour de sa chambre en mettant tout en désordre, sans pouvoir comprendre ce qui l’a fait sortir de son sommeil.

Mais si peu de personnes ont connu la cause du réveil, vous pouvez être certains que quelqu’un a été en sentinelle sur la tour, persévérant dans la prière jusqu’à ce que la bénédiction soit venue. En général, un réveil est plus ou moins étendu, selon qu’il y a plus ou moins de personnes remplies de l’esprit de prière. Mais je ne m’arrêterai pas plus longtemps sur ce sujet de la prière, parce qu’il se présentera de nouveau dans le cours de ces méditations.

4° On peut attendre un réveil religieux, quand l’attention des ministres de l’Évangile est tout particulièrement dirigée sur ce sujet, et quand leurs prédications et leurs travaux ont pour but spécial la conversion des pécheurs.

La plupart du temps on dirait que les travaux des ministres sont dirigés vers quelque autre objet. Ils ne semblent pas prêcher et travailler dans le but particulier d’opérer la conversion immédiate des pécheurs, et pourrait-on espérer un réveil avec de telles prédications ? Jamais un réveil n’arrivera sans que quelqu’un fasse des efforts particuliers pour l’obtenir. Mais quand l’attention d’un ministre se porte sur l’état des familles de sa congrégation, quand son cœur sent profondément la nécessité d’une nouvelle vie, et qu’il emploie les moyens convenables pour atteindre ce but, on peut attendre un réveil en toute confiance.

De même qu’il y a une liaison intime entre les moyens à employer pour recueillir le blé et le blé lui-même, il y a aussi une liaison intime entre les moyens à employer pour obtenir un réveil et le réveil lui-même. Je crois qu’en général un homme peut se mettre à travailler à un réveil avec une attente de succès mieux fondée que celle qu’il peut avoir en entreprenant toute autre œuvre, même avec une attente aussi ferme que celle du fermier, quand il a semé son grain.

Le grand réveil de Rochester commença au milieu des circonstances les plus désavantageuses qui se puissent imaginer. Il semblait que Satan eût élevé tous les obstacles à un réveil. Les trois églises de la localité étaient en différend. L’une d’elles n’avait point de ministre, et la seconde devait porter devant le presbytère un sujet qui avait amené la division entre un de ses anciens et le ministre de la troisième église. Après que l’œuvre eût commencé, il n’y eut que confusion dans la principale de ces églises. La seconde renvoya son ministre du milieu d’elle, et la troisième fut presque complètement dissoute. Les choses en vinrent à tel point, qu’il semblait que le démon fût déterminé à détourner complètement l’attention publique du sujet de la religion.

Mais, comme nous remarquâmes quelques exemples frappants d’esprit de prière, nous fûmes assurés que Dieu était là, et nous poursuivîmes notre œuvre. Satan continua à s’opposer, mais plus il s’opposait, plus hautement aussi l’Esprit du Seigneur élevait l’étendard, jusqu’à ce que les vagues du salut eurent couvert toute la localité.

5° On peut attendre un réveil quand les chrétiens commencent à confesser les uns aux autres leurs péchés.

Dans les temps ordinaires, ils ne remplissent se devoir que d’une manière vague, comme s’ils n’en sentaient presque pas l’importance. Ils font peut-être à ce sujet des déclamations éloquentes, mais qui ne sont d’aucun effet. Mais quand au milieu d’eux les cœurs sont vraiment brisés et sincères, et qu’ils se répandent devant Dieu en confessant leurs péchés, les bondes des cieux seront bientôt ouvertes, et le salut aura bientôt découlé sur toute la place.

6° On peut attendre un réveil quand les chrétiens sont disposés à faire les sacrifices nécessaires pour le favoriser.

Ils doivent sacrifier volontairement pour cela leurs sentiments particuliers, leurs affaires et leur temps. Les ministres doivent dépenser joyeusement leurs forces, et ne faire cas ni de leur santé, ni de leur vie. Ils ne doivent pas craindre d’offenser les impénitents par une prédication claire et fidèle, et même de s’attirer peut-être le blâme de plusieurs des membres de l’église, qui ne seraient pas disposés à se joindre à l’œuvre. Ils doivent prendre une position décidée en face du réveil, quelles que puissent en être les conséquences. Ils doivent être disposés à poursuivre leur œuvre, alors même qu’ils s’aliéneraient les cœurs de tous les inconvertis et de tous les membres peu vivants de l’église. Un ministre de Christ doit être préparé à être même chassé de sa place, si telle est la volonté de Dieu. Il doit être déterminé à aller en avant, en laissant entièrement le résultat de ses démarches entre les mains de Dieu.

Dans une localité que je connais, un ministre était secondé par un jeune prédicateur pendant un réveil religieux. Le jeune homme prêchait avec force et clarté, et les méchants ne l’aimaient pas.

Quelques membres de la congrégation commencèrent à dire : « Nous aimons notre ministre, et nous désirons que ce soit lui qui prêche ». Ils continuèrent à parler ainsi, jusqu’à ce que le ministre dit au jeune prédicateur : « Un tel, qui donne tant pour mon entretien, a dit telle et telle chose ; M. A. dit ceci, M. B. dit cela, et l’on pense que si vous continuez à prêcher, l’église sera dissoute ; c’est pourquoi je crois que vous feriez mieux de ne plus prêcher ici ». Le jeune homme s’en alla donc, mais l’Esprit du Seigneur se retira aussitôt du lieu, et le réveil s’arrêta complètement. Le ministre, en cédant aux désirs du méchant, chassa le Saint-Esprit ; il craignit que le démon ne le chassât du milieu de son troupeau, et en essayant de complaire au démon, il offensa Dieu, qui dirigea les événements de telle manière, que peu de temps après il fut obligé de quitter lui-même sa place. Il voulut tenter de marcher entre le diable et Dieu, et Dieu le vomit de sa bouche.

Les membres de l’Église, de même, doivent vouloir un réveil religieux, quelques sacrifices qu’il puisse y avoir à faire. Il ne leur servirait à rien de dire : « Nous voulons bien assister à tant de réunions, mais nous ne pouvons assister à un plus grand nombre ». Ou bien : « Nous sommes disposés à avoir un réveil, pourvu qu’il ne dérange pas nos affaires, ou qu’il ne nous empêche pas de gagner de l’argent ». Je vous dis que de telles gens ne verront un réveil que lorsqu’ils voudront faire ce qui est nécessaire pour l’obtenir, et sacrifier ce que Dieu leur demande. Des marchands chrétiens devraient être disposés à fermer leurs magasins pendant six mois, si cela était nécessaire pour concourir à un réveil, et si Dieu leur en montrait le devoir. Le feu pourrait aisément consumer toutes leurs marchandises, s’ils n’obéissaient pas à l’appel céleste. En un mot, je ne serais pas fâché de voir à New-York un réveil religieux tel que chaque marchand en vînt à fermer son magasin jusqu’au printemps, et à dire : « J’ai vendu assez de marchandises, et je veux servir le Seigneur pendant tout l’hiver ».

7° On peut attendre un réveil quand le ministre et les troupeaux s’accordent pour demander à Dieu qu’il l’opère par les instruments qu’il lui plaira d’envoyer.

Quelquefois les ministres ne voudraient avoir un, réveil qu’à condition qu’ils en eussent la direction ou que leur coopération pût y être en évidence. Ils semblent vouloir prescrire à Dieu ce qu’il doit faire et où il doit bénir, et lui indiquer quels hommes il doit mettre en avant. Ils ne veulent point d’innovations. Ils ne peuvent supporter ce nouveau genre de prédication ni ces évangélistes qui vont prêcher de lieu en lieu. Ils vous objectent toujours cette souveraineté de Dieu qui opère des réveils par les moyens qu’il lui plaît d’employer, et dans le temps qu’il juge convenable. Mais alors ils voudraient que Dieu se conformât à leur manière de voir, et ils ne sont pas disposés à lui céder en rien. De tels hommes resteront endormis sans voir de réveil jusqu’au moment où ils seront réveillés par la tempête du jugement, à moins qu’ils ne demandent au Seigneur de venir et d’agir selon ses propres voies, et de faire usage des instruments qu’il a lui-même choisis.

Remarques additionnelles.

1° Frères, vous pouvez dire, après ce que vous venez d’entendre, si vous sentez le besoin d’un réveil ici, dans cette église, et dans cette ville, et si nous en aurons un. Anciens de l’église, hommes, femmes, vous tous en un mot, que dites-vous ? Sentez-vous le besoin d’un réveil ? En attendez-vous un ? Avez-vous quelque raison d’en attendre un ? Soyez sincères, car vous savez fort bien si vous désirez un réveil, ou si vous n’en désirez point, et si vous avez quelque raison d’en attendre un.

2° Vous voyez pourquoi vous n’avez pas de réveil, c’est parce que vous n’en sentez pas le besoin, parce que vous n’en demandez point ; parce que ce sujet ne vous occupe point, parce que vous ne faites rien pour ranimer la vie au milieu de vous. J’en appelle à vos consciences. Faites-vous maintenant quelques efforts pour amener un réveil ? Vous savez, frères, ce qu’il en est à cet égard.

Pourriez-vous vous lever et dire que vous avez travaillé pour obtenir un réveil, et que vous avez été trompés dans votre attente ? Que vous avez crié à Dieu : « Ne reviendras-tu pas nous rendre la vie », et que Dieu ne l’a pas voulu.

3° Désirez-vous un réveil ? Veux-tu, toi qui m’entends, en avoir un ? Si Dieu vous demandait en ce moment, en vous faisant entendre une voix des cieux : « Sentez-vous le besoin d’un réveil ? Oseriez-vous dire : oui ? S’il vous disait : Êtes-vous disposés à faire les sacrifices nécessaires pour cela ? « Pourriez-vous répondre : Oui ?  S’il ajoutait : « Quand voulez-vous que ce réveil commence ? » Répondriez-vous : Qu’il commence ce soir, qu’il commence ici, qu’il commence maintenant dans mon cœur ? Oseriez-vous parler ainsi au Dieu fort, si vous entendiez maintenant sa voix ?

 

Arthur KatzUn message de Charles Finney
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